mercredi 31 juillet 2024

Elsa Carolan au Marché de Pléhédel, le 29 juillet 2024.

 Reportage photo.

Michel

17 jours après avoir assisté au concert d'Elsa Carolan aux vendredis de Lanleff ( cf chronique) , la jeune folk singer du cru doit animer  le marché bio  de Pléhédel ( de 18 à 20h)


 

A peu de choses près, la setlist est calquée sur celle de Lanleff mais comme il faut occuper la scène pendant plus de 90', elle a été complétée par plusieurs titres.

Elsa Carolan: voice/ guitar/harmonium/ bouzouki

Tracks:

' Les terres d'argent'

 'A ma fenêtre' 

' Sur mes mains' 

 'A bon port'  

'On Raglan Road'  , un poème de Patrick Kavanagh, mis en musique par Luke Kelly

'Pour quelques heures' 

 'Rivages' 

  ' Je rentrerai, promis' 

'Little bird' de  Lisa Hannigan

Pause

'Ruines'

'Anonymes'

'Fisherman's Blues'  des Waterboys.

  'Quelques morceaux de toi' 

 'Près des chapelles'  

 'L'horizon',

'Patience'

et ' Drunken sailor' 

lundi 29 juillet 2024

Anna Boulic - au Chaland Qui Passe - Binic, le 27 juillet 2024

 Anna Boulic - au Chaland Qui Passe - Binic, le 27 juillet 2024 

michel

Seconde journée du off du BFBF au Chaland qui Passe, Anna Boulic erst attendue à 18h.

Arrivés tôt on a la chance d'assister à une bonne partie du concert de Kino Motel depuis la plage de la Banche.

Le groupe de Melbourne, mené par Ed Fraser ( Cash Savage)  et Rosa Mercedes, nous a laissé une excellente impression, leur gothic  dream pop/shoegaze,  porté par les voix opposées ( aérienne pour la fille, grave pour le monsieur) du duo, laisse énormément de place aux atmosphères moody  avec quelques percées  psychédéliques.

Même de loin leur set nous a donné envie de prêter  une oreille à leur album 'Visions'.

Pour arriver au Chaland il suffit de traverser la passerelle piétonne qui enjambe l'Ic, sur place, faut dénicher une table, se prendre une Tuborg au bar et attendre le bon vouloir d'Anna Boulic qui, malgré la finale de son patronyme, ne vient pas du coin, elle a vu le jour  du côté de Melbourne.

Sa carte de visite: Anna Boulic is a singer, harpist, actor, vocal coach for theater and writer.

 For years she taught at Victoria’s top conservatoires for voice - The Victorian College of the Arts (VCA) and the National Theatre School.

En 2015, elle fait ses valises et pose ses petits pieds ( 41 fillette) en France,  sa page facebook mentionne Limoges comme lieu de résidence, elle nous a confié avoir un toit près de Concarneau.

18h, une grande rouquine, vêtue d'une longue robe verte, échancrée jusqu'au haut des cuisses ( carré blanc) ,  s'installe  près de l'entrée du bar, face à elle une immense harpe Camac ( 44 cordes), et  un jeu de pédales.

On nous l'avait annoncée chanteuse de blues, on s'attendait à la voir s'accompagner à la guitare, au piano, au ukulele ou à l'harmonica, mais pas à l'instrument des anges,  censé apporter douceur et apaisement.

Anna n'est pas un ange, son jeu, sa présence physique  et sa voix,  loin d'anesthésier nos consciences , vont ignifier nos sens.

On ignore s'il existe des enregistrements de son époque Down Under, mais en 2021 elle a gravé l'album " Gin Pidgin: l'Episode de l'Homme Ordinaire et Autres Contes Abracadabrantesques".

Dès le premier titre '  Mama's bored' , Binic a entrevu que ce concert ne va pas s'apparenter à un show prévisible, la voix puissante,  ardente, déployée à pleine gorge ( on n'a pas dit profonde, pas de porno  ce soir),  le jeu de harpe énergique et ses mimiques d'allumeuse, la classe dans le compartiment chanteuse de cabaret, pas du  style Broadway à la Liza Minnelli , mais plutôt  en mode burlesque comme la regrettée Candye Kane.   

Hi, Binic, bienvenue dans mon univers dirty blues, voici 'I want a little sugar in my bowl' qu'elle attribue à Nina Simone mais qui était déjà au répertoire de Bessie Smith.

Tu parles d'un morceau sucré, salé oui, sacchariné, non!

Elle enchaîne sur un titre en  français, difficile à déchiffrer, 'Poupée' (tes lèvres de sang) , un blues au féminin dépeignant certains travers masculins, qu'elle accompagne en frappant du pied sur une stomp box, invisible pour nous.

Any Australians in the house?

Un quidam lève le bras.

