lundi 20 mars 2023

Les 15 ans de la Nef D Fous ( Baywatch Coco et Uniforms) à l'Estran, Binic, le 18 mars 2023

  Les 15 ans de la Nef D Fous ( Baywatch Coco et Uniforms)  à l'Estran, Binic, le 18 mars 2023

 

michel

Programme chargé pour célébrer les 15 ans de l'association La Nef D Fous, deux journées de festivités promettant des concerts, des deejays, une foire aux vinyles, du tatouage esthétique, du sport sur grand écran, de l'ambiance,  à boire, à manger  et la présentation du line-up  du festival Binic Folks Blues 2023 ( du 28 au 30 juillet).

Trois groupes étaient à l'affiche de la soirée du samedi: Baywatch Coco, Uniforms et Guadal Tejaz.

L'horaire  étant flou, on annonçait les concerts vers 19h, tu te pointes à l'Estran ( déjà bien garni) lorsque les cloches de l'Église Notre-Dame-de-Bon-Voyage sonnent sept fois.

Une quinzaine de ploucs, assis sur des bancs d'école, ont le regard fixé sur un drap délavé sur lequel on peut admirer de solides jeunes gens s'amuser avec un ballon ovale sans éviter de rudes contacts avec l'adversaire.

L'Irlande ( Eire)  affronte l'Angleterre au Tournoi des Six Nations, les Français espèrent, en secret, une victoire des Rosbifs,  ils seront déçus.

Si ce sport viril ne t'intéresse pas, tu peux te faire tatouer  sinon, au bar on sert de la Coreff fraîche, si tu disposes de  cash car le lecteur de cartes fait la grève.

Un jour après avoir fêté la Saint-Patrick les Verts triomphent, il est 20h sur le continent, le premier groupe a hâte d' en  découdre.


Baywatch Coco.

Oublie Malibu, David Hasselhoff et les plantureuses poitrines de Pamela Anderson, Carmen Electra ou Gena Lee Nolin, les Cocos ont leur base à Plourhan.

Les lifeguards sont quatre, leur identité n'a pas été dévoilée, il doit y avoir un Paul , un Clément , peut-être un Piero , le quatrième martyrise une Fender, en souriant.

En tenant compte de leur label, tu peux comprendre  qu'ils ne vont pas t'asséner du slam, leur créneau c'est la surf music instrumentale et hédoniste, importée en droite ligne de Californie.

Un souffle de sax, puis à quatre sur la planche, puisque la basse, la batterie et la guitare ont grimpé à bord, c'est parti pour  la glisse, ' Tiki Surf' des masqués Sr.Bikini , des immigrés venus du Mexique, ouvre le bal.

Oh, la belle vague, c'est quoi la sirène, ce sont les Belairs et  leur 'Squad Car' .

Oui, Eduardo?

 Simplemente maravilloso tema..

Oui, ça roule rond!

Voilà les Astronauts et leur ' Surf Party' , un petit coup de vibrato, beaucoup de reverb et un brin de glissando, les Japonais adorent, les soles ( majeures ou pas)  un peu moins.

Clément fait tagada boum boum boum,...' Tierra del Fuego' , c'est là , au Chili, que les gauchos défient les déferlantes gigantesques sur leurs minuscules planches.

Regarde, maman, je vole!

'Tabou', il dit!

Quoi, tabou?

Ben, le hit des Jokers, des farceurs du plat pays pratiquant un exotica surf inspiré par le zoo d'Anvers.

Le trip  vintage  se poursuit avec '  Flight of the Surf Guitar' des Atlantics, suivi par un meddley peaux-rouges /Morricone , 'The good, the bad, the ugly'  version Atlantics se fond dans  ' Apache' des Shadows.

Deux films pour le prix d'un!

Nouveau scénario, ' Bubamara' version Los Venturas est accolé à ' Wipe Out' des Surfaris..

Pas de surfeurs dans la salle mais deux ou trois twisteurs/twisteuses, bras écartés,  mimant  Mark Occhilupo naviguant sur une vaguelette plissant l'étang de Plourhan.

Une ligne métallique soviétique attaque ' The Cossak' , le sax pompe un max, la rythmique remonte le courant, merde, j'ai pris la tasse!

Pas le temps d'admirer les baigneuses de Cézanne, ni celles de Renoir, ils ont embrayé sur 'Fuzziyama Wave', un tsunami signé The Fuzziyama Surfers .

Grosse accélération pour 'Spybeat' pondu par des Suédois, Langhorns.

