mardi 30 janvier 2024

GA-20- La Grande Ourse- Saint-Agathon, le 28 janvier 2024

 GA-20- La Grande Ourse- Saint-Agathon, le 28 janvier 2024

michel

If you want some blues on Sunday  c'est la route de Saint-Agathon qu'il faut prendre. Pour ce dernier dimanche du premier mois du calendrier grégorien, La Grande Ourse programme GA-20.

" We love these old Gibson amps! The GA-20 is not too overpowering, and quite manageable."

Le trio de Boston ( pas le quintet qui, en 1976, fait un tabac avec ' More than a Feeling')  a choisi le fameux guitar amplifier comme nom de scène qui claque.

 Pat Faherty et Matthew Stubbs, tous deux guitaristes, fondent le groupe en 2018, à l'époque Chris Anzalone tient les baguettes, il sera remplacé par l'actuel batteur du combo, Tim Carman, après quelques mois.

Matthew Subbs  le dira lui-même, il a été  guitariste de la légende Charlie Musselwhite  avant de décider de former GA-20 avec son copain  Pat Faherty, à l'étonnant look Jerry Garcia  époque sixties. 

Pas de bassiste en vue, pour jouer leur garage blues, brut et carré, les deux guitares alternent les rôles, lead ou rhythm,  Tim, à l'arrière, cogne sans faiblir,.  Pat Faherty, d'une voix âpre,  plus proche du timbre de   Screamin' Jay Hawkins que du tenor range de Neil Sedaka, se charge du chant.

Quatre albums à leur actif: 'Lonely Soul',  'GA-20 Does Hound Dog Taylor: Try It...You Might Like It!', 'Crackdown' et ' Live in Loveland'.

Il n'était pas 17:30', mais Pat Faherty, pressé d'en découdre, vient tâter le terrain, Ludo n'avait pas encore regagner  sa place derrière les consoles, la sono diffusait toujours  une rengaine bluesy,  mais déjà  le trio prend place, un des guitaristes grogne ' Hi, we're GA-20'  et c'est parti pour un blues/boogie/rock incandescent:  ' No, No' .

Dis, Clémentine, glisse monsieur à sa conjugale, tu peux arrêter de frapper le sol du talon, tu incommodes toute la rangée.

Clémentine, sans un mot, se lève, quitte son siège pour prendre place, debout, face à la scène où personne ne viendra l'enquiquiner!

Pour nous laisser respirer après cette attaque agressive, le trio  embraie  sur ' Just because' un slow immortalisé par Lloyd Price en 1956.

Si Pat ne croone pas comme le chanteur de rhythm 'n' blues de Louisiane, sa voix chaude fait son petit effet,  mais tous les regards se fixent sur Matt,  qui nous lâche un solo judicieux.

A l'arrière, Tim assure la rythmique à lui seul, il est en droit de réclamer une augmentation salariale, c'est lui qui amorce aux maracas  ' Double gettin',  du  voodoo rock vicieux.

Après ce départ sur les chapeaux de roue, ils décident de ménager la machine avec ' Dry run' , écrit en pensant à une fille qui ne pense qu'à flirter.

Comme ils adorent Hound Dog Taylor ils enchaînent sur 'Give me back my wig' , au  rythme effréné et décoré une déferlante à la slide , une chose est claire c'est pas de la panade pour édentés.

Donald cherchait encore sa perruque,  quand ces sauvages balancent  un second Hound Dog, encore plus crasseux ' She's gone' .

Si Matthew demeure relativement serein, son pote se montre  lui sérieusement agité, le bottleneck glisse à la vitesse de l'éclair, les  étincelles crépitent.

Mes copains vont boire un coup, annonce Pat, je vous joue ' Come on in' de R L Burnside en solitaire sur une guitare hautement métallique.

Retour des camarades, et assaut survolté du batteur pour amorcer le concis 'Lonely soul' , du  heavy blues cinglant.

'I let someone in' évoque l'époque anglaise de Fleetwood Mac , tandis que ' Fairweather friend'  voit le public battre des mains pour accompagner le jeu du batteur et chantonner ooh ooh ooh avec le shouter.

One, two, three, four, five, six ... voilà un batteur qui sait compter, c'est parti pour ' I don't mind' de James Brown, un slow qui dégouline et montre une autre facette du talent des guitaristes.

'Conniption',  titre qu'on a  retrouvé nulle part, précède la reprise en mode relax  de Little Walter ' My baby's sweeter'.

' I cry for you' ouvre leur album ' Live in Loveland' , ce morceau, repris de Harold Burrage, reçoit un traitement moins soft que l'original.

' Just one more time' d'Ike Turner, même  sans la section de cuivres  rocke salement, les soli se succèdent, Clémentine, du coup, est passé à gauche de la scène pour admirer Matthew de plus près.

Matthew qui tient à nous dresser une image de Boston, où la scène blues n'est pas très florissante, aussi, quand ils jouent là-bas, il prévient ... if you don't like the blues this song will sound like shit...

'Sittin home alone' ( Hound Dog Taylor) ' didn't sound like shit mais a ébranlé la salle.

Un coup de slide de Pat, il ôte ses lunettes, s'assied sur le bord de la scène, vise Clémentine, descend à ses côtés, lui fait un clin d'oeil, puis il s'assied à côté   d'un rescapé de 40/45, lui pose une question, how are you today?, je vais, bien, merci,...a répondu le brave monsieur.

 Tout en plaçant des riffs implacables, il gravit toutes les marches, traverse la salle à l'horizontale et regagne le podium sous l'oeil attentif des photographes.

Promenade dominicale terminée, on passe à ' By my lonesome', un nouveau rock à la Little Richard ou de ceux que concocte Canned Heat quand ils oublient le boogie.

Avec 'Easy on the eyes'   on revient au blues rock  qui groove à la manière de Stevie Ray, ce sera la dernière salve du set, see you on the merch table,  ajoute Matthew et GA - 20 se tire.


La Grande Ourse se lève et veut son bis, il l'aura: a second take of  ' Just one more time' .

PS:  on te conseille la version de Ghalia Volt.

 

La tournée française de GA-20 s'achève ce 30 janvier à Paris, en février il te faudra traverser le Channel pour les voir à l'oeuvre.

 





 






samedi 27 janvier 2024

Yotanka Records : 10 ans avec ATOEM • BIRRD • MESPARROW à Bonjour Minuit, Saint- Brieuc, le 26 janvier 2024

 Yotanka Records : 10 ans avec  ATOEM • BIRRD • MESPARROW à Bonjour Minuit, Saint- Brieuc, le 26 janvier 2024

michel

Tu veux du rock hors pistes: à Rennes, tu as Beast Records, à Nantes, c'est le label Yotanka qui fait les beaux jours de la scène indé.

Et cette belle maison d'édition fête ses 10 ans,  fin 2023, les festivités ont débuté le 3 novembre au Stereolux à Nantes , trois poulains de l'écurie (Saavan, H-Burns et Samba de la Muerte) se sont défoulés sur scène, puis c'est à Paris aux Trois Baudets que deux pouliches ( Elisapie et Mesparrow) ont ravi le public, lors des Bars en Trans à Rennes, la maison a envoyé plusieurs de ses agents divertir les locaux.  Fin janvier, c'est au tour de Bonjour Minuit de participer aux réjouissances avec trois fers de lance à l'affiche:  Atoem, Birrd et Mesparrow.

C'était pas la  grande foule à 21h pour accueillir Marion Gaume, alias Mesparrow, la cloche n'avait pas résonné au bar, sans doute, car après 10 minutes, la Grande Salle du complexe briochin grouillait de monde.

Il y a des moineaux à Tours?

Oui, Jules Moinaux, l'illustre écrivain, dramaturge et librettiste, à qui on doit 'Les Deux Aveugles', mis en musique par Jacques Offenbach.

Ce soir c'est un autre piaf qui va seriner de beaux airs pendant 40 minutes.

Marion Gaume,  qui connaît mieux la Loire que la Semois, évolue dans la sphère musicale depuis plus de 10 ans, on lui attribue un EP et trois full albums, le dernier 'Monde sensible' date de 2021.

Deux singles ont depuis vu le jour, ' La Vague' et 'Infinite".

Ce soir la chanteuse est accompagnée par Aune ( Simon Carbonnel) qui se charge de la partie musicale, en maniant, avec brio,  synthés, boîtes à rythmes,  looper et trompette .

Simon actionne les machines, Marion le suit, saisit un micro et halète avant d'entamer ' Poussière d'étoile' , un titre  intimiste, poétique  et sensible, prévu pour son quatrième album.

La voix est feutrée, la reverb lui donne un  caractère cosmique, accentué par  les sonorités  célestes,  confectionnées par Aune.

C'est beau, glisse la jeune personne se tenant à tes côtés.

  Sans savoir si elle s'adresse à toi ou s'il s'agit d'un dialogue intérieur, tu lui souris. 

Toujours prévu pour l'album à paraître en mars (' L'essence vagabonde'), le duo entame une seconde plage tout aussi fragile et troublante.

Une trompette, jouée en mode adagio, introduit le morceau alors que  les bandes diffusent un nocturne au piano, ténébreux, ... j'entends crier la terre...  formule la voix touchante de la Tourangelle, toi aussi tu sais que la terre souffre.

Un sifflement discret amorce la suivante,  'La Vague'.

Une vague qui n'atteindra pas 20 mètres de hauteur, elle sera ignorée par les surfeurs amateurs de  sensations fortes, par contre les âmes sensibles seront subjuguées par le ton lyrique et l'esthétique organique de cette symphonie électro. 

Elle bifurque vers l'anglais pour la suivante où elle nous suggère d'ôter le masque et de croire en nous, le titre plus dansant peut évoquer Yazoo et autres adeptes d'une synth pop éthérée.

La gestuelle théâtrale, parfois agitée, de l'interprète nous montre qu'elle intériorise sa musique.