La suivante est pour toi, un country blues pour kangourous.

Et la cousine de Bonnie Raitt  de prévenir... I'm keeping my eyes on you...., t'as pas intérêt  à déconner.

Anna peut se montrer punchy grâce à une voix à tomber par terre,  elle est également capable d'émouvoir comme dans la ballade qui suit ( dont on n'a pas retrouvé le titre mais qui dit...I've been waiting for the wind to change...).

Elle bricole quelques accords, les met en boucle et  après avoir  prévenu de nous méfier des creeping crawlies qui prolifèrent en Australie, nous invite à la suivre...come home with me...  come and see my place... mais comme madame était assise face à toi, tu as décliné l'invitation de la suivre... under the sheets.

Après ce morceau légèrement libidineux , elle accroche une crécelle à la cheville pour entamer, d'un timbre, tantôt voilé, tantôt  pénétrant, le blues alcoolisé ' The Gin Song', une plage à rendre Tom Waits jaloux.

'Little girls down' , la vie dans le bush à des milliers de kilomètres des villes n'est pas simple pour les petites filles. 

Ce gospel poignant, qu'elle accompagne de vocalises dramatiques et d'un sifflement cadavérique, a failli t'arracher quelques larmes.

Toujours dans la veine gospel, elle enchaîne sur un titre écrit pour ceux qui aiment le chocolat, une nouvelle fois le fantôme de Tom Waits plane au dessus des bateaux de plaisance amarrés au port.

Let's play a smooth blues, now,  un blues sentant le malt, 'Whiskey' .

Après le gin, le whiskey, va-telle passer au Calvados avant la fin du chapelet?

Il manquait quelques effluves vaudou, pour contenter Dr John,  voici 'The Gypsy Queen' qui n'est pas une reprise de Van Morrison,  mais un titre dans lequel elle insère quelques bribes de 'Sweet Dreams'.

Le français est une langue compliquée, Anna t'explique tout ça, en souriant, dans ' Conjugaison blues'. Etre trompé n'est pas avoir trompé, et être trempé, n'est pas avoir trempé!

Pauvre Bescherel, conclut-elle!

Binic, it's time for a last tune, 'The Circus' traite des femmes invisibles ou invincibles (excuse my French)   dotées d'un super power .

Que venait faire Good Golly Miss Molly dans ce cirque?

 Comme Binic ne tenait pas la laisser à son penchant pour le vin rouge, il exige un bis, ce sera ' That song' ( dreams of a piano bar) , un club où le pianiste maison, après lui avoir offert un gin, lui interprète la chanson composée  pour son Jules, un habitué des lieux. 

Le gars au piano ne lui a pas tendu un mouchoir quand elle a versé quelques larmes.


Thank you, Miss Boulic, it was a great gig, see you soon!



 





samedi 27 juillet 2024

Emily Jane White au Chaland qui Passe à Binic, le 26 juillet 2024

 Emily Jane White au Chaland qui Passe à Binic, le 26 juillet 2024

 

michel 

Le Télégramme: Le Binic Folks Blues Festival ( édition 13)  a pris ses quartiers en centre-ville et sur le port binicais.

Pour la seconde année d'affilée, la place de la Cloche est délaissée, ce qui n'enchante guère tous les commerçants, heureusement, il y a Arnaud du Chaland qui Passe, qui jamais à court d'idées  organise en moins de deux une scène off ( no payment required).

Pendant trois jours, pas moins de cinq artistes de renom vont défiler en terrasse ( car la mairie a donné l'autorisation d'installer des tables et des sièges sur une rue fermée à la circulation automobile) :  Emily Jane White, Here Comes the Flood, Anna Boulic, The Gipsy Skins, et La Meute, sans oublier un karaoke géant et un blind test!

16:50', vacarme immense de l'autre côté de la passerelle, sur la scène de la Banche  le soundcheck tonitruant d'un des groupes programmés au BFBF  risque de perturber le concert  minimaliste de la folk lady d'Oakland.

17h et des poussières, le calme est revenu, Emily Jane, d'une pâleur aristocratique, qui convient à son patronyme ( remember de Brontë Sisters) , et vêtue d'une longue robe noire se présente, armée de sa magnifique Epiphone écarlate, face  à un  public nombreux.

Dans un français impeccable, elle nous salue, remercie Arnaud pour ce last  minute show, elle qui est attendue ( avec band)  au mois d'août au Festival Interceltique de Lorient.

Le  dernier album  ' Alluvion' date de 2022,  tu as eu  le bonheur de la voir sur scène ( accompagnée par Jen Grady et  Carey Lamprecht) , à Bruxelles, après la sortie de son premier recueil,'Dark Undercoat', c'était en 2008.

Ce concert t'avait impressionné au plus haut point, aussi  quand  le Botanique la programme en 2009 et 2010, tu signes présent.

