jeudi 20 février 2025

Album - Gillian Welch & David Rawlings - Woodland

 Album - Gillian Welch & David Rawlings - Woodland

michel 

Acony Records

Americana.

Si officiellement, le couple  Gillian Welch / David Rawlings  n'a jamais pris rendez-vous avec  le maire pour passer un anneau au doigt, cela fait plus de trente ans qu'ils font de la musique ensemble, après avoir été assis sur le même banc au Berklee College of Music.

Gillian, née à Manhattan d'une fille étudiante et d'un gars de passage dans le coin,  a été adoptée par un couple d'artistes qui l'emmène vivre à L A, très vite,  la musique ( country et folk)  l'attire.

Après des études de photographie, c'est  à la Berklee School of Music de Boston qu'elle poursuit son apprentissage musical.

Cupidon passait par là, flèche en plein coeur,  coup de foudre,  David Rawlings entre en piste. 

Ce dernier, guitariste, chanteur et producteur, s'entend sur tous les albums de sa compagne et si les deux  premiers ' Revival' de 1996 ( Grammy Award for Best Contemporary Folk Album) et 'Hell among the Yearlings'  ont été  produits par T-Bone Burnett, qui joue de l'optigan ( un orgue vintage) sur plusieurs titres, depuis ' Time' de 2001, David est derrière les manettes, les plaques sont d'ailleurs publiées sur leur propre label: Acony Records. 

La discographie de Gillian, désormais, se chiffre à 7  albums " officiels'' ,  les deux derniers ( All the good times ( are past and gone et ) Woodland   sont crédités Gillian Welch & David Rawlings.

A cela il faut ajouter un live et quatre bootlegs  comprenant 'Lost Songs'. 

David  Rawlings a gravé deux CD's  sous l'étiquette Dave Rawlings Machine, et un autre sous son nom.

On l'entend aussi sur des enregistrements de Ryan Adams,  Bright Eyes, Ani DiFranco, Sara Watkins,  Old Crow Medicine Show ou Robyn Hitchcock.

 

 Woodland  doit son nom au Woodland Sound Studios,  East Nashville ( célèbre pour des albums de Neil Young ou du Nitty Gritty Dirt Band), que le couple a acquis en 2002.

Des studios qui ont bien failli disparaître après la tornade de 2020  ayant  frappé Nashville. 

Track Listing:
1. Empty Trainload Of Sky
2. What We Had
3. Lawman
4. The Bells And The Birds
5. North Country
6. Hashtag
7. The Day The Mississippi Died
8. Turf The Gambler
9. Here Stands A Woman
10. Howdy Howdy

Credits;

 Gillian Welch – vocals (all tracks), guitar (tracks 1–9), bass (2), banjo (10)

 David Rawlings – vocals, guitar, production, mastering, mixing (all tracks); organ (track 1), string arrangement (2, 6), engineering (3, 4, 6, 8–10), guitjo (3), harmonica (8)

 Additional musicians

Russ Pahl – pedal steel (tracks 1, 2, 5, 6)
Chris Powell – drums (tracks 1, 2, 5, 7)
Brian Allen – bass (tracks 1, 5)
Kristin Wilkinson – section leader, viola (tracks 2, 6)
David Davidson – violin (tracks 2, 6)
Jung-Min Shin – violin (tracks 2, 6)
Mary Van Osdale – violin (tracks 2, 6)
Jenny Bifano – violin (tracks 2, 6)
David Angell – violin (tracks 2, 6)
Wei Tsun Chang – violin (tracks 2, 6)
Janet Darnell – violin (tracks 2, 6)
Annaliese Kowert – violin (tracks 2, 6)
Chris Farrell – viola (tracks 2, 6)
Monisa Angell – viola (tracks 2, 6)
Seanad Chang – viola (tracks 2, 6)
Kevin Bate – cello (tracks 2, 6)
Austin Hoke – cello (tracks 2, 6)
Jennifer Kummer – French horn (track 6)
Patrick Walle – French horn (track 6)
Ketch Secor – fiddle (track 7)

 Photo de pochette sur fond noir: Alysse Gafkjen, a Nashville based music portrait photographer.

La plage inaugurale  “Empty Trainload of Sky” groove mélodieusement en suivant l'allure de ce train de marchandises, désormais inutilisé,  qui traverse mollement  un tréteau surplombant la rivière.

Une image d'une autre Amérique,  pas celle de l'I A, des financiers rapaces , des oligarques mégalo, ce train expose un tableau de la tradition rurale, d'un pays où, à une époque, fleurissaient les hippies et la devise  make peace not war, et ce n'est pas par hasard que le duo fait appel à Neil Young en reprenant les lyrics...   I said hey hey, my my..

Musicalement tous les amateurs de roots music vont craquer face  aux  subtiles harmonies vocales, à la pedal steel discrète de Russ Pahl et au  jeu des guitares évoquant le  regretté J J Cale.

Déjà un classique folk rock!   

' What we had' propose une orchestration plus fournie, un ensemble de cordes habille cette ballade où la voix de David prend de formidables intonations Neil Young.

 Rejoint par sa compagne,  la romance soft rock, mélancolique,  vient gentiment bercer  ton âme avec un message lucide, ce qu'on avait, au fond,  c'était pas si mal, ... “I used to dream of something unseen/It was something that I thought I wanted so bad , aujourd'hui ce que je désire c'était what we had!

Passéiste? 

Non, lucide, on t'a dit!  

C'est en fingerpicking que David Rawlings amorce l'acoustic blues   ' Lawman' ,   dont la ligne initiale ..Sylvie gonna bring a little water ... est empruntée à une traditional  work song, notamment interprétée par Lead Belly. 