Toujours en anglais, 'Infinite' , chanté 'une voix, déformée,  mise en boucle pour créer un effet choral,  captive l'oreille et le regard, car la chanteuse a entamé une danse reptilienne vénéneuse.

Une pirouette vers le vocable français et vers le plus ancien 'Elle rougit',  une  émouvante valse électro à rapprocher du monde d'Anne Sylvestre.

Ce set appréciable prend fin sur une berceuse magnifiant toutes les femmes, l'instrumentation est plus sobre avec en apothéose un solo de trompette romanesque. 

Birrd

Stefan Vogel ( Rouen),  vu en sortie de  résidence  à Bonjour Minuit,  le 21 octobre 2022, est un drôle d'oiseau, s'il possède deux ailes, son nom d'artiste, Birrd, s'écrit avec deux r's et pourtant il n'a rien de commun avec le juif errant, décrit par Eugène Sue.

Lors du filage de sortie de résidence, destiné à tester l 'EP 'Alba' sur scène, le public était réduit à une petite dizaine d'unités, déjà l'univers techno de l'alchimiste normand avait impressionné les auditeurs.

Ce soir, face à une salle bondée et bien  décidée à remuer sans discontinuer sur des sonorités EDM, devant la mener à la transe, Stefan et son outillage électronique hallucinant ( moog, synthés, oscillators, arpeggiators, samplers, keyboards, laptop....  sans oublier les jeux de lumière phénoménaux) a fait très fort, en balançant, sans entracte, les titres de son mix du jour (  probablement basé sur le futur album ' Alter Ego').

Birrd est désormais un nom incontournable de l'electronic music. Invité lors de l'Amsterdam Dance Event au Paradiso, ou à l'Eurosonic à Groningen, sans oublier sa performance  au Louvre lors de l'événement La Nuit des Choses ( il a sorti  un EP quatre titres, ' Nocturne Insolite'  , pour commémorer la prestation au musée), sa renommée a franchi les frontières européennes.

Le trip cosmique débute à 22:15 pour s'éteindre 50 minutes plus tard. Au cours du voyage,  l'auditeur est plongé au plus profond des océans , il peut admirer des récifs coralliens demeurés intacts, malgré une pollution alarmante, croiser  une faune piscicole étonnante, surplomber des abîmes vertigineux et faire la connaissance  de la ' Submarine Queen' ( jolie voix féminine en off).

Les nappes de synthé spongieuses font place à des beats puissants, quelques tonalités asiatiques transpercent de-ci, de-là, comme sur 'Void loop' , il suffit de se laisser envoûter et de balancer le crâne  au rythme des vagues.

De temps en temps le moog élabore des hachures bigarrées avant de laisser la place à un nouvel amalgame de beats addictifs, propices  à une rave party légale.

Autour de toi, l'auditoire vibre, tangue, sautille, zigzague,  ou dresse le poing haut dans les airs, chacun selon son humeur, un couple  a pris de l'avance sur le carnaval, lui a sorti un galurin, modèle Robin des Bois, mais rouge, elle a chaussé une paire de lunettes banane très seyante.

Plus circonspect, tu te contentes  de battre la tête en mesure ce qui a fait dire à Coralie.. c'est top, non, monsieur.

C'était effectivement bath, comme le disait ta grand-mère, une habituée  des thermes du Somerset.

Fin du show, on est tous priés de quitter la pièce pour installer le matos d'Atoem. 

Dans le hall, une notice: !!!! laser radiation, do not stare into beams....

Après 20' d'  attente les portes de la caverne s'ouvrent, sur scène un arsenal faramineux de machines:  synthés analogiques, synthés modulaires, 4 x plus grands que ceux de  Tom Geffray  et Alexis Delong, les musiciens de Zaho de Sagazan, sequencers, samplers,  panneau LED, barres destinées à recevoir les rayons laser, mais aussi une guitare et un drumpad.

Les laborantins de service ont pour nom Antoine Talon ( oublie Achille)  et Gabriel Renault ( 100% électrique), ils viennent de Rennes et sont considérés comme les apôtres bretons d'une musique où l'électro se marie avec le psychédélisme ( le nom Atoem  est inspiré par Atom Heart Mother du Floyd et par Atoum, une copine d'Isis) et quelques éléments synth wave, pris dans le sens large du terme.

Après avoir enregistré deux, trois EP's, le duo s'est fendu d'un premier album, 'Entropy', à l'automne 2023.

On avait oublié de mentionner qu'ils s'intéressaient à la physique ,  pas la gym ,  la thermodynamique.

Si  Birrd avait servi à  faire monter la température à 30°, le set d'Atoem a fait déborder la marmite, les hauts- fourneaux rennais  ne produisent pas d'émissions nocives mais dégagent un feu plus dévorant que toutes les flammes de l'enfer.

Comment décrire un set d'Atoem   par des mots?

Impossible, te glisse Fanny.

Elle a raison, une performance d'Atoem se ressent, se vit et après, si t'es pas mort, se digère.

L'excursion intersidérale démarre relativement flegmatiquement, Gabriel chantonne sur ' Sinking Ocean' qui présente effectivement quelques reflets Pink Floyd,.

Très vite les flots bouillonnent, de gros beats agitent les fonds marins, la guitare place quelques riffs meurtriers, t'as le temps d'applaudir pendant un bref blanc, mais sans prévenir ils ont embrayé sur une nouvelle séquence, pendant laquelle le chanteur se met à tabasser l'élément de batterie électronique.

Antoine, lui aussi, pousse une gueulante, un break tribal vient secouer le cocotier, puis un découpage psychédélique, tout en spirales, zèbre la plage,  c'est passager, de méchantes secousses sismiques font trembler le plancher, tandis que les rayons laser nous aveuglent.

C'est l'enfer, avance Dante, on va y rester.

Mais, non, des sonorités bizarroïdes  émanent,  on ne sait d'où, t'as l'impression que tes voisins, ayant entamé une danse robotique, ne sont plus des terriens mais des  humanoïdes créés par un Docteur Folamour maléfique.

Au plus on avance dans le set au plus  le rendu devient chaotique, t'as l'impression d'entendre un calque électro du concerto d'Aranjuez,  puis des crépitements singuliers embrasent l'atmosphère, suivis par une série de grondements assourdissants. On n'est plus à Saint-Brieuc mais à Reykjanes, où l'intense activité sismique a obligé la population à mettre le cap vers des terres moins  hostiles.

A Bonjour Minuit, tout le monde s'en fout si c'est l'apocalypse, alors, on danse...

Mais tout a une fin, le duo débranche les machines et salue une assistance qui refuse de les voir quitter le vaisseau spatial.

Il faudra un double rappel avant d'accepter leur sortie afin qu'ils puissent démonter leur bataclan et le caler dans leur Twingo.


 

 






vendredi 26 janvier 2024

Album - Clivota - Lila Ehjä

 Album -  ClivotaLila Ehjä

michel

 

 CROUX records & Toutdoux records 

Ehjä, le nom intrigue, à Helsinki il signifie 'intact' nous dit-on,  il existe aussi une organisation du même nom qui oeuvre pour la protection de l'enfant.

Pourquoi Lila Briand, de Paris, directrice artistique multi-supports, spécialisée dans la création d'objets imprimés (affiche, magazine, livre, brochure) et de collages sonores, a-t-elle opté pour Lila Ehjä, on pensera à lui poser la question si un jour on la croise sur une scène bretonne.

Avant de songer à un voyage en solitaire, Lila  tient la basse chez Rance, des beurrés parisiens pratiquant un black metal pas pourri.

Elle entame une carrière de one-woman-band en 2021 et enregistre la même année l'EP ' yö',  qui n'a strictement rien en commun avec le rap.

Janvier 2024, un second effort discographie pointe le bout du nez ' Clivota', un terme qui en slovaque désigne un désir nostalgique de quelque chose qui manque, à rapprocher des termes saudade ou Sehnsucht.

Tracks:

1. Intro Vague
2. The Book
3. Clivota
4. Ghost Love
5. Rust
6. Trigger
7. Worship
8. Noyades
9. Oudrone

 All music & mix by Lila Ehjä who plays guitars / bass / Roland MC-101 / looper  and sings.

Lila a évidemment pris en charge le visuel de l'objet, un auto-portait en noir et blanc sous forme de photo/miroir brisé ( Marie Mauve signe le cliché).

PS : La photo d'art ' Reflection Of Woman In Broken Mirror Shards' d 'Amanda Elwell existe sous forme de puzzle!

 Intro 'Vague' , l'eau est glaciale, normal puisqu'il s'agit de cold wave. Percussions métronomiques au cachet post punk, guitares  acérées,  avant l'entrée en piste d'une basse lourde  et d'un chant émis  par une voix blanche, atone. Tu t'étais mis  à rêver d'une plage ensoleillée, tant pis pour le réchauffement climatique, mais les climats brumeux et tourmentés t'ont sérieusement refroidi.

Bienvenue dans l'univers sombre, aux relents gothiques, de Lila Ehjä, dont le chant inquiétant peut évoquer celui d'Alison Shaw de Cranes. 

Nitzer Ebb sortait une cassette demo ( Basic Pain Procedure)   en 1983, sur cet objet culte se trouve le titre ' The Book', Lila Ehjä se l'approprie en lui donnant  des sonorités moins industrielles et moins  punk.

Pas de trahison toutefois,  de la cold wave mystique et  du post punk, sur lesquels se greffe une voix sans timbre, assez éloignée des intonations Sex Pistols que l'on entend sur la version de Nitzer Ebb.

Les guitares abrasives sur 'Clivota'  viennent déchirer l'uniformité  créée par la drum machine , la voix, comme en hypothermie, débite sa litanie monotone et déprimante.

