La Fête des Solidarités : Affiche du samedi
AKHENATON et IAM, HUBERT-FELIX THIEFAINE, DANAKIL,
ALICE ON THE ROOF, MAGIC SYSTEM, BIGFLO et OLI, DALAL ABU AMNEH,
LI-LO, YOUSSEF, ICI BABA....
La troisième édition de La Fête des Solidarités, rebaptisée les Solidarités, affiche sold-out!
L'organisation insiste, Solidarités n'est pas un festival, c'est une fête ( grande) estivale: concerts, débats, théâtre, conférences, Urban Village, animations de la Cité des Enfants, programme Off, break dance, à boire, à manger et du soleil à outrance, tout est réuni pour finir les vacances scolaires en beauté.
Dix groupes à l'affiche le samedi, en omettant les formations se produisant à droite et à gauche, peu de temps pour accéder de l'Esplanade au Théâtre de Verdure, des choix s'imposent.
La navette ( belle initiative) te dépose sur le site à 12:50, Li-lo vient d'entamer son sermon devant un public épars.
Li-lo*, c'est Sylvie Botton de Mohiville ( Ciney), un album, ' By the Way', et deux titres sur la bande son du court métrage ' Mr Hublot', oublie Tati, Hublot avec B, comme bateau.
La souriante Sylvie chante, gratte une acoustique ou un ukulélé, ses fantaisies sont habillées par Mayki Ferro : guitars/
Matthieu Hendrick : bass - melodica/
Virginie Delbrassinne : keyboard - backing vocals et
Augustin Dethier : Drums.
Son terrain de jeu c'est la pop digestible, pétillante et accessible qui ne te donnera de l'urticaire que si tu ne jures que par Alain Robbe-Grillet.
Dix mélodies aériennes, chantées d'une voix claire dans un anglais scolaire, t'aurais préféré être allongé sur le gazon plutôt que de déambuler sur du béton, mais bon on ne peut pas tout avoir.
Namur a été séduit par le mélodieux ' Shivertree' , a réfléchi à l'avenir de la planète pendant'100 years', a vu l'automne poindre avec un morceau narratif intitulé 'The Fall', Eve a mordu dans la pomme pendant 'Apple Tree' puis Li-lo* a balancé les deux titres de la BO dont on t'a parlé plus haut, 'Robotpet' et 'Mr Hublot', une sorte d ''Octopus's Garden' from Ciney.
On a eu droit à la cover du samedi, ' Feel good' des Gorillaz, à 'Hours', la rengaine bourrée de la la la, qui aurait pu passer dans le Club Dorothée et enfin à 'By the Way' pour terminer l'office.
Gentil et distrayant!
A l'étage, Youssef.
Tu fais vite l'impasse sur le rap à deux balles du jeune Tournaisien Youssef Swatt, c'est pas vraiment ton truc.
Les jeunes à gauche, les vieux à droite.
On t'a casé à droite et refilé une cassette de Mireille Mathieu, elle était pourrie, elle a dérapé, Youssef et ses copains, en freestyle, ont rappé 'A fleur de peau', tu t'es payé une Jupiler et t'es redescendu vers l'Esplanade.
Dalal Abu Amneh
née à Nazareth, une des plus grandes voix palestinienne, jolie et intelligente ( she's a neuroscientist), est précédée sur scène par une pléiade de musiciens dirigés par Dr. Tayseer Haddad. Aux instruments traditionnels, oud, darbuka, qanûn, violon, s'ajoutent une basse et batterie donnant une touche occidentale aux chants arabes.
Dalal a gravé l'album 'About Balady' en 2012, la digne héritière de la grande Oum Kalthoum en interprétera plusieurs extraits ayant envoûté le public mosan.
Une intro aux saveurs orientales épicées sert d'arak, ensuite Dalal apparaît, vêtue d'une longue robe blanche aux motifs brodés. La magie opère d'emblée, le public se laisse entraîner du côté du Lac de Tibériade, bercé par la voix envoûtante de celle qui nous annonce ...We came from Palestina to share our music with you.