Il est question d'injustice, d'indigence, de meurtre,....musicalement un chroniqueur averti y entend des similitudes avec le grandiose 'Can't find my way home' de Blind Faith.

Le doux  “The Bells and the Birds”, chanté d'une voix cristalline par Gillian et  décoré d' accords de guitares délicats,   pastichant les ringing bells,  est  proche du British folk des seventies ( Fairport Convention, Fotheringay... ). 

Ce titre nous rappelle   au bon souvenir de Sandy Denny qui, à 31 ans,  est partie bien trop tôt , à l'instar de Terry Kath ( du band  Chicago), décédé au même âge, quelques mois plus tôt.

'North Country' à ne pas confondre avec le titre de  'The Rankin Family' , ni avec 'Girl from the North Country' de Bob Dylan,  la ballade composée par le duo est introduite par une guitare méditative avant d'entendre la voix mélancolique de Gillian narrer  les soupirs  de la fille ne supportant ni le froid, ni l'éloignement de l'être aimé. 

La pedal steel et la basse ajoutent juste assez de consistance aux deux guitares et aux voix fatalistes.

Cinq minutes de douceur ouatée! 

C'est la voix de David Rawlings qui s'entend lorsque ' Hashtag' est ébauché, Gillian rejoint son compagnon après une minute, puis un nuage de  cordes vient envelopper cette plage paisible,   dédiée à Guy Clark, décédé en 2016.


lundi 17 février 2025

Festival Paimpol Mon Amour avec Nanisca et Marion Roch , Salle des Fêtes à Paimpol, le 15 février 2025

 Festival Paimpol Mon Amour avec Nanisca et Marion Roch , Salle des Fêtes à Paimpol, le 15 février 2025

michel

 La première édition du festival « Paimpol, mon amour »  a eu lieu en février 2020, peu avant les confinements, décrétés par un gouvernement aux abois.

Au menu de  cette première manifestation, déjà du cinéma , un menu Saint-Valentin et des concerts, avec notamment  Sweet Screamin Jones!

Un défi audacieux  engagé par Amaury Collier et son équipe de bénévoles, mais une réussite totale!

Impasse sur 2021, aucune explication nécessaire, la seconde édition a eu lieu en 2022, la formule avait  fait ses preuves, elle aura dû être renouvelée, c'était sans compter sur les aléas, ce sera une édition tronquée.

Finalement la 'vraie' seconde manifestation se déroulera en 2023, Elsa Carolan ou le Trégor Blues Band, e a, sont passés par la salle des fêtes. 

2024: changement de programme,  l’édition se déroule sur une seule journée, avec notamment OozZ à l'affiche.

En 2025,  l'organisation voit grand: quatre jours de festivités, du 13 au 16 février, un menu copieux: deux films, un dîner Saint-Valentin animé par Les Simone, un double concert avec Nanisca et Marion Roch et enfin,  le dimanche, la chorale Mauve Your Body doit précéder le show  de   Louise Robard,  Philippe Dardelle et de leurs musiciens  qui revisitent le répertoire Stax et Motown .

 Samedi, 20:15,  une salle des fêtes accueillante voit arriver les premiers spectateurs, qui en attendant le premier concert se précipitent sur une assiette d'huitres, accompagnée d'un petit vin blanc.

Assis au premier rang, ( merci  à  Yoann Guillouzouic, réalisateur, agent artistique mais aussi parolier pour Marion Roch  d' avoir autorisé  à utiliser l'auto-focus et par la même occasion de nous avoir refilé la setlist), tu attends l'apparition de Nanisca.

 

A la table de mix, ils ont l'excellente idée de diffuser du Lou Reed,  du David Bowie et du Kraftwerk, il y a pire pour patienter, chez ton dentiste, c'est de la muzak qui doit couvrir les hurlements de patients charcutés, dans le pire des cas, du  James Last, dans le meilleur,  du Paul Piot et son Orchestre.

20:40 - Nanisca! 

Jeanne Feydel ou Jane Cumin, est  touche  à tout:  danseuse, comédienne, actrice , dramaturge et depuis peu , la Paimpolaise décide de chanter sous le nom de Nanisca ( une Amazone du Dahomey) .

Elle fait ses premières dents en 2024 au Tremplin d'Attrap'Sons ou à Rennes ( l'Antipode), peu après elle enregistre  deux singles, ensuite elle entre à nouveau dans les studios pour graver les maquettes d'un premier album dont la sortie est imminente ( malheureusement, sur le net, tu ne découvriras aucune trace de ce disque, donc pas de setlist).

Ce soir, Paimpol, assistera à un  seule-en-scène, les musiciens qui l'accompagnent sont restés à Paris, ils sont remplacés par des bandes.

Extinction des feux et musique symphonique  introductive dans le style des B  O spatiales, signées  Vangelis .

Les projecteurs clignotent, aveuglent l'assistance, annonçant l'apparition d'une créature  vêtue d'un cape à capuche gothique ( la cape)  , elle nous tourne le dos, puis s'avance vers le devant de la scène, se décoiffe , la bande distille de gros beats , Nanisca, à la tenue scénique suggestive,  entame un premier electro pop sensuel et dansant... tu es la femme et je suis l'homme... sur tes lèvres j'ose un baiser... un propos  et un fond sonore ( peut-être moins liturgique) évoquant 'Sadeness' d'Enigma .

Des cris enthousiastes fusent à gauche de la scène, le fan club, féminin, de l'artiste a décidé de mettre de l'ambiance, obstinées, les jeunes filles vont   soutenir la chanteuse pendant tout le set, leur énergie communicative va contaminer une bonne partie de l'assistance, qui, comme elles, montrera une adhésion totale à la performance de Jeanne.