En 2024, sa discographie se chiffre à 7 albums, parus chez Talitres, ce qui explique sa connaissance parfaite du français.

On sait à quoi s'attendre avec Emily Jane, du dark folk chanté d'une voix  cristalline, maîtrisée à la perfection, sur des accords de guitare limpides, avec énormément de reverb sur le chant  et sur  l'Epiphone.

Pendant plus d'une heure, l'interprète, proche du mouvement sadcore, va tenir le public en haleine , quasi uniquement par la qualité de ses compositions, sa communication avec l'audience  étant réduite au minimum syndical ( but no complaining).

'Bessie Smith', un extrait de 'Dark Undercoat',  ouvre le set.

Les arpèges épurés et la voix ensorcelante rendent hommage à la grande chanteuse de blues .

I would die in heaven just to meet your soul... murmure-t-elle, tandis que ta mémoire se souvient des lignes plaintives du violon sur le morceau enregistré.

'Blue' est extrait du même album.

Bleu n'est pas rose, bleu est blues, bleu est sombre .... tu es parti sans laisser de traces, car la trainée de sang sur les pavés a été balayée par la pluie.

Romantisme gothique, tu dis... on t'avait prévenu!

Elle enchaîne sur un extrait d'  'Alluvion', voici ' Show me the war' et son message politique engagé , car le titre évoque  Juárez,  la ville féminicide  ainsi que   l'interdiction de l'avortement en Pologne.

Retour vers 2008 avec ' Sleeping dead' , dans la lignée du folk noir d'Alela Diane, des écrits d'Edgar Allan Poe ( l'image des corbeaux) et  de certains  dark movies baignant dans un climat mystique étouffant, bref, ça ne rigole pas des masses!

Le picking précis et léger sur ' Time on your side'  atténuent les charges obscures subies jusqu'ici .

C'est comme si une brise légère avait chassé tous les vilains nuages.

Sur l'album 'Blood/Lines', 'Dandelion Daze' voit Marissa Nadler seconder Emily Jane White.

Pas de Marissa à Binic mais un nouveau titre imparable, tu fixes ses doigts jouer en picking, puis tu jettes un oeil à ses pieds qui n'enfoncent aucune pédale à effets et pourtant  c'est comme si un écho profond accompagnait les arpèges fragiles.

Cette fille ensorcelante doit avoir des ancêtres magiciens.

Pas de surprises, avec  la suivante  ( ' Liza' )  , au jeu dépouillé,  elle persévère et nous sert une composition  feutrée, lunaire même.

La ligne... Oh the dragging of her feet made life music for the ghosts in the street... dépeint admirablement l'univers ombrageux dans lequel évolue la poétesse.

Les effets twangy à la guitare conviennent idéalement au morceau 'The country life' , à écouter  sur l'album 'Victorian America' ( on recommande),  Henry Nagle y  hante la pedal steel.

Sur le même album tu retrouves 'The Baby'.

Si l'album a été baptisé 'Victorian America', c'est pourtant vers la Grande-Bretagne qu'il faut se tourner, si le règne de la Reine Victoria, pour beaucoup, est synonyme d'avancées scientifiques, de prospérité industrielle, il voit aussi naître des écrivains ou poètes tels que Lord Tennyson, plus connu pour son pessimisme que pour sa joie de vivre, Charles Dickens, Benjamin Disraeli ou William Makepeace Thackeray, ces gens  ne peuvent pas  être catalogués comme  auteurs humoristiques, style Alphonse Allais.

On retrouve dans The Baby  tout le côté ténébreux  lisible chez Emily Brontë, ce bébé n'aura pas vécu... Oh the devil came between she and I... le  Malin l'a emportée.

'Frozen garden' :  chez Miss White les jardins ne sont ni fleuris, ni reposants, encore moins accueillants, ils sont dusty et  plein de pourriture.

Toute cette imagerie gothique  sert de métaphore pour décrire son propre désarroi et ce ne sont pas  ses vocalises hantées qui peuvent la soulager.

'The cliff' , que fais- tu en haut de la falaise, quelles sont les pensées qui traversent ton cerveau?

... So you chose to jump off that cliff...  c'est moche, une rupture, se donner la mort est-ce  la solution?

La voix à la texture éthérée  s'embrume légèrement pour  entamer 'A shot rang out'  , une nouvelle plage au ton mélodramatique, ayant le don d'hypnotiser le public qui, depuis le début du set évite de produire le moindre bruissement de peur de rompre le charme  dégagé par  cette artiste si particulière.

Tandis qu' Emily Jane égrène délicatement  ses notes et partage ses émois, quelques goélands survolent la terrasse, surpris par le calme  des clients , ils s'abstiennent de pousser leurs cris stridents.

'Broken words', bourré de  relents country,  est probablement la plage la plus proche de l'univers Americana  cher à  Lucinda Williams ou à  Mary Gauthier.