Une musique intemporelle, faite d'émotions, interprétée par une équipe de virtuoses.
Un mix heureux de chant tarab baignant dans une aura poétique' Les Mille et Une Nuits', de thèmes folkloriques et de chants mystiques.
Pendant 45', les petites Wallonnes se sont défoulées en tentant, avec plus ou moins de bonheur, d'imiter les déhanchements sensuels du sharqi, baladi ou autres danses suggestives du harem.
Une bouffée d'air frais sur l'esplanade, un grand concert.
Ceux qui se sont attardés au récital de Dalal Abu Amneh ne pourront assister au show de Bigflo et Oli.
L'accès au Théâtre de Verdure leur est refusé: COMPLET se lit en grand sur l'écran lumineux.
Ton passe-droit te permet d'assister, de loin, à la fin de la performance des frérots toulousains.
Florian "Bigflo" Ordonez et Olivio "Oli" Ordonez, les jeunes argentins/algériens du Midi-Pyrénées sont devenus des stars dans le petit monde du rap hexagonal.
Tu n'as peut-être assisté qu'à 15' de leur manège, cela a suffi à te convaincre, ces jeunes gens ont un petit quelque chose que tu ne retrouves pas chez la plupart de leurs congénères: de l'humour et de l'aisance.
Autre point positif, une instrumentation les éloignant du bête rappeur accompagné par un guignol aux platines, leurs morceaux mélangent allègrement scratch, freestyle avec des envolées de trompette ou des interventions au violoncelle.
Leur titre phare 'C'est pas du rap...' a tout simplement mis le feu à l'amphithéâtre.
La toute grande foule se presse sur l'esplanade et attend le bon vouloir de Magic System.
Sont pas pressés les compatriotes de Didier Drogba, plus de 20' de retard!
La bande-annonce, puant Patrick Sébastien, laisse présager un show 100% ringard.
Asalfo, Goudé, Manadja, Tino et leurs musicos déboulent et promettent "ce soir on va faire le show.".
La fiesta peut commencer, Namur a mis son cerveau au point mort pour danser sur les tubes caricaturaux du collectif d'Abidjan.
Depuis près de 20 ans le Magic System n'a qu'un but avoué, faire la fête aux sons du zouglou, ziglibithy, coupé-décalé et autres inepties dignes du générique de Camping Paradis.
Si t'aimes l'exotisme tape-à-l'oeil, le zouk, la Compagnie Créole, Annie Cordy, la danse des canards, la bouillie que Germain et Jules balancent lors des mariages dont ils assurent le fond musical, on te recommande Magic System.
Quant à toi, t'as tenu le coup pendant 20 minutes et tu t'es dit que plus jamais tu n'oserais te moquer de la fanfare de Bernissart et que, désormais, tu chériras ses majorettes.
Direction le bar!
Toujours autant de monde sur la petite scène qui accueille Danakil.
Les Parisiens sont dans le peloton de tête du reggae hexagonal et tourne toujours pour promouvoir l'album 'Entre les lignes' de 2014.
En attendant l'arrivée du charismatique chanteur Balik et de son copain, le Sénégalais Natty Jean, le band envoie un instrumental roots corsé, mention spéciale aux cuivres Mathieu Dassieu et Thomas Souil et à la guitare incisive de Fabien Giroud.
Dès les premières lignes de 'Quitter Paname', l'embarcation tangue en se laissant bercé par des flots reggae bienveillants.
'Poupée russe' et 'Hypocrites', pendant lequel Balik accueille un invité, Brahim, dégagent de bonnes vibes.
'J'allume la télé' de Brahim, avec son texte imagé, amuse les masses, Henri Salvador rit ...Mais moi j'en avais tellement marre
J'ai repris la première chaîne
Et devant mes yeux, mes yeux hagards
Se déroulait la même scène...
C'est décidé je balance le poste par la fenêtre!
