mardi 30 août 2022

Album - Grace Solero - Metamorphosis

 Album - Grace Solero - Metamorphosis

Wohone Records

 

Michel

 

Eléments de bio: Grace Solero grandit sur l'île d'Elbe, où elle n'a pas rencontré l'empereur, qui n'a pas regagné la France sur le brick du papa de la belle. On nous signale qu'elle a pas mal bougé, a étudié à Rome,  est passée à New -York, a fait de la gymnastique, de la danse, du théâtre, tâté de l'opéra et du jazz,  pour finalement  jeter les amarres sur une berge de la Tamise, à Londres, où elle s'adonne au rock, après avoir embrigadé des musiciens du cru ou de passage.

Sur scène, elle assure l'avant-programme de quelques stars: Arthur Brown , Phil Campbell ( Motorhead) ou Noddy Holder (Slade), e a ...

Sa disco, avant la sortie de "Metamorphosis", se chiffrait à trois plaques: 'New Moon', 'Hundred Years Apart' et 'Awake'.

Le nouvel album compte neuf titres: 

1.  Lucid Dream
2.  Metamorphosis
3.  Love and Addiction
4.  Awake
5.  Orange Sky
6.  Time Waits For No One
7.  Till You Return
8.  Ocean Star
9.  Shaman

Line-up:

 Grace Solero - vocals, guitar, psaltery
Dan Beaulaurier - guitar, backing vocals
Bjorn Zetterlund - bass
Dave Guy - drums, percussion, singing bowl, glockenspiel
Jonathan Clayton - cello, Hammond B3 organ

more details:

 All lyrics written by Grace Solero
'Orange Sky' and 'Ocean Star' written by Grace Solero
'Lucid Dream', 'Metamorphosis', 'Love and Addiction', 'Shaman' written by Grace Solero, Dan Beaulaurier, Bjorn Zetterlund, Dave Guy
'Awake' and 'Time Waits For No One' written by Grace Solero and Dan Beaulaurier
'Till You Return' written by Grace Solero and Dave Guy

Artwork: Grace en grande prêtresse a vu le Tout Puissant , elle lève les bras à la manière d'une déesse grecque protégeant les Argonautes dans leur quête de la Toison d'Or.

L'élément masculin, au regard absent, apparaît entre les bras écartés de la dame,  les quatre personnages baignent dans un halo mystique.

C'est un  style de pochette  dont sont friands les groupes de prog rock.

'Lucid Dream':  quand tu sais que tu rêves, pas besoin d'avoir fait de profondes études de phénoménologie pour te rendre compte que les petites flammes que tu contemples en dormant sont, en fait, ton petit ami et toi-même.

Entrée en matière sereine ( une guitare ciselée) pour ne pas t'éveiller en sursaut, Dave Guy, par de petites frappes sur les cymbales, annonce un passage plus dru et puis la voix de Grace se fait entendre. On ne parlera pas d'un timbre gracieux, mais plutôt d'un chant passionné et fougueux, évoquant les digressions en contralto de Sandra Nasić ( Guano Apes)  ou les envolées de Marta Jandová ( Die Happy), le ton monte il n'est plus question de guitares folky mais bien d'un alternative rock aux accents grunge mordants.

Un riff grinçant amorce le titletrack ' Metamorphosis', qui très vite s'avère être  une des pièces  les plus nerveuses de l'album. Les éléments de  batterie sont  frappés sauvagement, Grace scande un  texte qui part en spirale , ça cogne de partout, avec une  basse qui cependant  maintient une trajectoire droite, alors que tout le reste tourbillonne comme un typhon asiate devenu fou.

Elle haletait encore quand soudain une fin abrupte interrompt les aventures de Vishnu ou de  Gregor Samsa ( t'iras te renseigner auprès de Kafka)!

La langueur étudiée de ' 'Love and Addiction' installe le titre dans la case grunge/doom , caractérisée par un tempo vaseux et  lourd.  Une batterie métronomique, des guitares se traînant et des  vocaux rogues étoffent le morceau.

  On n'est pas loin des atmosphères affectionnées par les belges Baby Fire.

'Awake':  si tu aimes un éveil en douceur, tu risques d'être médusé,  car après l'intro fluette à la guitare acoustique, l'explosion qui suit risque d'épouvanter tout le voisinage.

Riffs bestiaux et accalmies passagères se succèdent, la blonde diva nous la joue Skin, sa voix vient hanter ton esprit et troubler tes entrailles et ce n'est pas parce qu'un bridge en vocalises éthérées édulcore la plage que tu pourras éviter les coulées de lave de te brûler la plante des pieds, car, évidemment, tu avais laissé les pantoufles dans la salle de bain.

Comment est le ciel ce matin?

Orange!

' Orange Sky' signifie tumultes à l'horizon , si tu n'as pas compris,  écoute le jeu agressif du batteur, les effets sirènes signalant une attaque aérienne imminente et le chant menaçant de la madame.

Les Stones sur ' It's Only Rock 'n Roll' chantaient déjà  "Time Waits For No One", Grace Solero a peut-être lu Yasmina Khadra et repris à son compte la maxime ...Le temps passe et n'attend personne. Toutes les amarres du monde ne sauraient le retenir... encore un titre en mode midtempo qui va s'imprégner dans ton cerveau à la manière d'un hymne satanique engendrant l'addiction.

Une première ballade trouve sa place sur l'album, 'Till You Return' présente des teintes Cranberries pas désagréables, tandis que Dan Beaulaurier place un solo subtil et que Dave Guy, pour une fois, choisit la retenue.

A noter l'astucieux apport d'un violoncelle et d'un orgue Hammond, qui   donnent un caractère prog folk à cette  romance précieuse.

T'as cherché pour rapprocher ' Ocean Star' de trucs que tu connaissais, t'as opté pour Shocking Blue pour le côté psychédélique et les inflexions vocales.

Comme Ulysse contemplant la voûte céleste sur le pont de la galère,  tu t'es laissé bercer par la voix séraphique de la sirène  tout en rêvant d'Ithaque.

Le ' Shaman' qui termine l'album  dispose de 7' 39 pour apaiser ton esprit et te préparer au passage vers l'autre monde.

Ce lament, chanté d'un timbre frêle,  comme sur la plage précédente, voit le groupe opter pour  un environnement prog rock.

Une toile  faite de tapisseries élaborées, de  guitares  orchestrales et autres effets  brumeux.

Un morceau majestueux qui achève un album qui plaira aux amateurs de rock ne craignant pas l'éclectisme, ceux qui acceptent  d'entendre le grunge de Soundgarden  frôler le progressive rock de Nektar, Asia ou Marillion ou le mainstream alternative,  tendance Smashing Pumpkins.

 

Tes potes (comme toi)  sont devenus fans !

 

 

 





EP - You're The Same As Me- Boo Sutcliffe (feat. Claire Helm)

  EP - You're The Same As MeBoo Sutcliffe (feat. Claire Helm)

 

NoPo

 Aldora Britain Records

 BOO STUCLIFFE You're the same as me EP 2022

L'atmosphère fleure bon les grands espaces américains et pourtant, je citerais plutôt les influences du dandy presque français Elliott Murphy ou, down under, des Crowded house et de Ben Salter ou Pete Ross (découverts à notre Binic Folk Blues Festival voisin).
Des artistes qui savent écrire et pas que! L'artiste peut, sans hésiter, leur crier le nom de son EP ou essayer à l'envers 'I'm the same as you'.

Le p'tit Boo vient du Yorkshire anglais, biberonné musicalement par sa mère et ses deux frères, flacon chauffé au bain-marie épicé rock&folk. 
'Blink' son premier album sorti début 2021, cligne de l'oeil à un sobre americana plutôt folk.
Sur son nouvel EP, les arrangements s'enrichissent et une femme semble sensible au clin d'oeil.

4 track EP feat. Claire Helm
    You’re The Same As Me
    The Last Train
    The Time, The Time
    A Thousand Things
All songs by Boo Sutcliffe
Produced and performed by Boo with:
Claire Helm lead vocals (track 1 & 4) backing vocals (track 1, 2 & 3)
Andy Wright violin (track 2)
Mixed and mastered by Carl Rosamond

Artwork: Puy Soden
Video/photography: Roger Kinder, Fat Mustard Films
EP Design: Gary Fenton
Le visuel du disque présente une peinture aux tons bleus, dans ce qui ressemble à un ciel un peu tourmenté, avec en son centre, un trou sous forme d'ellipse bleue et orangée à l'aspect 3D trompeur.

  Claire Helm faisait uniquement les chœurs sur le debut album, elle prend ici une place plus importante.
C'est une auteure-compositrice-interprète et violoniste écossaise, originaire des Shetland, habituée à la scène.

Elève de Doctor(!) Tom Anderson (grand violoniste des mêmes iles), elle joue dans le duo traditionnel Blyde Lasses mais soigne aussi sa voix dans le groupe de reprises rock Highway 62 et en solo (écoutez l'évanescent 'Stand still'! https://vimeo.com/385339331).

Mais revenons à nos moutons (des Shetland?) et à leurs bêlements harmonieux.

Un arpège, faisant sonner des harmoniques, nous accueille joyeusement avant qu'un synthé électro ne nous surprenne. Il se transforme aussitôt en un nappage plus classique et soyeux.
Le rythme, bien marqué autant à la guitare et au clavier qu'aux habituels basse/batterie, active rapidement nos muscles pour se trémousser.
Boo ouvre le premier la bouche avec un trémolo pas mou du genou. La chanteuse arrive et l'osmose s'effectue naturellement et délicieusement d'emblée. Sans le côté pop, on est en droit de se souvenir de Cock Robin.
Le clavier s'amuse par petites touches. La guitare n'essaie pas de lui voler la vedette d'autant plus, qu'à mi morceau, des cuivres rutilants apportent une euphorie inattendue. Super idée!
Sous ses enluminures, ce titre fait croire à une belle histoire d'amour d'où ressort, finalement,  beaucoup d'amertume 'But the first thing you gave me was the last thing that I need'.
Ça pique! Pourtant l'atterrissage se fait en douceur et légèreté, présentes aussi dans les mots du refrain 'Floating'. 'Falling' 'Fluttering'. Quel moment fantastique!

