Ben Poole à la Grande Ourse, Saint-Agathon, le 30 mars 2025
michel
C'est la reprise des concerts blues du dimanche après-midi à La Grande Ourse.
Avec le passage à l'heure d'été, certains clients potentiels, toujours à table, ne sont pas encore sur place.
Heureusement, comme Ben Poole est lui même arrivé tardivement, à l'heure du kick off, la salle est bien garnie.
Après quelques dates en compagnie de Guy Smeets, Ben Poole a repris le European tour en trio, la caravane a prévu trois dates dans ce beau pays, où certaines personnes sont inéligibles, la dernière à Saint- Agathon.
Pour accompagner Ben ( ex - guitariste de Dani Wilde) , catalogué à juste titre de one of the most impressive blues rock artists actuels, La Grande Ourse verra deux autres pointures, Wayne Proctor (drums) et Steve Amadeo (bass).
Tu as vu le premier comme membre de King King , Steve est très demandé, Walter l'a vu aux côtés de Ash Wilson et de Ainsley Lister.
Les enregistrements studio de Ben peuvent se compter sur les doigts d'une main ( sans compter son duo avec Guy Smeets), il a également pondu un 'Live in Montreux', il y a deux ans.
La setlist a probablement glissé dans la piscine, rien ne traînait sur scène.
Pendant près de deux heures, le trio a étalé tout son talent et a mis le public, pourtant assis, à genoux.
Deux heures, tu dis, 30 à 40 titres, donc ?
Tu oublies, chaque plage interprétée, avoisinait les 10 minutes!
Dès l'entame, nous sommes secoués par un gros, très gros même, son, une intro, plus metal hulant que blues rural, précède ' Start the car', un titre emprunté à Jude Cole.
Ben combine funk et blues rock et nous assène d'emblée une avalanche de riffs tantôt heavy, tantôt fluide, il s'autorise un duel avec Steve, tandis qu'à l'arrière Wayne maintient un tempo soutenu.
Une première séquence de handclappings secoue les fondements de l'édifice, le moteur de cette caisse tourne à plein régime et après un dernier solo tonitruant, Ben la fourgue au garage et nous permet d'applaudir à la performance.
Wayne introduit la suivante, plus lente, 'Win you over' , chanté d'un timbre proche de celui de Lenny Kravitz.
La plage dépasse à nouveau fièrement les 7 minutes, avec un schéma classique, démarrage juteux en trio, bridge instrumental groovy, reprise du chant aux intonations ' In the midnight hour', présentation de l'équipe, message à la foule, 'ready to have some fun', réaction ' yeah' et explosion finale.
Effets fuzz pour attaquer ' Take it no more' , Wayne agresse ses cymbales avant de frapper les trois coups, ça pique comme le cactus, pas celui de Dutronc, non, le cactus de gens très fréquentables: Tim Bogert, Carmine Appice, Jim McCarty et Rusty Day.
Après une nouvelle envolée héroïque reposant sur une rythmique balèze, Ben emmène la machine jusqu'à l'entrepôt.
Saint-Agathon, this was the warm-up, plaisante-t-il, passons aux choses sérieuses!
Voici ' Longing for a woman', un morceau que je ne jouais plus depuis un petit temps
La Stratocaster s'engage mollo avant l'arrivée de l'artillerie lourde.
Ben nous régale d'une digression qui explique l'admiration que lui portaient Jeff Beck ou Gary Moore, ce gars étale une adresse hors du commun, fretwork admirable, juicy licks et envolées cinglantes se succèdent et nous laissent pantois.
Le drummer attaque la suivante en force, les copains ne se font prier, les noix tombent du cocotier, tous aux abris, ça mitraille sévère, ' No second chances' est explicite, tire-toi, ne t'avise plus de croiser ma route!
Ben s'éclipse pendant 15 secondes, Wayne et Steve, en tempo largo, introduisent la suivante, Ben réapparaît, ramasse un nouvel instrument, attend que l'audience acclame ses coéquipiers, avant d'entamer un slow blues en broderie anglaise, ' Don't cry for me' est le style de chanson qui réussit à faire pleurer toute l'Argentine.
Il nous régale d'un solo mystique, suivi par une éruption volcanique, nous démontrant que la guitare peut s'avérer être une arme redoutable.
Next one is a cover, indique le tatoué, avant d'amorcer "Dirty Laundry" , a song written by Don Henley and Danny Kortchmar!
Si tu veux savoir comment transformer un Southern rock en blues rock vicieux, va assister à un concert de Ben Poole.
Sur 'The question why' , le trio fusionne blues rock et soul en pimentant le tout de touches latino.
You, French people are respectful, thank you for coming on a Sunday afternoon, we really appreciate.
Nous aussi, Ben, on affectionne ton jeu, merci!
The last song is called 'Anytime you need me', ce funk blues sera victime d'un léger accroc au niveau lyrics, uniquement remarqué par Steve, qui lui fait un clin d'oeil.
Saint-Agathon n'y a vu que du feu .
C'est l'heure des gimmicks, ma guitare a des chatouilles, m'en vais la frotter contre le pied du micro, ziip, ziip, je te cède le relais Steve, montre leur comment tu manies la basse.
Après ce formidable solo en clair-obscur , Ben nous place une dernière intervention stupéfiante et c'est debout que la salle implore les musiciens de revenir pour une dernière salve.
Une intro hispanisante évoquant le ' Spanish Caravan' des Doors amorce 'Time might never come' illuminé d'un solo pointilliste à faire pleurer Seurat et Pissarro.
Après dix minutes de délicatesse, le morceau prend une physionomie moins douce pour finir par un climax diluvien précédant l'outro dramatique.
Ce concert a fait l'unanimité, quelques qualificatifs entendus à la sortie: extraordinaire, incroyable, topissime, wunderbar ( danke, Helga!), la poule aux oeufs d'or ( merci, Bigard) .