Ce set inspiré prend fin sur le titre le plus punchy de la playlist, ' Hole in the middle'. Si tu veux te payer un pas de danse avec Satan, ne te gêne pas!

Emily se produira deux fois à Plouha dans les jours qui viennent, Le Barbe l'accueille les 2 et 7 août.


A ne pas manquer!







   

 



jeudi 25 juillet 2024

Sophie Caudin et Simon Scardanelli au Char à Bancs - Plélo - le 24 juillet 2024

 Sophie Caudin et Simon Scardanelli au Char à Bancs - Plélo - le 24 juillet 2024

michel

 Les mercredis, en été, la ferme-auberge le Char à bancs, à Plélo, organise des apéros concerts au bord de l'eau. 

Comme l'établissement, né en 1971,  renommé pour sa potée, ses crêpes ou galettes de blé noir, proposent aussi diverses attractions pour les gosses ( pédalos, poneys et un parcabout Hisse et ho), au moindre rayon de soleil , c'est la cohue  sur les parkings

 Ils sont très vite bondés, t'es obligé de te rabattre sur les prairies proches pour larguer ton char ( sans bancs) .

Et pourtant pour l'apéro-concert de  Sophie Caudin et Simon Scardanelli, il reste quelques places inoccupées en terrasse. En attendant 17h, heure prévue pour le kick off, une Pelforth à portée de main, tu as le loisir de contempler le cadre bucolique, fait de jardins à l'anglaise aux allées sinueuses, bordées de fleurs sauvages, plus loin tu devines le potager, à quelques dizaines de mètres le Leff et les petits ruisseaux  qui l'alimentent,  nous rappelle que l'auberge fut autrefois un moulin.

Pendant que tu rêvassais,le duo s'installe, Simon, affublé d'une incroyable  veste aux motifs dessinés par Jackson Pollock,  à la guitare et au ukulele, et  à sa gauche,  Sophie Caudin qui dispose d'un piano électrique,  d 'un accordéon et d'une flûte traversière.

La paire existe depuis quelques mois et parcourt toute la Bretagne pour interpréter les compositions du folk singer britannique, un album en duo est en gestation.

Sophie, de Tressignaux,  prof de musique et créatrice de spectacles pour enfants , tâte de la scène depuis peu,  le globe-trotter Simon Scardanelli  s'est installé en Bretagne rurale il y a 6 ans, après avoir résidé aux States, à Londres, Amsterdam ou Munich.

Ce gentleman ( peut-être farmer, désormais) n'a plus 20 ans depuis longtemps ( merci Serge), il  peut présenter un bristol impressionnant, des disques à la pelle ( les premiers, introuvables, de véritables collector's items, donc, sont sortis avant la naissance de spotify, tidal, bandcamp ou  amazon), un  dernier single ' Under the cover of snow' est né en novembre 2023, deux albums sont attendus. 

Avant d'opter pour l'aventure plus ou moins solitaire, Simon a fait partie du groupe The Boomerang Gang  et du  duo Big Bam Boo, avec   David Sharkey Shaw ( deux albums, un hit single) , dans ce dernier projet Simon agissait sous l 'identité Simon Tedd, il a d'ailleurs pondu un album solo sous ce nom.

'Whirlwind', avec Sophie à l'accordéon, ouvre le set, ce tourbillon nous emmène vers des gens tels que Peter Sarstedt ou Mike Scott, des Waterboys.

Il  a suffi d'un seul titre pour comprendre que Simon, le néo-breton britannique au patronyme transalpin,  est de la race des grands storytellers, des singer-songwriters à la Billy Bragg, Steve Earle ou Neil Young ( qu'il va évoquer par une anecdote humoristique).

La suivante démarre ainsi ...  I’m not the son of a miner or a boy who was raised  on script and prayer... s'il y avait pas mal  de mineurs au UK, ' Sweet Loretta' s'avère être un hommage à Loretta Lynn , la coalminer's daughter , admirablement campée par Sissy Spacek dans le biopic portant le titre de la chanson.

Sophie, aux secondes voix et à l'accordéon, offre un contrepoint féminin léger à la voix mature, aux intonations Johnny Cash vieillissant,  du British. 

I give  up!

Quoi, tu t'en vas?

Mais non, je me débarrasse de mon tableau en coton, il fait chaud!

Ouf!

Sophie a saisi sa flûte pour ' Fish out of water', un titre aux accents irlandais, composé  pendant la période Big Apple du troubadour.

Savais-tu qu'un poisson sorti de son élément naturel se noyait... non.. écoute, ...Like a fish out of water I'd drown... et quel en est le sens pour  Simon, en tout cas ça n' a rien à voir avec l'idée de to settle down!

