mercredi 24 août 2022

Golden Age Rock Festival 2022 ( Jour 2) - Palais des congrès de Liège - le 20 août 2022

Golden Age Rock Festival 2022 ( Jour 2) - Palais des congrès de Liège - le 20 août 2022

 

 Mitch ZoSo Duterck

Golden Age Of Rock Festival - Palais des Congrès - Liège (BEL) – Jour 2 - 2022.08.20
 
Après une année Covid qui a tout mis en pause, nous voici enfin prêts à accueillir cette deuxième édition d'un festival qui s'étend une nouvelle fois sur une période de trois jours. En consultant le programme, force nous est de constater qu’une fois encore, tout a été fait pour que chacun y trouve son compte avec un panel de groupes qui ont fait partie de l'histoire du Rock et qui continuent à l'écrire au quotidien. Cette année, l'évènement a quitté la Caserne Fonck pour le Palais des Congrès et c'est très bien ainsi. Cadre très agréable et verdoyant, food-trucks et petit marché rock qui propose aux collectionneurs avides bon nombre de tentations auxquelles mon regard aiguisé en conclut qu’il est très difficile de résister. Soulignons aussi une belle organisation de bénévoles qui font tout ce qu’ils peuvent pour vous aider et avec le sourire.
C'est en compagnie de mon ami Fabian que nous cheminons par la célèbre Route du Condroz pour rejoindre la cité des Princes-Evêques qui essaime depuis les rives de notre belle Meuse au cours séculaire. Grâce à son système de navigation embarqué dernier cri, notre puissante et solide berline de fabrication allemande nous amène à destination sans encombre, ce qui n'est pas un mince exploit quand on connaît les pièges qui grèvent au quotidien le trafic sur les artères de la cité Mosane. Nous prenons le festival comme certains prennent le train: en marche, l'important n'étant pas de faire croire aux autres voyageurs que tu y seras, mais plutôt d'aider les retardataires à monter. Nous entrons donc au moment ou le chanteur du groupe français Ocean, précurseur en matière de rock au sein de l’hexagone et bien moins grosse tête que ses confrères de Variations, remercie avec force cris haut-perchés le public belge pour son accueil. Le temps pour nous de répondre à quelques sollicitations et autres civilités et nous gravissons les marches qui nous mènent au ciel. Un soda plus tard, nous sommes fins prêts pour le groupe...
HEAVY METAL KIDS:
Fondé à Londres en 1972 sur les cendres de deux groupes Heaven et Biggles, le groupe tire son nom d'un gang de gosses de rue qui apparaît dans le récit "Nova Express" écrit par l'auteur américain William S. Burroughs. Le "S" de son deuxième prénom c'est pour Seward. J'ajouterai encore que ce natif de St.Louis (Missouri) a fait partie de la Beat Generation au côtés des deux ténors Allen Ginsberg et Jack Kerouac. Voilà, comme ça tu ne pourras pas dire que tu n'as rien appris.
Du groupe d'origine, il ne reste plus aujourd'hui que le batteur Keith Boyce et le guitariste Cosimo "Cosmo" Verrico. Les autres musiciens composant la formation sont PJ Phillips, le chanteur Simon Gordon et le claviériste Andy Fuller. Le groupe s'inscrit d'entrée dans la vague Hard-Rock avec un soupçon de Glam-Rock parfois très marqué, dans la foulée de T-Rex. Le band enregistre trois albums dans ce qui constitue sa période de gloire comprise entre 1973 et 1976. C'est tout d'abord l'album éponyme "Heavy Metal Kids" en 1974, suivi de "Anvil Chorus" en 1975 et enfin "Kitsch" en 1976. Leur Rock couillu ne les sauvera pas de la brève déferlante punk et après bien des revers, HMK n'enregistrera plus que 4 albums dont un "Best Of" ainsi que deux DVD.
Le concert qu'ils nous ont offert en cette fin d'après-midi semble parfaitement refléter ce qu'ils devaient être à l'époque, un groupe de rock de plus qui se débattait à la recherche de reconnaissance dans la jungle de l'industrie musicale. Rien de bien neuf mais un réel plaisir de jouer communicatif qui nous a fait passer un très bon moment.