Le but évident  n'est  pas d'élaborer une mélodie dream pop avec un gentil refrain,  mais bien de te transporter dans un univers angoissant où des âmes en peine errent sans but.

' Ghost Love' se montre sacrément plus tumultueux, mixant musique indus, beats empruntés à la new wave, des guitares tantôt lourdes, tantôt  cinglantes ( comme celles de John McGeoch chez Magazine) ,  et un chant lugubre  évoquant Throbbing Gristle.

Un must!

'Rust' never sleeps, affirmait Neil Young, on est loin de l'Americana ou du country rock avec le morceau de la Parisienne.

Ici, pendant sept minutes,  les guitares  crissent, griffent, éraflent, et ce n'est pas le chant hanté qui va t'empêcher d'avoir des cauchemars, ni la rythmique monocorde,  elle  pilonne sans fin pour t'aliéner davantage.

Un obscur combo allemand a choisi de s'appeler ' Trigger'  mais  tu ne dois pas  t'attendre à une déferlante grindcore, pas de high speed, pas de growls, mais bien des lignes de basse qui grondent, des guitares  qui picotent et  une voix en apesanteur,  le tout est distillé sur un tempo d'une lenteur  démoralisante. 

'Worship' et sa boîte à rythmes, à la fois hypnotique et chaotique,  est proche de la cacophonie.

A noter l'absence totale de mélodie, et de chant,  pendant plus de 5 minutes, Lila nous assène des stridences monstrueuses, quasi inhumaines (de la Körpermusik dépouillée de sentiments ), faisant passer la discographie complète de Front Line Assembly pour une muzak destinée à vendre des conserves, du papier hygiénique ou du camembert.

On nous dit que ' Noyades'  dépeint la mort d'Ophélie, épouse de Hamlet, devenue folle et poussée au suicide ( ou était-ce une noyade accidentelle, les hypothèses sont diverses). Le soundscape créé par  Lila Ehjä ( guitares shoegaze, drumming martial, voix d'outre-tombe), s'il respecte la notion de tragédie shakespearienne, ne peut être assimilé à l' opéra 'Hamlet' composé par Ambroise Thomas, dont l'aria le plus célèbre, sur fond de valse,  est  "À vos jeux mes amis" - "Et maintenant" qui précède le trépas de la princesse éperdue.  

Avec la plage finale, 'Oudrone' les pérégrinations prennent un caractère cosmique. Pour assembler cette pièce ambient, Lila a collaboré avec Luz Léon Noir, une musicienne évoluant dans une sphère minimalist synth wave subliminale. 


L'album prend donc fin sur une note avant-garde, rapprochant Lila de groupes inventifs tels que NEU!, Tangerine Dream, sans oublier le précurseur Karlheinz Stockhausen.

" Clivota"  de  Lila Ehjä  ne convient probablement pas à toutes les oreilles, mais si t'es prêt à ôter tes oeillères sectaires  tu risques de prendre plaisir à l'écoute de cet album atypique.

 

Release party le 9 février à La Mécanique Ondulatoire.



 

 


jeudi 25 janvier 2024

Dewolff et Well Well Well au Zik Zak, Ittre, le 20 janvier 2024

  Dewolff et Well Well Well  au Zik Zak, Ittre, le 20 janvier 2024

Mitch ZoSo Duterck

 

DEWOLFF + WELL WELL WELL – Zik Zak, Ittre (BEL) – 2024.01.20
Ca y est, c’est reparti! Quoi? Comment ça, quoi ? Ben, la saison des concerts tiens. P****n que c’est bon ! Et en plus on est toujours super bien accueillis par Annick, Nicolas et toute la joyeuse compagnie du Zik Zak qui s’est fendu d’une super invitation en conviant nos voisins bataves de DEWOLFF à venir nous divertir; et en plus, ça marche !
 Bien Bien Bien, allons-y donc. 
Bonne première partie assurée par le trio belge Well Well Well qui chauffera la salle comme prévu avec son garage-boogie-blues de bonne facture, parfois un peu daté, mais pas désagréable pour autant.
 
C’est dans la ville Néerlandaise de Geleen, (là où se tenait jadis un fameux festival dans les années ’70) située dans la commune de Sittard, province du Limbourg que le trio psychédélique DEWOLFF voit le jour à l’initiative des frères Pablo et Luka van de Poel. Le premier est chanteur et guitariste tandis que le second est batteur et chanteur. Le troisième larron, répondant au patronyme de Robin Piso, occupe le siège de claviériste et de chanteur lui aussi). Chose assez rare pour être signalée, le line-up est toujours inchangé depuis 17 ans.
La discographie actuelle du Loup compte 12 albums dont le premier, un EP autoproduit comprenant pas moins de sept titres porte en toute simplicité l’appellation « DEWOLFF » voit le jour le 22 Septembre 2008.
 S’en suivra des années plus tard un somptueux petit coffret baptisé du nom de « NONAGON MARATHON - Nine Albums, Nine Days, Nine Shows » renfermant une clé USB découpée au logo du groupe et comprenant sa discographie complète mais,c’est là que réside l’astuce, jouée dans son intégralité en condition concert, le public en moins. 
La prestation est filmée de manière professionnelle en mode multi caméras. Soit un bonus de 9 albums supplémentaires enregistrés en autant de jours lors de la période de Covid. Notre trio se fait plaisir en invitant une kyrielle de potes musiciens à les rejoindre. Pour la modique somme de 25€, c’est un cadeau que vous ne regretterez certainement pas de vous faire : c’est du pur bonheur car, c’est un fait, DEWOLLF est avant tout un groupe de Live !!!
Très grosse présence scénique de Pablo, leader du combo Néerlandais. On remarque d’emblée les influences du groupe avec un climat hendrixien toujours bien présent, quant aux influences guitaristiques, trois noms ressortent immédiatement, filiations évidentes, comme un coup de poing de Cassius Clay en plein visage : Steve Marriott, le regretté leader de Humble Pie, mort à l’âge de 44 ans dans l’incendie causé par une cigarette qui aurait mis le feu à son domicile. 
En réalité, l’alcool et la drogue sont les deux grands fléaux que n’a jamais pu vaincre le musicien.
 Que dire de Paul Kossof, le talentueux guitariste de Free, foudroyé en pleine jeunesse à l’âge de 26 ans, à la suite de problèmes cardiovasculaires consécutifs à sa dépendance à la drogue. Et enfin, comment ne pas évoquer le fabuleux Duane Allman, leader du Allman Brothers Band, tué sous les yeux de sa petite amie dans un accident de moto, il avait 36 ans. Lui non plus n’a pu soigner son addiction à la drogue ni survivre à la vie sentimentale tourmentée qu’il a connue au cours de ses … sept mariages. Espérons que les points communs entre Pablo et ces trois autres stars se limiterons strictement aux talents de ses ainés.
La complicité du groupe et le plaisir qu’ils éprouvent à jouer ensemble sur scène est plus qu’évident et, en tout cas, dangereusement communicatif.
Toutefois un léger doute s’installe à la lecture du menu concocté pour le repas de ce soir. 
Si on se fie à la longueur de la set list qu’ils affichent pour le concert (six titres ?) on pourrait se dire qu’en une demi-heure tout sera dit et qu’en rentrant plus tôt à la maison, les plus surpris ne seront pas nécessairement ceux à qui on voulait du bien. 
Bon, partager son épouse, passe encore, le mariage n’étant certes pas une garantie de propriété inaliénable, mais de là à laisser faire n’importe quoi dans ses draps par un profiteur, fusse-t-il étranger, il y a une marge à l’hospitalité physique tout de même. 
Heureusement, pour nous, DEWOLLF est un groupe de jam et des morceaux de dix minutes, ça n’existe pas. Chez eux, on sait quand ça démarre, mais jamais quand ça s’arrête. Au moins la couette sera-t-elle propre et sèche quand vous vous coucherez, cependant, vous ne pourrez peut-être pas dire la même chose de votre moitié.
Hé ne partez pas, je rigole ! Revenons-en au concert qui nous a servi de repas de fête, servi sur une véritable nappe immaculée conception, un océan d’orgue qui a une admiration sans bornes pour un certain Jon Lord, on en revivrait presque les moments de gloire de Deep Purple. Aucune longueur, aucune note à côté, tout est parfait pendant toute la soirée. Ils savent tout jouer et à la perfection, ça groove à mort ! Le public venu nombreux est totalement conquis. Moi itou, et Philou que j’accompagne me remercie pour la découverte. 
My pleasure man !
 Il nous reste à prendre congé et à rejoindre prudemment notre Condroz natal tant convoité par les indigents et autres principautaires frontaliers depuis des siècles. 
Etant donné que dormir est un luxe qui m’a quitté aussi, je me sentirait bien attaquer les « Nine Lives » d’une seule traite, un titre que ne désapprouverait certainement pas mon ami Paul Hébert.
Comment ? 
Les… Voisins ? quoi les voisins ? 
C’est eux qui ont voulu habiter ici, est-ce-que je suis allé m’installer à côté de chez eux moi ? Non ! Ben alors.
Mitch « ZoSo » Duterck

lundi 22 janvier 2024

Cotton Phil’s - Au P’tit Bonheur - Guingamp, le 20 janvier 2024

 Cotton Phil’s - Au P’tit Bonheur - Guingamp, le 20 janvier 2024

michel

Dans le pays de Guingamp, aucune trace de champs de coton où de pauvres esclaves s'échinent à une rude tâche, mais il existe Cotton Phil's, un duo qui chante le blues à la manière des cotton pickers,  décrits par John Steinbeck dans The Grapes of Wrath.

Ce samedi, Le P'tit Bonheur, à Guingamp, bien garni pour l'occasion, accueillait deux Phil's  qui ne filent pas de mauvais coton, Philippe Danigo, guitares basses, 4 ou 5 cordes, et chant, et  Philippe Goument,  guitares électro-acoustiques et chant!

