Two-track EP, »The Eye Of Destiny«, - The Lord & Marthe
Southern Lord Recordings
Black/ drone metal
michel
Marthe, la soeur de Lazare, lève-toi et marche?
Non, il s'agit de Marziona Silvani de Bologne: antifasciste, féministe, misanthrope et figure de proue de l'underground aux couleurs verde, bianco e rosso.
Depuis 2017 elle est active sous le label Marthe, un one woman band évoluant dans le marécage doom punk/black metal.
Sa carte de visite mentionne plusieurs projets: Campus Sterminii ( du crust punk), Doxie ( des cabots punk), Horror Vacui ( du death ), Kontatto ( hardcore, punk), The Mountain Moon ( ambient), Tuono ( punk) , Ancient Cult ( doom), Death from Above ( hardcore), Despertad! , Giuda ou encore Pussy Face ( pas les mêmes que celles qui s'exhibent sur Pornhub).
Marthe vient de sortir l'album ' Further in Evil' qui succède à l'EP ' Sisters of Darkness'.
Greg Anderson, alias The Lord, co-fondateur du label Southern Lord Recordings, affiche un palmarès encore plus impressionnant, on se contente de quelques noms: Goatsnake, False Liberty, Brotherhood, Sunn O))), Teeth of Lions Rule the Divine, Burning Witch...
Doom, hardcore, heavy metal, punk, ambient drone sont les caractéristiques de ces différentes formations, pour lesquelles il tient la basse, les claviers ou la guitare.
Deux titres, donc:
“The Eye Of Destiny” et “Wisps Of The Black Serpent”
Les crédits:
Stringed Instruments &Atmosphere: Greg Anderson/†The Lord†
Vocals/Synth/Atmosphere/Percussion: Marthe
Brass: Stebmo
Artwork: Mariya Popik, une belle tranche de raven gothic art pour faire plaisir aux admirateurs d'Edgar Allan Poe et de gloomy movies.
'The Eye of Destiny' est conçu comme un hommage à Thomas Börje Forsberg, alias Quorthon, leader du groupe de black/thrash Bathory, décédé à 38 ans, en 2004.
Conçu comme une élégie, la plage longue de plus de sept minutes, plonge l'auditeur dans une ambiance sépulcrale, le chant, lugubre, en forme de requiem, est plaqué sur un fond sonore lancinant, à la fois symphonique sacré et atmosphérique, saupoudré de traits d'electro doom , de pointes de death liturgique, tout en arborant un aspect wagnérien contemplatif.
Au fond Marthe pourrait bien être la réincarnation d'une Walkyrie.
Le second morceau a été baptisé "Wisps Of The Black Serpent”, Marthe lève un coin de voile et avoue s'être inspirée de certains films d’horreur, en particulier les classiques gothiques italiens ( on te conseille le film culte ' I Vampiri' de Riccardo Freda, achevé par Mario Bava, frissons garantis).
Comme elle suggère un exorcisme chamanique, on a été fouillé la toile pour voir le sens du titre, on est tombé sur un tableau de Hermann Hendrich , un peintre originaire du Land de Thuringe, inspiré par Goethe et Wagner, ' Will-o-the-wisp and snake' . Au dessus du serpent ( pas noir, on en convient) virevoltent des feux follets à l'air sympathique, mais faut se méfier, si tu les suis et que la lumière meurt, tu risques de te retrouver au fond du ravin.
Musicalement après une intro majestueuse, digne d'une symphonie d'outre-tombe signée Henry Purcell, la voix s'élève sous forme d'incantation suffocante, percussions primales vrombissement de drones et lenteur solennelle, s'associent pour produire un funeral doom aussi ténébreux que toute la discographie de Thergothon ou encore des efforts du belge Until Death Overtakes Me ( Stijn Van Cauter), un gars nettement moins facétieux que son compatriote, aujourd'hui squelette, Lange Jojo.
Deux plages seulement, mais un voyage de plus de treize minutes au pays de la noirceur, il ravira les amateurs d'underground halluciné .
Marthe et The Lord possèdent à fond l'art de susciter l'intérêt, sans pratiquer le démarchage abusif, marque de fabrique de plusieurs sociétés dont la conscience morale est sous la barre zéro.