jeudi 14 mars 2019

The Braves au Chaland qui Passe, Binic, le 13 mars 2019

The Braves au Chaland qui Passe, Binic, le 13 mars 2019

Le groupe  australien The Braves  se paye une tournée franco-hispanique pendant le mois de mars, en ce venteux mercredi, leur van fait escale à Binic, au Chaland Qui Passe.
Beast Records, leur label français, développe des liens étroits avec le petit port breton et son Binic Folk Blues festival organisé par la Nef D Fous.

Le Chaland Qui Passe, au départ 'L'Atalante', a été tourné par Jean Vigo et est sorti en salle en 1934, ta grand-mère se souvient encore de Michel Simon en ineffable père Jules, l'affiche du long-métrage brille au mur du bistrot, qui doit faire 3 mètres sur trois, comptoir inclus.
Ce troquet est à peine plus spacieux que la cage de Louie, ton canari albinos, il faut arriver à l'heure pour se coller aux musiciens.
21:15', appel des troupes, flûte, le batteur manque à l'appel, il draguait une nénette sur la terrasse.
Cinq minutes plus tard, après un passage au bar pour se ravitailler en Coreff, il a pris place, le trio The Braves peut entamer sa performance!
Le dandy Ethan Lerversha (batterie), le marin Jesse Bolte (basse) et l'oeil de lynx fatigué, carburant à la gnôle,  Kelly Watson (guitare),  ont sorti trois albums, leur dernier né ( Carry on the Con), distribué par Beast Records, a été béni par Robert Mitchum en 2018.
Les Aussies jouent à l'improvisation, sans playlist, et tu ne dois pas leur demander après le set ce qu'ils ont interprété, ils ne s'en souviennent plus, mais ils ajoutent que most of the songs come from the new album.
Tracklist de l'objet:  Hanging church/ Lifting of the veil/ Side by side/Big sleep/How the money rolls in/ People/Gilda/ Behind the red door/ The good son.
Tu espérais pouvoir compter sur ta fine audition pour capter les lyrics, peine perdue, les instruments rageurs couvraient les voix des deux chanteurs/compositeurs, Kelly et Jesse.  
Kelly, l'oeil absent: bonjour, euh bonsoir est plus approprié, we are The Braves from Melbourne,  c'est parti pour un premier brûle-gueule brutal et rugueux à souhait.
Le style de truc que les cracheurs de feu rêvent d'utiliser pour leurs fantasmes pyrotechniques.
La basse et la guitare alternent les parties vocales, Ethan, en souriant, maintient une cadence fulgurante, tous les amateurs de raw rock sont à la fête, ceux qui préfèrent le lisse ont quitté le rafiot.
One, two, three, four, ils embrayent sur un second dark punk/blues évoquant à la fois Jon Spencer, The Birthday Party, ou les Doors des débuts, Kelly nous gratifie d'une envolée métallique hispanique ayant fait fuir les crotales dissimilés sous les bancs.
Le downtempo  bien crade qui suit est décoré de hurlements de loups à l'agonie sur fond de fuzz chaotique, sans pause Jesse a embrayé sur un nouveau garage punk à faire pâlir Kim Salmon.
La suite demeure homérique, mixant envolées gothiques, attitudes glam, atmosphères Nick Cave, duels fratricides, Kelly quand il ne tend pas le manche de sa guitare sous tes narines, vient se frotter à Jesse qui le repousse sans ménagement, l'impétueux guitariste s'étale sur le drumkit, un gars dans l'assistance ramasse les morceaux, tandis que le trio achève la plage monstrueuse.
Après un titre issu de l'album All Through Paradise ( 'Hocust', sans doute) , Binic a droit au martial ' How the money rolls on' décoré de riffs métalliques nous rappelant au bon souvenir de Wall of Voodoo.
' Gilda' annonce la basse, avant d'entamer une ballade à laquelle il manquait  Kylie Minogue pour faire un tube cyclopéen.
Ces mecs ont acquis une patente pour produire un bastard sound féroce , ils nous balancent deux dernières décharges abrasives avant de questionner le tenancier du troquet: on continue ou on arrête ici?
A votre guise, semble dire le patron.
Vu, on range l'artillerie, on a soif et demain, Rouen nous attend!