Exit la cape pour attaquer 'Zoom'  ,  de l'electro pop lascif dans un moule Chvrches, Say Lou Lou, Austra, Dua Lipa   ou  Eugénie et Yelle en France.

Paimpol, je vous invite à célébrer l'amour sous toutes ses formes.... voici  le midtempo  explicite ' Je suis'.

Très théâtral et aguichant, le jeu de scène de la jeune femme interpelle.

La suivante est pour ceux qui ont la force de redémarrer après une tempête!

Assise sur un caisson en bois, elle narre son texte bilingue ... fly to the sun... mais fais gaffe il y a un risque... to burn your wings... remember Icare. 

Tout est fantasmes et rêves érotiques chez Nanisca, son chant en parlando et sa gestuelle ne laissent planer aucun doute.

Elle déambule, grimpe sur le second caisson,  nous rappelle que Stereo Total, en 2009 déjà, chantait ' L'amour à trois' .

Tout Paimpol bat des mains, le devant de la scène est transformé en dancefloor, ambiance boîte de nuit à Ibiza!

Et c'est là  que la jeune personne nous balance un titre plus sérieux sur beats énormes ' Petite soeur'.  

Je m'allonge sur le meuble de chez Ikea pour vous chanter la suivante, tourbillonnante,  aux relents 'Maman a tort' de Mylène Farmer, suivie par une déclaration d'amour ( non piquée à France Gall) pour ensuite  terminer la lecture de son futur album par un dernier  titre,  toujours aussi charnel,    d'inspiration Luis Buñuel.

Chaud le show de Nanisca, qui a embrasé tout  le public, groupies et non-initiés! 


Le temps d'avaler une bière et voici Marion Roch.

Une formule duo: Marion, chant, guitare et sourires enchanteurs et le formidable  Christopher Peyrafort, aux guitares, à la mandoline, au programming, il ose quelques backings et  pose un pied sur une stomp box à l'occasion.

Avant de se lancer dans la chanson, Marion, originaire du Haut-Doubs, était  éducatrice spécialisée, ce métier passionnant,  parfois ingrat, elle ne l'a pas renié , il transperce  certains de ses textes.

Depuis 2015, elle arpente les scènes hexagonales et internationales pour y interpréter les titres de ses deux albums, le dernier ' Au bout de ma table' ( produit par Renaud, un fan inconditionnel) datant de fin 2024. 

 Marion décide d'entamer son premier concert de 2025 par ' La  bête au ventre',  un morceau fabuleux introduit par la guitare bluesy  de Christopher.

Elle donne la parole à une jeune  fille du foyer,  meurtrie par la vie qui crie sa rage, sa rancoeur, les illusions perdues .

Quand  la surveillante lui dit ... il ne faut pas pleurer, tu es  une grande maintenant... bizarrement  c'est un  titre de Daniel Guichard qui traverse ton esprit.

Justesse et sensibilité et un solo de guitare déchirant, quelle entrée en matière!

Christopher manipule le laptop, c'est sur fond de piano ' que ' La petite fille qui chante'  est amorcé.

Un nouvel exemple de chanson réaliste ( de l'Edith Piaf dépoussiéré)  qui va droit au coeur. 

Comment mixer dance pop  et propos engagé, c'est simple, écoute ' Comment tu fais?'  son flow hip hop  et ses rythmes exotiques. C'est irrésistible et quand Marion descend dans la fosse pour  chanter parmi nous, la température monte dans le rouge et Paimpol hurle.

Une guitare sèche pour Christopher, qui plaque quelques accords  à la 'Angie' des Stones  et introduit ' Au bout de ma table'.

Eh, mais, ils ont oublié le tabouret, Clément s'active, le siège arrive, Marion entame son autobiographie chantée.

C'est poing levé qu'elle crie... j'assume d'être une mère célibataire..  Sandrine Rousseau a refait son coeur avec les doigts.

' Les couleurs de Vancouver' , une carte postale  du Canada sous forme de valse,  est décorée de vocalises poignantes et d'accords de guitare dans les tons graves.

Marion a deux idoles, Renaud, son producteur et désormais ami et Kurt Cobain, pour lequel elle a composé ' Kurt'.

Kurt, un peu Rimbaud, un peu Verlaine, qui parfois chiale comme un gosse...

Au risque de se répéter, on souligne le rôle primordial de Christopher qui nous gratifie d'un solo à tomber par terre.

Quelle claque!

T'étais pas le seul à pleurer en entendant le poignant  'Avant d'avoir vécu'  ... un enfant qui meurt sera toujours le nôtre... 

Une force évocatrice incroyable, le public ne s'y est pas trompé et applaudit à tout rompre.

Christopher parti sangloter en coulisses ressurgit, ramasse sa guitare, nous joue ' Jeux interdits'  , puis sa semelle enfonce la stomp box.... boum, boum, boum , un rock, Paimpol?

'Tout un poème'  n'a de poétique que le titre car c'est d'une diatribe qu'il s'agit, et toute la salle  danse, que ce soit à la manière de Beyoncé ou du John Travolta, qu'importe , d'ailleurs on se la joue Freddie Mercury ce soir, chante avec moi!

Retour au calme après la débauche d'énergie, dans l'intimité du foyer, on fait la connaissance  d''Achille'  .

Tendresse et grâce  à fleur de peau , comment fait-elle pour être si émouvante?

Une intro Gary Moore ébauche ' Regarde' un titre impétueux  qui  vire calypso/salsa après 60 secondes.