Leur écurie n'est pas fort éloignée, l'un vient du Merzer, l'autre de Saint-Gilles- des -Bois.

Ils se sont associés il y a un an pour interpréter du country blues  d'un autre siècle, aux senteurs du Piedmond, ils l'ont quelque peu dépoussiéré!

Un instrumental folk blues en guise d'échauffement pour ouvrir l'incursion du côté des Appalaches, la guitare  manoeuvrée en picking et les  groovy lignes de basse  ( 5 cordes) ont  flatté nos pavillons, l'assistance a d'emblée saisi que le concert de ce soir ne sera pas assuré par des sous-doués.

Ils enchaînent sur le gospel/blues 'Keep Your Lamp Trimmed and Burning' qu'ils attribuent au Rev. Gary Davis, un traditionnel qui était  aussi au répertoire de Blind Willie Johnson.

La voix brisée de Philippe Goument convient bien au message véhiculé par la prière, même si son anglais ne sent pas vraiment la Caroline du Sud.

Un second instrumental, 'Mississippi Blues' datant des forties nous conduit du côté du Delta.

Non, Georgette, pas celui du Mékong, pas de blues à  Kampong Cham!

Si t'entends le sifflet du train, c'est que c'est l'heure du ' How long blues', la basse ronronne, la guitare batifole, les vaches, placides, sauf  Domingo, contemplent le passage du convoi en mâchant l'herbe.

Une infidélité au blues pour la suite composée par Nitin Sawhney, le musicien londonien d'origine indienne évoluant dans l'univers trip hop, 'Sunset' , ' Red Shift'  et 'Skeleton Leaves' montrent une autre facette du talent  des deux Phil's. 

Doc Watson a repris le traditionnel ' Deep River Blues' sur un album de 1964.

Picking subtil pour le guitariste et chant profond et boueux pour son compère.

Séquence  tuning pour attaquer un blues, en ré (D pour les anglo-saxons), instrumental.

Argh, une fausse queue, second take, maestro.

Nettement plus conforme.

Le duo se complait dans une sobriété et une précision presque chirurgicales.

Tiens, revoilà le Révérend et son ' Death don't have no mercy'.

Une voix derrière toi, c'est Chantal, qui écluse sec son huitième verre de blanc  tout aussi sec: On veut du blues!

Mais c'est du blues, madame,  réagit un des bons  Philippe, qui n'est pas Bourguignon!

Après avoir interprété du Stefan Grossman, un 'guitarist extraordinaire' que tu as eu  la chance de voir au Mallemolen ( Hoeilaart) il y a des lustres, ' Bermuda Triangle Exit' , vient le blues le plus connu du set, ' Sweet Home Chicago' suivi par 'Hesitation blues'  avec sa célèbre ligne ...Well, a nickel is a nickel and a dime is a dime....  à l'époque avec 5 cents  tu pouvais te faire cirer les godasses en rue.


Break, une Unkle, please!

Reprise avec 'Hey, Hey' de Big Bill Broonzy qu'Eric Clapton avait repris sur le fameux ' Eric Clapton unplugged'.

Changement de continent et de couleurs avec' Palea' de Dobet Gnahoré, une version instrumentale!

Eric Clapton n' pas connu l'époque de la prohibition mais il a repris le 'Malted Milk' popularisé par Robert Johnson.

Si tu trouves une vache produisant du malted milk, tu nous appelles!

Après un nouvel instrumental, toujours en mode downtempo ( 'Blues for the mad') , la paire propose un medley dans lequel ils incorporent  'Good Shepherd' un gospel repris par Jefferson Airplane sur l'album ' Volunteers' , un  extrait de Neil Young  et 'Find the cost of freedom' de C S N & Y.

 Philippe Danigo au chant, l'autre Philippe à la guitare, pour interpréter la ballade sensible 'Little Green'  ( composé en 1966) que Joni Mitchell  a écrit en pensant à sa fille, qu'elle avait placée dans une famille d'accueil par manque de moyens.

Happy end: elle a retrouvé Kilauren Gibb en 1997. 

Pat Metheny et Charlie Haden ont enregistré l'album 'Beyond the Missouri Sky' en 1996/97, ils reprenaient 'The Moon Is a Harsh Mistress' de Jimmy Webb que Joe Cocker avait inclus sur l'album 'I can stand a little rain', Phil 1 et Phil 2  décident de coupler le titre avec le thème de 'Cinema Paradiso ( Ennio Morricone ) qui s'entend également sur l'album des jazzmen.

Une pièce très technique qui demande virtuosité, maitrise et concentration, c'était une première pour le duo, le rendu est perfectible!

Jorma Kaukonen, c'était Jefferson Airplane et  Hot Tuna  avant de se lancer solo, 'Genesis' s'entend sur son premier album en solitaire.

On vous demande un effort, la suivante est célèbre, à vous  de la reconnaître.

On a tous calé!

Solution: ' Brothers in arms' de Dire Straits, c'était pas évident sans les paroles!

Le voyage arrive à son terme, 'Rock me baby' nous mène vers le coup de sifflet final!

 Extra - time à la demande  des nombreuses connaissances: une version alternative de la berceuse ' Little Green'.

 

Résumé: un concert sympa donné par deux messieurs doués, un reproche, cependant, le côté linéaire du set, down- et midtempi  se succèdent, il manquait un ou deux morceaux plus athlétiques, histoire d'enthousiasmer davantage  les consommateurs! 


 


 





 






samedi 20 janvier 2024

Can't Afford My Therapy - EP - audalei

 

 Can't Afford My Therapy - EP -  audalei

 Label: ?

audalei, interview imaginaire ..

- Dis, audalei, c'est ton nom véritable?

- Oui et non, je suis d'origine iranienne, comme les gens aux States étaient incapables de prononcer mon prénom correctement, c'est devenu audalei, en fait je me nomme  Adelleh Furseth, j'ai réellement  débuté dans la musique en 2021, après avoir bricolé,   tout gosse,  dans la cave  de notre habitation et joué dans le band de mon frangin.

Au lycée, j'ai joué du violon et de la basse dans le High School Orchestra, j'ai  encore tâté du théâtre  à Vancouver .

Un premier single ' serotonin' paraît en 2022 avant son exil vers LA, où elle connaît la dèche en perdant  her  remote  day job, peu après, elle compose,  en un mois,  les titres du EP  'Can't Afford My Therapy'. 

L'EP sort en 2023, il est produit par  Dalton Ricks, Ben Coleman, Scott Rosenthal  et par son  manager Tyler Gardosh.

audalei signe textes et musique et joue de tous les instruments,  avec un coup de main de son frère , Lucas Furseth, qui  manie l'ukulele sur ' meringue pie'.

tracks

 1. IDONTCARE · 02:10 

2. atleast my therapist think im cool. 02:10 

 3. 20 SOMETHiNG · 01:58 

 4. WASTED · 02:57 

5. meringue pie. 02:13.

 

Sur la  photo de  pochette où on  voit audalei tenir une cigarette, le  visage de la jeune femme est coupé au dessus du  nez, le haut  de l'image fait place au titre de l'EP 'Can't Afford My Therapy' (  souci qu'elle partage avec pas mal de gens aux USA).

'I don't care' où comment mettre fin  à une relation toxique sur fond dance pop irrésistible, et  ne pas sombrer dans la dépression.  

Petits rires de jeunes filles espiègles  pour entamer un  titre similaire aux hymnes bubbly pop d'une Katy Perry,   tout en restant assez éloigné des minauderies commerciales de Zara Larsson ou Taylor Swift.

La voix est claire, joviale, les instruments ( guitare acoustique, drums, synthé, basse) ne sont pas filtrés, ni passés  à la moulinette,  le choeur féminin, radieux, ajoute une dose de saccharine, ni  trop écoeurante, ni trop fade à l'ensemble, et si le public visé ne dépasse pas l'âge de 25 ans, ' I don't care' ne doit pas rebuter les générations plus anciennes.

Ce n'était pas considéré comme un crime d'apprécier les Cardigans, No Doubt et même Geri Halliwell. 

' atleast my therapist think im cool.' , à une époque Adelleh doutait de tout, de ses capacités de songstress, de sa voix, de son look, l'angoisse totale, du coup elle consulte et fait écouter une démo à cette thérapeute, celle-ci a versé quelques larmes à l'écoute des chansons de sa patiente.

How great, dear, it makes me cry..

Conséquemment  audalei lui dédie une chanson, bien cool , " At least my therapist thinks I'm  cool" , le titre fait un malheur sur Tik Tok,.

 Normal: soft vocals, de l'humour, une instrumentation dans l'air du temps, tendance dream pop.... si t'es fan de Lana Del Rey, de Billie Eilish ou de Birdy, tu vas craquer!

'20 SOMETHING ' narre ses débuts à LA, époque où elle n'avait pas un rond, ses derniers cents avaient servi à acheter de la bouffe pour son chien.

Le second degré est omniprésent, t'as déjà entendu quelqu'un  décrire son impécuniosité en lâchant ..toilet won't flush and I have to pee... qu'on lui donne le Prix Nobel, elle le mérite!

Le titre débute par un coup de fil et une question, Hi buddy, how's California?

La réponse  sera éloquente, pas de fric = rien à manger, des factures à la pelle, plus de téléphone, les draps de lit qui puent, t'as essayé de  prier,  c'était pas une solution.

Tout est raconté sur fond dreampop  sautillant, avec en background une chorale  euphorique.

Sur 'WASTED', une romance pop introspective, audalei déballe ses penchants amoureux ( a queer relationship) avec un brin de mélancolie, car, ... You only love me when you're wasted.... Si l'orchestration est en sourdine, les arrangements soignés, la voix satinée, bourrée d'émotion, et le final à la guitare acoustique retiennent l'attention de l'auditeur.

