Barbara Poulain Trio ( Apéro Jazz.) au jardin du port à St - Quay - Portrieux, le 1 août 2024
Le jeudi, en début de soirée, au port de Saint-Quay-Portrieux, c'est l'heure de l'apéro jazz face au restaurant / bar à tapas La Marine.
19: 00, la terrasse affiche full, les hôtesses sont au turbin pour servir acras de morue, mousses en tous genres et divers cocktails colorés, à une clientèle qui ne fréquente pas les concerts de rap et qui ignore le sens du terme geek.
Pour égayer ce beau monde, la municipalité a invité le Barbara Poulain Trio.
Tu souris car tu revois Audrey Tautou et tu verses une larme, car l'usine du chocolatier Poulain est sur le point de fermer ses portes.
Assez divagué, revenons à nos équidés, t'avais consulté le net qui promettait du swing, du jazz manouche et des standards de la chanson française, portés par une chanteuse ( accessoirement comédienne) dotée d'une voix puissante ( dixit les quotidiens bretons).
Comme certains musiciens pas cons ( Philippe Brunel, Alban Schäfer ou Philippe Pénicaud) l'ont déjà accompagnée, tu t'es laissé tenter.
Désillusion amère, madame n'a pu étouffer des bâillements qui n'étaient pas synonymes d'euphorie, moins sévère, t'as écouté la molle sérénade pendant 45' sans y trouver un grand plaisir.
Pour accompagner la chanteuse, deux jeunes musiciens, Pablo Mahé ( son fils, membre du groupe Shine qui reprend Pink Floyd) ) au saxophone ténor, et Léo Tréhen ( sorti du conservatoire de Brest) , au piano.
Un sax pondéré entame ' Petite fleur', le piano feutré le rejoint, Barbara demeure en attente.
Après une longue intro instrumentale, le standard de Sydney Bechet est habillé de paroles.
C'est propre, paisible, inoffensif, à la table voisine, Jean-Simon, 87 ans depuis hier, n'a pas eu à craindre un accès de dysphagie.
Pour la seconde salve d'afternoon jazz édulcoré, le trio a opté pour ' C'est si bon'.
On était loin du charme de la version d'Yves Montand.
C'est une évidence, ce combo a signé le pacte de non agressivité et enchaîne sur 'Les feuilles mortes' .
Dave a transformé ' Let's fall in love' en 'Est-ce par hasard' , c'est la chanson préférée des pensionnaires, carburant au vichy menthe, de l'Ehpad de Vinsobres.
Désormais tu peux te passer de tranquillisants et de somnifères, un set soporifique fera l'affaire.
La terne litanie perdure: 'Sous le ciel de Paris' ( d'avant les J O) , ' Les yeux ouverts' ou Enzo Enzo reprenant les Mama's et les Papa's', et ' Plus je t'embrasse', sans le côté chic de la version de Blossom Dearie, défilent.
Pour la suivante, Barbara s'essaye à l'anglais, la fusée n'a jamais décollé, un 'Fly me to the moon' figé précède ' La rua Madureira' de Nino Ferrer.
L'assistance, assoupie, digère cette performance d' easy listening jazz en prêtant une oreille distraite aux intervenants qui s'attaquent au 'Jardin d'hiver' de Keren Ann.
Comme madame insistait pour prendre congé depuis 25', tu décides de jeter l'éponge pour reprendre le chemin de ton jardin d' été.
Oui?
Pas mieux que James Last !
Euh, t'aimes pas la muzak?