C'est la rentrée à l'AB et, immédiatement, un sold-out pour l'ex- Belle, toujours pas mal, et son arbre hurlant.
A l'AB ils connaissent le sens du mot ponctualité, l'avant-programme a droit à 30' et, à 9h, la tête d'affiche est sur scène.
20:10' Willy Mason
Pas un hasard, ce choix, la voix de Willy se retrouvant sur le dernier CD d'Isobel & Mark ('Hawk').
Eclairage intime, un gars se pointe armé d'une acoustique: Willy Mason, fils de Jemima James and Michael Mason, également singer/songwriters .
Deux full CD's et une kyrielle d' EP's.
'Into tomorrow':
Get into your bed
It's time for sleeping, dreamy head
You know that the world can wait
Forget about the past
Shut your eyes and hope this lasts ...
Du folk/alt.country nourri au lait Jackson Browne, Townes Van Zandt.
Le gars est réservé, mais jouit d'une voix attachante, capable de captiver l'audience.
'For the need of love' tendre ballade.
'Show me the way to go home', une magnifique tranche d'americana mélancolique.
Willy Mason’s songs ooze unrestrained earthiness...décrit Landry en chroniquant un concert donné du côté de LA . Ce Landru n'a pas tort, fiston.
Une country song prophétique ..take your body to the river...'If it's the end', Mason sait écrire une bonne chanson, mais faut pas le cataloguer dans le tiroir humoristes, style Pirette.
Une nouvelle ballade sombre, le jeune homme se pose quelques questions...what if the evergreens are dying... et les abeilles, ket?
'Restless Fugitive' emotive singing.
Le bluesy 'Gotta keep moving' , sera suivi d'une chanson composée par ses parents: 'Waiter at the Station', un titre mélancolique décrivant un hobo.
Une dernière ballade intimiste...everyone's got places to go... mettra fin à ces trente minutes d'un folk sobre et ancré dans la tradition des grands singer/songwriters: Dylan, Guthrie, Townes Van Zandt ou un Johnny Cash bluesy.
Pas sûr que toute la salle ait été conquise par son univers sombre, mais ce gars respire l'authenticité.
Isobel Campbell et Mark Lanegan & band
Pas des zigotos pour étoffer le band:l' écossais, Jim McCullogh, aux guitares, un gars qui travaille depuis quelques années avec la blonde Campbell et qui était connu comme gratteur pour les Soup Dragons e.a. .Il est pas grand mais doué.
Un second guitariste, pas forcément second couteau, Jeff Fielder de Seattle: acoustique, lead, dobro, claviers et seyant chapeau ( il joue chez Sera Cahoone, Black Market Band ou Lindsay Fuller) et deux Danish membres de Giant Sand, à la basse/contrebasse: Thoger T. Lund, aux drums: Peter Dombernowsky.
Fine équipe.
Isobel ne se contente pas de roucouler, elle aligne quelques lignes de violoncelle et secoue gracieusement divers handshakers.
Mark, sombre et distant, fredonne en consultant les lyrics.
'We die and see beauty reign'
On entre dans le vif du sujet sans passer par le vestibule, ce titre ouvre 'Hawk' et caractérise à merveille l'alchimie Campbell/Lanegan: une voix mâle grave, inquiétante,tourmentée, récitative et un timbre femelle léger, harmonieux, caressant sur fond musical moody americana.
'You won't let me down again' plus sec, avec un solo gluant de McCullogh.
Premier diamant brut, la lente valse, 'Come Undone', décorée d'un violoncelle altier.
Townes Van Zandt:'Snake song' une slide rampante.
Nouvelle ballade( leur marque de fabrique) noire et lynchienne 'Who built the road', sur le magnifique ' Sunday at devil dirt' , la voix dramatique du ténébreux Marco te donnant froid dans le dos.
'Free to walk' un dobro countrysant.
'Ballad of the broken seas' les titres se suivent sans que le couple n'adresse la parole à qui que ce soit: ni aux musiciens, ni au public. Pas le genre de la maison.
Le fabuleux 'The circus is leaving town', d'un classicisme glacé, profond comme du Leonard Cohen.
Le copain de Greg Dulli replie ses feuillets et se dirige, sans un mot, vers les coulisses.
Willy (Mason) is going to sing some tunes with me , annonce la délicate écossaise.
Le poignant 'No place to fall' Townes Van Zandt bis , suivi d'un 'Cool Water' plus agité, mais c'est pas les chutes du Niagara.
Une dernière avec le jeune Willy et écrite de sa main ' Say Goodbye' , un country/ bluegrass digne d' Alison Krauss.
Goodbye Willy!
Isobel seule au chant fragile ' To hell and back again', savais pas qu'il existait un aller/retour, mais ça ne respire pas l'optimisme. C'est fort proche du monde des Cowboy Junkies.
'Saturday's gone' toujours le mode ballade nostalgique.
Retour du tragédien et cette phase finale vaudra son pesant aurifère: 'Back Burner' aux arômes voodoo.
'Time of the season'.
On peut comprendre que le duo dit être inspiré par Lee Hazlewood/Nancy Sinatra.
Le country mélodieux: 'Honey child what can I do', avec un apport symphonique samplé en background.
Le blues sobre et dramatique, idéal pour le chant déclamé de Lanegan, 'Salvation' : une acoustique, deux voix et un violoncelle mourant pour ce titre composé par Jimmy McCulllogh.
Tu vibres pour arriver à un autre highlight du set, le jazz bluesy ' Come on over' (turn me on).
Superbe travail de McCullogh, les copains, méthodiques, assurent, les deux voix s'attaquant à tes tripes.
Public subjugué.
Le set s'achève sur un country rock steeple-chase à la Tom Petty: 'Get behind me'.
80'.
Quatre bis!
La lente et brève ballade 'Revolver, suivie de l'invitation à la valse '(Do You Wanna) Come Walk With Me ?, on a même vu Lanegan esquisser un sourire.
Le méchant Southern rock 'Ramblin man' et le lancinant 'Wedding Dress' mettent un terme à cette prestation.
Générique de fin, exit le corbeau et le rossignol.
Applaudissements des nombreux amateurs de films noirs, personne, toutefois, n'utilisera le qualificatif ' exceptionnel'!