Jusqu'ici t'avais pas remarqué que le pied gauche du chanteur écrasait une stomp box, ça a été évident sur le rythmé ' Jesus& the moon' .

Même couché dans le caniveau, une bouteille à portée de main,  les étoiles peuvent paraître belles.

Tandis que le timbre ravagé de Simon narre cette histoire de vagabond, la douce voix de Sophie murmure un fond moins  mélancolique.

C'est beau comme les textes à connotation littéraire d' Elliott Murphy ou comme les écrits de Scott Fitzgerald, do you remember The Lost Generation.

Le titre, sec, 'Dead end road' pour lequel l'orgue de Sophie ( trop peu mis en valeur) prend des couleurs cuivrées, est prévu pour le prochain album en duo.

' Annual General Meeting' prône la révolution , certains mettent Simon dans la même catégorie que John Martyn ou Scott Walker, ce n'est pas  insulter ces grands artistes  que d'élever  Mister Scardanelli à leur niveau.

D'autres mentionnent Dexy’s Midnight Runners, ce qui n'est pas plus idiot, même sans les cuivres.

La guitare, au repos, il a ramassé un ukulele pour la suivante, un titre agressif  qui se lit 'Battle' sur la playlist cachée dans un coin...  too bad, pas retrouvé l'intitulé complet de ce morceau.

Next one is a song to dance to, ... I'll put on my best shining boots ... pour danser la polka.

Malgré l'invitation, la seule à danser  est une ballerine échappée de la maison de repos, qui esquisse plus ou moins esthétiquement  des mouvements de petit rat depuis le début du concert.

'The glittering prize' traite de ses années de jeunesse, qui furent turbulentes, la suivante, 'Make us happy' , en mode country folk, sent bon les grandes chevauchées dans un ouest sauvage.

Pense à 'Rawhide'  ou  à l' 'Alabama song'  de Bertolt Brecht/Kurt Weil   dans la version des Doors.

'Shooting from my heart' est un des seuls titres de l'époque Big Bam Boo  qu'il a conservé à son répertoire.

Si à l'origine, le morceau présente des couleurs sophisti- pop  plus proches de A-Ha que de Tim Hardin, la version, dépoussiérée, proposée aujourd'hui, décorée de teintes symphoniques au clavier et d'un chant gothique pour Sophie, est nettement moins lisse,  les images qui traversent ton esprit sont celles de Robert Plant interprétant ' Ship of fools'.

Avant je ne tenais pas en place, je me suis assagi, voici 'Patience' un downtempo philosophique. pour lequel Sophie passe du piano liturgique à la flûte champêtre.

Après un nouveau  country folk sémillant  'Days that lie'  qui retrace une  vie de héros/ hors-la-loi  presque sans peur et sans reproche, le duo enchaîne sur 'Hopes in my pocket' , le titre le plus rock du répertoire, avec un accordéon qui claque  et des riffs de guitare bien raides.

Tu connais the king of the divan, celui  qui plane, Simon, lui, décrit dans ' Talk about glory'  un grand rêveur qui ne bouge jamais de son canapé tout en  se prenant pour Ivanhoé, Mad Max, William Wallace ( alias Braveheart) ou à la rigueur Neil Armstrong. 

Si Chris Isaak a fait un carton avec ' Wicked Game', en 1989, Big Bam Boo  a connu un certain succès avec le titre 'Wicked Love', un pop rock cajun, voyant  Plélo battre des mains en mesure, cette plage   termine un  set brillant.

Sophie: dis, Simon, on devait achever le concert à 19h,  on n'a pas inclus de pause,  que fait-on?

On improvise, on leur lourde quelques morceaux déjà interprétés, ils ne s'apercevront de rien, Neil Young a déjà fait le coup.

Et donc, 'Whirlwind , Sweet Loretta', 'Fish out of water'  et ' Dead end road' ( dans lequel l'espiègle Simon introduit quelques bribes de ' My Generation' des Who)  repassent la revue et si le guitariste  n'avait pas pété une corde,  il aurait poursuivi sa litanie  jusqu'à la tombée de la nuit.

 

Le char à bancs a réagi:  " Merci pour ce fabuleux concert ! Et bravo pour cette belle énergie. C'était top!" ! 

 

Excellent  résumé!















 

mardi 23 juillet 2024

The Healberries aux Cochons Flingueurs à Saint-Quay-Portrieux, le 21 juillet 2024

 The Healberries aux Cochons Flingueurs à Saint-Quay-Portrieux, le 21 juillet 2024

michel 

Tu te soignes comment?

Du  cynorrhodon contre l'arthrose, des groseilles à maquereau pour les inflammations buccales, du sureau contre les rhumatismes, du jenever à l'apéritif...

Ah oui, les baies peuvent guérir!