Le public liégeois n’a pas répondu assez nombreux à l’invitation qui lui a été lancée alors que certains spectateurs n’ont pas hésité à traverser l’Europe pour être de la fête. C’est du moins la critique la plus fréquente portée par leurs pairs à l’égard des « locaux ». Où sont-ils donc tous passés ceux qui viennent régulièrement au ’66 à Verviers en donnant l’impression d’avoir tout vu depuis Woodstock ? La balle est dans votre camp les gars mais je crois que c’est symptomatique des grandes cités wallonnes, on râle quand rien de culturel ne se passe mais dès qu’une manifestation digne de ce nom montre le bout du nez, tout le monde a soudain quelque chose de prévu depuis longtemps, on fait la fine bouche et on disparaît comme par enchantement. Faudrait savoir que diable ! Refermons la parenthèse car voici…
STRAY:
Formé à Londres en 1966, le quatuor dont le hard-rock est teinté de blues et de prog se compose de Del Bromham (guitare et chant), Steve Gadd (guitare et chant), Gary Giles (bass guitar) et Steve Crutchley (batterie). Stray décroche un contrat avec le label Transatlantic Records et sort son premier album "Stray" en 1970. Le groupe flirtera avec le succès tout au long des années '70 et commercialisera neuf albums supplémentaires. En 1977, la situation financière très précaire de Stray précipitera le groupe sur les chemins du split peu après la sortie de l'ambitieux "Houdini" paru en 1976. Considéré pourtant comme un groupe majeur, notamment par les jeunes de la New Wave Of British Heavy Metal, Iron Maiden ira jusqu'à enregistrer une reprise de "All In Your Mind" extraite du premier album du groupe. Cette version est disponible sur la version reissue de l'album "No Prayer For The Dying" parue en 1995.
Quand on se replonge dans la discographie de Stray, on a parfois du mal à comprendre comment ce groupe n'a pas, comme ses frères d'armes de Thin Lizzy, UFO ou encore de Uriah Heep, eu la chance de percer aux Etats-Unis. Il aurait suffit de quelques secondes pour qu'un chasseur de talents détecte le potentiel énorme de ce groupe qui a toujours dû se contenter d'un succès d'estime sur le plan international alors qu'il cartonnait en Angleterre.
Je ne savais pas trop à quoi m'attendre de la bande à Del Bromham mais il ne m'a fallu que quelques secondes pour être fixé. Maman, quelle claque! Stray est à coup sûr en seconde position sur mon podium du jour. Tout est intact, le jeu, la patate, l'envie et le sourire qui éclaire leurs visages rayonnants du bonheur d’être encore là. Pour ceux qui les ont connus à l'époque, il suffisait de fermer les yeux pour faire un bond de cinquante en arrière dans le temps . "All In Your Mind", un titre carrément dans la veine de Hawkwind, reste un très grand moment du concert tout comme "After The Storm" extrait de leur album "Saturday Morning Pictures" paru en 1971. Sans avoir en ses rangs un grand chanteur aux commandes, Stray était peut-être trop typé, trop "British" pour pouvoir s'exporter outre-Atlantique où il ne pouvait de toutes façons y avoir qu’un seul Grand Funk Railroad et c'est bien dommage. Mais heureusement pour nous ils sont toujours bien là. A reprogrammer et à revoir en tout cas!
01.Pretty Things.
02.Jericho.
03.Living The Dream.
04.Black Sun.
05.I Believe It.
06.After The Storm.
07.Houdini.
08.All In Your Mind.
Petite pause alimentaire au cours de laquelle nous succombons à la traditionnelle portion de frites que je préfère agrémenter d’un hamburger, histoire d’éviter une mauvaise surprise en cours de soirée, « une mauvaise faim et c’est la fin » comme on dit chez nous. Nous voilà fin prêts pour un des artistes qui pourrait être lui-aussi une très bonne surprise et en tout cas une découverte scénique en ce qui me concerne. Ladies and Gentlemen, would you please welcome, Mister…
RUSS BALLARD:
De son vrai nom Russel Glyn Ballard, l’homme est né à Waltham Cross dans le Hertfordshire, Angleterre, le 31 octobre 1945. Tout d’abord recruté pour le poste de chanteur au sein du groupe Argent, l’homme trouvera très vite sa véritable voie en tant que compositeur et parolier dès le début des années ’70. Des tas de gens célèbres feront appel à lui lorsqu’ils auront besoin d’un véritable hit capable de les propulser dans les charts. A ce jour, son plus gros succès en qualité de compositeur reste le fameux « Since You Been Gone » qu’il écrit pour le groupe Rainbow de Ritchie Blackmore et que l’on retrouve sur « Down to Earth », le cinquième album du groupe qui paraît le 28.07.1979. En 1974, l’homme choisit de quitter les lumières de la scène pour passer du côté moins rutilant du show business, ce qui ne l’empêchera pas d’engranger les succès et une grande quantité des chansons, qu’il écrira pour lui permettre de poursuivre une carrière solo discrète, seront reprises par autant d’artistes de tous bords. Russ ne sortira que 10 albums solo entre 1974 et 2015 et, à moins d’être un fan, je connais peu de gens capable d’en citer un de mémoire.