Sur 'The last train', le violon d'Andy Wright change l'aiguillage. Mêlé aux cordes égrenées à la guitare sèche, sur laquelle il glisse et pleure parfois, il souligne la valse hésitation 'You don't know about me i'm not sure about you'.
Ce morceau, spontané, d'une grande délicatesse, semble flotter pareil aux personnages du premier titre. L'arpège sautille et la batterie vient l'accompagner tranquillement à la même cadence.
La basse enveloppe chaudement la trame où Claire s'en tient aux chœurs chauds accolés à la voix principale pleine d'émotions, telle une confidence. Les dernières plaintes en who-ho-ho donnent le frisson. Effet garanti!!
L'ambiance triste et douce s'apparente à 'Year of the cat' d' Al Stewart. Carrément chamboulant!
.
'The Time, The Time' mélange deux grattes, électrique et acoustique, qui s'entendent à merveille.
La réverb ouvre les espaces, les paroles, fredonnées d'une voix tremblante, creusent un malaise, en ouvrant les guillemets 'The line the line the line I crossed yours You crossed mine' vers une histoire d'amour qui finit mal (en général).
Le clavier vient tracer son large sillon pour y déverser les graines de choeurs bien aérées 'ouh-ha' en duo mixte et ça germe!
Le final balance, monte 'The time the time the time' puis redescend lentement 'The line ...' dans une grande fluidité.

Claire prend les choses en main et le chant en voix sur 'A Thousand Things' posé sur un arpège en boucle. Elle chante en clair-obscur des paroles touchantes 'And all I see is the hole in the place where you used to be'.
L'orchestration s'étoffe avec la rythmique à basse grondante et une guitare électrique jouant aux éclairs secs et vibrants.
La composition file vers la lumière et les étoiles dans un prog-folk éblouissant. Un piano électrique vient rappeler 'Riders on the storm' des Doors.
Des saccades zébrées secouent ensuite la mélodie et les fines vocalises en ouh-ouh terminent le morceau comme aux meilleures envolées des sœurs Wilson du groupe Heart (le mot apparait dans le texte 'A thousand deadly deeds and a brave heart').
Le mien apprécie en battant la chamade!



Boo, c'est trop court!! Un disque comme ça, c'est clair, arrive trop vite au bout!
J'appuie sur le bouton pour boucler les chansons de Boo/Claire, et je remonte le son...
Cette sensibilité à fleur de peau fout le bourdon et en même temps, la fièvre, on veut y retourner encore et encore...
Quel avenir pour ces deux là? Brillant j'espère et j'ai vraiment hâte d'entendre la suite.

lundi 29 août 2022

The Cracked Cookies au Barbe, Plouha, le 27 août 2022

 The Cracked Cookies au Barbe, Plouha, le 27 août 2022

 

michel

Après la déconvenue du jeudi à Binic, où le groupe Dead Men & the Bigordans ne s'est jamais présenté,  tu as rendez-vous au Barbe deux jours plus tard pour une seconde date bretonne des Cracked Cookies.

Quoi?

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Ah, désolé, il s'agit d'un trio vocal féminin, canaille sur les bords, mais pas forcément crevassé!


Basées dans le Grand Est, Marie Ruby ( la plus British des citoyennes de Mollkirch), Jitka Štěrbáková ( études de piano à Brno)  et Marie Dubus ( la reine du pipeau ) , ont formé les Cracked Cookies en 2016.

Depuis  2018, dans le rayon pâtisserie sèche du supermarché, tu peux te procurer leur EP six-titres ( pas de date de péremption) et depuis février 2021, la boulangerie te propose l'album ' Les chansons du show'.

Elles chantent, divinement, en close harmonies, vocalisent, ou s'attaquent au chant lyrique, tout en maniant une série impressionnante d'instruments: guitares ( électrique ou acoustique) et ukulele  pour Ruby Tuesday,  piano, drums, tambourin pour Miss Tchéquie, basse, flûtes, wooden blocks ou ukulele pour celle qui conduit l'autocar.

Sources d'inspiration: les Andrews Sisters, le cabaret des thirties, le swing, le pony time, la samba, le boogie et le vintage rock.

Un éclectisme de bon aloi, pendant près de 90', ces jeunes dames, mutines, ont déridé l'assistance tout en faisant admirer leur talent de chanteuses et leur virtuosité instrumentale.

Si Albertine tranche, ' C'était trop bien', c'est que c'était presque aussi bon qu'un kouign-amann!

Cap sur le Brésil pour entamer le voyage, un démarrage Les Demoiselles de Rochefort en mode Astrud Gilberto avec ' The girl from Ipanema'.

Trois voix délicates mais  pas de Stan Getz pour le break au sax, ze French Marie le remplace à la flûte.

Michel Legrand, assis près du comptoir a murmuré, bravo, les filles!

Jitka délaisse la batterie et prend place derrière les touches, c'est parti pour un swing animé , ' Belleville Rendez-Vous', chanté en triplette, sans cochonnet.

Présentation polyglotte de l'armada, un kazoo pour la grande Marie, elles nous balancent 'Trois cookies craqués', on a tous craqué!

Toujours dans le moule Andrews Sisters, voici le yiddish  "Bei Mir Bistu Shein"  suivi par ' Love me or Leave me' un extrait de Whoopee , un tube pour Nina Simone.

Une romance sensuelle succède au jazz classic, ... I can feel your sweet caress... le swing part à la rencontre d'Edith Piaf, et  le conte de fée se marie au roman réaliste.

Cendrillon et Madame Bovary au programme!

' I don't care' doit vous expliquer pourquoi je suis encore célibataire, annonce Marie Ruby, un petit pas de danse Mary Poppins et quelques mimiques hilarantes précèdent un final The Swingle Singers étonnant.

Mais qui a ouvert la cage aux oiseaux?

  Avez-vous vu un homme à poil Sortir soudain d'la salle de bains Dégoulinant par tous les poils... ou les conseils que  Boris Vian prodigue aux demoiselles: ' Ne Vous Mariez Pas Les Filles'.

Le second degré prime encore avec la suivante, une ode à la graisse, sous-titre "Soyez beaux et gros".

Fingersnaps et accords ' Fever' ... each of you is perfect from the bottom to the top... c'est ce que chante Meghan Trainor dans 'All about that bass'.

Cet après-midi nous sommes allées au Palus nous baigner, cela nous a incitées à reprendre Bobby McFerrin 'Don't Worry Be Happy'. 

Tiens Marie, je te refile le ukulele, énonce l'autre Marie, fais nous du  Tchaikovsky.

Pas envie, ce bête truc n'a que quatre cordes...

Ne fais pas ta mijaurée.

Vocalises en canon, pom, pom, pom puis les girls enchaînent sur le ' Lollipop' des Chordettes.

Une chorégraphie poupées Barbie,  des plop, plop,  plop, pouet, pouet, pouet, Le Barbe se marre.

Oui, Serge,?

J'en veux une  à l'anis!

On reprend l'avion, direction Haïti pour faire la connaissance d' 'Angelina'  .

L'hôtesse: et pour vous, Monsieur, un mojito ou une caïpirinha?

Aussi drôle que le calypso ' Shame and Scandal in the family'.

Retour au Brésil pour le fantastique   'Manhã De Carnaval' suivi par' Tico Tico' en version française.

L'oiseau a arrêté de roucouler mais pas les Cookies qui nous emmènent dans leur cuisine pour mettre en musique  une recette savoureuse ' Lèchefrite'.

Régine a aimé les riffs de guitare, servis saignants, tandis que le piano fait du Chopin.

Plouha, t'as chaud?

Pas assez, bon, on te propose un trip au Mexique avec  les Coasters ' Down in Mexico'.

Doo wop, blues et gospel au menu et des castagnettes pour les amateurs de flamenco.

Olé!

'Swing'n'Roll' nous narre l'histoire d'amour, tumultueuse,  entre le rock et le swing.  La guitare de Miss Ruby crache des flammes, Bill Haley, passant dans le coin, consulte la pendule, ..We're gonna rock around the clock tonight... qu'il dit.

L'ingé son quitte ses petits boutons pour se trémousser face aux filles, l'ambiance est au zénith, elles poursuivent avec 'Boogie Woogie Bugle Boy' pour tous les gars de la marine et un pêcheur de coquilles Saint-Jacques.

Pour terminer le set elles optent pour un country folk à chanter lors du camp scout, 'Tomorrow'.

Forcément, il y aura un bis, come on everybody, tous sur la piste, toi aussi, Chubby, 'Let's twist again'.



C'était le feel good gig de l' été!


 

 

 

 

Album - Memphis May Fire – Remade in Misery

 Album - Memphis May Fire Remade in Misery 

Rise Records 

 

NoPo 

MEMPHIS MAY FIRE Remade in misery 2022

La sobre pochette donne dans le monochrome sur un fond de ciel avec des volutes. Impossible de savoir s'il s'agit de brume, de nuages, voire de poussière.
Des barres aux extrémités obliques schématiseraient les initiales du nom du groupe, repris plus bas, in extenso et de couleur rouge. L'intitulé du disque figure, sur un étage inférieur, en blanc.

MMF possède déjà une longue histoire à laquelle de nombreux musiciens ont participé. De la formation à Dallas (Texas) en 2006, seul Kellen McGregor subsiste.
Line-up stabilisé vers 2008-2010 :
Kellen McGregor - guitare, chœurs
Matty Mullins - chant, claviers 
Cory Elder - basse
Jake Garland - batterie 

...période à partir de laquelle leurs publications deviennent régulières.
2007 : Memphis May Fire (EP)
2009 : Sleepwalking
2010 : Between the Lies (EP)
2011 : The Hollow
2012 : Challenger
2014 : Unconditional
2016 : This Light I Hold
2018 : Broken
2022 : Remade In Misery

Un hiatus, à partir de 2018, après un album décrié et la paralysie virale, leur laisse le temps d'une remise en cause.
Et voici venir 'Remade in misery', comme une espèce de repentance, car il faut préciser que le chanteur Matty Mullins est un chrétien qui ne s'en cache pas (chaque chanson comporte un élément philanthropique accompagnée d'un article de charité disponible sur la boutique en ligne du groupe!).
Cette dernière sortie emprunte un chemin mélodique typé metalcore classique qui évoque les anciens (avant l'an 2000!) Atreyu et Bullet For My Valentine ou après 2005 Of Mice and Men et Asking Alexandria.