 Tu trouves des   Healberries  dans la Nièvre, en région parisienne et peut-être dans le Berry, si ces fruits constituent un excellent remède naturel, il en est deux, parfois trois, qui distillent aussi une musique qui apaise les nerfs, car William Rollin : chant, guitare, banjo(s),  Aurélien Naffrichoux : chant , guitare,  et  Ludovic Legros : chant, contrebasse, se piquent de  jouer un genre peu courant dans nos contrées, le bluegrass.

Un tourneur breton leur a déniché quelques dates dans le Breizh, ils sont venus en formule duo,  Ludovic est resté dans son Berry pour s'occuper des chèvres.

La tournée s'achève à Saint-Quay, aux Cochons Flingueurs, un établissement qui a fait le plein en ce dimanche où les Belges chantent la Brabançonne.

Pas de jet plane ( comme celui de Peter, Paul & Mary) pour nous emmener du côté des Appalaches, les compères se sont sagement assis sur une chaise, ont ramassé leurs acoustiques pour entamer, sur un rythme enlevé, ' Streamlined Cannonball' , l' histoire d'un train fort prisé par les hoboes.

William et Aurélien , à tour de rôle , passe du picking en lead, à l'accompagnement,  comme le font les spécialistes du manouche.

Très vite la clientèle a deviné que ces jeunes gens n'étaient pas des branleurs, le jeu est limpide, les voix conformes au style.

L'instrumental ' Cherokee Shuffle' confirme la première impression, à première vue aucun  redneck dans l'assistance,  pas  de dancers, non plus.

Aurélien, d'un timbre grave, entame le sombre  'Ginseng Sullivan' ,  a tale of woe concerning a man searching for his big break in the ginseng industry!

En route pour la Géorgie, pour la cueillette des pêches, ' Peach picking time in Georgia' nous ramène dans l'Amérique profonde, celle de John Steinbeck ou de Jack Kerouac.

 Une nouvelle fois le picking raffiné séduit, quant à la séquence de yodeling , elle nous rappelle qu'un cousin de Woody Guthrie était non seulement un excellent rodeo rider mais aussi un as d'un  genre, qui a traversé les Alpes, survolé les océans pour devenir une spécialité country & western.

Première apparition du banjo pour ' Don't think twice, it's alright' de Bob Dylan.

Deux Irish tunes pour suivre, 'Whiskey before breakfast', un programme non recommandé par les AA's , même si le single malt n'altère en rien le jeu des artificiers  suivi par  le vif  'Saint Anne's reel'  .

'Dooley' , ne pas confondre avec Tom Dooley, fabriquait de la gnôle en famille, la booze a coulé à grands flots jusqu'à son trépas.

Le chant en close harmonies, puis en cascades, a fait forte impression.

Une longue intro dramatique amorce une suite qu'ils ont intitulé ' Buffalo Gals' ( oublie Malcom McLaren),    qui comporte trois mouvements, les deux premiers ayant été imaginés par les protagonistes, le dernier qui a donné son titre au morceau est une polka  bluegrass,, plus souvent jouée au fiddle.  

' Southbound'   et ses duelling guitars précède 'Sweet little Miss blue eyes' , la plus jolie fille du patelin, qu'a chantée Bill Monroe, Ray Price , Carl Smith ou Jim & Jesse and Virginia Boys.


Pause.

On lâche la bride, les canassons déboulent à toute allure,.

'Dixie Hoedown' is meant for advanced players, as-tu lu quelque part!

Tu m'épouses?

OK, on passe devant le maire.

Un hic, elle a emmené sa mère, c'était pas dans le contrat, remboursez...' Give me back my 15 cents'.

Le bluegrass peut-être drôle!

La suivante ' Cattle in the cane' remue allègrement, les copains mitraillent sans relâche pour ensuite proposer  un gospel qu'interprétait Doc Watson, 'Life's like a river'. Les Healberries ont opté pour une amorce flamenco à la Manitas de Plata avant de revenir au style du Kentucky.

Je regarde par la fenêtre, le crachin me rend fou...' Listening to the rain' ,  c'est déprimant sans toi.

'Black mountain rag' était notamment au répertoire de Chet Atkins  , la technique du duo est irréprochable, elle n'a rien à envier au maître.

Sur l'album "The Seeger Sessions," Bruce Springsteen reprend 'Shenandoah' , un titre propice à la méditation.

Après ce moment de  mélancolie on assiste au retour du uptempo  avec ' 'Roll in my sweet baby's eyes' , pour ensuite découvrir    la romance 'Sadie'  ( Doc Watson).

Puis vient l' instrumental 'Daley's reel,'   fait de cassures et d'accélérations subites, qui  nous conduit vers la dernière du set, le classique 'Blue moon of Kentucky.'

 


Il n'y a pas que les cochons qui flinguent, quand les Healberries dégainent,  Lucky Luke, pourtant une fine gâchette, se terre!



