Clément Abraham Quartet - Hôtel Bar Le Saint - Yves à Tréguier ( 22), le 25 mars 2016
Brillant, l'horoscope du jour....
Aujourd'hui, il vaudra mieux ne pas vous chercher sur des peccadilles:
on vous trouvera et vous ne mâcherez pas vos mots. Côté coeur, les
couples pourraient se retrouver dans un sacré imbroglio. Solo, vos
lignes bougent... mais du coup, ça vous déstabilise pas mal.
Un petit concert, ça peut apaiser, direction Tréguier , le Saint-Yves où Lydie et Cyril Raoux ont eu l'excellente idée de programmer un jazz combo venu du fin fond du Finistère, le Clément Abraham Quartet.
Toutes les tables de la coquette salle donnant sur la terrasse sont rapidement occupées, les assiettes de fromages ou de charcuterie défilent et, à 19:45', trois éléments du quartette s'installent au fond de la pièce.
Le batteur Clément Abraham, aucun lien de parenté, ni avec l'illustre Vader Abraham, créateur du hit immortel Het Smurfenlied, ni avec notre Chet Baker du trombone, a monté le projet il y a quelques années, après un passé de musicien globetrotter l'ayant conduit, e.a., au Sénégal.
En 2014, flanqué de Faustine Audebert ( piano), Jonathan Caserta (contrebasse) et Nicolas Peoc’h au sax alto, il enregistre l'album 'Translation'.
Les douze titres portent sa signature.
Une photo ( sépia) de l'époque montre les quatre protagonistes paradant dans un cabriolet décapotable nous rappelant l'époque bénie où les Triumph TR5, Alfa Romeo Giulia Spider ou autres Alpines sillonnaient nos routes qui ne connaissaient pas les bouchons.
Ce magnifique instantané nous rappelant la pochette d'un 45 tours du grand Maxime Saury décédé en 2012.
Le trio qui entame les hostilités est composé du souriant batteur et de deux nouveaux venus, car Faustine et Jonathan ont déserté le paquebot et sont remplacés par le contrebassiste Sylvain Didou ( Oblik, Esperanto, The Wøøøh...) dont c'est le premier concert avec la clique et par Yanni Balmelle, un guitariste de la région Rhône-Alpes, venu s'établir du côté de Quimper.
Troisième sortie avec Clément pour ce virtuose de la six cordes ayant une carte de visite pas idiote à proposer, Mukopezi, Oléum Camino,le trio DT ou ses propres trio ou quartet.
Le quatrième élément, le saxophoniste Nicolas Peoc’h ( Mohawk, Zest, Ain Soph Aur, Lorient Big Band, Oko, Mango Verde...) est resté au bar ou, va-t-en savoir, est parti à la cueillette des oeufs de Pâques dans le cloître de la cathédrale, le fait est que 'Easy Living' sera interprété en formule trio.
Du jazz fluide, limpide, dominé par une guitare aux couleurs Wes Montgomery agrémentées d'une touche de modernité, illustrée par l'emploi de pédales à effets.
Ton épouse, qui a daigné t'accompagner, est d'emblée conquise et paraît subjuguée par les mimiques faciales du jeune guitariste qui semble souligner chaque rafale en y ajoutant un scat intérieur.
Apparition du petit Nicolas, plus grand que celui qui se débat avec la justice hexagonale, c'est à quatre qu'ils attaquent 'Pull'.
Tu dis, Isabelle?
Marine... euh, sorry il s'agit de musique, pas de peinture.
Il a fallu revoir tous les arrangements initiaux, un piano ou une guitare, c'est pas pareil, mais la cohésion est au rendez-vous.
On nage en milieu bebop, sax et guitare se permettent, à tour de rôle, quelques digressions tantôt lyriques, tantôt en mode voltige. L'assise rythmique s'avère sans failles, des images de Charlie Parker et de Charlie Christian s'imposent à ton esprit tandis que tes pieds battent la mesure.
Le trip se termine en quartet avant d'entendre le sax entamer 'High Life' qui voit le drummer gratifier l'assistance d'un effort solitaire élégant et fort apprécié.
Un première ballade pour suivre, le nocturne ' Lonelyness' qui n'est pas sans nous rappeler le magistral 'Round Midnight'.
Trêve de sentimentalisme, assez de mélancolie, place au uptempo ' Forward' emmené par un doublé de guitare/saxophone pugnace.
Profitant d'un retrait provisoire de Yanni, Sylvain imprime un rythme soutenu que Clément n'a aucune peine à suivre, Nicolas batifole tel un papillon ivre, moment que choisit le méridional pour sortir des bois et amorcer un mouvement tout en souplesse avant de terminer le morceau.
Le chef: mesdames, messieurs, avant la pause nous vous proposons le midtempo 'One More', un jazz ligne claire rayonnant.
Une petite séquence de jongleries improvisées pour amuser la galerie, un clin d'oeil aux complices, on revient dans quinze minutes, le CD vaut 10€!
Seconde mi-temps, les cheminots reprennent leur tâche, le vivace ' Lal fi, lal fé' est sur les rails.
Le morceau date d'un premier effort solo ( Assaman Si) sorti en 2003.
Virage bluesy avec 'Mister T', comprenez du blues façon John Coltrane.
Manifestement les gaillards s'amusent, leur complicité fait plaisir à voir et à entendre.
La guitare, aérienne, ébauche la séduisante romance 'Kesseng' et après quelques private jokes auxquelles les non-initiés ne sont pas invités, un quatrième épisode du chapitre deux est envoyé, une groovy 'Street Party' rappelant les meilleurs moments du jazz fusion,il ne manquait qu'une basse électrique pour confondre avec Weather Report, époque Jaco Pastorius.
Yanni, tu permets que je jette un coup d'oeil à tes partitions, Clément nous indique one, two, three, four, ça m'étonnerait qu'on joue du Ramones, ah, d'accord, 'Sopi'!
La plage est suivie de l'explicite et vigoureux ' Funky children', moins Rufus Thomas que Maceo Parker.
That was it, folks, présentation de l'équipage et bonne nuit!
Clap, clap, clap soutenus et un rappel: 'Bounce', forcément sautillant d'autant plus que le néo-Breton a proposé d'y aller à fond la caisse!
Merci à Clément pour sa bienveillance et pour la setlist!