Cots + Bry Webb au Chaland qui Passe, Binic, le 23 novembre 2024
michel
Les tempêtes se succèdent dans les Côtes- d'Armor, la dernière en date a été baptisée Bert ( à se demander qui détermine toutes ces appellations, des gens sérieux nous dit-on, et on a lu ceci ...Everyone is welcome to suggest names for future consideration via email... l'adresse proposée est celle des Doors, des spécialistes en tempêtes, depuis 1970).
Bert a fait des dégâts, les rafales dépassaient allègrement la speed limit autorisée sur nos routes.
Tressignaux a trinqué, Lannion est restée sans courant, la station balnéaire de Binic a été épargnée, raison pour laquelle ton antique véhicule t'a déposé à 300 mètres du Chaland pour que tu puisses assister au concert de Cots.
Ce qu'on ignorait, c'est que Steph Yates ( alias Cots), une jeune personne multipliant les projets artistiques avait emmené un copain dans ses bagages.
Pas n'importe qui: Bry Webb!
Le duo se partage l'affiche de la soirée.
Première mi-temps: Bryan Webb ( natif de London, dans l'Ontario) en piste.
47 piges indique Wiki, ex - Shoulder, lead vocaliste pour Constantines, des copains de Lemmy Caution pratiquant un indie rock hautement recommandable. Depuis plus de dix ans Mr Webb voyage solo, sa disco se chiffre à 3 albums + une kyrielle de singles.
Le grand frisé ( on n'a pas vérifié la teinte de ses chaussettes), armé d'une Epiphone écarlate , démarre par 'Ask me everything' , un extrait de l'album de 2023, ' Run with me' .
La voix est sombre et profonde, le rythme est paresseux, on a face à nous un storyteller dans le moule Leonard Cohen , Robert Fisher ( Willard Grand Conspiracy ) ou Vic Chestnutt, tous des gens torturés.
Le chaland se tait et écoute, ayant d'emblée compris que Bry est de la race des grands.
Désolé, mon français est élémentaire, merci de m'écouter avec attention, il enchaîne sur le plus ancien 'AM blues' ( album ' Free Will' 2014), un morceau légèrement plus rythmé, évoquant un train défilant à une vitesse de 35 miles an hour, ce qui te permet de contempler le paysage, même si tu te tapes une gueule de bois après les excès de la veille..
Pour les chercheurs d'or, voici, 'Rivers of gold' , un blues aussi nonchalant que le cours d'eau décrit dans la chanson, le soft croon du Canadien remue ton âme, son jeu de guitare subtil émoustille tes sens.
A great tune!
Steph Yates le rejoint, elle se case sous l'escalier où niche un mini drumkit, elle assure les backings susurrés sur ' Idlewyld', un titre non retrouvé dans sa discographie, mais, il existe une idlewyld inn , une auberge qui occupe un manoir classé à London (Ontario).
Next one is a rock'n'roll song, effectivement 'Outbound only, no return' remue fièrement, Steph tapote la grosse caisse, la guitare de Bry cavale joyeusement, en mode Dire Straits détendus.
Avec ' Viva', chanté d'une voix brisée, on revient à l'introspection, on a aimé ... bark like a mule... sans oser lui demander comment s'exprimait son chien.
Pendant ' Translator' , après un faux mouvement, le jack de sa guitare se fait la malle, il venait de murmurer .. fix the sound... du coup he has to plug in his guitar, o k, I've fixed it, on reprend!
Il m'en reste une avant le récital de Cots, c'est une reprise de Michael Hurley , ' O my stars', une radieuse berceuse qui doit nous préparer aux Christmas carols qui vont incessamment bercer nos oreilles païennes.
A great gig!
Un break d'une dizaine de minutes doit permettre à la clientèle de se ravitailler.
Cots.
Il ne s'agit pas de lits de bébé, mais de la singer-songwriter Steph Yates.
Eléments biographiques: Steph Yates is a writer and artist in several media: poetry, bookmaking and design, song, video, installation, and more. Alongside independent and collaborative artistic projects, she performs and records music under the moniker “Cots,” and designs and produces books for Publication Studio Guelph.