 

 


  




 

lundi 22 juillet 2024

Tha Dunciz - Esplanade du Casino - Saint-Quay-Portrieux, le 19 juillet 2024

  Tha Dunciz - Esplanade du Casino - Saint-Quay-Portrieux, le 19 juillet 2024

michel

 Saint-Quay-Portrieux, vendredi 19 juillet, la municipalité propose un concert gratuit, sur l'esplanade du casino, à 21 h 15. « Tha Dunciz »!

A 21h, des vacanciers font toujours trempette dans la belle bleue, tandis que d'autres s'attroupent sur l'esplanade/parking du Kasino de la cité balnéaire pour assister au show ( le terme concert étant réducteur) du sextet de Caen: Tha Dunciz!

Leur page facebook annonce "Tha Dunciz les cancres du FUNK", il suffit de décrypter le message: ces braves gens ne se prennent pas au sérieux,  mais l'assistance va sérieusement se marrer aux facéties du frontman, alors que derrière lui l'équipe livre un fond sonore hautement stimulant.

Du second degré, de la sueur,  du talent ( beaucoup), du groove, une chorégraphie colorée  et   une garde-robe à rendre jalouses les drag-queens se produisant Chez Maman, un  spectacle  total, quoi!

Création du projet en 2010, grosse mouvance au niveau line-up , idem pour le répertoire, depuis 2022 de nouveaux musiciens s'installent et le groupe inclut des compos personnelles au menu.

Un EP est sorti  depuis.

A 21:30', en piste, les enfants des gilets jaunes: Philippe Guitton aux percussions + backings ( congas, bongos, chimes, shakers etc...), un monsieur actif: Percus et Chemises, Si Senior, Calva Changa, Soul Parasol, Caraïbo Coco, Abat Jour et Canapé, Julien Jacob, Odara, Nyama, Amipagaille.../ Alex Paul,  basse ou synthé basse + backings  ( Tupelo Music Club) / Paul Héroux,  aux keys + backings (Sweet Olive, il est mentionné comme batteur dans pas mal de projets blues)/ Antoine Cadot à la batterie ( Headcharger, Saint DX, Alexia Gredy...) et  Michael qui remplace (  avec prestance), au pied levé,   le guitariste officiel du combo.

La diva Zonk ( alias DJ Homard, maître ès zonkeries)   rejoindra les artificiers après la mise à feu.

L'intro psychédélique de 'Life'  vire très vite   funk/hip hop avec l'apparition flamboyante de Zonk, drapé dans une cape de catcheur,  numérotée 42 , il se présente de dos , coiffé d'un sombrero, piqué à un copain de Marcel Amont, une dame près de toi a flashé sur ses bottillons roses, il se met à chantonner en mode hip hop, du coup, le groove dégouline de partout.

Un de tes potes avance Funkadelic, Parliament, et autres avatars signés George Clinton, il a raison, les influences sont évidentes, tant du point de vue musical, que du côté toilettes, J P Gaultier passe pour un réactionnaire, en comparaison.

T'as adoré la phrase...welcome to the carpet on the floor.. qui t'a rappelé le paillasson  traînant derrière la porte chez Mamie Simone.

Ils embrayent sur un second funk tout aussi purulent, l'assistance a bien enregistré le message ...move your body and soul... ça remue à droite et à gauche, il est question d'un Lover Jack, qui nous est inconnu, comme les artistes travaillent sans filet et sans setlist, on reste dans l'inconnu.

Zonk s'éclipse vers la loge, où la maquilleuse l'attend.

Il revient encore plus beau, la Grande Zoa en a pâli de jalousie, c'est reparti pour un disco groove infectieux. Tu connaissais un truc baptisé ' Happy days are here again' ,  de l'époque Glenn Miller, c'était  pas le même psaume, il a  annoncé...get ready to move... St Quay  était fin prêt, ... shake your booty... St Quay a obéi, on a flairé du Kool & the Gang,  trop  trivial, selon Zonk, nous on se base sur des faces B de groupes que tu n'entendras pas sur Nostalgie.

Une pointe de Prince émane de la suivante, avant de prendre la tangente, la star lâche... who's got the power to break my soul, who's got the power to take control .. c'est sans doute ce qui a fait naître l'image de  Prince dans ton cerveau, qui, du coup,  a aussi revu Sheila E.

Les copains partent en jam, le synthé et les claviers s'ébranlent, la guitare s'embrase, les percussions s'emballent , bref ça se décarcasse sacrément sur le podium.

Youri Gagarine se pointe,  c'est parti pour 'Lost in space', un endroit où n'a jamais séjourné Bill Murray.

Après ce disco funk stellaire, très visuel, dans lequel  tu  respires quelques effluves Earth, Wind & Fire, mais aussi des bribes de Lonnie Liston Smith, le père du cosmic funk , ce sont les percus qui introduisent  le bouillonnant   'Let the music play'.