Tandis que Christopher se la joue Carlos Santana, Marion vient se  mêler aux danseurs face à la scène, seuls les techniciens son et l'éclairagiste sont restés assis!

La fiesta se poursuit avec ' Je recommence', aux intonations Barbara, mais sur un rythme ensorcelant.

Ce titre termine ( en principe) une prestation  impeccable.

Marion  marie  le talent, la joie de vivre et l'énergie, Paimpol ne peut la laisser rejoindre les coulisses sans un rappel.

On avait tous aperçu une mandoline sur le plateau, elle n'avait pas servi, Christopher s'en empare pour ' Tes hirondelles', un titre dédié à Juliette, la grand-mère, de Marion, qui a quitté cette planète il y a peu. 

Tu ne regarderas plus jamais les hirondelles se poser sur les fils électriques sans penser à Marion Roch. 

C'est a capella que ' Le silence est d'or'  est esquissé,  très vite ce morceau, conçu pour prendre congé, affiche des accents cubains avant d'obliquer vers des tonalités celtiques, avec une mandoline évoquant Rory Gallagher, Paimpol se démène une dernière fois.

Des irréductibles veulent plus, Marion, hésite, le stock est épuisé, elle fait un signe vers son guitariste... oui, d'accord, on refait 'Comment tu fais?' 

 

Un dernier tour de manège avant de reprendre le chemin du retour, des étoiles plein les yeux!

 

 

 

 

 

  

 

 

 


 

 

 

  

samedi 15 février 2025

Lux Ornot au Barbe à Plouha, le 14 février 2025

 Lux Ornot au Barbe à Plouha, le 14 février 2025

Michel

Saint-Valentin, tu parles..

Pépère dans ton antique cabriolet, qui affiche une vitesse de pointe à peine supérieure à la traction d'Alain Souchon, tu te diriges vers le centre bourg, t'étais sur le point de contourner l'église paroissiale, quand devant toi, tu avises une dizaine de ploucs échauffés  ( pas par le soleil) qui se tabassent joyeusement.

Kung Fu fighting in Plouha, une première!

T'évites de justesse leur caisse abandonnée en plein milieu de la chaussée pour garer ton tacot loin de l'échauffourée et  te réfugier au Barbe, dont le menu annonce Lux Ornot!

Sur la fiche du café concert t'avais lu:  Lux Ornot est un auteur-compositeur-interprète, multi-instrumentiste et arrangeur rouennais.

Rouennais, OK, est-il roué?

Ni roué, ni enroué, Lucas Le Breton avant de débuter l'aventure Lux Ornot était la figure centrale du combo Delusionn, ( double le n final pour ne pas confondre avec Isaac). 

Fin 2023, il décide ' Time to shine' et entame la nouvelle aventure, moins d'un an plus tard, un premier EP est baptisé par l'archevêque de Rouen, Dominique Lebrun, un intime de François Hollande.

Jusqu'ici il ne s'était jamais produit hors des terres normandes, le voici, ce soir, chez l'ennemi héréditaire, les Bretons, toujours décidés à récupérer le Mont Saint-Michel.

 

Lux n'est pas venu seul dans le traquenard, il est accompagné par Sacha, on ne lui dira pas qu'il ressemble vaguement à Palmade, un bassiste plus que doué,  qui distille des cours pour débutants si ceux-ci peuvent débourser 20€ pour une heure de pratique.

Aux drums, T-shirt Nirvana d'une autre époque, un petit gars survolté, Noam!

T'as compté, ils sont trois et comme Lux manie la guitare ( mieux que bien) , l'étiquette Power Trio est de rigueur! 

Après la séance maquillage, ils sortent de coulisses et observent une minute de silence  en guise de concentration.

Le tocsin résonne, c'est Noam qui cogne une cymbale, la guitare et la basse réagissent au quart de tour, le bistrot se met à trembler, la limite des  100 décibels est largement  enfreinte, le son est énorme.

'Wake up call', tu parles d'un réveil, le clairon,  qui annonçait aux troufions qu'il fallait quitter le lit douillet, était plus  doux que les  get up, get up...  répétés par le chef.

Après cette entrée en matière musclée, Sacha  fait gronder sa basse pour entamer ' Overthinker' , un mix de funk metal et de hard rock qui peut évoquer Living Colour. 

Lux: on a prévu trois reprises ce soir, voici  la première 'Supremacy' de Muse .

Une version destroy entrecoupée par les  rires de  la troupe, rires que tu ne confondras pas avec  ceux de la folle du régiment, la préférée du Capitaine des Dragons.

Visiblement ces gamins s'amusent et leur joie est communicative. 

' Hoax' du rock héroïque, bien carré,  s'entend sur l'EP sorti fin 2024, un bridge assagi leur permet de respirer avant de retourner au front.

Un premier titre plus détendu, ' At the door' succède à la furie initiale.

Ne va pas croire qu'il s'agit d'une berceuse, comme élément de comparaison on avance ' Black Hole Sun' de Soundgarden.

Personne n'a applaudi au terme de la plage, la faute au batteur  qui continuait à faire trembler ses cymbales. 

' On the seaside' offre des aspects bluesy, la guitare lâchant quelques coulées Santana loin d'être idiotes.

Un hurlement pas poussif ponctue le morceau, du coup, mouettes, goélands et cormorans ont pris le large. 

On nous promet du déchaîné, effectivement 'Pride and other vices'  vient éclater dans nos pavillons, Lux descend d'une marche, taquine Hortense, une bourgeoise n'ayant pas été retenue pour Danse avec les Stars mais qui gigote impétueusement , avant de remonter sur la scène pour balancer des riffs vicieux.