Exit le guest, une reprise au menu, Edith Piaf 'Non, je ne regrette rien' , la citadelle chante, vos gueules, les mouettes!
Solide impromptu du bassiste et belles escapades du sax et de la trompette.
Ce band est top.
Le texte engagé de 'Free' frappe les esprits, ils enchaînent sur 'Ne touche pas'.
Cool, avance Bénédicte, passe-moi le joint, Candice.
Le set prend fin avec la ballade ' Marley', un des titres préférés des rastas blancs.
Direction la porte de sortie, pas question de manquer Hubert-Félix.
Hubert-Félix Thiéfaine
Quel âge, tu dis?
67.
Il est bien conservé, H.F.!
Son 17è album ' Stratégie de l'inespoir' est sorti l'an dernier, cet été le gars du Jura a pris son bâton de pèlerin pour se taper les festivals.
Après un repos mérité, il remettra ça à partir du mois d'octobre.
Le band en piste pour une intro rock, ce sera le premier concert de la journée portant cette étiquette, les artificiers ont pour nom Lucas Thiéfaine, le gamin sait manier une guitare/Alice Botté, le crack ( Alain Bashung, Christophe, Charlélie Couture, Daniel Darc, Jad Wio, Adrienne Pauly, Jacques Higelin, Jacno, Berry, Buzy, Elli Medeiros, Balbino, Berline....)/Marc Perier à la basse /Bruce Cherbit ( drums) et Christopher Board aux claviers.
D'une démarche nonchalante, mains dans les poches, le vieux cynique se pointe et attaque 'En remontant le fleuve'.
Namur a déjà pigé que ce concert s'inscrira dans les annales.
Impossible de démarrer plus fort.
Embarquez, bonnes gens, le voyage sera mouvementé!
Egalement sur le dernier CD, 'Amour désaffecté', faut plus se faire d'illusions, c'est juste la fin maintenant, Thiéfaine chante le désenchantement.
1986,' Errer Humanum Est ', deux ans plus tard, un gars fait un carton avec un titre traitant du même thème en utilisant le même refrain.
Des noms, des noms...
Il ne citera pas Lavilliers!
Le ton reste à l'acrimonie avec 'Confessions d'un never been', il n'y a que Bashung a adopté la même dégaine.
Tel un tireur à gages impitoyable, Alice Botté mitraille, un rictus au coin des lèvres, de l'autre côté le fiston se la joue grands moulinets, Namur savoure.
Voilà le père François et son 'Angelus' qui précède le déchirant ' Karaganda' (Camp 99).
Sodome, tu te souviens?
'Femme de Loth', car Loth n'avait pas que des filles!
Allons cueillir des mûres dans 'La ruelle des morts'... maman, quel titre!
Le démoniaque ' Alligator 427' a été écrit au retour d'une manifestation anti-nucléaire à Fessenheim, en Alsace.
'"Lorelei Sebasto Cha" est accueilli par des cris hystériques et l'héroïque '113ème cigarette sans dormir', laisse pantois.
Et si le rock était français?
Thiéfaine est tout simplement époustouflant!
Petit couac technique, un sifflement aigu se fait entendre du côté de Lucas, faut meubler, un mécano est à la recherche d'un nouveau câble, tant pis on amorce 'Bipède à station verticale'.
Christopher abandonne les touches pour gratter une acoustique pendant le nostalgique 'Résilience zéro'.
On approche du terme, ' Les dingues et les paumés' ont lu le Comte de Lautréamont, Namur vibre une dernière fois et aura son bis.
Une dernière pour la route propose le sexagénaire et c'est 'La fille du coupeur de joints' qui achève ce concert mémorable.
Difficile de faire plus fort que Thiéfaine, alors, aucun regret si Alice on the Roof affiche complet, tu l'as vue au BSF il y a une semaine, quant à Akhenaton t'avais pas envie de glander pendant soixante-dix minutes avant sa prestation.
Navette, une heure d'autoroute, ton plumard!
A demain!