"Nous voulons donner aux gens des chansons qu'ils peuvent écouter assis, ou en salle de gym, ou au volant et leur faire savoir qu'il existe d'autres personnes dans le monde comprenant qu'il est normal d'être imparfait", a déclaré Mullins.
Les paroles demeurent effectivement assez amères, proches de l'apitoiement et de l'abattement.
Résultat?

Le son touffu et travaillé de 'Blood and water' frappe d'entrée. La basse gronde méchamment sur la batterie à double pédale. On place le thème : 'Tried my best but never perfect'.
La guitare se confond avec des trames électros omniprésentes encore plus sur le riff principal percutant. La voix alterne entre cri saturé et harmonie claire sur le refrain carrément entrainant.

'Bleed Me Dry' : là un gros riff déchire le ciel chargé de gros nuages sur un rythme favorable au headbang. L'amertume prédomine : "If I've learned anything It's that everybody's fake".
Des choeurs appuient la voix claire, alors que la voix à gros grain reste peu utilisée, un peu plus pendant le breakdown avant de relancer la sauce mélodique aérienne, presque pop.

Après une alarme, la syncope de 'Somebody', chiadée au son de guitare très profond et synthé sinusoïde, provoque un balancement réjouissant.
Les choeurs harmonieux viennent souligner quelques fins de phrase et le refrain sait caresser par le sens du poil, pourtant le moral n'est pas au beau fixe : 'Self-destructive and I know it'.
On a envie, de suivre avec la tête, le lourd breakdown hurlé.

3 coups sur la charley démarrent 'Death inside of me', plus agressif avec la voix poussée en harangues et les riffs dissonants entre la cadence rythmique. Le malaise se confirme : "Pain so real that I think I can taste it".
A nouveau, le breakdown fait mouche, les texans maitrisent. Le refrain, nu metal, se veut plus accessible et radiophonique.

Une trame au clavier furtif allège le poids de 'The American Dream' qui demeure, globalement, vif et tellurique avec sa batterie surexcitée, le tremblement de basse et les passages à grosses voix.
Pourtant les choeurs restent, très présents, avec leurs 'who-ho' fédérateurs et un synthé continue de dessiner des effets électros discrets mais plaisants.
Un court passage à guitare enflammée et vibrante claque superbement. Et on y retourne à la crise de confiance : "I don't know who I can trust anymore".

'Your turn' ouvre avec des mots presque chuchotés et l'installation d'un faux rythme bientôt couvert par des cris bien énervés : 'The problem is you'.
Le riff de guitare trace avec vigueur. Le refrain, facile, joue les séducteurs et alterne avec des breaks classiques avec quelques enluminures au synthé.

Intro délicate sur 'Make Believe' avec un pattern rythmique électro et une voix fragile. Le chant monte ensuite en emphase sur le refrain.
Le synthé s'insinue tranquillement avec des petites touches variées. Sur un passage à la basse enrouée, la voix trafiquée marque des pointillés. 
Ce morceau, sans vocaux saturés, accorde une respiration à l'auditeur pourtant le diagnostique s'établit dramatiquement "Chemicals inside my brain".

Une guitare sous-accordée lance 'Misery' tendu. La douleur est toujours là : "I try to take the pain away".
On peut percevoir des traces de Linkin Park. Le refrain facilement assimilable plaira à beaucoup d'auditeurs.
Memphis adore alterner le doux et le dur, les explosions et les moments posés ce qui fonctionne parfaitement bien sur ce titre.

Le titre parle de lui-même, on atteint la dépression!
'Left For Dead' à la brève intro metal electro, dynamite sévèrement derrière : voix, guitares, clavier à l'unisson en pattern saccadés, batterie en gifles et roulements intensifs.
La voix râpeuse graisse généreusement sauf dans le refrain qui conserve, en constante, la clarté et les harmonies mémorisables. Choc délicieux!

On touche au but 'Only human' (after all?) "I'm just like you man". A nouveau, une entrée en matière électro, comme un duel à l'épée (clavier, guitare), ouvre sur une voix particulièrement rocailleuse, celle de AJ Channer de Fire From The Gods.
Bien rude cette intro avec des vocaux quasi death... au point que la bascule se fait brutalement sur un refrain à chanter en choeurs ou un bref pont planant en voix claire.


Le début de 'The Fight Within' semble annoncer une ballade aux sons électroniques y compris la voix trafiquée et le rythme comprenant des handclaps.
Voilà, on atteint le bout du tunnel "As I walk on down this road I know I'm not alone", lueur d'espoir.
Voici le bonbon sucré de l'album pour une clôture plus légère... pas complètement, le ton monte à mi-morceau tout en conservant un rythme mid-tempo.


Bien que sans surprise et sans innovation particulière, cet album, assez 'radio friendly' accroche l'oreille avec bonheur et ne donne pas envie de rester assis.
On prend plaisir à sentir la puissance qui porte les mélodies attrayantes et les musiciens bouillonnent d'énergie.
Impossible d'isoler vraiment certains titres, l'album, équilibré et cohérent dans son style, s'écoute dans son intégralité d'autant que la durée totale reste sous la barre des 40 minutes.
But atteint! Oui, on peut jouer cet album partout et comme le chante un de mes compatriotes : 'Mais oui personne n'est parfait!'.




Tracklist :

Blood & Water
Bleed Me Dry
Somebody
Death Inside Of Me
The American Dream
Your Turn
Make Believe
Misery
Left For Dead
Only Human
The Fight Within

Blast By Sud Ouest #1 : Edition Californie - Square Dom Bedos - Bordeaux, le 25 août 2022

Blast By Sud Ouest #1 : Edition Californie - Square Dom Bedos - Bordeaux, le 25 août 2022


Florian Hexagen

Blast By Sud Ouest #1 : Edition Californie - Square Dom Bedos - Bordeaux, le 25 août 2022

 

 Ty Segall & Freedom Band (Laguna Beach, USA) – Rock Garage / Chocolat Billy (Bordeaux, FR) – Free Pop Rock/ Frankie and The Witch Fingers (Californie) – Rock Psyché/ Meatbodies ( (Los Angeles, USA) - Rock Garage)

Excellente soirée que ce "Blast By Sud Ouest #1 Edition Californie" pour ce Relache / Allez Les Filles se déroulant au Square Dom Bedos, avec un Ty Segall & Freedom Band qui dès lors qu'ils électrisent les affaires deviennent un véritable rouleau compresseur de bonheur de rock garage psyché-décibellique, des Meatbodies ("from LAAAAA"  ) toujours aussi appliqués et classes, même si tendant parfois un peu trop vers le classic rock pour bibi, des Chocolat billy aux mélodies toujours aussi entêtantes / énervées / alambiquées / délicieuses (ne rayez rien, pas de mention inutile ici, et quel plaisir de les revoir at home et en forme) et un Frankie and the Witch Fingers qui certes ont joué trop fort (de l'avis de tout le monde) mais ont démontré une bien belle intensité scénique (à revoir dans de meilleures conditions sonores eux pour le coup).
Bref, hormis les bières pas au top (mais des barmaids-men cools  ) et clairement pas assez de chiottes pour les meufs (mais vraiment, faut faire mieux next time les gens de l'orga', ça peut vous flinguer une expérience), un bien beau cadre pour une bien belle affiche, merciiiii et see you next time!

samedi 27 août 2022

Album - De l'autre côté - La Fraction

  Album - De l'autre côté - La Fraction

 Crash Disques, Fraction Productions, General Strike, Gestalt, Konstroy, Maloka, Mass Productions, Mescufurus, Stonehenge Rds, Tranzophobia, Trujaca Fala, Twisted Chords

NoPo 


LA FRACTION De l'autre côté 2022

Les trois-quarts de la fraction la composent depuis longtemps :
    Chant : Magali
    Guitare : DD
    Batterie : Boris
Le dernier quart se renouvelle plusieurs fois, c'est un quart stable depuis 2017 :
    Basse : Igor
Ils s'assemblent sous une bannière punk à Paris en 1992 (l'époque de O.T.H, les Rats, Parabellum...) et publient leur premier EP en 1996 (3 titres binaires au cachet 77 no future des early Clash).
Des albums en 1996, 2002, 2006, puis la récréation ... un EP annonce l'heure de rentrer en 2013, un leurre plutôt? L'interruption de la fraction se prolonge jusqu'à ce nouveau disque où l'on retrouve les 2 compos de du précédent EP.

Le temps adoucit les moeurs et calme les esprits? Que nenni!
L'urgence et le chaos se retrouvent au sein de leur musique et aussi la pochette sur laquelle un rose hippopotame ailé, dans un ciel cataclysmique, semble régner sur une banlieue apocalyptique aux HLM résistants.
Soyez attentifs! Le designer a jeté un oeil curieux sur une plaque de béton et caché un policier à matraque dans le décor.


On commence par un constat au rire jaune car 'Tout va bien' 'Mais j’ai beau regarder autour Je ne vois rien de bien'.
Il faut faire un sacré effort pour leur donner tort ou s'enfermer dans sa grotte tel un ermite.
Le riff rentre-dedans nous entraine avec lui en un pogo désespéré. La cadence infernale ne dévie pas d'un iota. Le chant s'y baigne avec beaucoup de conviction.

'Les silences' ne s'installent pas dans le morceau. La voix de Magali, toujours aussi tendue, explique ces silences pour éviter 'Le pire, le vide, qui nous séparent'.
La gratte amène les variations pour mettre en valeur les vocaux pendant que la colonne rythmique reste inébranlable.
C'est bourrin mais pas d'affrontement, chacun campe sur ses positions et la fraction défend les siennes.