Il est relayé par un solo de basse bien rond  qui vire rondo rock infernal.

Le guitar hero prend la pose, tandis que la basse et les drums  labourent ans relâche.

Eh, Sacha, à toi d'introduire ' 'Submarine surprise' !

 Il est de quelle couleur ce submersible... jaune?

Le truc  démarre rondement puis vient un épisode wah wah fulgurant, avant une envolée  à la Michael Schenker, suivi par un passage à trois, digne de la grande époque de Beck, Bogert and Appice, pas des singes!

Du muscle et de l'efficacité, Jane Fonda s'est montrée impressionnée!

Quelques réflexes de pro, Plouha, du bruit s v p  ... puis ils optent pour une seconde reprise:, ' A song for the dead', que les Queens Of The Stone Age ont imaginé comme petite musique de fond pour accompagner les funérailles.

Des cassures subites, des reprises violentes, c'est une sale beigne en pleine poire que ces Normands  nous assènent.

Ils embrayent sur le single prévu pour le prochain EP, 'Homeworld' ( c'est ce qu'a écrit Lux, pensait-il à  ses années d'école et à homework  ?).

Leur cocktail te fait de plus en plus penser à Tomahawk, un des groupes de Mike Patton.

Ce qu'on peut avancer avec certitude est que Lux Ornot a peu de chances de passer sur l'antenne de Radio Bonheur, on leur propose Radio Activ'.

C'est l'heure du dernier emprunt, et pas n'importe quoi: ' Killing in the name'  de  Rage Against The Machine.

Des enragés, ces mecs!

On termine le round et le combat par 'Crybaby' , une dernière salve pour laquelle Le Barbe est mis à contribution.

Tous les yeux se tournent vers  Noam qui matraque tous ses ustensiles comme un CRS qui vient d'apprendre que sa femme le trompe avec un petit con.

Le public, chaud boulette, insiste pour un bis.

Sorry, le stock est épuisé!

Arlette:  allez,un effort, et ça doit commencer par un solo de basse.

Serviable Sacha s'exécute et entame un solo funky à la Larry Graham, les copains rappliquent le morceau part en jam,  similaire à ce que Jimi   concoctait avec son Band of Gypsys,  pour  finir en seconde version de 'Overthinker'.

 Vu le nombre de knock-downs infligés aux pauvres spectateurs,l 'arbitre a désigné Lux Ornot  comme vainqueur logique,   à l'issue d'un  combat inégal !

 

 

mercredi 12 février 2025

Strange Week EP - Rebecka Reinhard

  Strange Week EP -  Rebecka Reinhard

michel  

self released

singer/songwriter

Rebecka Reinhard  a été dépeinte comme étant “Possibly the only true sad girl in Stockholm”, elle naît un jour ( on ne précisera pas l'année) dans les faubourgs de Stockholm,   à Vallentuna, where the county slogan is “every tenth citizen is a horse” et pourtant la ville compte une équipe de foot avec de vrais joueurs, aucun ne se nomme Flicka, ni Jolly Jumper .

Comme l'équitation n'était pas son passe-temps favori, elle décide de se lancer dans l'univers musical.

Après un séjour à Paris, où elle tâte de la scène, elle s'installe à Londres et publie ( en 2017) un premier EP, ' Cherry Trees' .

Un second EP ' Valentine Road' paraît deux ans plus tard , à  une époque où Rebecka transite entre la capitale du UK et la Suède. 

Pendant le Covid, on entend sa voix sur des enregistrements de Blackaby

En 2021, un troisième effort discographique, 'The Whale'  pointe le bout du nez,  comme influences, elle cite Angel Olsen, Mitski, Courtney Barnett ou Cate le Bon.

Un live enregistré à Malmö, lors des Bunker Sessions, précède son dernier ouvrage    'Strange Week', limité à trois titres.

 Tracks:  1. Strange Week 2. Give it Up 3. When I Get a Dog.

On patauge  pour les crédits: 

Sauf pour Rebecka Reinhard: vocals, guitar .

Selon les titres on a pu retrouver quelques noms:  Alexander Eldefors: samples et synth / Giovanni Velez on drums/  peut-être Åsa Johnsen  on banjo/ Kalle ( Jönsson ?): additional guitar/ Christopher ( Droste ?)  on bass.

 

Photo de pochette signée  Elvira Glänte , elle montre une Rebecka,  à la touche Françoise Hardy,  fringuée d'un T-shirt d'un rouge vif sur jeans salopette, elle arbore fièrement une Fender rutilante.

Quand un titre ( Strange week) commence par ces mots...  I′m hopeless,  that's the way I′ll always be... tu t'attends à un truc larmoyant, et déprimant , dans le style  ' Down in a hole' d'Alice in Chains  ou 'Man of constant sorrow' de Bob Dylan.

Mais non, le morceau de Rebecka vibre aux sonorités constituées de  jangly guitars, genre  Pavement, Sebadoh, Beck  ou   Courtney Barnett si tu cherches un pendant féminin.

D'une voix blasée,   la fille cherche à attirer la sympathie ( Please help me, all I need is a little sympathy.. )  tandis que  sur une mélodie catchy  les guitares ébouriffées, éperonnent,   tressaillent spasmodiquement ou   giflent fougueusement.

Scénario plus ou moins similaire sur ' Give it up', une seconde tranche de slacker pop, sur laquelle apparaît un banjo rayonnant    qui évoque Steve Martin, un copain d' Edie Brickell. Ce sont toutefois à nouveau les guitares,  bien soutenues par la basse, qui donnent le ton,  certainement après le  bridge  effervescent.