Le ukulele de Lucas Furseth amorce 'meringue pie', une friandise pop ingénue, chantée d'une voix candide. Le ton de la berceuse lo-fi prend un aspect plus sombre lorsque, à mi- morceau, les drums, la tape machine et quelques effets vibrants jettent un coin d'ombre sur l'apparente euphorie.

... Sun so sweet like meringue pie , but it won't even last the night...

Michel Fugain, en 1972 déjà, abordait, sur ' 'Une belle histoire', le thème des romances d'un jour.

L'insouciance peut parfois laisser un arrière-goût d'amertume.



'Can't afford my therapy' est un bon début pour découvrir une artiste attachante, elle a depuis a sorti un nouveau single ' the mom song'.



 

 


 

mardi 16 janvier 2024

Les Zef et Mer 2024 avec Rozètt et Endro , Le Cap, Plérin, le 13 janvier 2024

 Les Zef et Mer 2024 avec Rozètt et Endro , Le Cap, Plérin, le 13 janvier 2024

michel

 

Dernier volet de la revue:  Rozètt et Endro, présentés par le narrateur de service Lukaz Nedeleg, qui a décidé de nous balader, en pleine nuit, aux côtés des pêcheurs de Douarnenez, qui comme lui se demandent où est engloutie la cité d'Ys.

Derrière les tentures, un trio se prépare: Rozètt!

Quoi, du saucisson, mais, non, et oublie  la décoration que tu  portes à la boutonnière, Rozètt,  le groupe, interprète des  chansons de Haute-Bretagne, revisitées en y incluant  des influences  jazz et  folk.

Les intervenants: Maxime Lhermitte : chant, guitare acoustique / Carmen Leroy : flûte traversière, chant  et Eva Cloteau : violoncelle, chant.

Le reclus barbu fait partie du groupe Les Gars d'en Bas, du duo Lôv, du trio Wakan, et du groupe de jazz, Veni Vidi Swingi. 

La copine de Georges Bizet joue de sa flûte dans le Duo Sons Volatiles, la jeune diplômée des conservatoires de Rennes et de Rueil-Malmaison se produit également avec maman au sein de la compagnie La Mère - La Fille.

Eva s'entend chez Peldrút et Stradibalius.

Rozètt a décidé de reprendre le répertoire de la chanteuse et passeuse de tradition du Pays de Redon, Clémentine Jouin.


Eléments biographiques: Clémentine est née en 1926 dans le grand village de Noyal, en Sixt-sur-Aff, au nord de Redon, dans une famille de petits cultivateurs, s'exprimant en gallo, ils possédaient trois vaches, deux bœufs, mais pas de récepteur radio.

A l'époque les chants s'entendaient lors des veillées, les noces, les kermesses à l'andouillette et les enterrements, curieuse, Clémentine a appris 120 chansons du pays de Redon, qu'il lui arrive encore de chanter de nos jours.

Une voix off grésillante présente la première chanson ' Mon père a fait faire un bateau', Maxime entame le premier couplet de ce rond fripon , Eva et Carmen se chargent des secondes voix.

A première vue, les filles n'étaient pas farouches à l'époque....

Si les anciens interprètent le chant a capella, l'accompagnement sonore proposé par Rozètt apporte une touche moderne à la comptine.

La seconde ritournelle, l'an dro / hanter dro ' Derrière chez mon père' se révèle tout aussi grivois, du coup, on se demande si Georges Brassens, bien que né à Sète, n'avait pas du sang breton dans les veines.

Ce n'est probablement pas un hasard s'il a acquis un bien à Lézardrieux.

Puis vient le point fort du set , a capella, le trio réuni auteur d'un micro inexistant propose la morne complainte ' Les garçons amoureux, grand dieu qu'ils ont de la peine'., un air qui a le don de te replonger au début des seventies, quand Malicorne, Alan Stivell, Mélusine, La Bamboche ( de Lyon) et bien d'autres, sous l'influence du folk ricain ( Pete Seeger, Woody Guthrie, Dylan, Phil Ochs...) décident de remettre la tradition musicale régionale à l'honneur.

Chacun reprend sa place et ramasse son instrument pour un dernier chant galant, sous forme de hanter dro , ' C'était par un beau clair de lune' , le final instrumental bien enlevé. a enthousiasmé une bonne partie de l'assistance.

L'ethnomusicologie n'est pas l'apanage d'Alan Lomax, en Bretagne, Rozètt a intelligemment profité du répertoire collecté par Clémentine Jouin , l'a dépoussiéré pour l' habiller de subtils arrangements, et le qualifier de trad progressif.

Hautement recommandable!

 

Endro, c'est une harpe celtique maniée par  Klervi Rouyer et une guitare acoustique, effleurée par Neven Le Pennec.

Le groupe a vu le jour en 2021, année où Klervi et Neven décident de voyager à bord d'un voilier et de donner des concerts lors des différentes escales.

 813 miles nautiques au compteur et  plusieurs arrêts pour inviter le public à rêver à leurs côtés à l'écoute  de leurs compositions.

Revenus sur terre, Endro grave un album, « Troiad ar c’herdin », dont Plérin entendra des  extraits cet après-midi.

On dit que la harpe est l'instrument  des anges, lorsqu'elle secondée par une acoustique ciselée, le risque d'être ensorcelé est bien réel.

'Edig'  signifie tourbillon, paraît-il,  et pourtant il n'était pas question de tornade ou de typhon mais bien d'un fond sonore à la fois zen et d'une dimension onirique  propice à la méditation  , à l'instar de certaines compositions de Pat Metheny. 

Le duo embraye sur une mazurka new age  dont le titre traduit en français se lit ' La Lumière',  elle rayonne et fait disparaître les ténèbres.

Sérénité, grâce, frivolité,  et lignes mélodiques irisées pour un nouveau titre  ( Les îles),  plus vif et  joué en avant-première lors des Zef et Mer.

Le périple se termine par  ' Kan al Laboused' ( le chant des oiseaux) , un dernier morceau  à rapprocher à la fois  des compositions en fingerpicking  de Leo Kottke et du chamber folk de la harpiste Joana Newsom.


Après Plérin, le festival passait à Rennes, le 20 janvier Guer et puis Nantes, le 11 février, doivent encore   accueillir la caravane Zef et Mer.


A Plérin on attend l'édition 12 avec impatience!






dimanche 14 janvier 2024

Les Zef et Mer 2024 - Lukaz Nedeleg - TekMao et Pêr Vari Kervarec et Caroline Faget au Centre culturel le Cap à Plérin, le 13 janvier 2024.

 Les Zef et Mer 2024 -  Lukaz Nedeleg - TekMao et Pêr Vari Kervarec et Caroline Faget au Centre culturel le Cap à Plérin, le 13 janvier 2024.

michel

Plérin, samedi 13 janvier 2024, le retour de la mouette,  pour la onzième fois, les rencontres Zef et Mer se déroulent dans le coquet centre culturel Le Cap à Plérin.

La scène bretonne émergente à l'honneur, Sophie Glarner et son équipe de bénévoles  ont concocté un programme de choix, varié, osé ou respectueux des traditions.   

Le menu et l'horaire:

 14h30-14h40 : Lukaz Nedeleg

14h45-15h05 : Descofar

15h10-15h30 : JL.Thomas et Gab Faure

15h35 : Pause

15h55-16h05 : Lukaz Nedeleg

16h10-16h30 : Tek mao

16h35-16h55: Per Vari Kervarec duo

17h : Pause

17h25-17h35 : Lukaz Nedeleg

17h40-18h : Rozètt

18h10-18h30 : Endro

 

Pascal se chargeant du début de la session, on embraye sur la séquence succédant à la première pause ( le timing étant plus ou moins respecté). 

Seconde apparition du conteur  Lukaz Nedeleg.

Né à Brest, mais désormais établi  au fond de la baie de Douarnenez, ce grand garçon, sympathique et souriant, manie le verbe et l'art de raconter à la perfection.

Conteur, donc, mais aussi poète, slameur, comédien  et accessoirement conseiller en voyages, proposant des prix fort éloignés des arnaques SNCF ou encore Evasion pour presque pas un rond.

Dernier projet: le spectacle Ahès aka Dahut, mettant en scène Dahut, la fille du roi Gradlon dans la légende de la ville d 'Ys.

Tout un programme, la première est prévue pour le 8 novembre 2024 à Plozévet.

Plérin, en avant -première, a eu droit à quelques extraits de l'épopée légendaire.

Tu le sais: Dahut a  provoqué  la submersion de la cité d'Ys par l’océan à cause de ses péchés, Lukaz mène son enquête pour retrouver la princesse et la ville engloutie.

Le final en freestyle lors de sa deuxième intervention a tenu le public en haleine, en attendant la suite du feuilleton.

Avant de s'éclipser il a tenu à annoncer les deux groupes prévus avant la seconde pause: TekMao et  Pêr Vari Kervarec et Caroline Faget.

TekMao remue la terre dans les hangars, dixit Lukaz.

On se rendra vite compte que TekMao chamboule tout sur son passage.

Ils sont trois, fringués comme des ouvriers de construction,  sans le casque: Malo Breton, Malo Gentil et Gweltaz Foulon.

Le gentil joue de l'harmonica et de la cornemuse, le Breton , qui n'est pas anthropologue,  tout enfant a reçu une guimbarde comme cadeau de Noël, plus tard on lui a refilé une bombarde, le troisième larron,  que tu ne verras pas sur une croix à côté du Christ, Gweltaz Foulon, fait office de DJ et de beatmaker,  il te distille d'énormes techno beats,  capables de causer un séisme dont la magnitude atteint au minimum 8,7 sur l'échelle de Richter.

Démarrage relativement serein, la guimbarde et l'harmonica froufroutent gentiment, quand soudain un carillon, annonçant les vêpres, se fait entendre, le mec derrière les platines lance la machine infernale, boum, boum, boum....  kick puissant , méchants claps,  on est loin de la musique  bretonne traditionnelle, place au fest noz hardcore techno.