'Trop vieux pour mourir jeunes' aurait à voir avec 'Too old to r&r and too young to die'?
Non, son rythme droit devant, sans concession, s'approcherait plutôt d'une autre maxime 'If it's too loud, you're too old!'. La batterie les roule et file pied au plancher avec une basse accrochée à ses basques.
Pas de problème, je suis sourd et trop vieux pour mourir! En fin de plage, un choeur aérien, à l'ouvrage, vient souligner les derniers mots 'Je vois à travers le brouillard La beauté qui élève les regards'.

Intraitable, 'Pas d’enfant' est touchant à travers son pacte avec la vie rock and roll.
'Et t’as eu 40 ans... On t’a dit c’est maintenant Après tu pourras plus... Tu as montré les dents Et repris ton histoire Restée sourde aux bobards Des vendeurs de moutards Et tu danses toute la nuit Au son des guitares'

Un excellent riff tranchant, quasi métal, porte 'Terre damnée'. Les fluctuations, à la 6 cordes, donnent une texture différente à ce morceau malgré le rythme effréné qui fait taper du pied et balancer la tête.
Ici résonne, la maltraitance de la terre d'années en années par un ton affirmé plutôt harmonieux.

'Les démons' restent sur un constat proche du titre d'ouverture mais le contrat est simple :
'Ne pas renoncer Ne pas faiblir Ne pas partir Ne pas s’enfuir'.
La composition bosselée fait dans la grande tradition de dénonciation punk. 

'De l'autre côté', par sa gratte incisive, sinueuse et musicale me rappelle les Buzzcocks.
La basse fait entendre, à bon escient, des oscillations sur la ligne droite de la batterie.
Magali, pas en reste, ne débite pas ses textes à grande vitesse mais semble plus posée, bien que, toujours aussi déterminée, cette fois dans la critique des effets pervers des réseaux sociaux numériques.
'...Ces esprits torturés, en devenant bourreaux
N’ont pour seules cagoules que des pseudonymes idiots
Ils communiquent alors en abrégé
La pensée se réduit à des messages twittés...' Planqués de l'autre côté des écrans?

Sur un riff droit dans un rythme énervé et sans nuances, Magali crache son venin avec du grain dans la voix comme dans son propos :
'Mm, salez Mm, mélangez Mm, goûtez'
'Mais cette cuisine, on la connaît' et le morceau s'arrête dans un haut le coeur bien audible 'Et on garde les yeux fermés pour l’avaler'.
En 2'16 tout est dit... Master chef!

'Le gris' ne laisse pas passer le soleil. Le rythme se laisse aller à certaines modulations. La guitare griffe, déchire voir balafre, même si elle se permet, au final, quelques fioritures plus subtiles.
La chanteuse défend, avec ardeur, cette couleur pas si triste 'des sentiments fougueux...'.

2'08 pour conclure à 'La croisée des chemins', bien assez pour placer un solo de guitare enthousiasmant... Auparavant, une base de riff sec secoue le morceau.
La mélodie reste bien foutue et la voix, harmonieuse dans son agressivité.
'Nos casseurs ont bien du talent Et ils essaiment à tous les vents Car la révolte gronde Achevons le vieux monde Ensemble, rouges et noirs on s’entend'
Droit au but, le message invite les gilets jaunes... (mais non, 'rouges et noirs' ce n'est pas un hymne au stade rennais!).
Tout au long de la rondelle, la voix de Magali me fait penser à Mama Béa Tékielski, elle aussi, rebelle et revendicatrice, mais dans un autre style.



Soyons honnêtes! Moins rêche que sur les productions précédentes, le son net et pêchu ne dessert pas le propos (avec les mêmes qualificatifs!).
Au contraire, il dynamise les compositions et les vocaux qui, depuis longtemps, marinent (sans mauvais jeux de mots) pour faire monter la sauce.
Court rime toujours avec percutant, les durées ne dépassent quasiment pas les trois minutes malgré le verbatim enragé et engagé sur un haut verbe à thèmes.
Un brulot pour les prestations live!
La fraction? Une armée, portée par ses convictions qui tire à balles réelles et qui n'a pas l'intention de retourner sa veste... du bon côté.



Les balles :
1. Tout va bien
2. Les silences
3. Trop vieux pour mourir jeunes
4. Pas d’enfant
5. Terre damnée
6. Les démons
7. De l’autre côté
8. La cuisine
9. Le gris
10. La croisée des chemins
Coproduction de labels internationaux : Konstroy, Crash Disques, Twisted Chords, Trująca Fala, Stonehenge Records, Gestalt, MALOKA, Mescufurus, Mass Productions, Tranzophobia.

jeudi 25 août 2022

Smooth Motion et Komodor aux mardis de Paimpol, quai Duguay Trouin, le 23 août 2022

 Smooth Motion et Komodor  aux mardis de Paimpol, quai Duguay Trouin, le 23 août 2022

 

michel 

 Sur la plage abandonnée, coquillages et crustacés,  qui l'eût cru, déplorent la perte de l'été, qui depuis s'en est allé...

Doucement, Brigitte, l'été n'est pas encore mort et à Paimpol, pour le dernier mardi du Port, les organisateurs ont prévu une soirée rock sentant bon les sixties/seventies, au menu: Komodor, la perle de Douarnenez et Smooth Motion, le diamant brut paimpolais.

Des gens qui se connaissent bien, puisque deux sociétaires ( les frères Camille et Colin Goellaën Duvivier qui officient aussi sous l'étiquette Moundrag sans être des queens)  du dernier nommé se sont associés à toute l'équipe du Finistère pour se produire sous l'appellation Komodrag & the Mounodor.

Paimpol se souvient de leur passage au récent Paimpol in Rock du 23 juillet, où les sept mercenaires ont fait parler la poudre et c'était pas de la trafiquée!


T'avais lu 19:30', c'est à 20h que Komodor se pointe.

On sait que certains veulent te vendre Komodor comme un logiciel pour Mac, n'écoute pas ces macaques, Komodor, ce sont cinq beaux jeunes gens, chevelus, comme on en fabriquait à la pelle  à Woodstock, tu te souviens ...Peace and Love et  be sure to wear some flowers  in your hair.

En 2019, ils lâchent une carte de visite, un EP quatre titres, baptisé tout simplement Komodor et fin janvier 2021,  paraît leur premier full album ' Nasty Habits', non,  ce n'est pas une comédie, chère Glenda.

Line-up:  Slyde Barnett ( Yves-Marie Cariou) , superbes fringues noires, au chant et à la guitare/  plus cool que Luke la main froide, Ronnie Calva ( Matthieu Le Moal ) à la guitare/ l'extraverti Goudzou ( Gaëtan Convert)  à la basse et au chant /  Elrik Monroe, aucun lien de parenté avec la copine de J F,  à la batterie et   le dévot Melin Lebigot à la guitare électrique ou acoustique et  percussions

 

Entrée en matière tonitruante avec le single 'Just an escape', c'est pas toi qui t'es échappé, mais bien le petit fox de Samantha, il a cavalé comme si un essaim de frelons lui collait au cul, tellement ça cognait dur.

Un mélange de rock acide pouvant à la fois évoquer Julie Driscoll , Brian Auger & the Trinity que Moby Grape  ou les Seeds et de méchant hard  comme en produisait Cactus.

Trois guitares à l'unisson, ça envoie, tu y accoles  un bassiste énervé et un batteur aussi redoutable que Carmine Appice, et t'obtiens une vinaigrette pas pâle.

Un son de  basse Harley Davidson tournant en surrégime amorce ' Give Up', les guitares hargneuses rappliquent, tu voulais du viril, t'es bien servi.

A droite et à gauche on cite Grand Funk ou MC5, on y entend aussi du Humble Pie.

D'ailleurs ces mecs ont autant de gueule que Steve Marriott et tout ça sans faire les marioles!

Sur le disque, les gens de chez Blues Pills accompagnent Komodor  pour le titre ' Still the Same' .

Bob Seger n'a pas reconnu l'enfant!

Cabrel chante ' Petite Marie', c'est pas la même gamine que Douarnenez met en musique, ' Heavy Maria' est du genre puncheuse et quand la voix prend des allures Screamin Jay Hawkins, tu te dis qu'il est l'heure pour les poules d'aller se coucher.

Le bain seventies se poursuit avec ' Debt City',  une plage sur laquelle Elrik bastonne joyeusement., un des chevelus fredonne ...need to be back on the road..., celle-là est pour Kerouac.

Petit blanc pour résoudre un problème technique avant de retourner au front avec ' Set me free'.

Tu fixais Ronnie Calva depuis un moment, c'est sans doute le plus calme de la bande, mais, sans avoir l'air d'y toucher, il te balance une succession de riffs plus meurtriers les uns que les autres.

A l'arrière, le cousin de John Bonham poursuit sa tâche de bûcheron infatigable, c'est lui qui par un drumming tribal amorce ' Mamacita', un blues rock au chant pointilleux, qui te renvoie des images des Black Crowes et  du Gun Club,  because les accents vaudou.

Guitares et handclaps lancent ' Nasty Habits' .

Les revivalistes bretons peuvent facilement s'inscrire aux côtés des meilleurs représentants britons ou ricains pratiquant du hard psychedelic rock, on pense à The Brian Jonestown Massacre ou   Kula Shaker et si tu veux faire un crochet par les Antipodes pourquoi pas Tame Impala.

Pour leurs potes, voici ' Moondrag'  avant de pousser sur le champignon pour ' Through the way', un truc mixant glam et vintage rock.

Une once de boogie embellit ' Believe it' une plage épique qui picote, un bridge ' Baba O'Riley', pour les fans des Who, vient décorer   la berceuse qui précède la dernière salve de ce set  athlétique et juteux, ' Washing Machine Man', dont tu ressors lessivé, mais propre.