 

L'EP s'achève sur la rêverie ' When I get a dog', dominé par les lignes de basse mélodiques de Christopher, tandis que les guitares brodent gentiment, que la batterie maintient le  cap  en souplesse,  et que quelques effets de synthé ajoutent une pointe futuriste à la plage.

Rebecka chantonne ou vocalise délicatement tout en contemplant le ciel, qu'elle imagine  étoilé,  pendant ce temps Rufus Thomas promène le clébard.

En  onze minutes,   on a pu découvrir une artiste rayonnante et subtile qui, par son authenticité et ses lyrics introspectifs, possède le don de s'adresser à ton âme.

Le moment est venu  d' accoucher d'un full album, Miss Reinhard! 

 

 

 

samedi 8 février 2025

Sammy Decoster au Barbe à Plouha, le 7 février 2025

 Sammy Decoster au Barbe à Plouha, le 7 février 2025

michel  

Tijl Uilenspiegel:  titre complet de l'épopée : De legende en de heldhaftige, vrolijke en roemrijke avonturen van Uilenspiegel en Lamme Goedzak in het land van Vlaanderen en elders..

Auteur: Charles de Coster, un écrivain franc-maçon,  dont tu peux admirer un monument commémoratif aux Etangs d'Ixelles.

Quel rapport avec Sammy Decoster?

Aucun, rien qu'en Belgique 4529 Decoster sont recensés, mais le seul Sammy Decoster musicien naît quelque part ( les historiens en herbe sont en désaccord, l'un avance Deauville, l'autre le Nord) en   1981.

Anyway, faut pas y attacher beaucoup d'importance, l'ex - Tornado, Ultra Orange  ou Verone ( devenu Facteurs Chevaux) , niche désormais  à Voiron, dans le Dauphiné.

Tu l'as croisé à Bruxelles ( Maison des Musiques, Botanique)  en 2009, à l'époque où le président de la République, qui n'avait aucun démêlé avec la justice en ces temps bénis, se nommait Nicolas Sarkozy.

Un bon souvenir!

 Seize ans plus tard tu n'iras plus le comparer à un jeune Jim Morrison, le cheveu est moins épais et  parsemé  de gris.

On avait imaginé le voir accompagner par Marion Perrichet ( une digitale sauvage)  pour sa mini-tournée bretonne, mise sur pied par son ami   Seb Uguet, pas de bol, retenue par son boulot d'enseignante, Marion sera absente.

C'est donc armé de sa six-cordes acoustique que Sammy  va  fourrager dans sa discographie personnelle ( à peine trois ouvrages long format , le dernier de 2024 enregistré avec Digitale Sauvage + quelques singles ou EP's) et entamer son récital devant un auditoire nombreux et attentif.

Une acoustique mélodieuse entame la ballade  ' Seul'  ,  aux forts relents Bob Dylan, revisité par Hugues Aufray.

Pense à 'Don't think twice it's alright' devenu 'N'y pense plus tout est bien'.

Ce folk bucolique et harmonieux berce  l'assistance  mais pourquoi soudain le jeu de Sammy part en montagnes russes, un pied écrase  une pédale à effets , du coup  la ballade s'énerve curieusement.

C'est désarmant!

'Grain de sable' a été composé  dans un monastère en Drôme , ce second downtempo,  aux senteurs Graeme Allwright sans l'accent kiwi, est bourré de reverb sur une  voix qui part en faux yodeling en vue du terme.

'L'homme sans voix '  aux arrangements soignés, dignes d' un Michel Polnareff , loin d'être aphone croone ou la joue artiste lyrique à la manière d'un Freddie Mercury, jaloux de Montserrat Caballé.

Sur scène le rendu offre bien plus d'emphase que sur l'enregistrement ( ' L'homme sans voix', s'entend sur l'album  'Sortie 21').

Comme sur le disque, ' De glace succède à  ' L'homme sans voix'.

Vocalises célestes, accords ciselés en picking,  puis riffs secs et final salement agité, on en voit de toutes les couleurs avec cet admirateur de Giant Sand.

 Déjà en 2009, le bluesy 'Je partirai me suicider à Hawaï'  était présent sur la setlist du beau ténébreux, Clothilde,  assise à 25 cm de l'artiste, connaît les lyrics par coeur  et l'accompagne en catimini.

Comme nous, elle sera surprise par la pause insérée en plein milieu du titre, je bois un coup et je reprends, indique le cabotin, qui multiplie les gimmicks.

Après ce titre rythmé vient  la folky ballad  ' Venez jouer dehors'  , suivie par le tendre et nostalgique  'Ce monde est à nous',  conçu pour accompagner la fin de vie d'un être cher.

Une merveille de sensibilité!

Après un faux départ, c'est ' Je rêve de cimes' qui nous emmène vers de hauts sommets dans le Vercors, un sifflement guilleret succède au  chant  élastique.

Il y avait une playlist, tu pensais qu'il allait y adhérer, vaste blague, soudain, c'est le plus ancien ' Tucumcari' qui déboule, un morceau épique  qui évoque les meilleurs Jean-Louis Murat.

Pris d'une inspiration soudaine, mais logique après avoir rêvé de sommets, il grimpe sur une chaise  pour terminer le morceau en force. 

Le Vercors l'inspire, le road trip  se prolonge par  une nouvelle ballade interprétée en retenue et là il a vu une âme danser dans les flammes, de belles images sentant bon un ouest américain que tu peux retrouver chez Calexico.