Qui dit surf, dit Dick Dale, donc voici   'Misirlou' et ' Hava Nagila' pour conclure sur une note hassidique!

On se débarrasse de nos combinaisons et on vient boire une limonade avec vous! 

 

Longue attente avant la mise à feu du second groupe,  venu d'Andalousie,  Uniforms.

 La historia de Uniforms comienza allá por el año 2017.

 Pan Castellano (batería) y Natalia Spingel (guitarra, voz),  et plus tard  Annie Ruiz (teclados/voz) rejoint le duo, à l'origine la basse était dans les mains de Laura Alva, désormais, le groupe est devenu mixte, car Will Castellano manie el bajo ( + voz) .

Discografia: Polara (2018)     Fantasía Moral (2020) et le tout récent, Trance.

Tags: shoegaze, dream pop + une pointe de post punk.

'Ashes to thrive' la première plage de ' Trance' débute le set.

La petite Annie saupoudre son chant cendré et flegmatique d'un drap de synthés chimériques, la guitare, bourrée de reverb,  part en distorsion, la delay pedal ne chôme pas ,  basse et batterie gonflent le rendu, tandis que Natalia , d'une voix décolorée, vient seconder Annie au chant.

Cool, estime un voisin hagard, mais pas du Nord.

Tu ne peux qu'acquiescer, le brumeux ou le mélancolique peut s'avérer cool, cf. Warpaint! 

Comme sur l'album, le spasmodique ' Crumbs' suit 'Ashes to thrive', trois voix scandent le texte ou halètent sur  fond saturé, proche d'un wall of sound tourmenté.

Difficile de ne pas craquer pour cette guitare grinçante et ce jeu de batterie métronomique.

N°3 sur l'album, idem sur la playlist, voici ' Guardania'  , une mélopée chantée, d'une voix éthérée ,en espagnol, et  bourrée d'effets larsen, de clichés cinématiques et d'échos frémissants. 

Le Deepmind 6 d'Annie envoie des nappes atomiques, Pan réagit en frappant sans discontinuer sur toms et caisse claire, la basse et la guitare, bruissante, entrent en action, le chant est toujours aussi immatériel, “Semana Satán”, un extrait de ' Fantasia Moral' ,  avec ses cascades de feedback et ses vocaux vaporeux, est l'archétype de la plage shoegaze qui ravira les fans de Slowdive.

Une longue intro  spatiale amorce 'Brazil', une seconde plage, voilée,  interprétée en espagnol.

Au sortir du duvet douillet, ce sont des stridences  acerbes qui t'assaillent, l'hypnotique 'Cross the pond',  chanté à trois voix, doit t'aider à traverser l'étendue d'eau marécageuse sans trop d'embarras, gaffe, tout de même, la couleuvre mauresque aime se cacher dans les marécages.

L'ingé son vient tripoter les câblages traînant sous le synthé de señorita Ruiz, , quelques problèmes techniques génèrent, effectivement, un bruit de fond inopportun, après qu'il ait regagné ses manettes, Uniforms engage 'Serena'.

D'après nous, rien à voir avec la soeur de Venus, ce downtempo au texte ambigu traite, paraît-il, de l'hypocrisie, de l'abus de pouvoir des dirigeants, il faudrait être capable de lire entre les lignes pour en être certain, anyway, musicalement ça tient fort bien la route.

'Nomofobia' virevolte et secoue, Natalia vient frotter sa guitare sur l'ampli pour créer quelques effets capricieux .

Eh, Albert, qu'est -ce que tu fous, tu transpires comme un taureau envoyé dans l'arène?

Rien, je pensais avoir égaré mon portable!

Ah, d'accord, t'es nomophobe!

Guitare et voix à l'unisson pour entamer la suivante, la basse de Will  prend des accents Peter Hook, Pan s'affaire sans faiblir, ' EDMP', un titre des débuts cogne sec, il est suivi par un second postpunk chanté en espagnol, une plage dont le titre nous échappe.

Natalia, polyglotte, signale  qu'il leur reste deux morceaux, l'effrayant ' I quit' pour démarrer ,  ou comment marier indus rock/shoegaze  et dream pop,.

 Savant mélange!

Et pour terminer en force, ils balancent  'One hit wonder'  au texte récité et aux sonorités destructives.



Une grosse claque que ce concert de Uniforms!


Tu fais l'impasse sur le trip de Guadal Tejaz,  groupe déjà vu dans la même salle il y a un petit temps, t'avais promis d''être au bercail avant les douze coups.