Le chapiteau 'Magic Mirrors' s'est implanté Place Sainte- Catherine pour passer l'hiver.
Tu trouveras le cirque juste derrière l'église consacrée à la patronne des plombiers. Pas de Catherine, la grande catherinette, pour te tenir compagnie, paraît qu'elle a mal aux cheveux( faut pas te faire un dessin, on présume Schweitzer...).
C'est dans cet élégant igloo que le collectif A Song A Place organise ce double concert dominical.
20h20': Soresmile
La Joconde?
Non, une sorte de personnage de BD, style Le Grand Duduche de Cabu, qui quand les flics l'interpellent dit se nommer Renaud Ledru.
Ce grand efflanqué a déjà laissé traîner quelques traces discographiques (EP's/CD's), auto-produites, à droite et à gauche et jouit d'une bonne presse au Nord comme au Sud de ce pays ingouvernable.
Il a 30' pour nous convaincre.
Armé d'une acoustique, d'un harmonica, d'un orgue et d'un jeu de pédales, il nous promet sept titres.
Appliqué, il s'élance pour un petit folk plaisant, à la guitare.
Un blanc, je tapote les touches.
Nouvel hiatus, je piétine la pédale destinée à produire des loops, en passant, comme vous êtes béotiens, je vous explique de quoi il s'agit.
Résultat, tu sais pas si Soeur Sourire a interprété un ou deux morceaux.
Le truc a pris 3'49''.
Une petite ballade rythmée pour suivre, un peu comme du Sammy Decoster calme.
C'est sympa, Renaud est doté d'un timbre attachant mais il a pas l'air à son aise.
'Jukebox Cadillac Blues' , nous apprenons que le gars a voyagé du côté du Tennessee et que ce blues est inspiré par un rythme ferroviaire.
Shit, la grève à la SNCB se fait ressentir jusqu'aux States, les cheminots refusent de travailler et d'emmener le tortillard vers la Pecos River.
Sarkozy envoie quelques barbouzes casse- grève et la locomotive reprend son lent cheminement.
Tout ce bricolage nous fait oublier que le gars sait écrire une bonne chanson, style Ray Lamontagne.
En l'honneur d'Hank Williams: 'Honky Tonk Blues', suivi d'une chanson d'amour trahie par la pédale.
C'est comme Andy Schleck perdant le Tour de France pour une histoire de dérailleur.
Le public, patient, applaudit... Hé, mais c'était pas fini.
Ah bon..
'Scalpel Days' ( pas sûr de ce titre), toujours cet alt.country mélancolique, sentant bon les Appalaches ou le Iowa, mais aussi le bricolage Tristan Tzara s'essayant aux loops.
Faut encourager les vocations naissantes, mais, franchement menneke, laisse tomber les samples et le clavier, concentre-toi sur ta gratte, ton harmonica et tes lyrics. Tes compos n'ont pas besoin de tout ce bidouillage.
A la rigueur, fais- toi accompagner par un keyboard player pour habiller les mélodies et oublie les gimmicks!
Voilà ma septième et dernière chanson, c'est bien de le préciser, avec tous les vides on est incapable de dire combien de titres furent joués.
Soresmile: à revoir lorsque le garçon fera preuve de plus de rigueur!
Dan Miller
Début 2010, Dan Miller sort son second opus: ' Wood and Souls'.
Il l'a présenté sur quasi toutes les scènes bruxelloises, mais aussi en province ( Marche en Famenne ou Riemst), sans oublier un passage à Paris.
Quand il ne tourne pas sous son nom, il voyage avec Ann Arbor ou co-organise des concerts folk.
Que disait Nietzsche ou Lange Jojo, ne sais plus?
"Without music, life would be a mistake."
D M adopte cette maxime.
A 21h10, ils sont cinq dans l'arène: Véronique Jacquemein ( Ann Arbor): backing vocals, glockenspiel, Korg, shakers- Quentin Peruzzi: basse - Fabien Dujeux (Achille Ridolfi) : piano et backings - Stéphane Vandemaele (Monsoon, Ann Arbor): batterie et Dan: acoustique, mandoline et chant.
'Lily was here' , non c'est pas le hit de Dave 'Eurythmix' Stewart avec le sax sirupeux de Candy Dulfer.
Ce titre mélodieux et mélancolique est dédié à une autre Lily, qui n'est plus.
Sensibilité à fleur de peau, habillage musical précieux, c'est beau et délicat comme du Damien Rice, mais également profond comme du Elliott Smith.
' A long night' une mandoline plaintive exprimant un sentiment de solitude, c'est une longue nuit noire, alone in your bed.
L' insomnie guette.
Poems of solitude, Emily Brontë... parfums surannés, fleurs fanées, romantisme d'un autre siècle.... Piano, percussions et basse embrayent et la lente mélopée prend de l'ampleur.
Majestueux!
'Oh Mama' ...why didn't you tell me the truth...interrogatif, introspectif et soyeux.
Temps mort: changement de guitare.
Renaud, passe-moi la tienne, I've got a sore guitar, merci!
'Picture' une photo de couple en flou artistique.
Tendresse, douceur... sans aucune mièvrerie. Pour la guimauve, tu sonnes ailleurs!
'The Fall'. L'automne, propice au spleen:... nobody moves around... I feel on my own in this world... Désespoir, abandon,vague à l'âme, asthénie.... c'est surprenant comme le timbre de Dan est proche de celui de Brian Molko.
Touchante complainte.
Que pense Alfred de:' Les plus désespérés sont les chants les plus beaux, et j'en sais d'immortels qui sont de purs sanglots...
'Highway and Landscape', aussi bucolique que les paysages filmés par Stephen Frears dans Tamara Drewe.
Fraîcheur plaisante.
'I like people' du Divine Comedy from Brussels.
'On the corner' c'est pas dans un coin qu'ils vont la jouer unplugged.
Il n'y a pas de coin, tous au centre du cercle, comme pour une veillée feu de camp...oh,my Lord, oh, my Goodness...
Le Magic Mirrors porte bien son nom et ses locataires ne veulent pas mettre fin au rêve.
'Mysterious Ways', une dernière balade/ballade romanesque.
Encore
En duo, Dan à l'acoustique et Quentin caressant sa basse d'un archet,.... don't give up...the road is long....,un dernier coup de pinceau trempé dans une teinte pastel pour finir le tableau.