jeudi 18 mars 2010

Rickie Lee Jones à l'Orangerie du Botanique à Bruxelles, le 17 mars 2010

Quelques mois après avoir enflammé le Depot à Leuven, Rickie Lee Jones, le Tom Waits féminin, revisite notre plat pays.
C'est une Orangerie bien fournie en fruits mûrs qui accueille la singer/songwriter californienne.
Appréhension légitime, aurons- nous droit à une copie conforme du show louvaniste?
Fred, le Zamp, n'en a cure il découvrira, ce soir, la mamie et son univers onirique, aux sonorités bigarrées( jazz/pop/soul et folk).

20h25: Rickie Lee Jones rapplique, chasuble noire transparente, mettant en évidence des chairs cinquantenaires, tu peux pas la confondre avec le dernier sex-symbol fabriqué du côté de Hollywood Boulevard.
A la guitare:'Second Chance', un titre ensoleillé paru sur 'The Evening of My Best Day'.
Elle a l'air bourrée, me souffle le Zamp.
Faut pas se fier à la première impression, ket, c'est une weirdo!
Un petit signe vers les coulisses, les musiciens en piste (pas les mêmes qu'à Louvain, où leur rôle était mineur, ce soir on a à faire à des cracks!): à la basse et backing vocals, Joey Maramba.
Bassiste, au look Chris Rea, super mélodieux. Il avoue être influencé par le grand Charlie Mingus et joue également avec HiddeN, il fait partie de la clique R L Jones depuis 2007.
Aux drums, claviers, piano, vocals, un gars ayant apparu dans le spot publicitaire pour le Scotch 'William Lawson's' : le dreadlocké, habillé d'un kilt sobre mettant en évidence ses mollets velus: Lionel Cole! Le fils du jazz vocalist Freddy Cole et un neveu de Nat King sweet voice Cole. Ce musicien exceptionnel sévit,notamment, également aux côtés de Mariah Carey.
Ils achèvent le premier titre en trio.
Une basse galopante introduit 'It takes you there' .
Elle hésite, va ramasser une acoustique et décide de nous adresser la parole: 'We're in Brussels, right? I met you before, people, a long time ago.... '
Stoned, me siffle Fred.
Une vieillerie de 1979: 'Weazel and the White Boys Cool'....he was pretty sleazy when I met him...,pas une ride cette short story bluesy, pour laquelle elle entame un duel avec le cool Joey.
J'ai rêvé de John Lennon riding a bicycle, Yoko derrière lui , il m'a regardé, ai écrit cette chanson: ' Away from the Sky', une ballade mélancolique et méditative, chanté de ce timbre flottant si caractéristique.
La setlist ne ressemble en rien à celle de novembre dernier, tant mieux! Assise, elle envoie le narratif 'Cloud of Unknowing', le rythme s'emballe, la mélodie devient hypnotique, le bluesy jazz se mue en chant vaudou inquiétant. Et là, tu te rends compte que Bjork a bien écouté et assimilé l'album 'Ghostyhead'.
La douceur classique: 'It must be love' .
Duo vocal orbital(Rickie Lee/ Joey) pour 'Satellites', Lionel s'étant mis au piano et ajoute une troisième voix pour le final de ce rock à la Lou Reed .
Une pure merveille!
Le profond et dramatique 'Sailor Song' , quelques images du 'Salty Dog' de Procol Harum te traversent les neurones.
'Young Blood': à trois sur le devant de la scène, l'Ecossais quittant sa cachette pour nous montrer sa pilosité jambière, tout en jouant du tambourin.
A marvelous soulful & groovy tune!
Joey s'empare d'un archet pour un des moments les plus poignants du gig, la ballade lyrique et tragique, proche de la musique de chambre: 'A Tree on Allenford'.
En cachette,tu sèches une larme, Lionel prend place derrière le piano, R L derrière un clavier, on envoie de gros beats:'Living it Up'. Longue plage, chronique des déjantés , avec fabuleux bridge piano/basse.
Lionel, tire-toi, je continue à pianoter noires et blanches, va jouer avec tes baguettes, gamin!
Sourires en salle.
L'histoire d'un gars qui ne s'en fait pas: 'A lucky guy', nouveau travail d'orfèvrerie de Joey, utilisant le violin bow pour caresser sa basse.
Flashback: 1968, les Black Panters, Tommie Smith et John Carlos aux J O de Mexico, un poing levé qui fait le tour du globe, but it ruined their lives.
Le gospel 'The Gospel of Carlos, Norman and Smith'. Un silence insoutenable dans l'Orangerie, l'émotion te noue la gorge.
Ai envie de rigoler un brin, Lionel, viens ici, annonce la school mistress , play the piano, man, vais jouer avec tes caisses.
Roadie, viens un peu régler ce micro, ai les doigts fragiles. Joey, toi t'iras à gauche, je te laisse ma guitare.. Franche rigolade à Bruxelles et le trio attaque 'Coolsville' , avec jolis effets psychédéliques à la slide.
Je reste aux drums, but what are we gonna play, gentlemen?
Je sais: a Bible story written by me ' Gethsemane' , jardin sur le Mont des Oliviers où Jésus passa sa dernière nuit en compagnie de ses disciples.
Simplement beau!
It's my grand debut on the drums. J'y suis, j' y reste:la cover de Traffic 'The low spark of high-heeled boys'.
Brillant!
Now, I'll try the bass, gimme a pick , how do you tune this fucking thing, I don't wanna tune I wanna sing, viens régler ça mec!
'Circle in the sand' un rock basé sur les accords de 'Walk on the Wild Side'.
Je reprends mon acoustique, c'est Mr Cole qui va chanter 'Old Enough', une histoire de rupture qui m'a pris 10 ans, a good one and nine bad ones!
Formidable soul ballad à deux voix.
Sur le dernier Cd ('Balm in Gilead'), une lovesong amère qu'elle interprétera seule: 'Bonfires'.
This one is for my daughter (21) : 'Wild Girl' ...you must have been a terror when you were young...
Rickie Lee still is a terror, crois- moi!
J'aime pas tellement vieillir, qu'elle chante, but everyday of my life I'm so proud I became his wife Because I got to raise Charlotte...
Une note optimiste dans son univers sombre.
Une dernière (n°21),en solo, l'aubade amoureuse, signée Cat Stevens 'How Can I Tell You'.

Au sablier:deux heures dix minutes.
Concert généreux, de grands musiciens et une Rickie Lee en forme, pas mannequin!