mercredi 22 septembre 2021

Album - Joy Spring - Clément Abraham Quintet

 Album - Joy Spring - Clément Abraham Quintet

 

Accompagnement artistique: Les Plages magnétiques.

 

( michel) 

 

Un peu plus de deux ans après la parution de 'The Outsider', Clément Abraham présente un nouvel album, 'Joy Spring', cette fois -ci, le batteur, non il n'est pas né en Mésopotamie, ses origines sont du côté de Concarneau, a opté pour la formule à cinq, c'est mieux quand tu joues au poker.

Déjà cinq albums à son palmarès, donc!

Depuis quelques mois, l'équipe constituant le quartet   Nicolas Péoc’h : Saxophone alto/ Charles Bordais : Piano/Simon Le Doaré : Contrebasse et Clément Abraham : Batterie, composition, se produit en incluant un trombone dans lequel souffle un certain Johan Blanc, un copain de Nicolas ( ils font partie de The Khu, un groupe adepte de jazz mystique), qui s'amuse encore au sein de quelques formations: Blick Bassy, Magic Malik, Cycles, Omega ou 11h11 orchestra.

Tout naturellement le fruit de leurs jams aboutit à la naissance de l'album ' Joy Spring' dont la sortie officielle est prévue pour la mi-octobre.

Une cigogne complaisante est venue déposer le bébé, avant-terme, dans un nid installé sur le clocher de l'église du village, au petit noeud, rose,  pendait un bristol mentionnant, pour Michel.

Un enfant de choeur, fraîchement confessé, est venu glisser le paquet chez toi.

Pochette blanche sobre, le titre en rouge printanier et le nom du groupe en noir, annoncent  un dessin stylisé, signé Clément Abraham, représentant cinq cymbales ou cinq  assiettes chinoises pour jongleur confirmé, tu hésites! 

Neuf titres!

Mix / Cybernetic/Cycle/New Translation/Peace Motion/Old School/Omen/The Third/ Ribs Party, portant tous la griffe C.Abraham sauf 'Peace Motion' signé C.Bordais. 

'Mix', d'emblée le trombone de Johan Blanc a l'occasion de se mettre en évidence, aucune démarche fanfaronne toutefois, la dream team joue à fond la carte be bop à la manière du Ornette Coleman Quartet, sans Don Cherry mais avec  un trombone qui doit faire oublier le cornet et, pour la circonstance,  Paul Bley au piano.

Les adeptes de polyrythmie et de groove  ne seront pas déçus, le quintette affiche une cohésion exemplaire et ne t'étonne pas si, en fermant les yeux, tu te mets à rêver de Max Roach, Charlie Parker, Bennie Green ou de Bud Powell.

Tiens, savais-tu que Clifford Brown et Max Roach ont gravé un titre baptisé ' Joy Spring' en 1954?

 On referme la parenthèse pour écouter 'Cybernetic', du jazz analytique qui, pendant sept minutes, te balade sur une note bleue fusionnant broderie fine, envolées onctueuses et décor Take Five.

Du jazz rayonnant, à l'approche de l'automne, c'est bon à prendre!

'New Translation' car Bill Murray se sentait paumé, cette ballade sensuelle aurait pourtant dû lui permettre de draguer Scarlett Johansson sans passer pour un ahuri.

Le concept est maintenant clair, on tapisse un fond harmonieux, tour à tour, les protagonistes se payent une échappée solitaire émancipée sans annihiler la cohérence, limpidité et paix intérieure restent  les mots d'ordre à respecter!

'Peace Motion' healing music pour inadaptés au siècle. Certains, pour apaiser l'esprit, prônent la harpe comme musique de relaxation , d'autres deviennent fous en entendant les Mystic Spirit Voices, on préfère de loin détendre les méninges en écoutant ce 'Peace Motion' qui, s'il ne décompresse pas les nerfs à 100 %,  a le mérite de te transporter dans un univers vivant.

Trois fois t'as poussé sur replay pour essayer de relier le gimmick d'intro à un standard be bop, c'était pas Miles Davis, ni Clifford Brown, tu t'es servi un Bourbon, cela n'a servi à rien, tu t'es juré de ne plus jamais participé à un blind test!

Sans tenir compte de ta confusion, la troupe a poursuivi son propos avec 'Old School' qui s'oppose à une forme de techno jazz, idéale pour les rave parties, mais déconseillée aux puristes.

Piano et cuivres entament un dialogue galant tandis que la rythmique brosse une toile de fond feutrée, permettant aux solistes de laisser libre cours à leur imagination et de vagabonder au gré de leur fantaisie.

Pas d'extravagances, d'insultes, de calomnies, tu n'es pas sur un plateau où s'affrontent des Mélenchon, Rousseau ou autres Zemmour et Piolle, le discours s'avère,  certes, dynamique mais  toujours stylé.

T'as bien lu, 'Omen' et pas Amen, du coup tu attendais un soundtrack pour horror movie, mais non, une nouvelle fois, le club des 5 dessine un jazz ample, chaleureux, au jeu clair et soigné.

Le trombone tire les ficelles, les copains tissent de sinueuses arabesques ( pléonasme), ton esprit divague, imagine voir une toile de Jackson Pollock avec des entrelacs de peinture, des  lignes et formes en mouvement comme dansant sur un rythme tourbillonnant.

T'avais pas fini de contempler le tableau qu'ils ont envoyé 'The Third' , tu t'es mis à compter sur les doigts, eh, les petits gars, c'est the eighth....

Passons, cette ballade, menée sur fond de sax velouté, te donne envie de grimper dans un wagon du Blue Train de Coltrane pour aller contempler les étoiles dans un désert californien.

Un smog à couper à l'opinel t'a empêché d'admirer l'amas des Pléiades, t'as rangé le télescope pour te plonger sur l'écoute de l'ultime pièce de la collection, 'Ribs Party', la première sur laquelle Clément Abraham se laisse aller pour placer un solo pas obscur.

Par contre il reste à élucider le choix du titre, ' Ribs Party' car ta compagne, devenue vegan, se refuse à écouter du jazz carné, pour la calmer, tu as proposé d'envoyer un mot à Clément pour qu'il transforme le titre en Fruit and Veggie Party !


Bel album que ce  printanierJoy Spring alors qu'une brume automnale ouate le paysage breton.


Le 17 octobre le Quintet sera à Brest, au Cabaret Vauban, pour la release party de l'opus.