Alors ce concert que tant de monde attendait ? Eh bien au niveau surprise, en ce qui me concerne, j’ai été déçu car la montagne a accouché d’une souris. On sent que la machine ne tourne pas rond du tout, ça manque de répétition et au niveau justesse, nous avons eu droit à quelques « pains » bien rassis de la part des musiciens, ce qui est tout de même inadmissible de la part d’un artiste jouissant d’un pareil statut. Notre star de l’écriture y va même de son discours humanitaire qui tire vraiment en longueur, du genre « on est tous pareils peu importe notre couleur de peau, il faut sauver la planète, respecter les droits de l’homme, etc) et ça devient carrément barbant. Même s’il énonce des vérités et enfonce des portes ouvertes, je suis venu pour assister à un concert, pas à un meeting politique du P.S. le 1er mai ! Certains morceaux retiennent un peu l’attention sans qu’aucun ne décolle vraiment, même « Since You Been Gone » me fait l’effet d’une démo en cours de travail. Et puis c’est carrément l ’hôpital qui se fout de la charité, lorsqu’un spectateur lui demande de jouer un titre précis, voilà notre star qui répond, non sans humour : « Je n’ai pas trop le temps car vu la place que j’occupe sur l’affiche, je n’ai droit qu’à une heure de concert ! » Je ne crierai pas tout haut ce que beaucoup pensent tout bas. En tout cas, la prochaine fois, j’irai faire plutôt faire une « Ballard » d’une heure dans la steppe « Russ ».
01.Rene Didn't Do It.
02.Dream On. (King Kobra)
03.Into The Night. (Frehley's Comet)
04.Hold Your Head Up. (Argent)
05.New York Groove. (Hello, Ace Frehley, Sweet)
06.Liar. (Argent, Three Dog Night, Graham Bonnet, Blackfoot)
07.Voices. (Ken Kamon)
08.A Woman Like You.
09.Since You Been Gone. (Rainbow, Cherie & Marie Curie, Clout, Head East, Alcatrazz, Impelliteri, Brian May, Crash Kelly)
10.I Can't Hear You No More.
11.God Gave Rock And Roll To You. (Kiss, Argent, Petra)
Tiens, tout à coup, on dirait qu’il y a un plus de monde, c’est plus compact en tout cas, tant mieux pour l’ambiance. Me voilà tout à coup avec une énorme poussée d’adrénaline car je vais enfin revoir le groupe de madame Joyce Kennedy en live. Et croyez-moi sur parole, c’est quelque chose. And I do really hope that they will give us their…
MOTHER'S FINEST:
Formé à Atlanta (Géorgie) en 1970 par le duo vocal composé de Joyce « Baby Jean » Kennedy et de son mari Glenn « Doc » Murdock, le groupe s’adjoint les talents du guitariste Gary « Moses Mo » Moore qui a la particularité d’être le seul musicien blanc de ce groupe précurseur du genre qui allie à la fois le Hard Rock, le Funk et le Métal. Tous trois font encore partie du line-up actuel dans lequel on retrouve à la batterie Dion Derek Murdock, le fils de Joyce et de Glenn vous l’aurez deviné, j’en suis certain. Je ne sais pas si vous réalisez bien à quoi vous alliez vous heurter en étant des musiciens black qui veulent créer un groupe à forte coloration Hard Rock, un genre encore exclusivement l’apanage des blancs et de plus, dans un état du Sud encore très attaché à ses traditions et à un mode de vie pas encore si ancien que ça. Il fallait être un peu fou et pourtant ils l’ont fait, avec le succès que l’on connaît. « Mother’s Finest » leur 1er album sort en 1972 attire immédiatement l’attention des rockers, mais c’est principalement, « Another Mother Further » (j’espère que vous saisissez l’ambiguïté du titre) qui va placer une véritable mine avec le célèbre « Mickey’s Monkey » toujours au répertoire depuis sa sortie en 1977. C’est un hommage à peine déguisé à « Custard Pie » de Led Zeppelin, version Funk-Hard. Comme tous les groupes, Mother’s Finest va connaître des fortunes diverses mais après une quinzaine d’albums en 52 ans d’existence, et ils sont toujours bien là, redoutables comme un tigre en chasse. Pendant une heure quinze, nous avons participé à une folie musicale qui ne nous a jamais laissé reprendre notre souffle. J’ai eu la conviction que les 13 morceaux de la set-list ne faisaient en réalité qu’un seul monstre qui nous emportait comme des fétus de paille au vent des accents funk-metal dirigés de main de maitre par une Joyce Kennedy survoltée. Quant à l’ambiance, c’était du délire. Du jamais vu ! C’était absolument parfait. Mon numéro un sur le podium du Festival. Fabian me disait « hier je ne me serais pas déplacé pour les voir, en revanche, on me dirait qu’ils jouent à 500 bornes demain que j’irais ! » ça résume tout. P.S : tu ne m’oublies pas pour partir hein !?
