Un premier concert de salon, à l'heure du lunch, a lieu ce mercredi dans la magnifique salle Fiocco de La Monnaie
Midi trente, public installé, le brillant et trilingue Kurt Van Eeghem présente le plat du jour:
Alain Buet: baryton- Rémy Cardinale: piano, un splendide Bechstein de 1860 et Alexis Kossenko: une flûte tout aussi ancestrale (me demande pas si c'était une Boehm ou une Bontempi à 5€90, ni connais rien!), qui constituent l'Armée des Romantiques.
Ces centurions ont pour but de nous faire redécouvrir le répertoire français du 19è siècle, comme on le jouait chez Madame Sophie de Castellane ou chez Madame Adèle d'Osmond, comtesse de Boigne, lieux où bourgeoises et aristocrates étaient parées de mouches, permettant la mise en valeur de la blancheur de leur teint.
Une première oeuvre instrumentale composée par Charles-Marie Widor , compositeur et organiste Lyonnais .Une ' Suite pour flûte et piano, opus 35' (moderato) :aérienne, bucolique , invitant à la flânerie dans les sous-bois.
On alterne les duos.
Le baryton remplace le flûtiste pour un premier chant, extrait de l'oeuvre chorale ' Les nuits d'été' d'Hector Berlioz, le plus allemand des compositeurs français.
'Vilannelle'
...Quand viendra la saison nouvelle,
Quand auront disparu les froids,
Tous les deux nous irons, ma belle,
Pour cueillir le muguet aux bois ....
Tu as dit, naïf, tu as raison, mais Alain Buet n'est pas Fernand Raynaud!
Personne n'avait envie de piquer un fou-rire!
Le second extrait est d'ailleurs d'une noirceur tragique, le lamento 'Sur les Lagunes' ...Que mon sort est amer !
Ah ! sans amour, s'en aller sur la mer !... désarroi profond pour pleurer l'être cher, à jamais perdu!
Les textes sont du fracassant Théophile Gautier.
Gabriel Fauré' Le Papillon et la fleur' , une fantaisie frivole.
Du même Gabriel 'Tristesse', du pre-Françoise Sagan romantique.
Repos pour le baryton- basse et retour de la traversière pour une suite virevoltante de Charles-Marie Widor, à nouveau.
Camille Saint-Saëns/Victor Hugo: 'Attente' , un chant héroïque et exalté.
Du moins connu, Benjamin Godard une 'Suite de trois morceaux opus 116' toute en contrastes.
Un allegretto lyrique, l'idylle animée et la valse rondement menée.
Alexis Kossenko, tout à son jeu énergique, arrache les participations de son pupitre pour les envoyer voler à ses pieds.
Camille Saint-Saëns/ Victor Hugo bis: ' Le pas d'arme du roi Jean', un poème battlefield , tournant au carnage, avec le trépas du beau page.
Un chant acrobatique du maître baryton.
Pour terminer sur le 'Prélude à l'après-midi d'un faune' de Debussy, une maître pièce du répertoire romantique.
L'oeuvre symphonique ayant été retranscrite par Gustave Samazeuilh pour un duo flûte/piano.
Une pure merveille!
Un encore:
'Danse Macabre' un poème d'Henri Cazalis mis en musique par Camille Saint-Saëns.
Du James Ensor teinté de Félicien Rops: amours bestiales à la cour !
...Zig et zig et zig, quelle sarabande! ...
Morale: Et vive la mort et l'égalité !
Le festival se poursuit jusqu'au 17 septembre.