Imagine être une truite et écoute  'Delta', un beau titre en clair-obscur, interprété sans artifices, qui précède  le blues/rockabilly  'Micheline' , un morceau   qui donne le tournis et rend jaloux les malheureux voyageurs faisant confiance à la SNCF.

Je me paye une seconde promenade dans le bar et pour pouvoir prendre la température extérieure je la joue unplugged.

Flûte, il pleut, let's  plug it back pour terminer le voyage.

Après la séquence remerciements, c'est avec le fabuleux alt  rock ( in English)  ' The Drive'  que Sammy décide de prendre congé.

La tournée bretonne s'achève, mais Sammy n'a pas rangé son baluchon au grenier, il reprend  la route  en mars.

 

 

  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

vendredi 7 février 2025

EP - Launch The Rocket - Tape Toy

 EP - Launch The Rocket - Tape Toy 

michel

Mattan Records

grunge pop /bubble grunge

 

Ils étudiaient  au Conservatoire d'Amsterdam , où  on leur donne une mission, vous quatre, concoctez - nous un truc ensemble.

Et vlan, ça a fait tilt, un groupe est né, après quelques mois de répétitions et la mise sur pied d 'un répertoire, Tape Toy remporte le Amsterdamse Popprijs .

Du coup, on les invite à se produire dans une kyrielle de festivals au pays de  Willem-Alexander, l'époux de la séduisante Máxima Zorreguieta Cerruti.

Dans la foulée,  gitarist  en zangeres Roos van Tuil, gitarist Wesley Fransen, basgitarist Maurice van de Graaf en drummer Marc van Dongen sortent leurs premiers singles: 'Crazy Bae' et 'Naive', qui cartonnent de Breda à Leeuwarden , parenthèse,  on note aussi  pas mal de ventes de l'autre côté de la frontière, les singles ayant été enregistrés à côté des vaches laitières,  dans une ferme flamande.  

Après avoir brillé au Noorderslag en 2019, être passé par Pinkkpop et le Paradiso, leur avenir s'annonce brillant, c'était sans compter  l'éclosion du  Covid, il faut attendre 2021 pour voir émerger un nouveau single, 'Tired'.

Les tournées reprennent,  un premier album ' Honey,WTF' voit le jour en 2022, suivi par l'EP ' TTYS' en 2023 et enfin , un nouvel EP ‘Launch the Rocket’ paraît  fin 2024, la release party, au Melkweg,  a fait le plein.

Une prochaine tournée est  annoncée en mai:

01/05 • FLUOR • Amersfoort
02/05 • Nobel • Leiden
03/05 • Metropool • Hengelo
08/05 • Mezz • Breda
09/05 • Simplon • Groningen
16/05 • Luxor Live• Arnhem
23/05 • Slachthuis • Haarlem
 
Tracklisting   Launch the rocket:
 
 1. Anyone, Anything · 2:29 ; 2. Swim · 2:52 ; 3. Shirt · 2:42 ; 4. Shotgun · 2:44 ; 5. Launch The Rocket · 3:37.
 
Line-up:  Roos van Tuil (vocals, guitar), Wesley Fransen (guitar, vocals), Maurice van de Graaf (bass), Marc van Dongen (drums).
 
Artwork: George Hampshire,  an English-born, Amsterdam based Animation Director and Illustrator ayant imaginé une fusée fuselée filant dans l'espace,  en évitant de peu  wolf robot like astronaute venu prendre l'air, il se sentait à l'étroit dans sa capsule.
 
La plage inaugurale '  Anyone, Anything'  sent  le frais et  fait preuve d'une envie irrésistible d'évasion.     Tu montes en retenant ton souffle, arrivé au sommet tu plonges, tu paniques un peu et vérifies si la barre de protection est bien en place... c'est ça    'Anyone; anyrthing', un rollercoaster barré, fait de guitares foraines, de lignes de basse qui pulsent, de samples judicieux et de beats juteux sur lesquels se greffe la voix juvénile de Roos.
A comparer aux Breeders ou à d'autres Néerlandais  pas niais: Bettie Serveert.
Quand au thème de la chanson, il est question de love at first sight sans en être absolument persuadé, ...   Meeting someone new
You’re not sure you’re into
You’re not sure you’ll get with
I’m not ready to commit...
 
'Swim', introduit par une batterie farouche,  vire rapidement  shoegaze marin et sautillant , les guitares prennent la main tandis que Roos, en naïade souple,  débite son texte d'un ton détaché, évoquant les filles de chez Lush.
Mais c'est à Marta del Grandi chantant ' Swim to me' que tu penses.
 
Changement de cap sur ' Shirt', amorcé par quelques accords à la guitare acoustique, ici Tape Toy 
s 'éloigne du schéma  grunge pour jouer la carte dream pop .
La batterie acoustique aérée, l'esthétique éthérée mise en évidence par  les  vocaux,  est  altérée de temps en temps par quelques riffs  de guitare plus incisifs.
Ces instants plus délicats révèlent  un autre aspect du groupe.  

Assez rêvé, avec ' Shotgun',  Roos et sa clique tirent en rafales, les guitares alignées en  peloton d'exécution  flinguent sans pitié,.
La tension est palpable, la chanteuse cadence son exposé nerveux  tandis qu'en background une chorale  enfantine scande un refrain chahuté, avec, occasionnellement, un fond de sirène servant à couvrir le bruit des balles.
 
Si le titletrack 'Launch the rocket' s'amorce tout en douceur, bizarre pour un lancement  de roquette, et que la voix de la frontlady se veut apaisante, petit à petit le ciel s'assombrit, les instruments adoptent une tonalité Sonic Youth, et l'engin spatial, filant  vers le cosmos,  génère un sifflement strident et assourdissant à rendre malade les défenseurs de l'environnement.
 