Les deux Malo ont troqué leurs jouets contre une bombarde ( logique pour canonner) et une cornemuse ( logique pour encorner) et ça fait mal, très mal.

Comme ils n'ont pas annoncé les titres des morceaux interprétés, on te signale l'existence d'un album intitulé  ' Le Maill' , maill pour un maillet, tu vois le genre!

Gweltaz lance une bande, l'harmonica et la guimbarde rappliquent,  c'est parti pour un techno blues entêtant, sans doute ' An Dro'.

Même scénario que lors de la plage un, la bombarde et la cornemuse  transforment la danse bretonne en rave party hallucinante.

C'est tellement addictif qu'un groupe de gosses, échappé du jardin d'enfants,  vient se poster face au trio pour entamer une gigue sauvage sous l'oeil attendri de maman.

Les mousquetaires et Milady sont vite rejoints par quelques prépubères excités  qui transforment l'espace face à la scène en cour de récréation, interdite aux plus de douze ans.

TekMao, impétueux,  poursuit son trip renversant, les mioches ont entamé une ronde démoniaque, qu'ils agrémentent de glissades intrépides.

20', c'est court, un sample est largué pour amorcer la dernière tirade, justement tirée d'une série.

On se croirait revenus aux heures de gloire de la New Beat,  illustrée   par les ineffables Confetti's  ou L.A. Style. 

Ce qui est sûr, c'est que le cocktail   TekMao  n'a  laissé personne indifférent, mais comme le dit la pub, à consommer avec modération pour éviter le delirium tremens.

Après la Breizh tekno décoiffante , made in Plounéventer  sans additifs suspects,  de TekMao, retour au patrimoine ou plutôt matrimoine plus raisonnable du duo Pêr Vari Kervarec et Caroline Faget.

Caroline Faget, Châteaulin:  plusieurs  premiers prix  mais pas de discount: premier prix de piano des conservatoires de la ville de Paris, premier prix de flûte à bec au conservatoire de Boulogne-Billancourt et prix d'excellence de composition au Conservatoire royal de musique de Bruxelles, officie désormais comme professeur de musique tout en composant  pour divers événements artistiques.

Elle est aussi à l'aise dans l'univers classique que dans le jazz ou la musique traditionnelle.

Trois albums à son actif  .

S'est associée depuis peu avec Pêr Vari Kervarec pour le projet  "Gwragez, l'île aux Femmes"

Pêr Vari Kervarec: un talabardeur ( = un joueur de bombarde) et chanteur de gwerzioù ( la spécialité de Denez Prigent) de Quimper, membre de plusieurs formations; souvent  invitées  en fest-noz, notons: Tildé  ou le Royal Krampouezh Sokial Klub, le pendant breton du Buena Vista Social Club. Avec le  trio Pêr Vari Kervarec (Pêr Vari Kervarec, Loeiz Méhat et Tony Dudognon), il a monté le spectacle 'Noa'.

A l'ouverture des rideaux , une voix off débite un texte en breton, Caroline, élégante et droite, prend place derrière le piano pour entamer un prélude d'inspiration Debussy, après 30 secondes le son d'une bombarde jaillit, Pierre-Marie ( Pêr Vari) s'affiche et rejoint sa complice.

Il dépose le hautbois breton et entame un chant profond et sombre, aussi beau qu'un cantique corse.

Cette première histoire de femmes, dont l'accompagnement musical évoque bizarrement le concerto d'Aranjuez de Joaquin Rodrigo , a forcé l'admiration d'un public, touché jusqu'au fond de l'âme par la voix de ténor de  Pêr Vari et par le doigté précis de sa partenaire.

La deuxième plage, précédée d' un texte récité, concerne  Ouessant, l'île des prêtresses , l'île des femmes en deuil , l'île des filles de la pluie....

Un piano romantique comme toile de fond ,  un chant, plaintif et poignant, pour évoquer l'île balayée par les vents et ces femmes aux conditions de vie rudes, la bombarde lugubre vient achever la morne plainte bretonne.

Le gwerz ' Personne n'en est la cause' traite des filles-mères et des faiseuses d'anges.

Une tragédie d'une autre époque?

Pas certain, de nos jours le droit des jeunes filles est bafoué chaque jour, un peu partout dans le monde.

Une nouvelle fois la flèche décochée par le duo a atteint la cible, impossible de rester indifférent devant tant de  profondeur.

Le chant traditionnel 'Ar Baz Valan'  clôture ce mini-set magistral qui en a ému plus d'un.

C'est sous  une ovation légitime que le duo prend congé.

Une seconde pause  doit nous permettre d'évacuer l'excédent d'émotions en sirotant un jus de houblon.


 


 








vendredi 12 janvier 2024

Avec les meilleurs voeux de Bonjour Minuit

 Avec les meilleurs voeux de Bonjour Minuit

Le point presse, désormais trimestriel, de janvier 2024.

Une nouvelle année riche en événements pour la scène de musiques actuelles de Saint-Brieuc.

Kick off le vendredi 19, un événement gratuit: les Studios partent en live avec  ∏ΣzΣL, Tregorgones, Drive Aid et Jaya, soit  du metal ( black et death), du rock et de la variété.

Le 29, c'est la fête à Yotanka Records (10 ans, déjà et toutes ses dents)  avec ATOEM • BIRRD • MESPARROW

Le 28:  PUNKOVINO,  le documentaire de Tina Meyer & Yoann Le Gruiec + un concert de Coupe/Coupe

Février;

le premier,  Radio Activ' s'active et invite Primates pour une session live ( gratuit)

le 3 du reggae/dub avec  SOOM T & THE STONE MONKS • STEPART

le 6; une collaboration Bonjour Minuit/ La Passerelle avec  Yaron Herman & Benjamin Epps, de l'improvisation et du rap, le concert se déroule à La Passerelle

le 10: un ciné concert:  « Doggo », d’Ellie James,à partir de 4 ans

le 24:  En partenariat avec le collectif Symbiose, découvrez les talents de la nouvelle scène techno française.

  > Britney speed b2b Félix
> Calling Marian [live]
> Just MC b2b TURBO
> Darzack

Prévoir un pyjama, fin des activités à 4h30'

 

Mars;

le 7: Radio Activ' présente ceux qu'on ne présente plus : Santa Claws ( free of charge)  

le 9: la Finale départementale Buzz Booster, du rap pour pas un rond

le 15: ISHA x LIMSA D’AULNAY • LA FOURMILIERE • R’MAY, rap, rap et rap!

les 22 et 23; du très  lourd  DMF, où le DRAKK METAL FEST: au menu très copieux: Black Bomb A, Opium Du Peuple, Primal Age, Mars Red Sky, Misanthrope, Akiavel, Druid Of The Gué Charette, Otargos, Orpheum Black, Praetorian.

le 29, pour terminer en beauté: FRUSTRATION • MARY BELL!

 

Les résidences: Ditter, Dewaere, Alter Real et Neist Season + le 808 Studio 2024, accompagnement d'une harde de rappeurs locaux.

Les actions culturelles; visite de salle, ateliers de composition, ateliers musicaux et séance d'enregistrements impliquant différents groupes scolaires du coin.

That's all, folks!

 

 

 

jeudi 11 janvier 2024

Luna - double single - Satellite of Love and Starman

 Luna - double single - Satellite of Love and Starman

 Double Feature Records

michel 

Les covers EP's, albums ou singles fleurissent ces derniers temps, après Nicki Bluhm qui s'est attaquée au répertoire des premières  années de Cher, voilà les new-yorkais de Luna qui proposent un double single de reprises, face A, Lou Reed, face B, David Bowie.

 

On aurait pu analyser James Blake,  Living Dead Girl, Ghost, Eagle-Eye Cherry, Zaho de Sagazan ou Imperial Triumphant qui, à l'instar de John Lennon, David Bowie, Patti Smith et de bien d'autres,  ont fourgué des enregistrements constitués de reprises.


Luna:  tu oublies la star ukrainienne Krystyna Viktorivna Bardash ou mademoiselle Luna, la DJ bruxelloise mythique, il s'agit du groupe de Dean Wareham ,  ex Galaxie 500 et membre du  duo Dean and Britta ( Britta est sa conjugale), formé en 1990/1991 avec Stanley Demeski  ( The Feelies) et  Justin Harwood ( The Chills).

Le trio a rapidement recruté un quatrième élément , le guitariste Sean Eden. 

Ces quatre individus  sont crédités sur le troisième album du band, 'Penthouse', considéré comme un disque essentiel des 90's.

D'inévitables  changements de personnel surviennent, le groupe continue à se produire sur scène et à pondre des albums avant un split provisoire en 2005.

Renaissance 10 ans plus tard et de nouveaux disques,  'A sentimental education' , only cover songs et déjà un Bowie et un Velvet, suivi par  deux EP's , le dernier 'Postcripts' en 2019. 

Line-up actuel: Dean Wareham ( vocals, guitar)  , Sean Eden ( guitar) , Lee Wall ( drums)  and Britta Phillips ( bass, keys, vocals ) .

Tracks

 Lou Reed’s Satellite of Love and David Bowie’s Starman.

Le satellite of love sur la pochette ressemble plus à une fusée sortant d'une boîte cadeau qu'à un engin de la NASA.

Les liens unissant Luna et Lou Reed sont forts, ils ont partagé l'affiche de plusieurs concerts, Lou Reed poussant de temps en temps la chansonnette aux côtés de Dean Wareham, comme il l'avait fait à Lokeren  ( en 2007) aux côtés de Garland Jeffreys ( un grand moment).


La version originale de ' Satellite of Love' se trouve sur ' Transformer'   gravé en 1972, deux ans après  que Lou ait pris congé du Velvet Underground.

