lundi 30 janvier 2017

Dimitri Coppe - Et tout se tut - Und alles schwieg - au Propulse ( Pro) - Flagey- Ixelles - le 30 janvier 2017

Dimitri Coppe - « Et tout se tut - Und alles schwieg »  au Propulse ( Pro) - Flagey- Ixelles - le 30 janvier 2017

Propulse, la  vitrine des Arts de la Scène de Wallonie et de Bruxelles ( cinq jours, des spectacles à profusion dans différents complexes bruxellois)  débute ce lundi.
Dès 10h, dans la matinée, Flagey accueillait un premier groupe, tu te pointes face aux étangs d'Ixelles vers 14:40', ton premier rendez- vous est prévu à 15:30', le programme a subi un léger retard, il t'est loisible d'assister à la performance de Dimitri Coppe au Studio 2, elle est cataloguée musique contemporaine!

Dimitri Coppe n'est pas pharmacien, il détient un papelard sur lequel est inscrit licence en musicologie, il collectionne les lauriers et distinctions diverses, ce savant est considéré comme un maître de l'acousmatique.
Les candidats auditeurs sont invités à s'allonger sur un sol jonché de coussinets multicolores, celui qui explore les paradigmes de la musique  acousmatique nous prie de mettre nos portables en veilleuse afin de nous présenter le projet, ceci n'est pas une pipe, ni un concert, intitulé « Et tout se tut - Und alles schwieg »  basé sur les Sonnets à Orphée de Rainer Maria Rilke.
T'avais eu le temps de jeter un coup à l'impressionnante panoplie d'enceintes installées dans tous les coins et au centre de la salle, t'avais aussi aperçu la table imposante devant servir à spatialiser les sons afin de faire croire à l'auditeur que tout se passe dans son propre cerveau.
C'est Stockhausen qui a affirmé "Je crois que le mouvement des sons dans l'espace deviendra aussi important que la mélodie, le rythme, l'harmonie, la dynamique, le timbre".
Stockhausen n'est pas considéré comme un charlatan.
Paf, tout s'éteint, obscurité  totale et silence sinistre.
T'avais besoin de tousser, tu t'es retenu.
Derrière toi, t'entends comme un suintement, un liquide s'écoule lentement, le vent se lève, face à toi il te semble ouïr  une vague brisante, tu la sens,  ta voisine s'éponge, elle rêve, elle n'a pas été éclaboussée.
Des voix s'élèvent, en allemand, en français, elles répètent sans cesse les mêmes bribes de phrases, se croisent, rebondissent, s'imprègnent dans tes cellules.
Rilke était déjà obsédé par le silence, propice à la méditation, qui lui permet de percevoir des petits bruits que le commun des mortels ignore: crissements, frémissements infimes, friselis inaudibles... t'as intérêt à t'appliquer, si tu veux devenir Orphée!
Comme dans les ténèbres tu es livré à toi-même, tu peux projeter les images de ton choix sur ton écran cérébral, malheureusement, si, comme chez toi, l'appareil déconne, tu ne vois plus rien, ce que tu entends ne représente plus rien, finit même par t'agacer.
A la fin des années 50, déjà le théâtre - radiophonique ou le feuilleton- radiophonique te donnaient des boutons, cette formule moderne, basée  sur la  musique concrète ne t'enthousiasme guère davantage.
L'exercice sensoriel s'avère affreusement sérieux, élitiste, snob, voire prétentieux, il te laisse de marbre. Comme  te laisse de marbre, ta voisine, ornée de débiles bigoudis, venue sonner à ta porte en pleurant, alors que pépère, une canette de Jupiler à tes pieds, tu regardais le match de foot à la télé, pour signifier que Tiger, son matou puant,  souffrait de diarrhée.
Cette connasse ne t'a pas  lâché , résultat, t'as manqué deux buts et ta bière est désormais chaude.

Et,  Rilke?
Da stieg ein Baum. O reine Übersteigung!
O Orpheus singt! O hoher Baum im Ohr!
Und alles schwieg. Doch selbst in der Verschweigung
ging neuer Anfang, Wink und Wandlung vor.

C'est mieux que Rika Zaraï!