On a aimé la chorégraphie accompagnant l'essorage et les effets ronflants de la basse collée à une enceinte, Rinus Gerritsen, lui aussi,  a apprécié.

Merci, Paimpol, on vous laisse un beau larsen en cadeau.

Un bis?

Are you ready for MC5?

Here is ' Rambin Rose' pendant lequel Slyde Barnett se paye un saut périlleux qui le voit atterrir parmi les spectateurs.

  Motor City Five c'est le Michigan, à Douarnenez ce sont les sardines, la différence est minime!

 

Smooth Motion

Paimpol en piste,  François Martin (Chant, Guitare) – Louis Keromest (Basse) – Colin Goellaën-Duvivier (Batterie) – Camille Goellaën-Duvivier (Hammond)  hantent les salles de concerts, festivals, bistrots, kermesses depuis plus de 10 ans, pour distiller leur rock très pourpre, pas la couleur de la pluie, mais pourpre spectral.

Avec plusieurs EP's et l'album 'Boogie Inside'  dans leur escarcelle, les fluides bretons ont tapé dans l'oeil des  organisateurs, et si leurs concerts se concentrent principalement là où flotte le Gwenn-ha-Du,  ( oui, aussi à Nantes, honteusement volée à la région bretonne), il leur arrive de franchir la frontière.

Pour ce match à domicile, ils ont sorti le grand jeu et subjugué âge tendre, têtes de bois et hospice, la plus dingue étant une gamine survoltée  de 5/6 ans.  

' Rise Up'  ouvre le bal.

Le truc démarre à la manière de Speed King , Miss Molly n'en revient pas encore, car le moteur n'était pas encore chaud.

Le tsunami  tourbillonne pernicieusement, des vagues immenses envahissent le quai, après une courte accalmie, te permettant de recracher deux ou trois poissons dont tu n'as pas retenu la marque, les fous furieux repartent de plus belle et secouent une nouvelle fois le vieux rafiot.

T'as  respiré un bon coup, eux, ils enchaînent sur  'Nobody's boogie (but my slide)',.

L'Hammond, débridé, s'en donne à coeur joie, Colin frappe comme une bête, basse et guitare ne sont pas en reste. A  tes côtés,  une brave dame échappée de l'Ehpad headbange à en perdre son dentier, plus posé, tu te contentes de frapper le pavé du talon.

Paimpol vibre, seul bémol, quelques pas lavés depuis au minimum 6 jours, rôdent dans les parages, sifflant un mauvais pinard  quand ils n'entament pas une danse disgracieuse en écrasant des pieds au passage et en envoyant de vicieux coups de coude aux plus proches voisins.

La Sécu les tient à l'oeil, les mousquetaires ont de l'humour, avant de lâcher les palmipèdes ( 'Boogie Duck), ils entament La Paimpolaise.

Tous les canards de la terre se trémoussent sauf Donald, le lame duck,  qui n'a pas encore digéré sa défaite face à un autre géronte sénile.

OK, le boogie pour toi c'est Canned Heat, Status Quo ou ZZ Top,  et  Baccara pour ta petite soeur, mais ceux qui tiennent  le pompon, ce sont bien nos Smooth Motion, voilà un troisième morceau arborant boogie dans son intitulé, ' Atomic Boogie' ne ment pas, il est nucléaire.


Tac tac tac, Colin tambourine sur la cowbell, 'We don't know nothing '(but rock 'n roll)  est sur les rails.

Mick était dans le coin et murmure It's Only Rock 'N' Roll (But I Like It), on est tous d'accord, sauf Jean Yanne!

Il faut fêter les 50 ans de Made in Japan, lance Camille ou François, ta mémoire te joue des tours gratuits, mais on ne va pas envoyer de la fumée au dessus des eaux calmes du port, on a choisi ' Burn' , non repris sur le classique du Purple.

Incroyable, Ian Gillan a retrouvé sa voix haut perchée, mais si François continue sur cette voie il va se péter les cordes vocales.

Jeanne, une pucelle?

C'était pas mon morceau préféré!

Jon Lord en roue libre sur ' Bomb the TV' , à l'arrière Carl Palmer l'accompagne avant de retrouver l'équipe au complet pour faire exploser l'écran.

Le générique de fin se lit sur ce qui reste du poste, c'est l'instant que choisit Colin Goellaën-Duvivier pour  se taper un exercice solitaire comme à la grande époque, il n'a pas battu le record de Ginger Baker, mais sa force de frappe a martelé nos esprits.

Une bête, indique Josette Day, une copine de Jean Marais.

Sans pause, l' Hammond amorce une broderie fine introduisant ' Mofo' , ouille s'exclame le chanteur, mon micro a rendu l'âme, les bricoleurs du coin rappliquent tandis que les copains jamment gaiement.

Le mécanicien a déniché un nouveau Sure et c'est reparti, se succèdent ' K R O', ' Won't you boogie with me ' et ' Hemp street boogie', pour varier les plaisirs François a ramassé un sax et décore de quelques lignes mi-jazzy/mi- Steve Mackay un des derniers boogie de cette soirée effervescente.

 

Voilà Paimpol, cassez-vous, maintenant!

Revenez, bande de salopards, on exige un bis.

Les fidèles  seront exaucés , on prend l'autoroute stellaire avec Deep Purple pour un ' Highway Star' made in Paimpol. 






 

 

 





EP - Dark is the path - The Last Waves

 EP -  Dark is the path The Last Waves

 auto-production

NoPo

 

 Juste en lisant cet intitulé, des mots mélancoliques m'interpellent : 'last' 'Dark'.
La vague vient confirmer son appartenance 'cold' (et anciennement 'new') assumée, voir 'dark' dans le chemin.

Effectivement, le groupe (installé en Isère à Voiron au nord de Grenoble) fait référence aux années 80 de The Cure autant qu'à Human League avec ses voix féminines. On pourrait même aller jusqu'au charme désuet de Kim Wilde.
Ils me font aussi penser au combo de St Nazaire Vertical (vu récemment à Guingamp http://www.concertmonkey.be/reports/anniversaire-brasserie-distoufer-war-raokn-roll-avec-vertical-%C3%A0-guingamp-le-6-mai-2022) et même aux grecs Skags (http://www.concertmonkey.be/albumreviews/album-digital-cage-cursed-generation-skags).
Naissance en 2020, comme quoi la pandémie peut donner de beaux bébés!

Membres:
Romain Champiot (guitare)
Aman dine (clavier/chant)
Isy Wise (chant)
Greg Randon (basse)
Fred ROSSI (batterie)

La bio cite déjà 4 EPs à leur actif. Des traces numériques uniquement de 'Revenge of the blue' avril 2021, et 'In cold colors avenue' juillet 2021, peu importe, bien assez avec le présent disque pour étoffer les setlists.
Le froid pourrait provenir de leurs proches sommets montagneux, près du massif de Chartreuse et du Vercors.

Le bleu (la cold color) semble être leur couleur de prédilection. On la retrouve sur chaque pochette, la dernière confirmant le côté sombre par un fond nocturne.
Les lettres d'identification font (comme les glaciers!) dans le cyan, les 'A', évidés dans leur empattement, ressemblent à des flèches vers le ciel.
On retrouve cette notion d'ascension dans des marches de la même teinte. 'Stairway to heaven'?


L'escalade de la 'Crystal tower' se fait par la basse profonde de Greg à la 'A forest' (The Cure) et la réverb, inévitable, fait rêver.
Les voix, douces et guillerettes, dédramatisent et insufflent une mélodie délicieuse. Les voix? Oui, les 2 jeunes femmes chantent en parfaite harmonie, la tatouée Isy et Amandine la sucrée (forcément!).
En même temps, le clavier d'Aman dine aux chandelles et enveloppe la trame mélodique alors que la batterie régule les battements du coeur que l'on sent ... électriques....
Et la guitare me direz vous? Frottée en accords, elle bourdonne tristement autour de cette tour de cristal (Romain adore Robert Smith).

Rythme prégnant au démarrage de 'Sadness calls me sweetie' avec une basse slappée et une batterie métronome. Le chant s'intercale dans les interstices.
Le synthé installe alors une bluette joyeuse aux vocaux grisants, Amandine venant légèrement souligner la voix d'Isy si facile (trop facile, le jeu de mots!).
Attention! Bluette sans son sens péjoratif, mais dans son orientation légère et sans prétention tout en restant délectable et les babines, je m'en lèche!   

Ici le clavier de 'Last black mass', cadencé aux handclaps, m'évoque la cold wave de Gary Numan. 'Are friends electric'?
Par instants, la syncope provoque l'écart avec le canevas de la guitare neworderienne qui serpente, presque gothique.
Néanmoins, les harmonies entêtantes scintillent et donnent un aspect chatoyant à ce titre qui s'embrase à 2 voix surtout au final.

'Glory or death' inverse la tendance punk des Clash. Le beat marque, minimaliste.
Le gimmick au clavier aérien, particulièrement au milieu du morceau, va chercher le garçon (Taxi Girl) mais cette composition tire vers le haut des développements bienvenus, flirtant avec le prog-rock notamment le passage en voix doublée et synthé/guitare ensemble.
Encore, les voix, décalées, pourtant fragiles (mais justement!), en choeurs sur le refrain, se parent de leur plus beau ramage.

City's night run' doit beaucoup à sa chevauchée guitaristique lumineuse. Romain, champion, d'autant qu'il compose tout!
La batterie, bien soutenue par la basse, impulse un rythme assez élevé qui donne une furieuse envie de danser et s'amuse même, parfois, avec des sonorités discoïdes.
Une fois encore, les voix combinent merveilleusement!


En conclusion, ce disque joue une carte rétro avec beaucoup de réussite.
Le côté ingénu de cette équipe apporte, en fait, beaucoup de fraicheur et de palpable sincérité.
J'écouterais bien leur musique en crapahutant sur les durs sentiers montagnards (on m'a vu dans le Vercors...).
J'avoue, ce style me touche particulièrement telle une madeleine de Proust (je confirme l'escalier vers le paradis).