Si le titre n'a pas la même envergure que le monstre ' Walk on the wild side' ,  le satellite de l'amour  composé du temps du Velvet n'en demeure pas moins un tube inaltérable, avec un David Bowie assurant les backings.

Rappel, le  Thin White Duke et Mick Ronson avaient produit l'album.

Que dire de l'approche que  Luna propose dans l'optique de leur Lou Reed/Velvet Underground tribute set?

Que la voix de Dean est moins nasale que celle de Lou, que la tonalité des backings diffère sérieusement ( moins de pom, pom, pom) ,  que le piano de Mick Ronson est remplacé par un son de claviers et que le solo de guitare de Sean Eden est plus ronsonesque que celui présent sur l'original, bref, si l'adaptation est respectueuse, elle ne se contente pas de reproduire le morceau à l'identique, ce qui fait sa force.

L'intensité cosmique est indéniable, sur scène le titre doit cartonner!

1972 c'est aussi l'année où David Bowie soumet l'incroyable 'The Rise and Fall of Ziggy Stardust and the Spiders from Mars', un disque qui t'a tellement marqué que tu as baptisé ton chat ' Ziggy'.

Au moins cinq tubes indémodables sur cette plaque: "Ziggy Stardust"  – "Suffragette City"  – "Rock 'n' Roll Suicide"  – "Five Years" et "Starman".

"Starman" que Luna vient de reprendre.

Intro à l'acoustique, comme chez Bowie, mais elle est enveloppée dans des sons spatiaux , la voix de David survient comme détachée alors que le moog, les cordes, et les percussions de Mick Woodmansey forment un arrière- plan  cotonneux.

Moins d'effets sidéraux chez Luna, mais une mise en avant de la guitare fluide, a straight version, qui nous fait oublier la honteuse récupération commerciale que l'on doit aux conseillers d'Elon Musk pour son voyage vers Mars à bord du Tesla Roadster.  


Ce double single est une parenthèse pour Luna,  qui a ravi tout New -York lors du  show donné au Fillmore pour le  New Year's Eve .

 "Luna plays Lou Reed" a fait un tabac!



lundi 8 janvier 2024

Two-track EP, »The Eye Of Destiny«, - The Lord & Marthe

 Two-track EP, »The Eye Of Destiny«,  - The Lord & Marthe

 Southern Lord Recordings

Black/ drone metal

michel 

Marthe, la soeur de Lazare, lève-toi et marche?

Non, il s'agit de Marziona Silvani de Bologne: antifasciste, féministe, misanthrope et figure de proue de l'underground  aux couleurs verde, bianco e rosso.

Depuis 2017 elle est active sous le label Marthe, un one woman band évoluant dans le marécage doom punk/black metal.

Sa carte de visite mentionne plusieurs projets:   Campus Sterminii ( du crust punk), Doxie (  des cabots punk), Horror Vacui ( du death ), Kontatto ( hardcore, punk), The Mountain Moon ( ambient), Tuono ( punk) , Ancient Cult ( doom), Death from Above ( hardcore), Despertad! , Giuda ou encore  Pussy Face ( pas les mêmes que celles qui s'exhibent sur Pornhub).

Marthe vient de sortir l'album ' Further in Evil'  qui succède à l'EP ' Sisters of Darkness'.

Greg Anderson, alias The Lord, co-fondateur du label  Southern Lord Recordings, affiche un palmarès encore plus impressionnant, on se contente de quelques noms: Goatsnake, False Liberty,  Brotherhood, Sunn O))), Teeth of Lions Rule the Divine, Burning Witch...

Doom, hardcore, heavy metal, punk, ambient drone sont les caractéristiques de ces différentes formations, pour lesquelles il tient la basse, les claviers ou la guitare.

Deux titres, donc: 

“The Eye Of Destiny” et “Wisps Of The Black Serpent”

Les crédits:

 Stringed Instruments &Atmosphere: Greg Anderson/†The Lord†
Vocals/Synth/Atmosphere/Percussion: Marthe
Brass: Stebmo 

 

Artwork:  Mariya Popik, une belle tranche de raven gothic  art  pour faire plaisir aux admirateurs d'Edgar Allan Poe et de gloomy movies.


'The Eye of Destiny'  est conçu comme un hommage à Thomas Börje Forsberg, alias Quorthon, leader du groupe de black/thrash Bathory, décédé à 38 ans, en 2004.

Conçu comme une élégie, la plage longue de plus de sept minutes, plonge l'auditeur dans une ambiance sépulcrale, le chant, lugubre, en forme de requiem, est plaqué sur un fond sonore lancinant,  à la fois symphonique sacré et atmosphérique,  saupoudré de  traits  d'electro doom , de pointes de   death liturgique, tout en  arborant  un aspect wagnérien  contemplatif.  

Au fond Marthe pourrait bien être la réincarnation d'une Walkyrie.

Le second morceau a été baptisé "Wisps Of The Black Serpent”, Marthe lève un coin de voile et avoue s'être inspirée de certains  films d’horreur, en particulier les classiques gothiques italiens ( on te conseille le film culte ' I Vampiri' de Riccardo Freda, achevé par   Mario Bava, frissons garantis).

Comme elle suggère un exorcisme chamanique, on a été fouillé la toile pour voir  le sens du titre, on est tombé sur un tableau de  Hermann Hendrich , un peintre originaire du Land de Thuringe,  inspiré par Goethe et   Wagner,  ' Will-o-the-wisp and snake' . Au dessus du  serpent ( pas noir, on en convient) virevoltent des feux follets  à l'air sympathique, mais faut se méfier, si tu les suis et que la lumière meurt, tu risques de te retrouver au fond du ravin. 

Musicalement après une intro majestueuse, digne d'une symphonie d'outre-tombe signée Henry Purcell, la voix s'élève sous forme d'incantation suffocante, percussions primales vrombissement de drones et   lenteur solennelle, s'associent  pour produire un funeral doom aussi ténébreux que toute la discographie de Thergothon ou encore des  efforts du belge Until Death Overtakes Me ( Stijn Van Cauter), un gars nettement moins facétieux que son compatriote, aujourd'hui squelette, Lange Jojo.



Deux plages seulement, mais un voyage de plus de treize minutes  au pays de la noirceur, il  ravira les amateurs d'underground halluciné .

Marthe et The Lord possèdent à fond  l'art de susciter l'intérêt, sans pratiquer le  démarchage abusif, marque de fabrique de  plusieurs sociétés dont la conscience morale est sous la barre  zéro.

 

vendredi 5 janvier 2024

Album - ‘The Beat Goes On, Nicki Bluhm Sings Cher’.

 Album - ‘The Beat Goes On, Nicki Bluhm Sings Cher’.

 

 Digital album

michel 

La carrière de Nicki Bluhm,  une belle fleur californienne,  débute en 2008 à Cow Hollow, un quartier huppé de San Francisco.

Après deux albums solo, 'Toby's Song' et   'Driftwood', elle enregistre, avec son mari de l'époque, Tim Bluhm, frontman des Mother Hips, l'album ' Duets', avant de fonder Nicki Bluhm and The Gramblers, un combo responsable de deux albums.

L'aventure se termine en 2017, Nicky quitte le soleil de Californie, prend ses bagages et s'installe dans le Tennessee pour poursuivre une carrière en solitaire.

Un premier LP 'To Rise You Gotta Fall' voit le jour en 2018, il faut attendre 2022 pour une suite ' Avondale Drive'.

Parenthèse, Nicki n'avait pas rompu tous les ponts avec son ex, on les retrouve tous les deux sur le live album 'Brokedown in Bakersfield', an all-star tribute to the Vintage Bakersfield Country Sound.

Pour s'amuser un brin, après les séances d'enregistrements d' 'Avondale Drive', Miss Bluhm et le producteur Jesse Noah Wilson décident de s'attaquer au catalogue initial de Cher.

Nicki s'explique: "Sometimes it’s nice to take a break from baring your soul and sing someone else’s songs"

Elle choisit 8 titres, datant d'avant 1973,  interprétés par l'ex-épouse de Sonny Bono , elle les sort un à un avant de les regrouper sur l'album digital  ‘The Beat Goes On, Nicki Bluhm Sings Cher’.

 Track List:
1. The Beat Goes On feat. Steve Adams of ALO
2. Cry Like a Baby
3. Baby Don’t Go feat. Sam Blasucci of Mapache
4. Needles and Pins
5. I Got You Babe feat. Butch Walker
6. It Never Rains in Southern California feat. Jesse Noah Wilson
7. Bang Bang feat. Valley James
8. Tramps and Thieves Instrumental

Sont crédités:

Drums Richard Millsap / Guitars Jesse Noah Wilson/ Guitars Ellen Angelico/ Bass Cameron Carrus /Keys Jeff Adamczyk / Vox, selon les titres: Valley James , Butch Walker, Steve Adams et Vox + Guitar Sam Blasucci ( Baby don't go) et , bien sûr, Vox Nicki Bluhm



Le logo de la pochette renvoie vers les heures de gloire de Cherilyn Sarkisian et de Salvatore Bono, notamment vers l'écriture et les couleurs psychédéliques utilisées pour illustrer certaines de leurs couvertures de disques.

La collection débute par le mythique ' The beat goes on' de 1966/67 qui bizarrement n'est jamais monté plus haut que la sixième position au Billboard, ce qui n'a pas empêché le titre de devenir un standard, repris par des gens aussi différents que Vanilla Fudge, Britney Spears, Buddy Rich, Patricia Barber ( great version) ,  Emilie-Claire Barlow (en bossa nova) , Nathalie ( très kitsch, cette formule belge), Inga Rumpf, en allemand ( on adhère), Anita Kerr ( jazzy), An en Jan en ont fait ' De maat is vol' et La Ragazza 77 , ' Il beat cos'è'... tu peux en trouver une centaine d'autres!

