A 19h40' tu crains le pire, la salle est tristement vide.
Heureusement, à 20h la capitale est au poste pour applaudir le citoyen le plus bruxellois du Sierra Leone:
Baï Kamara Jr.
Qui vient présenter en grande pompe son 3è CD 'Disposable Society'.
Il a emmené quelques uns des plus beaux fleurons de la scène rock stoemp: Eric Moens à la lead guitar, un vétéran qu'aucun hospice ne veut: The Witness, PPZ 30, Odex Protocole, Sebi Lee, Himalaya, Belinda.... - l'inséparable Thierry Rombaux à la basse, t'ai déjà énuméré sa bio 20x - la jeune pousse, Joachim Saerens, au piano et claviers (vu avec Goudi, il y a peu)- l'immense Patrick Dorcean aux drums, le funky drummer par excellence - Michel Seba aux percussions, je cite Slang, mais ce requin connaît d'autres serpents - Baï à l'acoustique et lead vocals, of course.
Prêt pour une heure de soul, teintée de jazz, de blues, de funk et d'éléments latino?
Si señor!
'Rise' tu comptes les musicos, merde sont sept!
Un second percussionniste , ah oui:Osman Martins!
Rise est mélancolique, au message Greenpeace...stay close to nature... le timbre de Baï te fait immédiatement penser à Sting. Chaud, sensuel, noir!
Le groovy 'I can no longer place my faith in your hands' voit les premières nanas se déhancher frontstage.
Le funky ' I hope our misery doesn't entertain your world' , Baï aborde thèmes sociaux et messages humanitaires sans sombrer dans le prêchi-prêcha moralisateur. Son Afrique est profonde, et pas exotique.
Le titletrack: 'Disposable Society' , chaloupé, aux accents des îles.
Place à la soul:'Some Days' avec petit solo juteux de Meneer Moens.
I've brought a guest:from Cuba, Rey Cabrera et sa guitare Tres, idéale pour interpréter le 'Son': 'Your Pressure' , un titre bilingue ce soir lorsque Rey y va de son couplet en espagnol.
C'est immanquable, les images de Buena Vista Social Club traversent ton cerveau, tes jambes et tes hanches ne t'obéissent plus et tu imites le pas de danse des jolies créatures se trémoussant à tes côtés.
Un second truc cubano 'Signs' ( Osman, le Brésilien est dans le coup) te dirige vers La Habana où tu tangues sur Compay Segundo y sus Muchachos.
Pas de Puro, l'Ancienne Belgique est no smoking area!
Le dansant 'Refugee' voit un doublé Osman/Seba aux percussions.
'Going up the wrong way' handclapping Brussels.
'Making beggars into thieves' du funk ruisselant sur thématique sociale.
'The State I'm in' débute en ballade soul sirupeuse pour s'emballer méchamment après un signe du bassiste.
Joachim transformé en Chucho Valdès, en route pour le Tropicana night club.
Salsa time:où sont les danseuses à paillettes?
Un petit rock? 'Show more mercy' , Eric se la joue Lucky Luke.
Et on termine par le soulful hit imparable 'Substitute' .
Baï Kamara Jr:chaleur humaine et classe!
Lura
Alias Maria de Lurdes Pina Assunção, née à Lisboa, mais parents originaires du Cabo-Verde.
Pour l'accompagner, un piano, une guitare acoustique, un violon et une batterie.
A 21h20' ton aéronef se pose à Boa Vista, tu oublies le froid de canard qui perdure depuis des mois, place au soleil, à l'exotisme et aux danses sensuelles : coladeira, cola sanjon ou funana.
'Libramor' t'as déjà pigé, ce sera plus du Couleur Café légèrement pop, que du rock ou des morna tristes style Cesaria Evora.
L'accent est mis sur la danse.
'Marinhero' normal pour une contrée insulaire. Lura présente ses titres en français suave, sa musique joviale mélange rythmes africains, cubains, brésiliens et antillais. Difficile de ne pas balancer les hanches, ni de bouger son cul sur ces tempos rubatos.
Lura, la féline, donnant l'exemple.
'Mari d'Ascenson' une mazurka frou frou.
'Vazulina' pas pour hémorroïdes, mais pour rendre lisses les cheveux trop drus.
Jeu de jambes vraiment attrayant.
Une polka tropicale ' Festa Nha Kumpadri' , avec un violon Grappelli.
'Pensa Drêt' une samba aux senteurs Carlos Jobim. Du Brazilian jazz from Cabo Verde.
'Canta un Tango' pas besoin de dessin, le titre le plus proche des saudades.
'Mascandjon' tous les musiciens, sauf le batteur, regroupés face à nous pour un truc ressemblant à un merengue.
Un instrumental pour permettre à Lura de boire un coup.
'Batuku' pour toutes les Capverdiennes. Lura aux percussions couleur locale, en peau de reptile.
Ce Batuku ayant un petit air de ressemblance avec le 'Pata Pata' de Miriam Makeba.
La belle nous gratifie d'un pas de danse suggestif, d'un érotisme Orfeu Negro, avant de voir le band nous balancer une Funana, danse sensuelle interdite au Cap- Vert jusqu'à l'indépendance, en 1975.
Une démonstration, pieds nus, ce soir.C'est mieux que la lambada!
On lui fait signe que le couvre feu est proche, le syndicat de l'AB ne rigole pas avec le timing.
Cette danse doit mettre fin à ce show métissé et épicé.
Tous les Lusitaniens exigent un bis, et on nous envoie ce qui semble être un tube énorme au Portugal: 'Narina' , repris en choeur par Bruselas Ciudad.
Auf Wiedersehn Lura et le Cabo- Verde, cap sur le nid conjugal!