Dix-septième Brussels Jazz Marathon: trois jours de musique, 4 scènes en plein air, des centaines de concerts indoor, 700 artistes disséminés aux quatre coins d'une capitale, baignée, une fois n'est pas coutume, d' un soleil généreux (sans risque d'orage), le tout agrémenté d'une légère et rafraîchissante brise : enfin!
Place du Sablon, une table aux abords du podium, une Palm, il est 18h30':
Kadri Voorand + Jussi Kannaste Quintet
Un ensemble finno-estonien pratiquant un female vocal jazz reposant sur une solide armature classique.
Kadri Voorand, compositrice/interprète, collectionne les awards du côté de Tallinn, notamment le Young Jazz Talent of the Year 2008, elle a sorti deux CD's sous son nom, dont un album a capella, elle prête également son organe impeccable en tant que guest sur des enregistrements de Anthony Bankers, Urmas Lattikas ou Tanel Ruben .
Jussi Kannaste, né en 1976, un des meilleurs saxophonistes en provenance de Finlande .
Jussi has played with top Finnish jazz musicians... mais aussi Maria Schneider, et autres stars internationales!
Le quintet compte également Ville Pynssi on drums, le subtil Joel Remmel on piano et Mihkel Mälgand on bass or double bass!
La blonde Kadri, fringues classiques ( tailleur bermuda) noires et baskets sportives, du même ton, entame un premier vocal jazz de format traditionnel:' This is my dance'.
C'est clair, la fille maîtrise ses cordes vocales à la perfection, le band assure un max, tu y ajoutes une gestuelle passionnée,tu te rends compte dès les prémices que Kadri vit son jazz jusque plus profond des viscères.
A mellow ballad pour suivre: ' Different kind of love' , un soprano douceâtre, une voix caressante, puis les touches s'égarent pour un impromptu romantico/ Franz Liszt avant la reprise du thème au sax alto.
Certains parlent de Dianne Reeves ou de Cassandra Wilson, Kadri est de cette trempe!
Next one is about things that are not allowed, il y a trop de règles à suivre, trop de principes sévères, il faut montrer trop souvent un visage faux, un masque... ' Idee IV' , un scat à la Sarah Vaughan, quelques passages dissonants ou saccadés, elle jongle avec son timbre sur background aventureux, le sax se libère audacieusement, la rythmique et le piano assurant un fond sonore sobre.
Excellent boulot!
' Ego song', the lyrics are weird, annonce-t- elle, les relations avec autrui ( surtout si l'autrui est du sexe différent) ne sont pas toujours évidentes... du Ionesco/ Samuel Beckett estonien.
Le sax était au repos, il réapparaît pour ' Idee II', nouvelle réflexion philosophique sur background mélodique syncopé.
' The Flame' les sonorités rauques de l'estonien, entrecoupées d'intervalles haletés, donnent une touche exotique à cette plage dissertant de midsummer night celebration dans les îles d'Estonie.
Je ne suis pas une Dolle Mina, mais la suivante traite de la femme ' Idee X' (?), amorce brumeuse pour une pièce musicale virant soudain latin swing, le travail méticuleux de Joel Remmel étant mis en évidence.
' Why can't I', aux pirouettes vocales périlleuses, fait place à ' Idee III' en balte, qu'elle nous traduit par ' Too much' , une nouvelle fois l'artiste travaille sans filet et sans se casser la gueule.
Après une jolie ballade en balto-finnois servie sur contrebasse austère,' Minn land' , le quintette achève le set par l'ensoleillé et sautillant 'Forbidden', a song about love, thème éternel!
Rappel
Le tendre et émouvant ' A little love song'.
Excellent concert: un band impeccable et une dame possédant un registre étendu, un coffre fameux et un tempérament aussi bouillant que celui de certaines chanteuses nées dans des contrées latines!