1.Crystal tower 03:48
2.Sadness calls me sweetie 03:34
3.Last black mass 03:41
4.Glory or death 03:52
5.City's night run 03:20
Autoproduit et masterisé par Benjamin Joubert chez Biduloscope mastering



mercredi 24 août 2022

Golden Age Rock Festival 2022 ( Jour 2) - Palais des congrès de Liège - le 20 août 2022

Golden Age Rock Festival 2022 ( Jour 2) - Palais des congrès de Liège - le 20 août 2022

 

 Mitch ZoSo Duterck

Golden Age Of Rock Festival - Palais des Congrès - Liège (BEL) – Jour 2 - 2022.08.20
 
Après une année Covid qui a tout mis en pause, nous voici enfin prêts à accueillir cette deuxième édition d'un festival qui s'étend une nouvelle fois sur une période de trois jours. En consultant le programme, force nous est de constater qu’une fois encore, tout a été fait pour que chacun y trouve son compte avec un panel de groupes qui ont fait partie de l'histoire du Rock et qui continuent à l'écrire au quotidien. Cette année, l'évènement a quitté la Caserne Fonck pour le Palais des Congrès et c'est très bien ainsi. Cadre très agréable et verdoyant, food-trucks et petit marché rock qui propose aux collectionneurs avides bon nombre de tentations auxquelles mon regard aiguisé en conclut qu’il est très difficile de résister. Soulignons aussi une belle organisation de bénévoles qui font tout ce qu’ils peuvent pour vous aider et avec le sourire.
C'est en compagnie de mon ami Fabian que nous cheminons par la célèbre Route du Condroz pour rejoindre la cité des Princes-Evêques qui essaime depuis les rives de notre belle Meuse au cours séculaire. Grâce à son système de navigation embarqué dernier cri, notre puissante et solide berline de fabrication allemande nous amène à destination sans encombre, ce qui n'est pas un mince exploit quand on connaît les pièges qui grèvent au quotidien le trafic sur les artères de la cité Mosane. Nous prenons le festival comme certains prennent le train: en marche, l'important n'étant pas de faire croire aux autres voyageurs que tu y seras, mais plutôt d'aider les retardataires à monter. Nous entrons donc au moment ou le chanteur du groupe français Ocean, précurseur en matière de rock au sein de l’hexagone et bien moins grosse tête que ses confrères de Variations, remercie avec force cris haut-perchés le public belge pour son accueil. Le temps pour nous de répondre à quelques sollicitations et autres civilités et nous gravissons les marches qui nous mènent au ciel. Un soda plus tard, nous sommes fins prêts pour le groupe...
HEAVY METAL KIDS:
Fondé à Londres en 1972 sur les cendres de deux groupes Heaven et Biggles, le groupe tire son nom d'un gang de gosses de rue qui apparaît dans le récit "Nova Express" écrit par l'auteur américain William S. Burroughs. Le "S" de son deuxième prénom c'est pour Seward. J'ajouterai encore que ce natif de St.Louis (Missouri) a fait partie de la Beat Generation au côtés des deux ténors Allen Ginsberg et Jack Kerouac. Voilà, comme ça tu ne pourras pas dire que tu n'as rien appris.
Du groupe d'origine, il ne reste plus aujourd'hui que le batteur Keith Boyce et le guitariste Cosimo "Cosmo" Verrico. Les autres musiciens composant la formation sont PJ Phillips, le chanteur Simon Gordon et le claviériste Andy Fuller. Le groupe s'inscrit d'entrée dans la vague Hard-Rock avec un soupçon de Glam-Rock parfois très marqué, dans la foulée de T-Rex. Le band enregistre trois albums dans ce qui constitue sa période de gloire comprise entre 1973 et 1976. C'est tout d'abord l'album éponyme "Heavy Metal Kids" en 1974, suivi de "Anvil Chorus" en 1975 et enfin "Kitsch" en 1976. Leur Rock couillu ne les sauvera pas de la brève déferlante punk et après bien des revers, HMK n'enregistrera plus que 4 albums dont un "Best Of" ainsi que deux DVD.
Le concert qu'ils nous ont offert en cette fin d'après-midi semble parfaitement refléter ce qu'ils devaient être à l'époque, un groupe de rock de plus qui se débattait à la recherche de reconnaissance dans la jungle de l'industrie musicale. Rien de bien neuf mais un réel plaisir de jouer communicatif qui nous a fait passer un très bon moment.
Le public liégeois n’a pas répondu assez nombreux à l’invitation qui lui a été lancée alors que certains spectateurs n’ont pas hésité à traverser l’Europe pour être de la fête. C’est du moins la critique la plus fréquente portée par leurs pairs à l’égard des « locaux ». Où sont-ils donc tous passés ceux qui viennent régulièrement au ’66 à Verviers en donnant l’impression d’avoir tout vu depuis Woodstock ? La balle est dans votre camp les gars mais je crois que c’est symptomatique des grandes cités wallonnes, on râle quand rien de culturel ne se passe mais dès qu’une manifestation digne de ce nom montre le bout du nez, tout le monde a soudain quelque chose de prévu depuis longtemps, on fait la fine bouche et on disparaît comme par enchantement. Faudrait savoir que diable ! Refermons la parenthèse car voici…
STRAY:
Formé à Londres en 1966, le quatuor dont le hard-rock est teinté de blues et de prog se compose de Del Bromham (guitare et chant), Steve Gadd (guitare et chant), Gary Giles (bass guitar) et Steve Crutchley (batterie). Stray décroche un contrat avec le label Transatlantic Records et sort son premier album "Stray" en 1970. Le groupe flirtera avec le succès tout au long des années '70 et commercialisera neuf albums supplémentaires. En 1977, la situation financière très précaire de Stray précipitera le groupe sur les chemins du split peu après la sortie de l'ambitieux "Houdini" paru en 1976. Considéré pourtant comme un groupe majeur, notamment par les jeunes de la New Wave Of British Heavy Metal, Iron Maiden ira jusqu'à enregistrer une reprise de "All In Your Mind" extraite du premier album du groupe. Cette version est disponible sur la version reissue de l'album "No Prayer For The Dying" parue en 1995.
Quand on se replonge dans la discographie de Stray, on a parfois du mal à comprendre comment ce groupe n'a pas, comme ses frères d'armes de Thin Lizzy, UFO ou encore de Uriah Heep, eu la chance de percer aux Etats-Unis. Il aurait suffit de quelques secondes pour qu'un chasseur de talents détecte le potentiel énorme de ce groupe qui a toujours dû se contenter d'un succès d'estime sur le plan international alors qu'il cartonnait en Angleterre.
Je ne savais pas trop à quoi m'attendre de la bande à Del Bromham mais il ne m'a fallu que quelques secondes pour être fixé. Maman, quelle claque! Stray est à coup sûr en seconde position sur mon podium du jour. Tout est intact, le jeu, la patate, l'envie et le sourire qui éclaire leurs visages rayonnants du bonheur d’être encore là. Pour ceux qui les ont connus à l'époque, il suffisait de fermer les yeux pour faire un bond de cinquante en arrière dans le temps . "All In Your Mind", un titre carrément dans la veine de Hawkwind, reste un très grand moment du concert tout comme "After The Storm" extrait de leur album "Saturday Morning Pictures" paru en 1971. Sans avoir en ses rangs un grand chanteur aux commandes, Stray était peut-être trop typé, trop "British" pour pouvoir s'exporter outre-Atlantique où il ne pouvait de toutes façons y avoir qu’un seul Grand Funk Railroad et c'est bien dommage. Mais heureusement pour nous ils sont toujours bien là. A reprogrammer et à revoir en tout cas!
01.Pretty Things.
02.Jericho.
03.Living The Dream.
04.Black Sun.
05.I Believe It.
06.After The Storm.
07.Houdini.
08.All In Your Mind.
Petite pause alimentaire au cours de laquelle nous succombons à la traditionnelle portion de frites que je préfère agrémenter d’un hamburger, histoire d’éviter une mauvaise surprise en cours de soirée, « une mauvaise faim et c’est la fin » comme on dit chez nous. Nous voilà fin prêts pour un des artistes qui pourrait être lui-aussi une très bonne surprise et en tout cas une découverte scénique en ce qui me concerne. Ladies and Gentlemen, would you please welcome, Mister…
RUSS BALLARD:
De son vrai nom Russel Glyn Ballard, l’homme est né à Waltham Cross dans le Hertfordshire, Angleterre, le 31 octobre 1945. Tout d’abord recruté pour le poste de chanteur au sein du groupe Argent, l’homme trouvera très vite sa véritable voie en tant que compositeur et parolier dès le début des années ’70. Des tas de gens célèbres feront appel à lui lorsqu’ils auront besoin d’un véritable hit capable de les propulser dans les charts. A ce jour, son plus gros succès en qualité de compositeur reste le fameux « Since You Been Gone » qu’il écrit pour le groupe Rainbow de Ritchie Blackmore et que l’on retrouve sur « Down to Earth », le cinquième album du groupe qui paraît le 28.07.1979. En 1974, l’homme choisit de quitter les lumières de la scène pour passer du côté moins rutilant du show business, ce qui ne l’empêchera pas d’engranger les succès et une grande quantité des chansons, qu’il écrira pour lui permettre de poursuivre une carrière solo discrète, seront reprises par autant d’artistes de tous bords. Russ ne sortira que 10 albums solo entre 1974 et 2015 et, à moins d’être un fan, je connais peu de gens capable d’en citer un de mémoire.
Alors ce concert que tant de monde attendait ? Eh bien au niveau surprise, en ce qui me concerne, j’ai été déçu car la montagne a accouché d’une souris. On sent que la machine ne tourne pas rond du tout, ça manque de répétition et au niveau justesse, nous avons eu droit à quelques « pains » bien rassis de la part des musiciens, ce qui est tout de même inadmissible de la part d’un artiste jouissant d’un pareil statut. Notre star de l’écriture y va même de son discours humanitaire qui tire vraiment en longueur, du genre « on est tous pareils peu importe notre couleur de peau, il faut sauver la planète, respecter les droits de l’homme, etc) et ça devient carrément barbant. Même s’il énonce des vérités et enfonce des portes ouvertes, je suis venu pour assister à un concert, pas à un meeting politique du P.S. le 1er mai ! Certains morceaux retiennent un peu l’attention sans qu’aucun ne décolle vraiment, même « Since You Been Gone » me fait l’effet d’une démo en cours de travail. Et puis c’est carrément l ’hôpital qui se fout de la charité, lorsqu’un spectateur lui demande de jouer un titre précis, voilà notre star qui répond, non sans humour : « Je n’ai pas trop le temps car vu la place que j’occupe sur l’affiche, je n’ai droit qu’à une heure de concert ! » Je ne crierai pas tout haut ce que beaucoup pensent tout bas. En tout cas, la prochaine fois, j’irai faire plutôt faire une « Ballard » d’une heure dans la steppe « Russ ».
01.Rene Didn't Do It.
02.Dream On. (King Kobra)
03.Into The Night. (Frehley's Comet)
04.Hold Your Head Up. (Argent)
05.New York Groove. (Hello, Ace Frehley, Sweet)
06.Liar. (Argent, Three Dog Night, Graham Bonnet, Blackfoot)
07.Voices. (Ken Kamon)
08.A Woman Like You.
09.Since You Been Gone. (Rainbow, Cherie & Marie Curie, Clout, Head East, Alcatrazz, Impelliteri, Brian May, Crash Kelly)
10.I Can't Hear You No More.
11.God Gave Rock And Roll To You. (Kiss, Argent, Petra)
Tiens, tout à coup, on dirait qu’il y a un plus de monde, c’est plus compact en tout cas, tant mieux pour l’ambiance. Me voilà tout à coup avec une énorme poussée d’adrénaline car je vais enfin revoir le groupe de madame Joyce Kennedy en live. Et croyez-moi sur parole, c’est quelque chose. And I do really hope that they will give us their…
MOTHER'S FINEST:
Formé à Atlanta (Géorgie) en 1970 par le duo vocal composé de Joyce « Baby Jean » Kennedy et de son mari Glenn « Doc » Murdock, le groupe s’adjoint les talents du guitariste Gary « Moses Mo » Moore qui a la particularité d’être le seul musicien blanc de ce groupe précurseur du genre qui allie à la fois le Hard Rock, le Funk et le Métal. Tous trois font encore partie du line-up actuel dans lequel on retrouve à la batterie Dion Derek Murdock, le fils de Joyce et de Glenn vous l’aurez deviné, j’en suis certain. Je ne sais pas si vous réalisez bien à quoi vous alliez vous heurter en étant des musiciens black qui veulent créer un groupe à forte coloration Hard Rock, un genre encore exclusivement l’apanage des blancs et de plus, dans un état du Sud encore très attaché à ses traditions et à un mode de vie pas encore si ancien que ça. Il fallait être un peu fou et pourtant ils l’ont fait, avec le succès que l’on connaît. « Mother’s Finest » leur 1er album sort en 1972 attire immédiatement l’attention des rockers, mais c’est principalement, « Another Mother Further » (j’espère que vous saisissez l’ambiguïté du titre) qui va placer une véritable mine avec le célèbre « Mickey’s Monkey » toujours au répertoire depuis sa sortie en 1977. C’est un hommage à peine déguisé à « Custard Pie » de Led Zeppelin, version Funk-Hard. Comme tous les groupes, Mother’s Finest va connaître des fortunes diverses mais après une quinzaine d’albums en 52 ans d’existence, et ils sont toujours bien là, redoutables comme un tigre en chasse. Pendant une heure quinze, nous avons participé à une folie musicale qui ne nous a jamais laissé reprendre notre souffle. J’ai eu la conviction que les 13 morceaux de la set-list ne faisaient en réalité qu’un seul monstre qui nous emportait comme des fétus de paille au vent des accents funk-metal dirigés de main de maitre par une Joyce Kennedy survoltée. Quant à l’ambiance, c’était du délire. Du jamais vu ! C’était absolument parfait. Mon numéro un sur le podium du Festival. Fabian me disait « hier je ne me serais pas déplacé pour les voir, en revanche, on me dirait qu’ils jouent à 500 bornes demain que j’irais ! » ça résume tout. P.S : tu ne m’oublies pas pour partir hein !?
01.Funk A While.
02.Truth'll Set You Free.
03.Can't Fight The Feeling.
04.Somebody To Love. (The Great Society cover)
05.Don't Wanna Come Back.
06.Mickey's Monkey. (The Miracles cover)
07.Gone With Th' Rain.
08.Give It Up.
09.Drum Solo.
10.Baby Love.
11.Piece Of The Rock.
12.My Badd.
13.Fight The Power (The Isley Brothers cover)
Nous voici déjà arrivés en fin de cette deuxième journée d’excellente facture, la qualité est au rendez-vous, bravo pour cette programmation très éclectique tournant autour de différentes façons de décliner le Rock. On ne peut que remercier de tout cœur celui qui a eu le génie et l’altruisme de mettre tout ça sur pied. Il a su nous proposer des groupes de qualité que nous n’aurions probablement plus jamais eu l’opportunité de voir sur scène.
On termine donc dans le haut de Gamme avec les new-yorkais de Angel. Ceux qu’on voulait à l’époque opposer à Kiss dans ce jeu stupide de rivalité sociale comme on l’avait déjà fait auparavant avec les Beatles et les Stones. Un procédé mercantile bien entretenu par une certaine presse people qui en récoltait les dividendes juteux générés par le sensationnel aux dépends du qualitatif. Les deux groupes étaient signés sur le label Casablanca Records. On Earth Like It is in Heaven :
ANGEL:
Formé dans la première partie des ‘70s à Washington D.C. par son guitariste emblématique Punky Meadows, le groupe se composait également du chanteur Frank DiMino, du bassiste Mickie Jones, Greg Giuffria occupait le poste de claviériste tandis que Barry Brandt se produisait à la batterie. Seuls Punky et Frank font encore partie de l’aventure aujourd'hui. Tout comme Kiss, Angel a toujours apporté un soin particulier à son look, jouant à fond la carte de l’hyperandrogénisme. Tenues de satin blanc immaculé, maquillage, vernis, coiffures, tout était calculé, soigneusement étudié et codifié. Le groupe sortira cinq albums entre 1975 et 1979. Leur titre phare reste encore et toujours le magnifique « Tower » qui ouvre le premier album « Angel » paru en 1975. Malgré tout le soin apporté tant à leur musique qu’au décorum et à la qualité de leurs shows, Angel ne connaîtra jamais le succès commercial de masse mais le groupe s’est constitué un fameux suivi en tant que groupe culte. L’album « Live Witout A Net » sorti en 1980 sonnera le glas pour le groupe qui reviendra vraiment en force en 2019 avec le très bon album « Risen ». Avec à la batterie, mon pote Billy Orrico (thanks for the drumsticks buddy). Le groupe avait tellement fait forte impression lors de leur participation à la première édition du festival que l’organisation n’a pas hésité à leur proposer de revenir mais en tête d’affiche cette fois. Une toute bonne prestation, très pro mais moins surprenante et dynamique que l’intouchable Mother’s Finest. La setlist se présentait en forme de « Best Of » mais le public était moins réactif et la fatigue de la journée ont sans doute fait perdre quelques plumes à l’Ange.
01.On The Rocks.
02.Can You Feel It.
03.Mirrors.
04.Wild And Hot.
05.Cast The First Stone.
06.The Fortune.
07.We Were The Wild.
08.Don't Leave Me Lonely.
09.Got Love If You Want It.
10.Feelin' Right.
11.Rock And Rollers.
12.The Tower.
Le temps de repasser en VIP boire deux ou trois softs dont un en compagnie de Del Bromham de Stray qui carbure au triple Jack Daniel’s et nous reprenons la route du retour, des mélodies plein la tête et des désirs encore en gestation pour la troisième édition.
Mitch « ZoSo » Duterck