Nicky Bluhm, bien secondée par Steve Adams ( Animal Liberation Orchestra et bassiste au sein des Gramblers), ne s'éloigne pas foncièrement de l'original.

L'esprit est là, le titre exsude un sixties groove sémillant. 

Buzzy bass et percussions solides tiennent le cap, les guitares, légèrement fuzzy impressionnent, les claviers du singer-songwriter  Jeff Adamczyk virevoltent à la manière de ceux de Michel Rubini, le session player engagé sur l'original et puis, il y a la honey sweet voice de Nicky pour enjoliver le tout. 

...  La de da de de, la de da de da... drums keep pounding a rhythm to the brain ... tu vas en rêver la nuit!

 

Cher avait enregistré ' Cry like a baby' des Box Tops en  1969 sur "3614 Jackson Highway".

Pas de cuivres sur la mouture de Nicki Bluhm, mais des sonorités qui renvoient aussi bien vers le groupe d'Alex Chilton que vers le Creedence, avec la voix très soul de Nicki  sonnant comme du Chi Coltrane.

Dommage, aucune mention pour les choeurs se promenant sur le piano sautillant  de Jeff Adamczyk!

Sonny Bono a composé 'Baby don't go ' en 1964, à une époque où le duo montait sur scène sous l'appellation Caesar and Cleo. En passant chez Reprise, ils optent pour Sonny  & Cher, la ballade a mis du temps à convaincre les auditeurs avant de grimper dans les charts, se plaçant n°1 au Canada.  

Nicki a fait appel à Sam Blasucci du folk rock band Mapache pour reprendre le rôle de Sonny Bono et transformer la romance en country ballad imparable.

C'est grâce à ' La nuit n'en finit plus' de Petula Clark que tu apprends à connaître ' Needles and Pins', bêtement tu croyais que la version originale était celle des Searchers, le Merseybeat band de John McNally et Mike Pender.

Bien plus tard, tu entends la version de Jackie DeShannon et apprends que les compositeurs ont pour nom Sonny Bono et Jack Nitzsche, le gars qui a collaboré avec les plus grands: Phil Spector, les Stones, Neil Young ( il fut membre des Crazy Horse) , Mink DeVille, Graham Parker et des tonnes d'autres.

Cher reprend ' Needles & Pins' sur l'album ' All I really want to do' en 1965.

Nicki offre un copycat fidèle à la version de Cher, mais assez éloigné de celle, très sucrée,  de la petite Jackie.

Quoi?

Si c'est devenu un hymne punk....  ah, tu penses aux Ramones!

On te conseille Die Toten Hosen aus Düsseldorf, moins connus  peut-être, mais  à recommander en tant que   membres   der deutschen Punkbewegung.

Le premier numéro 1 de Sonny & Cher fut ' I got you babe' en 1964 , en l'entendant,  t'as compris que pour toi "Si j'avais un marteau",  " Ma biche" , " La plus belle pour aller danser" ,  "Le sifflet des copains"  et tous ce que proposait Salut Les Copains, c'était devenu de l'histoire ancienne, place à l'authentique, fini le fabriqué en France, tellement à la mode de nos jours!

La voix tremblotante de Nicki est contrebalancée par le chant plus grave de Butch Walker ( ex- SouthGang ou  Marvelous 3), leur ' I got you, babe'    n'ira probablement pas caracoler au sommet des UK charts comme ce fut le cas pour UB 40 et Chrissie Hynde, mais elle est assez cool pour plaire à ceux qui avaient aimé 'It ain't me, baby' de Bob Dylan.  

Albert Hammond ( senior) n'a jamais chanté ' It never rains in Brittany' , mais, en 1972, son "It Never Rains in Southern California" a été numéro 1 au Japon.

Sonny and Cher ont repris ce soft rock ensoleillé en 1973, sur l'album “Mama Was a Rock and Roll Singer, Papa Used to Write All Her Songs”, Nicki, aidée par Jesse Noah Wilson aux vocaux et à la guitare, par Ali Sperry aux backings , Kristin Weber au violon et Jamie Dick aux percussions , nous offre une version symphonic pop, élégante et radieuse qui te donne l'envie d'acheter un ticket d'avion ( pas obligatoirement un Westbound 747) pour fuir la flotte costarmoricaine et t'allonger sur une plage de Santa Barbara.

'Bang Bang', Nancy Sinatra ou Cher?

Ex-aequo, et bien devant Sheila, Dalida ou  même la version sensible d' Eddy de Pretto.

Deux voix, Nicki et la chanteuse country Caitlin ( alias Valley)  James,   avec toute l'équipe, elles ont  ont concocté une version aux arrangements à la fois délicats et somptueux, en l'entendant tu retombes en enfance.

T'avais 6 ans, elle 5, elle ne jouait pas à la poupée, dans les bois elle était Calamity Jane et toi, Billy the Kid, on a grandi, on est devenus cons,  on ne rêve plus!

Pour clôturer l'hommage Nicki & co ont opté pour une version instrumentale, très rock,  de ' Gypsies, Tramps & Thieves'  qui donnait son titre à l'album que Cher a sorti en 1971.


‘The Beat Goes On, Nicki Bluhm Sings Cher’: a blow back from the past qui fait un bien fou !

 




 


 

 

 

 

 

mercredi 3 janvier 2024

A Few Notes - EP - Aure

 A Few Notes - EP -  Aure

 Mayway Records

michel 

singer-songwriter

Il existe  un point commun entre Seal, Nick Mason du Floyd, Iannis Xenakis , Zjef Vanuytsel et Aure, ils combinent tous des études d'architecture et le métier ( annexe, parfois) de musicien, par contre aucun des membres du metalcore combo The Architects n'a conçu un plan de maison.

En 2013, Aure Delaroière et Julien Ho créent l' agence d'architecture MPM, et en fouillant sur le net tu déniches, en 2011, un titre d'un certain Thierry Delaroyère, ' Les Fleurs' featuring Aure Delaroière.

Le hasard n'existe pas, Thietty Delaroyère est peintre/chanteur, la fibre artistique se transmet en héritage.

En mai 2023, Aure écrit:

"La musique est depuis toujours pour moi une façon d’ouvrir une porte vers un ailleurs.
J’ai mis du temps à me décider à écrire mes propres morceaux et les faire entendre."
 
Le label belge Mayway Records entend les ébauches et signe la jeune Nantaise, 'The Line' paraît comme premier single, suivi par l'EP ' A Few Notes' , fin novembre.
 
Six titres  composés par Aure, avec la complicité d' Ambroise Willaume, du groupe Revolver.
Avant d'enregistrer le disque, Aure a fait lire les textes anglais à Piers Faccini, qui lui a filé un coup de main pour peaufiner l'écriture.
 
Tracks:
1.  The Line  
2.  Suddenly  
3.  Todo Lo Que Busco  
4.  Five Hours  
5.  Dans La Plaine  
6.  Where The Real Things Go
 
Aure: guitare, claviers,  et voix.
Les titres ont été enregistrés dans l' Église Saint-Vincent de Cros, dans le Gard.

Pochette:    une photo montrant la chanteuse de dos, armée d'une guitare,  à travers une fenêtre ouverte,  elle a été  réalisée par Gala Colette à partir d’un polaroïd d' Anna Ostasenko Bogdanoff.
Magritte était dans le coin, les chiens, eux, étaient restés rue Esseghem à Jette. 
 
'The Line', une guitare finement égrenée, une voix grave, évoquant Nico,  jouant subtilement  avec l'acoustique particulière  de l'église romane,  quelques touches aux claviers, difficile de faire plus minimal et pourtant, tu accroches.
Life's not a straight line, chante - t-elle , mais même s'il y a des hauts et des bas, le morceau, d'une pureté monacale,  ne joue pas au rollercoaster.

Pas de volte-face sur ' Suddenly' qui utilise les mêmes ingrédients que la plage précédente,  la voix, légèrement caverneuse, susurre la mélodie reposant sur une acoustique, jouée en trémolo,  et quelques gammes  clairsemées au piano électrique.
Il se dégage un sentiment de sérénité et de communion avec le divin à l'écoute de cette plage évanescente, où les silences ont autant d'importance que les notes et le  mince filet de voix. 
 
 
Le rossignol anglais proposait trois couplets en espagnol, Aure, qui a voyagé chez les Mayas, psalmodie 'Todo Lo Que Busco' qui n'est pas une reprise de Charlie Rodd, mais un titre folk qui la rapproche quelque peu  de l'esprit de Lhasa de Sela, sans  côté lyrique.  
 
'Five hours' fait  quatre minutes vingt-cinq, mais résonnera une nuit entière dans tes rêves.
A few notes remain, murmure la voix, effectivement, elles sont ancrées dans ton cerveau,  tout comme l'outro solennelle au piano.
 
Sont citées Françoise Hardy, Aldous Harding, Jessica Pratt ... on ajoute Hope Sandoval, Laura Marling, Marissa Nadler, toutes classées sous l'étiquette artistes insondables, voire troublantes.
 
Elle chante aussi en français, ' Dans la plaine' , une chanson d'amour dans la lignée poétique  des plus belles pièces de Barbara.
Ce n'est pas l'amour toujours, mais l'amour et les doutes, car dans la plaine, face au vent, avec l'orage,  perçu au loin, il y a toi et moi et aussi la peine, car le bonheur on le malmène...
 
Tout le monde se pose des questions...  en 1965, les Kinks, déjà,  se demandaient Where Have All the Good Times Gone. 
Aure, aussi, s'interroge,  sur le sens de la vie... '  Where The Real Things Go' ,  sur un tempo plus agité que lors les titres précédents,  elle part en quête d'une vérité  universelle.
 
C'est sur ce point d'interrogation philosophique que se conclut un premier EP prometteur,  en 2024, c'est une certitude,  on entendra beaucoup   parler d'Aure. 

Prochain concert, le 2 février  au fort des Dunes de Leffrinckoucke.