La légende du blues blanc revient sur les planches lessinoises, annonce fièrement le Centre Culturel, ayant choisi son nom en hommage à celui qui vit le jour en cette fertile terre hennuyère le 21 novembre 1898: René Magritte, fils de Léopold Magritte, tailleur, et de Régina Bertinchamps, modiste!
Pas de sold-out mais une bonne chambrée pour Johnny Winter, qui n'avait pas laissé un souvenir impérissable à Phil, qui le vit au même endroit en mars 2010!
Depuis J W a sorti un nouvel album, ' Roots', et continue inlassablement à tourner, pourtant le gars n'a plus rien à prouver.
De méchantes langues insinuent que toute une colonie de parasites tire avantage de cette série de concerts, à la limite, assez pathétiques.
20:00 Lightnin' Guy & The Mighty Gators.
Guy Verlinde est dans tous les bons coups, il y a 2 jours, il enflammait Meensel avec son Hound Dog Taylor Tribute, ce soir il compte bisser à Lessines avec ses Mighty Gators.
Insatiable, il est!
Aux drums, l'autochtone, t'as vu ma casquette: Thierry Stievenart - à la basse, le plus flamand des Germains, Karl Zosel et en guest, à la guitare, celui qui m'a tout appris quand je l'accompagnais au sein du Maxwell Street Blues Band (dixit Guy): Marino Noppe- de Heer Verlinde aux vocals, guitares et mouth harp.
Désormais tu connais sa playlist par coeur, tu la retrouves sur les 'Banana Peel Sessions' ( avec Guy Forsyth) ou sur 'Live from the heart' de 2009.
Lessines, un faubourg de Chicago tonight, départ en fanfare avec 'Goin Down' de Freddie King, wah wah Noppe en mitrailleur maison, le Guy à la slide, il n' y aura pas de séance d'échauffement, d'emblée, ça crache méchant!
Shuffle time ' Long distance shuffle', suivi d'une compo du Gantois: ' Me & my blues', une chanson thérapeutique.
Trois titres et le charismatique ex-enfant de choeur ( = servant d'autel) a tout Lessines à ses pieds.
'The Mojo Boogie' de J B Lenoir et ensuite une invitation au bal, le secouant ' Hipshake'.
La température est montée de plusieurs crans: moiteur, senteur, sécrétions corporelles.. des alligators vicieux infestent le bayou picard.
Guy solo à la slide : il y a deux ans, on commémorait les 40 ans du décès du plus grand, Jimi Hendrix est mouru ( sic) en 1970, un hommage: ' Voodoo Chile'.
Shit happens on Monday, godv. j'ai laissé tombé ma guitare, ça marche plus, caca, boudin, sorry, Jimi ... je change de jouet, voici 'Voodoo Chile'.
Retour des sauriens, ' Poison' a drinking song, ambiance Mardi -Gras et une visite des Saints...they go marchin in!
La dernière, merci Lessines: 'Bon Ton Rouler' Marino s'amuse, let the good times roll, ça roule, baby... soudain, une minute de silence pour écouter les mouches copuler, la machine reprend son rythme infernal avec un final élastique pendant lequel Lightnin' Guy s'essaye au saut de kangourou.
Explosif!
55' ayant réjoui Magritte et ses concitoyens.
Le temps de fumer une pipe avant l'arrivée de l'albinos!
21h20' après avoir aménager le podium, ventilateur face à un siège au milieu de la scène, un cowboy de la troupe vient haranguer la foule et annoncer
Johnny Winter and Band!
Un trio, guitare, batterie, basse se pointe.
Le doué Paul Nelson, Mr Winter's manager and 2nd guitarist ( au vu du concert d'hier, on peut avancer: first guitarist), ce gars, un élève de Steve Vai, seconde Johnny sur scène depuis 2003- Vito Liuzzi aux drums et backings, qui accompagna the Legend de 1999 à 2001 et, semble avoir réintégré le groupe- le costaud Scott Spray à la basse ( depuis 2002), un palmarès de sessionman éloquent: Edgar Winter, Ronnie Spector, les Platters, les Drifters, Chambers Bros, Stylistics, John Sebastian...
C'est parti pour une intro jam musclée. Aucun doute, ces gars sont des pros, ça pulse à donf, te souffle, un voisin venu de chez Sarkozy.
La légende vivante, 68 ans mais en paraissant 86, amaigrie, le regard absent, attend sagement le signal au bas des marches.
Ils sont trois à aider le vieillard à gravir les marches, deux mètres le séparent de sa chaise, d'une démarche peu assurée, le dos voûté, il parvient à s'asseoir et achève, à l'aide d'une headless mini-body black guitar, l'instrumental avec ses musiciens.
Lessines a retenu son souffle, il aurait pu s'envoler.
Il annonce 'Hideway' de Freddie King, tu dois le deviner, sa voix est inintelligible, ses maigres phalanges glissent sur les cordes, les accords se font au ralenti, il est clair qu'il assure son job en rhythm guitar plutôt qu'en lead, le son de l'ensemble tient la route.
Paul, Vito et Scott ont déjà régalé l'audience de petits soli pas dégueulasses, Johnny reste impassible.
'She likes to boogie real low', on le craignait, ses vocaux sont couverts par l'instrumentation.
Il t'a fallu deux minutes pour reconnaître 'Good morning little schoolgirl', ce funky rock déménageait joyeusement.
En faisant abstraction de l'image squelettique/zombie qu'offrait le bluesman, tu fais comme tes voisins, tu gigotes en te laissant emporter par le flow.
Merde, c'est Johnny Winter tout de même, un des meilleurs guitaristes que cette planète a engendré.
Il annonce Muddy Waters' Got my mojo working', son mojo doit avoir rendu l'âme il y a belle lurette, sinon le truc en jette.
Tu disais, Vicenzo?
Assister à un concert de Johnny Winter, c'est comme une visite au musée.
Veux pas t'emmerder, gars, mais vise les tarifs...
Individuels: 8€, combi Musée Magritte Museum: 13€ .
Tu me rétorques que c'est plus cher pour une momie, je me tais!
Chuck Berry ' Johnny B Goode', sais pas si ce bon vieux Chuck pensait déjà à Johnny Winter à l'époque!
Une version épique du ' Black jack' de Ray Charles et puis un autre Freddie King, le tourbillonnant 'Tore Down', voyant Vito au chant.
La voix cassée de freakin Johnny pour 'Lone Wolf', un sale rock louvoyant, suivi de la pièce maîtresse du show: ' Don't take advantage of me'.
Paul Nelson en catamini s'était déjà permis quelques riffs 'Sunshine of your love' et, insidieusement, la plage mue en ' Give me shelter' des Rolling Stones.
Lessines bouillonne, c'est pas le rock suintant ' Boney Moroney' qui va calmer l'ardeur des fans, tout heureux d'entendre une version trampoline de 'It's all over now'.
On apporte une Gibson Firebird au vétéran, Vito annonce: on vous joue les bis sans quitter la scène, merci d'être venus, on remet ça en 2025, voici ' Dust my broom', à la slide.
Johnny a beau être aussi expressif qu'un boeuf ayant avalé trois flacons de prozac, ses doigts assurent, le public apprécie.
Bob Dylan, l'excité 'Highway 61 revisited' met un terme à la soirée.
L'icône vacillante quitte la scène au galop, deux mètres en 236 secondes!
He’s also very much still alive and kicking, disait un American critic en septembre 2011, pas sûr qu'il ait vu le même Johnny!