Trio Ebrel-Le Buhé-Vassallo au festival "Autour d'Elle" - La Grande Ourse, Saint Agathon ( 22) le 6 mars 2016
La Grande Ourse accueille le trio Ebrel-Le Buhé-Vassalo à 17.30 (ouverture des
portes à 17.00) dans le cadre du festival "Autour d'elle".
Entrée gratuite dans la limite des places disponibles.
A 17:30, la coquette salle est comble, il a fallu en toute hâte ajouter quelques sièges à proximité de la scène. Les mouettes de l'Armor et les vaches de l'Argoat ( plus deux touristes puant le gazoline) étaient au rendez-vous pour assister au récital de trois grandes voix en provenance du Centre Bretagne (Callac), des rives du Trégor et de la cité des Vénètes, située dans les régions torrides du Golfe du Morbihan ( 22° en plein soleil au mois d'août): dans le désordre, Annie Ebrel ( la plus posée), Noluen Le Buhé ( celle qui manie le second degré à la perfection) et Marthe Vassallo ( la plus délurée).
Les trois chantres de la musique traditionnelle bretonne, toutes de noir vêtues, entament, a capella, après que Marthe ait gentiment tapoté un mini-piano, un premier kan ha diskan aventureux.
Les voix se marient, se chevauchent, se répondent à la manière de jongleurs adroits pratiquant leurs manoeuvres sans filet.
Pour te donner une idée, l'expérimentation polyphonique pratiquée par le trio peut se rapprocher du travail de I Muvrini.
Le feuillet de Marthe indique ' A R Gomer', Google cherche encore un lien valable, sorry!
Quoi, Marthe?
Marie-Josèphe Bertrand ?
Inconnue au bataillon, désolé.
Le 19 janvier 1959, des petits jeunes sont venus frapper à la porte de cette brave dame, sabotière et guérisseuse ( sorcière, selon d'autres sources) mais aussi récipiendaire de chants traditionnels, les gamins ont pensé enregistrer plusieurs chants de son répertoire et c'est ainsi que ce premier morceau est arrivé jusqu'au 21è siècle.
Trugarez vras!
'Silvestrig' narre l'histoire d'un jeune homme enrôlé dans l'armée du roi , ce traditionnel se trouve également au répertoire d'Alan Stivell.
Annie Ebrel solo pour une histoire de sorcellerie pratiquée par une jeune fille de 18 ans, le chant profond, vibrant, tantôt grave, tantôt limpide, impose le silence, les deux copines, assises en retrait, écoutent comme nous, religieusement.
Retour à la formule trio pour la 'Polka Manuel' de Manu Kerjean, un des responsables du renouveau de la culture bretonne.
Le rythme vif inspire les locaux, derrière toi des centaines de pieds battent la mesure, à tes côtés, madame rebondit sur sa chaise et murmure" ils sont fous ces Bretons", ce qui est normal puisque cette polka sous acide débloque sévère.
Après une série d'anecdotes ornithologiques, les rossignols bretons attaquent 'Pichon laouenan rouz', encore un titre acrobatique à écouter sur l'album 'Teir', il est suivi par ' Trinkamp marc'hadour' qui se meurt en lament ténébreux.
Une nouvelle séquence de chamailleries d'écolières espiègles émaille ce spectacle qui ne manque pas d'humour, avant un exercice solitaire de Marthe Vassallo proposant une chanson de Prosper Proux, au 19è siècle, percepteur de son état, mais aussi chansonnier qui ne dédaignait pas les airs salaces, voici son 'Adieu du jeune soldat' ( Kimiad ar soudard yaouank), un titre idéal pour pourrir l'ambiance, ajoute le gai luron.
Les sabots sont de sortie, les gentes dames soumettent un ' Hanter Dro' des plus nerveux, puis vient la navrante histoire des 'Trois fleurs de pimpino'.
Une légende encore plus lugubre que la 'Complainte de Saint-Nicolas' originaire de Lorraine, tu sais celle des trois gosses et du méchant boucher qui les coupe en tranches pour les enfouir dans le saloir comme pourceaux.
Un rendu magistral te refilant la chair de poule... t'as pas un kleenex, pleurniche madame!
Pour se changer les idées après cette sombre affaire, Noluen va vous interpréter une chanson ludique, en vannetais dans le texte.
Les Anglais ne se sont pas toujours intéressés à nos vieilles pierres, il y a des siècles, ils traversaient la Manche pour se procurer des oignons de Roscoff et pour enlever nos jeunes filles, voici l'histoire de Marie, capturée par des marins pas catholiques, elle a préféré se jeter à l'eau pour sauver son honneur: 'Marivonig'.
Changement de registre avec 'Verse à boire' et sa leçon multicolore de breton animalier.
Un mari ivrogne ne meurt jamais!
Voici la dernière de la soirée, le chant de mariage polyphonique 'Kleier eured'.
Applaudissements nourris et un rappel en provenance de Haute Bretagne, une valse hautement androphobe, interdite d'antenne dans certains pays où les femmes ne sortent que rarement de la cuisine.
Nouvelle salve de battements de mains et une dernière danse bretonne a capella pour se quitter dans l'allégresse!
Le festival prendra fin le 13 mars par un gala de danse!