lundi 22 août 2022

Album - Marina Rocks – Austin To Houston

Album - Marina RocksAustin To Houston
 
Two-Fisted Pixie.
 
michel 
 
Marina Jenkins naît à Austin lors d'un été caniculaire, à une époque où le réchauffement climatique ne défrayait pas encore les chroniques.
Comme les poupées Barbie, ce n'était pas son truc, sa génitrice lui offre une guitare et remplit la pharmacie familiale de boîtes de Hansaplast pour soigner les doigts de la petite.
Forcément Marina, qui s'est mis à composer des chansons, se lance dans le très masculin world of rock'n'roll, munie du fruit de son labeur créatif, elle monte un power trio mixant covers musclées et composition de sa plume.
 
Le public texan les apprécie, comme support-act le groupe  ouvre pour quelques gloires ricaines ou européennes: Boston,Styx, Aerosmith, Kansas, Deep Purple, e.a....
Le bon peuple veut une trace de ces prestations, Marina, devenue Marina Rocks, enregistre un album d'une douzaine de ses créations en mode unplugged, dont le morceau ' John Wayne' qui en 2006 s'est retrouvé au sommet des charts texans. 
 
Le net ignore l'existence de ce produit, par après, quelques albums paraissent et ceux-là sont disponibles: 'Believe in Love' ,'The Come Back Kid' , ' Onward'!
 
Tout récemment, the little blond chick à peine plus lourde qu'un caniche au régime ( dixit Steve Rangel), une fille  qui collectionne les awards, a pondu un nouvel opus,  'Austin to Houston'. 
 
Tracks;
Joy Ride
Cray Cray
Sleepy Hollow
Shine
Last Goodbye
Nothin'
Comeback Kid2
Sleepy Hollow (Revisited)
 
Line-up:
Marina Rocks – vocals,guitars and almost all other instruments
Grammy award-winning and Austin Music Hall of Fame inductee, Lloyd Maines – pedal steel (track 4)
Alex Rodriguez – bass (track 1)
Aden Bubeck – bass (track 2,4,5,7)
Pat Menske – drums (track 1,2,7) and production
Additional mastering was done by Nick Landis.
 