Yates lives in Montreal.
Discographie, bandcamp mentionne un album et un EP.
Ce coup-ci, les rôles sont intervertis: Steph est debout, armée d'une acoustique, Bry passe sous l'escalier pour manier les percussions sommaires et un minuscule synthé/sampler.
On a bien aperçu un papier près du synthé, un pense-bête !
D'une voix haut perchée, Steph entame la plage mélancolique 'Last sip' , Bry écoute sans siroter quoi que ce soit, quand elle marmonne ... lidl , lidl, lidl... Ghislaine, caissière chez Super U, tique.
Bry est mis à contribution sur 'Our breath' à la texture fantasque: fractures, inspirations, expirations... le titre est explicite!
La respiration est le berceau du rythme, merci Rainer Maria Rilke!
Next one is rather tricky, rien à voir avec le gars de Bristol, pendant un temps actif au sein de Massive Attack.
'Moonlit building' prend toutefois des coloris trip hop lunaires, le synthé confectionne des sonorités d'harmonium, la voix fragile de Miss Yates évoquant la poésie mystique de W.B. Yeats.
La plage minimaliste, salée et sablonneuse, ' Salt or Sand' suit le mouvement des marées et sert de bain dérivatif qui éliminera toxines et stress.
Séquence palabres, on leur joue quoi maintenant?
'Devil does'?
Non, plus tard , joue leur ' Sun-spotted apple' .
Ce nouveau titre ténébreux, malgré les rayons de soleil, nous confirme que l'univers de Cots n'est pas banal et qu'Arnaud, comme toujours, a réussi à signer un(e) artiste passionnante.
Bry est prêt, il a ramassé sa guitare, 'Devil does' un slowcore folk , école Low, nous signifie que le diable, parfois, s'amuse à embrasser le soleil.
La suite: une reprise de Richard Laviolette, un singer-songwriter de leurs amis, décédé en 2023.
Un album posthume est sorti il y a peu, Cots reprend le merveilleux titletrack 'All Wild Things Are Shy', une ballade d'une douceur salutaire.
Les deux voix, poignantes, se répondent, puis s'harmonisent.
La suivante, concise, n'a pas été retrouvée sur bandcamp, elle dit notamment... children play with knives... au grand dam de la police.
Le synthé combine un fond nébuleux pour entamer 'Flowers' , une bossa nova apportant des couleurs dans le jardin.
Binic savoure, l'air embaume de fragrances exotiques, même le chien d'Arnaud séduit s'est approché pour renifler la grosse caisse.
Steph a souri, Bry a dit ...nice dog, au Canada les chiens ne sont pas mélomanes, ils ont poursuivi en mode Brazilian jazz avec 'Bitter part of the fruit'.
C'est beau, ont réagi Georges Moustaki et Michel Legrand.
' Sing about' is a new song, annonce la fille.
Chanson à peine entamée, quand soudain, semblant venir de nulle part surgit, non pas un aigle noir, mais le cousin de Yasser, légèrement embrumé, d'un pas décidé et tendant son I-phone vers Steph, il lui dit, faut que t'écoutes ça, le dernier mix de Medhi Aichaoui qui fait un tabac à Baba Hassen.
Arnaud intervient, gentiment, et prie l'individu d'aller cuver sa mousse sur le port.
Cots reprend ' Sing about'.
Arnaud, can we play two more songs?
Only two?
'Disturbing body', aussi gothique qu'un roman de' Emily Brontë, donne son titre à l'album de 2021, elle décore la plage d'une séquence de trompette buccale, avant un retour vers des contrées plus ensoleillées, où la caïpirinha se boit frappée, avec le léger 'Midnight at the station'.
On a cru voir le fantôme d'Astrud Gilberto.
Pascal, rien à ajouter?
COTS au Chaland qui passe le samedi 23 Novembre, des airs de dark Bossa du bout des lèvres à la Mark Hollis... Un concert comme à la maison d'une grâce incomparable!
Paroles, paroles... ( talk, talk)!