lundi 6 mars 2023

Altered Five Blues Band à La Grande Ourse, Saint-Agathon, le 4 mars 2023

 Altered Five Blues Band à La Grande Ourse, Saint-Agathon, le 4 mars 2023

michel

La tournée française  du quintet  ( d'où five) Altered Five Blues Band, venu en droite ligne de Milwaukee, qui a vu naître Steve Miller, un joker de première, passe par La Grande Ourse , qui renoue, enfin, avec les concerts blues.

Les aficionados, sevrés depuis des mois, ont répondu présent, il ne restait pas beaucoup de sièges inoccupés lorsqu'à 21h, une musique de fond juteuse annonce l'arrivée des gars du Wisconsin.

Le groupe naît en 2002, le curé du coin l'asperge d'eau  du lac Michigan, en prononçant ces mots, que Dieu te bénisse, Altered Five.

Plus tard  ils deviennent Altered Five Blues Band.

Il faut attendre 2008 pour voir arriver un premier album, 'Bluesified',  composed entirely of cover version, dont 'Beast of Burden' des Stones.

Cold Wind Records, qui avait édité la galette,  s'envole comme poussière au vent, le groupe doit dénicher un autre label, 'Gotta Earn It' sort en 2012 chez Conclave Records, la plaque contient une majorité de compos du groupe.

Quatre autres rondelles suivent , la dernière 'Holler if you hear me' de 2021, reçoit trois nominations aux Blues Music Awards.

Le titre  "Cookin' in My Kitchen" sur 'Charmed & Dangerous' de 2017 avait été élu song of the year lors des Independent Music Awards.

En 2022 paraît '20th Anniversary', a limited edition vinyl collection of tracks from Altered Five Blues Band's most popular albums.

Ce relevé pour te signifier que le band au programme de cette soirée, ce n'est pas de la gnognotte.

En 2023, le line-up  se lit: l'imposant Jeff Taylor – Lead vocals   /  Jeff Schroedl – Guitar   /  Mark Solveson – Bass guitar  /   Alan Arber – Drums   /  Steve Huebler – Keyboards.

Les quatre instrumentistes rappliquent et amorcent un rocking  blues  dégoulinant de groove, d'un pas nonchalant le colosse, Jeff Taylor, coiffé d'un petit chapeau aussi seyant que le canotier de Maurice Chevalier, remis à la mode par Elton John, se pointe et là, paf, t'encaisses une voix chaude et puissante, qui vient aussi bien de l'âme que des tripes..

Le titre, ' Right on, right on', vire boogie  collant .

La Stratocaster de Jeff Schroedl, un gars qui a beaucoup écouté Stevie Ray, lâche des flammes, Steve Huebler,  qui manie deux orgues dont un Hammond, ruse en contrepoint ( t'as lu quelque part , one of Steve’s talents is improvisation. He never plays the same solo twice and his playing is always tasteful and organic... ça va se vérifier pendant toute la durée du set) , tandis que l'assise rythmique cimente un soubassement implacable.

Entrée en matière irréprochable, la suite sera du même acabit!

 "Stay Outta My Business"  menace Jeff Taylor à sa madame,  te mêle pas de mes oignons, o k je bois du Scotch et q je fume des Havanes, et alors,  la guitare accentue le propos par un petit solo piquant.

Dans le même ordre d'idées, voici la confession suivante, ' Mischief Man', ...je le sais, je ne suis pas un saint... tout ça est enrobé d'un rythme qui déménage  à la Bo Diddley.

Next one is a drinking song,  clame Jeff.

Et les deux précédentes, petit ( façon de parler, il mesure plus qu'un mètre 62), c'étaient des cantiques?

'Great Minds Drink Alike', un shuffle pour intempérants déclarés.

On va se calmer,  voici 'Dollars and Demons', un premier slowblues brûlant,  englobant tous les ingrédients requis: solo de guitare meurtrier, voix implorante et rythmique sereine.

Gary Moore a applaudi.

Le tempo monte de plusieurs crans avec  "If You Go Away (She Might Come Back)," , au solo d'orgue sautillant .

Brefs instants de repos pour la basse, l'orgue et la batterie,  Jeff Schroedl introduit "Guilty of a Good Time," , l'autre Jeff ne le laisse pas seul longtemps, il vient seriner son discours de gambler et de roi de la picole.

Baby, je plaide non coupable, d'ailleurs comme Nougaro, j'ai fait venir les copains, ils sont tous là pour t'expliquer tout ça en musique.

 “Too Mad to Make Up,” balance sérieusement, tellement que ça donne soif, ....Bloody Mary mornin',  0' Blue Ribbon afternoon,  Whiskey in the evenin' , Tequila after two.... pas à dire, il a la santé, le gars!


Depuis un petit temps tu cherchais à tracer des parallèles, à droite et à gauche, t'as lu Freddie King, Buddy Guy, Muddy Waters et autres grands noms du Chicago Blues , mais tu tiens à les rapprocher des Fabulous Thunderbirds ou de Roomful of Blues de Duke Robillard.

Et puisqu'il est question de Chicago Blues, le quintet propose ' Heavy Love', un titre que Buddy Guy a enregistré en 1998.

Tandis que le frontman part étancher sa soir en coulisse, Steve Huebler nous place une envolée à faire pâlir Herbie Hancock, puis Mark Solveson en place une pas débile, il fait un signe à Alan, à toi, boum, boum, boum, sut tout ce qui l'entoure, et puis c'est au tour de Mister Strato de fignoler une tirade meurtrière, avant le retour du chef qui vient terminer la rengaine.

"Three Forks," est dédié à Robert Johnson et adapté du fameux 'Crossroads', il est suivi par la ballade   "Holding on with One Hand" car tu le sais les bluesmen ont un coeur d'artichaut.

La guitare, une nouvelle fois, en exhibition!

Sérieuse poussée d'adrénaline avec ' I'm in Deep'  et son  solo d'Hammond qui a fait pleurer Rhoda Scott.

'Angel of Mercy' , pas celui d'Albert King, mais l'ange chanté par Johnny Lang et composé par Mike Henderson & Bruce McCabe, suit.

Il devait être dans la salle, on a cru le voir  voleter au dessus du piano pendant un bref instant.

Avec le nerveux  "Full Moon, Half Crazy," on revient à une plage de leur dernier méfait, Holler If You Hear Me.  

Plus étonnant, ils reprennent Tracy Chapman, ' Give me one reason',  en  lui donnant une toilette blues rock pas inconvenante.

  "On My List to Quit"  et ' Charmed & Dangerous' , bourrés de dynamite, nous conduisent vers la dernière plage du set, "Holler If You Hear Me”, un nième uptempo chanté d'un timbre décidé, sur fond de blues électrique bouillonnant.

Après 90' de haute tenue, le band prend congé, la salle se lève, 12 secondes plus tard ils font leur retour, pour placer un  'Ten Thousand Watts ' qui  sur la balance dépassent les 100000 volts attribués à Gilbert Bécaud.

En plaisantant, car il est bourré d'humour, le brave Jeff, il nous déclare , you might know this one, avant de proposer une version soul de ' With a little help from my friends' qui met fin à un concert  qui entrera dans les annales de la salle!