Toxic Frogs - Esplanade du Casino à Saint-Quay-Portrieux , le 15 août 2024
michel
Le surtourisme, une nouvelle maladie: Venise, Barcelone, Dubrovnik, Rome, Bréhat, Saint-Malo ... l'épidémie finit par toucher les stations balnéaires du Goëlo. Pour dénicher une place de parking proche des plages de Bréhec, du Palus ou de Bonaparte à Plouha, il faut arriver aux aurores, même galère à Binic ou à Saint-Quay, vivement les prochains jeux olympiques à Paris pour éviter cet afflux de gens qui seraient mieux chez eux que dans des endroits qui seraient mieux sans eux ( merci Jean Mistler).
En résumé, si tu voulais assister au concert organisé par la municipalité de Saint- Quay - Portrieux sur l'esplanade du Casino , tu avais intérêt à te préparer à faire de la marche, sauf si comme d'innombrables je- m'en -foutistes, tu largues ton véhicule n'importe où, en ne tenant nullement compte des règles de stationnement.
La tradition veut que Saint-Quay fête l'Assomption en musique avant le traditionnel feu d'artifices, ce sont les Toxic Frogs de Lyon qui doivent assurer la partie musicale de la soirée.
A 21h, l'esplanade du Casino est déjà prise d'assaut par un public nombreux, si t'avais une petite soif, tu devais t'attendre à faire la queue pendant au moins 15 minutes.
21:15, les grenouilles corrosives, à ne pas confondre avec les amphibiens fréquentant les lieux de culte, piaffent d'impatience, car les responsables à la table de mix flemmardent au lieu de balancer la bande-son devant servir d'introduction à leur show.
Par de grands gestes elles le font savoir et après quelques minutes, le jingle est lâché.
Le club des cinq, toutes fringuées à l'écossaise, style Rod Stewart, gravit le podium et prend place.
Le regard de Lionel hésite, il passe de l'étonnante coiffure iroquoise d'Amélie Gerbet, aux shorts affriolants d'Elvina ou d' Ella, il n'aura pas trop le temps de réfléchir car les filles ( Ella Beccaria -violon, lead vocals/ la tourbillonnante Lucianne Wallace - guitare, banjo, backings/ Elvina Lynn - violon- basse - backings/ Amélie G - drums, backings et Jennifer Gouton- lead guitar, backings) entrent d'emblée dans le vif du sujet .
Le groupe distille son Celtic punk depuis 10 ans, avec quatre albums et des centaines de concerts à son actif , jamais il n'a déçu.
Après la mise en bouche, c'est ' My arms' qui entourent nos cous.
Un premier titre relativement pépère, chanté d'une voix atmosphérique sur fond de batterie répétitif et d'instruments à cordes sereins, après 2'45"" les violons et les guitares se lâchent, à l'arrière la petite Amélie, plus nerveuse qu'une pouliche, malmène ses fûts et la jolie rengaine prend des allures de Celtic punk à faire pâlir Shane MacGowan et ses copains amateurs de Kilkenny.
Saint-Quay vient de comprendre que ce soir ce ne sera pas de la variétoche pour mamies ménopausées.
D'une attaque fiévreuse, elles enchaînent sur 'Bestie Life' , un extrait du six-titres ' My lucky one'.
Chant belliqueux et cavalcade héroïque, ça cogne, ça bondit, ça brandit les grattes dans les airs, bref, ça déménage vache, avant un break chorale de gentilles petites filles, mais c'est pour mieux te matraquer mon enfant!
Si le morceau est baptisé ' The Shamrock's gig' tu ne dois pas t'attendre à un menuet aristocratique.
Lucianne au banjo se tape un petit solo pas sordide tandis qu'à tes côtés, les Bretons, plus habitués au laridé ou à la gavotte, s'essaient à la gigue décousue.
Il existe une île sur le Rhône où tu peux danser avec Lucifer après avoir bu quelques Duvel, en piste pour la ' Devil's Island'.
Le plus ancien ' Toxic War' n'est pas là pour calmer les ardeurs, tout Saint-Quay hurle Hey Hey Hey avec les grenouilles.
Ella, en maître de cérémonie, nous signale que c'est l'heure de la génuflexion, quelques ligaments craquent, des rotules se dévissent, puis vient l'heure de la résurrection et les kangourous cabriolent comme avant la guerre.
Toxic Frogs c'est aussi l' engagement social , elles dénoncent avec véhémence les violences faites aux femmes, pour preuve le titre de 2017 ' The Mermaid's song', mixant punk, métal et choeurs wagnériens.
Elles achèvent la tirade guerrière le poing levé dans les airs.
Roulement de batterie fiévreux et cris d'Apaches pour entamer la gigue torrentueuse 'Scott is back'.
Après le tsunami, tu t'attendais à une accalmie, mais non, les vagues déferlent de plus belle, car la voisine me les casse ( she complained coz the music is too loud) , direction 'Bernie's old pub' où la bière gicle, où les coups bas pleuvent, où tu risques de laisser quelques dents, mais qu'importe, pourvu qu'on se marre.
Elles se tirent toutes, sauf Amélie.
"Tu les occupes, mon chou..."
Du coup la petite dernière à avoir intégré le gang nous assène un solo de batterie musclé, qu'elle interrompt pendant deux secondes pour vider une bière.
L'équipe revient au complet pour balancer ' Go!' une berceuse pour rockeuses combatives, ' Le me jump' se fond dans le sermon précédent , tu connais la traduction de jump, pas besoin d'un dessin.
'Go back again', on retourne où?
Danser la gigue à l'irlandaise, pardi!
Ella: la suivante se nomme ' Play, play, play', c'est parti pour un nouvel hymne à reprendre en choeur au pub du coin.
Le contrat prévoyait un set d'une heure, on peut vous envoyer un dernier morceau, ce sera une reprise de ' The kids aren't alright' d'Offspring.
Euphorie générale à Saint- Quay, le maire qui est monté sur scène pour la photo souvenir, se joint à la foule pour quémander un bis.
Elles ont opté pour un morceau d'une de leurs influences, les Dropkick Murphys, 'I'm shipping up to Boston'.
La messe est dite!
La tournée estivale des Toxic Frogs se poursuit, visitez leur page facebook pour les prochaines dates.
