vendredi 10 mars 2023

EP ' Arc ' - Hibou

 EP ' Arc ' - Hibou

 

michel 

self-released

Hibou?

Ben, quoi, il y a un Owl à L A , un band monté par Chris Wyse, un mec ayant notamment tenu la basse pour The Cult.  Au Havre,  The Owl Band pratique un blues tricolore,  alors pourquoi jouer à l'ahuri si Peter Michel se transforme en rapace nocturne.

Avant de hululer, Peter Michel, de Seattle, se chargeait des  drums  chez Craft Spells, le groupe de Justin Vallesteros, qui pratique un jingle pop similaire à celui de The Drums.

En 2013, il décide de voler de ses propres ailes ( la nuit) et devient hibou, un premier EP ( Dunes) paraît en 2013, suivi par trois albums, Hibou (2015),     Something Familiar (2018)   et   Halve (2019).

Son shoegaze/dreampop est bien accueilli par la presse... hazing vocals, swirling guitars... pas le genre à effrayer les chouettes.

Et puis, un gap, avant de retrouver l'oiseau dans un clocher parisien d'où il ressort avec un nouveau disque ( Arc) , auto-produit ce coup-ci, alors que les ouvrages précédents étaient distribués par Barsuk Records.

Track listing

1 Night Fell 4:41
2 June 3:52
3 Upon the Clouds You Weep 5:01
4 Devilry 4:15
5 Already Forgotten 4:36 

Written and Produced by Peter Michel

Performed by:

Peter Michel - Vocals, Guitar, Bass
Jase Ihler: - Drums ( c'est un comble, Peter tenait les sticks chez Craft Spells, mais c'était pour faire plaisir au chef).

Mixed by Brian K. Fisher and Kurt Roy

Mastered by Dan Millice 

Hayden Clay Williams, photographer and visual 3D artist,  s'est chargé de l'artwork qui convient admirablement au rendu sonore, cloudy bedroom pop  dans les tons roses, c'est apaisant et sédatif.

La nuit est tombée, le Hibou émerge d'un sommeil profond, se frotte les petits yeux, manipule ses instrument et d'une voix cristalline psalmodie ' Night Fell', tandis que Jason Ihler imprime une cadence soutenue.

Même les hiboux ( oui x, on te l'a appris à l'école, ... bijou, caillou, chou, genou, hibou, joujou, et pou...)  peuvent exprimer des sentiments amoureux.

Jolie mélodie, harmonies soyeuses, on est proche de l'univers délicat des Pale Fountains ou des Lotus Eaters, qui avaient lu Alfred Tennyson.

Pour amateurs de lo-fi alt pop et de shoegaze rêveur.

Une guitare grisante habille l'aérien et printanier  ' June',  joué sur un rythme  invitant à la flânerie: drumming au ralenti, lignes de  basse affables   et choeurs éthérés, sont destinés à te faire oublier les tracas du mesquin quotidien..

Allongé sur un gazon  tendre, tu contemples les  abeilles qui butinent, une brise douce agite les brins d'herbe,  un papillon se pose sur ta main, tu n'oses esquisser le moindre mouvement de peur de l'affoler, et là,  un flash, tu la revois sur l'écran cérébral,  pure, innocente et fragile, c'était il y a longtemps!

En clair- obscur,  Hibou te propose d'osciller au ralenti sur les sonorités brumeuses de `Upon The Clouds You Weep` , on y retrouve des guitares impressionnistes et délavées, comme The Cure pouvait en confectionner dans ses morceaux les plus atmosphériques ( style 'Underneath The Stars' ), des vocaux évasifs,  un jeu de batterie régulier et précis et un texte aussi énigmatique que celui de 'A whiter shade of pale'.

La poésie n'a pas toujours besoin d'être explicite,  ... l'homme peut être démocrate, l'artiste, lui, doit être aristocrate ... disait Mallarmé!

Pour rester en mode contemplatif, Hibou embraye sur ' Devilry',  qui n'est pas inspiré par  un roman de La comtesse de Ségur, mais qui repose  sur un cliquetis de  guitares métalliques , un drumming mécanique, des synthés vibrants  et une voix balsamique,  faussement enfantine .

Un gars tient absolument à comparer Hibou à la douce mélancolie que l'on retrouve dans les enregistrements de Death Cab for Cutie, ce point de vue se défend.

Pedro The Lion ou Built to Spill sont d'autres noms pouvant être mentionnés.

Avec la dernière plage  `Already Forgotten` la cadence s'active sérieusement, The Cure refait surface.  Jase Ihler fonce comme le lièvre de Jean de La Fontaine, mais sans lambiner en chemin, les guitares lui emboîtent le pas,  il n'y que le chant à rester détaché et circonspect pour faire contrepoids à cette débauche d'énergie.

 

 

Hibou nous livre avec  'Arc' un EP  fusionnant climats dream pop et  élégance littéraire ,effleurant les tourments de certains poètes romantiques