Sur la pochette, Marina, bras en l'air, tire ses cheveux en arrière, son top sans manches, muni d'une inscription débutant par JOE, mais trop courte pour faire allusion à un album de Frank Zappa, laisse apparaître des aisselles soigneusement épilées.
Elle fixe l'objectif d'un regard mi-moqueur, mi- tu la tires cette photo , tandis qu'une guitare pendouille sur son bas-ventre.
En arrière-plan:, tu discernes un capharnaüm savamment étudié: une échelle, des illustrations scintillantes et d'autres objets indistincts.
Son nom et le titre de l'oeuvre se lisent en bas du tableau.
 
La virée débute par ' Joy Ride' que tu n'associeras pas avec le thriller de John Dahl, par contre si le titre évoque pour toi le 'Graceland' de Paul Simon, dis-toi bien que tu n'es pas le seul dans le cas, même si
Marina n'est probablement pas passée par Johannesburg .
Le petit Paul avait beaucoup écouté Paulus Masina, on ignore si Miss Austin connaît ce monsieur, mais le ton est à l' allégresse, elle  dégouline à grands flots sur un rythme soutenu tandis que Miss Jenkins  adopte un  flow entre rap et pop à la Cyndi Lauper.
Après cette première plage aux saveurs Hugh Masekela, Marina, sans diamants, propose le foufou  ' Cray Cray' , un roots rocker  proche de l'univers Americana de Lucinda Williams.
Oubliées les intonations hip hop, la voix vire country  rock, tout comme l'accompagnement sonore.
La guitare nous la joue Mike Campbell, un Heartbreaker chez  Tom Petty, Aden Bubeck s'occupe des lignes de basse et Pat Manske du drumming.
La troisième plage, essentiellement acoustique,  porte encore un titre de film, ' Sleepy Hollow' ( Tim Burton) , que Marina interprète tout en retenue,  soutenue par  un bel effet écho , vocalisant quand il le faut pour apporter des touches gospel à ce titre  d'une sobriété  sereine.
Oui, ' Shine'  suggère aussi le monde du cinéma,  Scott Hicks s' est inspiré de la vie du pianiste australien David Helfgott pour ce long-métrage de 1996.
Tout ce qui brille n'est pas or, mais le ' Shine' de Marina Rocks pétille comme le meilleur Chandon Californie.
Des effets de voix allant de l'enfantin aux inflexions plus matures ou moqueuses  et la pedal steel  de Lloyd Maines pour contrer les lignes de guitare de la madame, 'Shine' vaut son pesant d'or!
Si Robert Altman a réalisé The Long Goodbye d'après  Raymond Chandler, en 2004, Jacob Gentry a filmé ' Last Goodbye', décidément Marina tient à nous emmener à Hollywood, son' Last Goodbye' sonne comme une romance country caractéristique, avec une voix bourrée de trémolos et un solo de guitare que n'aurait pas renié Albert Lee.
Elle enchaîne sur une cover, ' Nothin'' de Townes Van Zandt, une chanson déjà reprise par Lucinda Williams, Eric Taylor ou Calvin Russell, e . a.. Elle  habille, le titre, poignant,  d'un costume dépouillé, à ses lignes de guitares finement ciselées, elle ajoute un chant bouleversant, transformant le morceau en pièce maîtresse de l'album. 
 ‘The Comeback Kid’ était le titre d'un album enregistré en 2013, en 2022, elle propose 'Comeback Kid2' , un morceau springsteenien joué en mode  laidback, avec des parties vocales narratives et some handclaps pour soutenir les percussions.
Pour conclure l'album, Marina propose  une relecture de Sleepy Hollow (revisited, si tu préfères) en mode instrumental.
Elle prouve une nouvelle fois avec  ce Delta blues en picking que sa maman peut se féliciter de lui avoir offert une guitare plutôt qu'une maison de poupée.
 
Au Texas, Marina a un copain se nommant Rex, il n'est pas chien et commente ...  Marina is already a star waiting for the sunset...!
 
Tu vas scruter le ciel cette nuit pour admirer cette étoile!


 

mercredi 17 août 2022

Fête des Vieux Gréements à Paimpol - Sillages, Scène Michel Tonnerre, le 14 août 2022

Fête des Vieux Gréements à Paimpol - Sillages, Scène Michel Tonnerre, le 14 août 2022
 
michel
 
Il te faut fendre la foule, éviter les coups d'épée de pirates de pacotille, humer les exhalaisons des galettes-saucisse, frites et autres mangeailles bien grasses, ne pas écraser le bichon maltais ou le Russkiy Toy tenu en laisse par une mamie corpulente, pour atteindre la scène Michel Tonnerre où doivent se produire deux connaissances: Eric Hauchard et Yann Malau qui, pour interpréter Michel Tonnerre, ont pris comme étiquette commerciale: Sillages.
 
Tu as apprécié leurs albums respectifs, tu ne pouvais manquer leur concert paimpolais.
 
Pas besoin de te bazarder une longue biographie, tu sais que la guitare d'Eric ( oui, il aime Clapton) a accompagné feu Michel Tonnerre pendant de longues années et que Yann, son complice, s'épanche sur les scènes hexagonales depuis plus de trente ans.
 
Le duo, flanqué d'Olivier Rech, t'avait épaté en 2018 lors du même festival, en cette fin d'après-midi leur répertoire sera uniquement constitué de titres chantés par le barde de Lorient.
 
Parenthèse, ils ont sélectionné des chansons moins connues du grand public, excellente initiative!
Autre détail, relevé par Yann, le corsaire, Eric boit de l'eau ( pas de vie)!
Après un soundcheck consciencieux, le duo débute la lecture du catalogue tonnerre de Lorient par le blues  'Le Havre' , on ne sait pas si sur les docks ils ont croisé Roberto Piazza, par contre dans le quartier chaud il y a des filles qui demandent quarante ronds et te proposent un petit carton.
C'était avant l'inflation!
D'une voix aussi burinée que son faciès, Yann débite son psaume païen, tandis qu'Eric place un petit solo aussi fluide qu' une eau de source de haute montagne.
Après ce trip guitares en arpèges et gymnastique au lit,  le duo propose ' C'est ma vie'.
Non, Nadine, pas la rengaine d'Adamo, mais le déballage, désabusé, d'un joueur de poker, client assidu de tous les bordels de la terre.
Dans le même style, Paul Personne ou Patrick Verbeke ( paix à son âme) ne se débrouillent pas mal non plus!
Avant le France, le ' Sovereign of the Seas' était le plus grand paquebot fabriqué dans l' hexagone. 
Michel Tonnerre ne le sait pas, mais il a été démantelé en 2020.
Place au chant de marin, ' Sataniclès' , les oiseaux de tempêtes, annonceurs de bourrasques et de tourmentes en tous genres.
Tu croyais bêtement qu'ils chantaient Edith, c'était ni Piaf, ni Cresson , il s'agissait de l'île ' Hoëdic' où le globe-trotter breton aimait musarder  ou se remettre, après quelque soirée arrosée.
La voix éreintée d'Eric accompagne le chant rocailleux de son compère, là-haut, Michel leur a fait un clin d'oeil en se servant une sérieuse rasade de rhum.
Tu t'es mis à fredonner dans leur sillage...Hoedic, Hoedic chaque fois que je coule à pic, tu me ramènes dans ton chalut, Hoedic putain de planche de salut.... en oubliant la promesse faite à ta femme d'arrêter la picole!
La suivante, la ballade jouée en arpèges et solo, ' Oublié' se trouve sur 'Ar Mor', le dernier album de Michel Tonnerre.
Fallait que pendant le titre, le plus calme et profond du set, des joyeux viennent larguer leurs poubelles bourrées de vidanges dans le container sis à 10 mètres du podium.
Ce vacarme déplorable n'a pas empêché Eric de placer une intervention ciselée aussi belle que les plus belles phrases de Peter Green.
Yann a sorti un harmonica de sa poche pour attaquer 'L'oiseau noir'.
Non, Barbara, ce n'était pas un aigle.
Atmosphère épique pour ce blues marin sombre.
'Connaissance de gosse' est co-signé Michel Tonnerre/Eric Hauchard, et s'il fallait tirer un parallèle avec un autre aventurier, on citera Bernard Lavilliers, lui-aussi connaît les favelas! 
Tandis que pas mal de marins de la côte Atlantique chantent les filles de La Rochelle, à la cuisse légère, Michel Tonnerre préfère ' Les Filles de New-York City', il les fait tourner en mode folk/cajun à la manière  d'Arlo Guthrie.
Yann, tu te goures, Paimpol ce n'est pas dans le Léon , la  ' Fleur de Lampaul' tu la trouves à Lampaul-Guimiliau,  un bled situé sur la route des Enclos Paroissiaux dans le nord Finistère.
Après ce nouveau blues/bluegrass  joué sur un tempo nonchalant,  les comparses proposent le nostalgique et tendre  ' La Rochelle' , un morceau que l'albatros  avait composé en hommage à son grand-père, mousse à 13 ans.
'Sanguinaires':  après avoir séché une ou deux larmes, on retourne boire un coup en se faisant draguer par des filles, tu sais de celles que Jacques Brel a  côtoyées à Amsterdam, elles ne sont pas farouches, si tu leur payes un verre. Elles te laisseront tomber lorsque tu auras dépensé ton  dernier écu.
Un signe de la table, plus qu'une!
Elle tient particulièrement  à coeur  au brave Eric.  'Maureen' , la belle et rousse ( forcément) Irlandaise, si bien décrite par son pote Michel, a été mise en musique par ses soins.
Aucune trace de trahison  dans le chant de Yann et de  dernières lignes de guitare finement sculptées mettent un terme à ce tour de chant, mariant authenticité, intégrité, tact,   mais aussi passion et fidélité.
 
C'est grâce à des artistes tels qu' Eric Hauchard et Yann Malau que l'héritage de Michel Tonnerre ne tombera jamais  dans l'oubli.
Merci, Messieurs!