Ana Popovic au Spirit of 66, Verviers, le 14 mars 2023
Mitch « ZoSo » Duterck
ANA POPOVIC : Spirit of ’66, Verviers (BEL)_2023.03.14.
Malgré les conditions climatiques défavorables et aussi peu engageantes que l’annonce d’un concert d’Indochine avec, en première partie, les décibels (déci-bêlements) de Julien Clerc pour la fête nationale, nous décidons Marc (chauffeur-découvreur) et moi (copilote responsable) de nous mettre en route avec une marge de manœuvre suffisante pour parer à toute éventualité. En clair, nous quittons Namur à 16.30 pour arriver à Verviers, trafic faisant, peu avant 18.00. Comme quoi l’expérience…
But avoué de notre escapade : le concert d’Ana Popovic, une blonde Serbe (une Serbe d’Or, pour Astérix…) venue nous proposer de découvrir en exclusivité « Power » son tout nouvel album qui sortira officiellement le 5 Mai prochain. C’est le 1er album d’Ana depuis qu’on lui a diagnostiqué un cancer du sein en 2020 alors que la mode de l’époque était encore résolument tournée vers le Covid. La nouvelle résidente de Manhattan Beach, Californie qui a perdu sa mère de la même maladie il y a trois ans, voyait tout à coup son monde s’écrouler. Elle ne savait plus à quel sein, sorry, à quel saint se vouer.
C’est grâce au soutien (celle-ci n’était pas voulue, juré) et aux conseils de Buthel, son bassiste et directeur musical qu’elle a repris courage. « Il a le pouvoir de guérir les gens » déclare Ana. « Tu n’as pas le droit de laisser tomber, tu es née pour faire ce job. On a du boulot qui nous attend, il y a encore plein de gens qui doivent découvrir notre musique » lui dit son partenaire musical.
C’est en visio-conférence que le duo commence à travailler à l’écriture du nouvel album, tandis qu’Ana faisait de fréquents aller-retours entre Los Angeles et Amsterdam où elle suivait un traitement de chimiothérapie. «Chaque fois que je rentrais à L.A, Bethel m’accompagnait partout, il m’a même aidé à choisir mon nouveau look» déclare la jeune femme. “Cet album a été le déclic nécessaire, je devais m’en sortir. Finalement, la musique et ma Fender Stratocaster de 1964 m’ont sauvé la vie. J’en suis convaincue. » conclut la miraculée.
Bref, la voilà de retour, toujours aussi jolie et longiligne, elle traverse la foule du ‘66 au lieu de la fendre comme ça se fait d’habitude, saluant au passage la gent masculine venue en masse pour voir et surtout écouter notre miraculée, du moins je l’espère. Comme je disais il y a peu à quelqu’un qui se demandait comment ce serait en « live » : « si tu n’aimes pas la musique, contente-toi de regarder, tu n’auras pas tout perdu. »
Personnellement j’ai fait connaissance avec la Miss et sa musique le 4 février 2012, c’était à Bruxelles au café-concert le Montmartre, 344, Avenue de Boendael à 1040 Ixelles, pour ceux qui veulent tout savoir. Nous étions environ 70 personnes, c’était la capacité maximum de la petite salle située à l’arrière de bâtiment. Ana en était déjà à son 5ème album. Son style résolument Blues classique de l’époque laissait déjà entrevoir de petits accents jazzy et funk. Au fil des années, son style et sa réputation de guitariste hors pair ont amené la jeune musicienne, née le 12 Mai 1976 à Belgrade, pas celui près de Namur, celui en ex-Yougoslavie, à jouer avec les plus grands et à gagner le respect de ses pairs dans un milieu encore très machiste et codifié.
Son inclination à changer de direction artistique se marquera nettement avec la sortie du très funky « Like It On Top » en 2018, suivi de la bombe intitulée « Live For Live » parue le 15 mai 2020 alors qu’elle luttait contre le « crabe ». Ces deux albums et le fabuleux groupe qui l’entourent lui ouvrent encore de nouvelles perspectives qu’elle ne manquera certainement pas d’explorer.
C’est avec ce cocktail explosif que la combattante de la six-cordes est venue nous présenter son nouveau brûlot quasi deux mois avant sa sortie officielle prévue le 5 Mai. Et comme le CD était en vente, on se l’est évidemment acheté et fait dédicacer. La prestation était, disons-le franchement, parfaite à tous niveaux. Pas de temps morts, pas de fautes de goût ni de style, et encore moins d’exécution. Tout le monde a adoré, sauf peut-être, un voisin forcé et malheureusement membre de la confrérie des conférenciers
“connaisseurs-conteurs” qui a cru bon et obligatoire de dispenser son savoir superflu à voix haute pendant toute la soirée à la cantonade, commençant invariablement ses diatribes par « je n’ai rien contre, mais… » Heureusement, qu’on est bien élevés par chez nous aussi non…
A part ça, nous avons tous vécu 1h45 de bonheur musical et à mon avis, au niveau des photos prises, on ne doit pas être loin du record, si il n’a pas été battu hein Francis ? Dis-moi que tu as les chiffres ? Une vraie soirée de blues-funk avec de petits passages subtils de Jimi Hendrix dont la belle est une fan absolue, sans oublier une reprise de « Going Down » déjà passée par les doigts de Freddie King, Muddy Waters, Jeff Beck ou encore Stevie Ray Vaughan pour ne citer qu’eux.
Si j’ai un conseil à vous donner, ne ratez pas le prochain passage d’Ana Popovic car c’est du très haut de gamme sans jamais être ni démonstratif, ni pompeux.
Au cas où nous aurions été retenus sur place par la neige, j’avais appris à dire en Serbe : « Bonsoir Ana, vous ne pourriez-pas nous loger ? » mais il n’a pas neigé. P****n de météo va ! Une autre fois peut-être…
Mitch « ZoSo » Duterck