01.Funk A While.
02.Truth'll Set You Free.
03.Can't Fight The Feeling.
04.Somebody To Love. (The Great Society cover)
05.Don't Wanna Come Back.
06.Mickey's Monkey. (The Miracles cover)
07.Gone With Th' Rain.
08.Give It Up.
09.Drum Solo.
10.Baby Love.
11.Piece Of The Rock.
12.My Badd.
13.Fight The Power (The Isley Brothers cover)
Nous voici déjà arrivés en fin de cette deuxième journée d’excellente facture, la qualité est au rendez-vous, bravo pour cette programmation très éclectique tournant autour de différentes façons de décliner le Rock. On ne peut que remercier de tout cœur celui qui a eu le génie et l’altruisme de mettre tout ça sur pied. Il a su nous proposer des groupes de qualité que nous n’aurions probablement plus jamais eu l’opportunité de voir sur scène.
On termine donc dans le haut de Gamme avec les new-yorkais de Angel. Ceux qu’on voulait à l’époque opposer à Kiss dans ce jeu stupide de rivalité sociale comme on l’avait déjà fait auparavant avec les Beatles et les Stones. Un procédé mercantile bien entretenu par une certaine presse people qui en récoltait les dividendes juteux générés par le sensationnel aux dépends du qualitatif. Les deux groupes étaient signés sur le label Casablanca Records. On Earth Like It is in Heaven :
ANGEL:
Formé dans la première partie des ‘70s à Washington D.C. par son guitariste emblématique Punky Meadows, le groupe se composait également du chanteur Frank DiMino, du bassiste Mickie Jones, Greg Giuffria occupait le poste de claviériste tandis que Barry Brandt se produisait à la batterie. Seuls Punky et Frank font encore partie de l’aventure aujourd'hui. Tout comme Kiss, Angel a toujours apporté un soin particulier à son look, jouant à fond la carte de l’hyperandrogénisme. Tenues de satin blanc immaculé, maquillage, vernis, coiffures, tout était calculé, soigneusement étudié et codifié. Le groupe sortira cinq albums entre 1975 et 1979. Leur titre phare reste encore et toujours le magnifique « Tower » qui ouvre le premier album « Angel » paru en 1975. Malgré tout le soin apporté tant à leur musique qu’au décorum et à la qualité de leurs shows, Angel ne connaîtra jamais le succès commercial de masse mais le groupe s’est constitué un fameux suivi en tant que groupe culte. L’album « Live Witout A Net » sorti en 1980 sonnera le glas pour le groupe qui reviendra vraiment en force en 2019 avec le très bon album « Risen ». Avec à la batterie, mon pote Billy Orrico (thanks for the drumsticks buddy). Le groupe avait tellement fait forte impression lors de leur participation à la première édition du festival que l’organisation n’a pas hésité à leur proposer de revenir mais en tête d’affiche cette fois. Une toute bonne prestation, très pro mais moins surprenante et dynamique que l’intouchable Mother’s Finest. La setlist se présentait en forme de « Best Of » mais le public était moins réactif et la fatigue de la journée ont sans doute fait perdre quelques plumes à l’Ange.
01.On The Rocks.
02.Can You Feel It.
03.Mirrors.
04.Wild And Hot.
05.Cast The First Stone.
06.The Fortune.
07.We Were The Wild.
08.Don't Leave Me Lonely.
09.Got Love If You Want It.
10.Feelin' Right.
11.Rock And Rollers.
12.The Tower.
Le temps de repasser en VIP boire deux ou trois softs dont un en compagnie de Del Bromham de Stray qui carbure au triple Jack Daniel’s et nous reprenons la route du retour, des mélodies plein la tête et des désirs encore en gestation pour la troisième édition.
Mitch « ZoSo » Duterck