samedi 4 septembre 2021

Ecran Total – Schaerbeek Love EP

 Ecran TotalSchaerbeek Love EP

 (Idol / L’Autre Distribution)

NoPo

 

 Schaerbeek? Un quartier de Bruxelles où Margaux et Camille créent ces 6 titres en 6 jours (aussi bien que Dieu finalement, 6 c'est vrai!), fin 2019, aussitôt après leur rencontre à Lyon.
Ils n'en ont pas mangé, le couple fait plutôt le lézard au soleil.
Ecran Total? Celui de nos périphériques envahissants!
Situées entre un univers world et jazz chez Camille (contrebassiste) et des aspirations pop et artistiques chez Margaux (arts plastiques et création contemporaine à la Sorbonne/Beaux Arts à Bruxelles), leurs compositions electro sensibles flottent dans une ambiance alanguie.

Pas beaucoup plus d'effort (un gros mot pour le couple?) visuel sur la pochette...
Un ciel nuageux et crépusculaire teinté de rose recouvre majoritairement la couverture.
On lit 'Schaerbeek Love' et 'ECRAN TOTAL' mais ce n'est pas tout à fait vrai, on distingue les silhouettes de quelques arbres, en contre-jour.
Une photo prise dans le jardin sans doute... plus loin c'est trop loin... Plus loin, on comprendra leur orientation artistique énigmatique.

1-Schaerbeek Love
2-Rayon vert
3-Ecran total
4-Tu allais venir
5-La snooze
6-Finie la fête

Les réseaux sociaux récitent :
"Le clip Schaerbeek Love est la rencontre entre le ciel et l'onde, l'horizon se brouille et les figures jouent une danse, un saut, l'histoire d'un amour, à Schaerbeek."
Un rythme cotonneux, un synthé diaphane, puis un flot de respiration juste un peu plus épais.
Sous sa discrétion,  la chanson possède une vraie présence, un charme naturel. La petite voix s'exprime du bout des lèvres juste soutenue par un clavier heureux et une boite à rythme paresseuse.
La chanson d'amour, pourtant pleine d'interrogations, coule dans une douceur désarmante... qu'on souhaiterait à tous les histoires d'amour (sans qu'elles finissent mal... en général).

Une trompette souffle en trompe l'oeil. 'Rayon vert'? Pas de laser, pas plus de roue de vélo, juste un regg' extraterrestre ('ET' pour les intimes convient à Ecran Total) au ralenti.
Il faut parfois tendre l'oreille qui, se trouve alors happée par une atmosphère envoûtante. Le vert sent le bio et n'est pas à moitié plein (encore moins à moitié vide).
Paru sur la compilation « Popklore » en mai 2020, FIP et Nova portent ensuite le titre sur les ondes (sensuelles évidemment).
"Le clip fond dans des paysages urbains enflammés par le couché, des scènes intimes un homme, dans sa baignoire" explique Margaux.

Le morceau 'Ecran Total' ose à peine une accélération... sans dépasser la cadence conseillée par J L Murat (la fréquence du coeur au repos).
Pour l'accident cardiaque, on repassera. Allons y tranquillement sous un soleil agréable mais attention! L'écran total ne protège pas... des lumières bleues.
Pas d'amour à la plage, on se connecte sur un écran en réseau. La musique baigne dans un halo harmonieux à l'opposé du texte faussement anodin.

'Tu allais venir' fait la sainte-nitouche, les mots rechignent presque à sortir de la bouche de Margaux au point qu'ils se transforment en vocalises miaulantes et chatoyantes.
La musique n'ose pas prendre le dessus. Cette valse hésitation va et vient timidement au fond d'un lac. Il faut que les voix se multiplient pour enfin donner du volume dans l'onde.

Arrivent les premiers mots du titre suivant : 'Et tout doucement...' . Comment peut-il en être autrement avec Ecran Total?
'La snoose'? Ni une drogue ni un mot argot, cherchez plutôt son utilité sur votre réveil matin ('La'? Le mot est-il vraiment féminin? En tous cas, son usage n'a pas de sexe).
Les paroles font l'apologie du farniente et du réveil maintes fois repoussé au profit du rêve.
La cadence orientale suit celle d'un chameau à travers le désert. Lent, régulier, sûr de lui, il peut tout traverser même le traversin, un boss!

'Finie la fête' n'est pas une reprise d'Orelsan jouée à l'envers ni un hommage à J P Bacri.
"Le clip télescope des sites à l’architecture imposante, à l’échelle de récits individuels quotidiens, collectifs. L’écran en est l’interface." exprime Margaux.
Ici on palpe un peu plus le pouls. L'ambiance joyeuse sautille sur une simili samba dans un rythme syncopé marqué par un claquement alterné à un son de grosse caisse.
Le parler sonne jeune et naturel comme une conversation.  En fond, un souffle s'essaie à l'humeur d'un mariachi fatigué...
Et oui, la fête est finie, l'addiction technologique suggérée enfile la tête dans le sac!


Derrière cette nonchalance, E.T possède une fraîcheur attachante et une réflexion pertinente.
A la 1ère écoute, j'ai été interpelé et accroché par ce déroulé poétique et reposant.
N'est-ce pas finalement l'effet naturel d'une démarche arty? On aime/On n'aime pas... pas de règle, j'aime!

Margaux Isaac
Camille Wozniak
Musiciens Live
Fanny à la basse,
Isabelle aux claviers
Samuel à la batterie.