T'as été chercher  tes jumelles, mais la fusée néerlandaise  était hors de vue quand t'es parvenu à les dénicher au fond du tiroir,  too bad!
 
Du coup, t'as appuyé sur la touche replay. 

Si la tournée de Tape Toy prévoit un crochet par le Pays de Galles, jusqu'ici la France n'est pas au programme.

 
 
 
   
 
 



 

mercredi 5 février 2025

Album - It's Still Now by Carolina Lee

  Album - It's Still Now by  Carolina Lee

michel 

Marzipan Records

indie/dream pop 

Carolina Lee...

La fille du général?

 Une copine à Shaggy?

Une nana adepte du Southern rock?

Bien essayé, mais il faudra revoir ton viseur, Carolina Lee est une formation berlinoise pratiquant de l' indie/dream pop mélancolique, un brin psychédélique.

L'élément central se nomme Nadja Höhfeld, alias Nadja Carolina pour les besoins de la cause, Nadja est non seulement singer songwriter, mais encore scénariste, elle s'investit aussi dans  le Suture Soven Festival. 

Influencée par la vague slowcore, elle monte le projet Carolina Lee qui publie un premier album 'Haunted Houses ' en 2021 

Un gars,inspiré, nous informe: Zwischen Emotionalität und Humor entsteht eine Spannung, die mal an das dunkle Timbre von Karen Dalton, mal an die verträumte Schlichtheit von Mazzy Star erinnert...

De belles références!

Fin 2024, un second jet:  It's Still Now!

Pour accompagner Nadja ( vocals, guitar), sont cités: Simon Grote (Gitarre, Orgel, Gesang), Leah Corper (Bass, Gesang), elle remplace Jule Schröder, active sur le premier album,  und Lutz Oliver (Schlagzeug, Gitarre) .

Tracks:

Letting Go · Change of Mind · Savvy Heart · A Walk in the Park · If I Try · One More Day · Seven · Ahead of Me.

 

L'artwork, d'inspiration Piet Mondriaan,  est signé Laura Braun.

'Lertting go' oui, laisse-toi aller et pénètre avec Nadja et ses copains dans cet univers flou et feutré,   propice aux songes, à la méditation ou au recueillement.

HerbstMusik, signale un converti en entendant les  gentle jangly guitar riffs,  baignés dans un effet de reverb filandreux,  ces tonalités  peuvent évoquer à la fois les précurseurs, The Byrds, ou le jeu de Johnny Marr avec The Smiths, les  10 000 Maniacs rôdent dans le coin aussi.

Et puis, il y a le timbre grave de la fille qui explique ...Letting Go is a song about loss..., forcément tu ne dois pas d'attendre à une explosion de joie, tout est dans la retenue, la modération, la sobriété.

La ballade folky 'Change of Mind', décorée d'un orgue Casio vintage , offre un angle un brin kitsch, les guitares, et la rythmique restent en retrait jusqu'au petit solo de basse pudique de Leah, mais c'est toujours la voix fragile de Nadja, émergeant de la brume, qui retient l'attention.

Sur un tempo engourdi ' Savvy Heart'  vient s'imprégner dans tes cellules.

Ici la chanteuse laisse plus d'espace à ses musiciens, la guitare en profite pour placer quelques arpèges psychédéliques, tandis que Lutz Oliver  et la basse maintiennent un  cap  aux relents jazzy.

Toute la nostalgie de la plage est rendue par la sensation de Sehnsucht exprimée par la  voix caractéristique de l'artiste.

Franz Schubert a fait des émules dans le monde pop.

C'est Nico (Christa Päffgen est plus germanique)   que tu revois à l'écoute de ' A walk in the park' , un titre aérien,  doté d'une chorale angélique ( comme  descendue d'un  ciel étoilé) , et d'un orgue sonnant glockenspiel.

Dans le  Velvet Underground, il y avait Nico, mais aussi, e a,  un certain Lou Reed,  ' If I try' ,  immanquablement,  te renvoie vers Lou,   qui a d'ailleurs rendu hommage à Berlin avec  son  troisième album solo, un disque torturé qui aura servi de catharsis au génie de Long Island.

L'intro de If I try est légèrement pompée sur les accords de guitare de 'Sweet Jane', plus dans la version des Cowboy Junkies que dans celle de 'Rock'n'Roll Animal', la chanson d'amour,  interprétée tout en délicatesse est là pour   apaiser et séduire tous ceux qui ne supportent plus les débordements de violence quotidiens.  

Le printemps pointe, l'herbe repousse, la nature revit, oui  mais quelles sont tes intentions, won't you stay ' One more day' ?

Une ombre vient obscurcir l'horizon, malgré la chorale gracieuse et l'entrefilet de guitares et de claviers éthérés, la voix demeure soucieuse et chagrine.

Pas con de baptiser le septième titre ' Seven', un morceau qui tout en spirales ondule paresseusement au gré des guitares flegmatiques, d'inspiration Elysian Fields, arpèges sur lesquels se promène mollement la voix de Nadja, soutenue en écho,  en vue de terme par une chorale mixte.

La démarche introspective se poursuit sur ' Ahead of me' la dernière plage d'un album dominé par la voix laconique de la frontlady qui déballe ses sentiments  et ses idées noires sans tomber dans un  pathos grandiloquent.

 

En dépit des arrangements jansénistes et du timbre volontairement décoloré de la chanteuse, tu peux sans crainte laisser l'album 'It's still now ' remplir ton âme  pour  te perdre dans ces mélodies immatérielles.