Le synthé basse ronfle à mort,  c'est l'heure de glisser tes fringues qui puent la transpiration dans la 'Washing Machine',  Saint Quay bat des mains, le tambour du lave-linge tourne à plein régime, les petites mains de Philippe tabassent bongos et congas, ... shake up your thing  and let yourself go... chantonne la clique, le message passe, les croupions remuent en cadence.

Zonk vient vérifier de plus près, félicite un adepte du breakdance, chatouille pieusement une madame, fait un clin d'oeil à un gosse déluré, et  twiste à Saint -Quay, bref,   grosse ambiance sur le parking.

Après une attaque 'Jingo lo ba' c'est reparti pour un funk torride,  saupoudré de paillettes jazz fusion,  sentant bon les Crusaders (sans les cuivres)  ou George Duke.

Zonk se tape une dernier bain de foule, monte au sommet de l'Himalaya breton, puis disparaît pour revenir avec le petit cartable emprunté à Angus Young, 'Skool' est annoncé comme la dernière de la soirée

 

C'était  compter sans  le public effervescent qui  rappelle les collégiens récalcitrants.

Tha Dunciz revient pour lâcher un latin/rap/ funk dont l'intro pouvait faire penser à' Rapture ' de Blondie. Peut-être une adaptation libre  de ' He's not  such a bad guy after all' de  Kid Creole and the Coconuts, le guy étant devenu girl!


Ainsi prend fin    le show qu'il ne fallait pas manquer cet été!





samedi 20 juillet 2024

Les Jeudis en Fête - Sharpers - Sista Zabou and Breizh Dissidents - Bord'All - au bourg - Plouha, le 18 juillet 2024

 Les Jeudis en Fête - Sharpers - Sista Zabou and Breizh Dissidents - Bord'All - au bourg - Plouha, le 18 juillet 2024

 

michel 

Nouvelle édition des Jeudis en Fête à Plouha, avec toujours à la barre l'Agence Tous Risk.

Au menu de ces 6 jeudis de festivités: des concerts gratuits, des deejays, des animations pour enfants, un  marché artisanal, des buvettes ,  de la restauration en mode street food, , du soleil, de la bonne humeur, tout ça avec la bénédiction de la mairie.

Trois groupes se partagent l'affiche du premier soir: Sharpers - Sista Zabou and Breizh Dissidents - Bord'All,  le duo Vendange Tardive a dépoussiéré ses plus beaux 45 tours pour ouvrir la soirée,  combler les entractes  et terminer la fiesta.

Ce n'est pas ton premier rencart avec Bord'All, des mousses du Jaudy ayant débauché des matelots débutants du côté de la Moselle.

Ils avaient fait la pluie et le beau temps lors d'une fête maritime à Plouézec en juillet 2023 ( cf compte-rendu).

Depuis l'équipage est réduit à cinq unités, sont toujours d'attaque:  Christian Kaczmarek, contrebasse électrique, backings/  le disert Yvon Jézéquel au  chant/ Loïc Gautier, guitare, backings et  Sylvain Wack, accordéon chromatique et backings, , à la batterie, ils ont débauché Gérard Blotteau, vu avec Les Trimarantes, les Lucky Bums et Coast ar Jazz.

Le chef de file du renouveau du chant de marin se nomme Hervé Guillemer, c'est avec le mélancolique  ' Lettre d'Islande' que Bord'All entame son aubade, à tes côtés, Pierre Loti a versé une larme.

A Kerbors, il y avait un petit gars qui n'avait pas le pied marin, mais il avait bon coeur, quand  les morutiers prenaient le large, il s'occupaient de leurs conjugales, qu'elles se nomment Maryvonne, Marie Louise, ou Marie-Ange, aucune importance, elles passaient à la casserole, tel est le thème du chant breton, avec une pointe d'humour marseillais,  'Paotr Marivon' .

La seconde étoile du chant de marin a pour nom Michel Tonnerre, son célèbre ' Le vieux' repris en choeur par les  plouhatins  authentiques est précédé par la valse d'Attila.

Attila  n'est pas un barbare, mais un ancien accordéoniste de la confrérie du Jaudy.

Deux valseuses ( non, ni Depardieu, ni Dewaere, ni Miou Miou) ont tournoyé sur le macadam, laissant  leurs hommes écluser une mousse.

 C'est le local de l'étape, Sylvain Wack qui entame la chanson de Michel   Tonnerre, qui t'a permis de revoir des flashes de Jean Gabin, Pierre Fresnay et Noël-Noël faire un sort à la piquette servie par Louise.

Plouha au féminin ( + un perdu)  en piste pour un plinn!

Un plinn  musclé, avec un guitariste nous assénant des riffs très rock.  

Pline ( Caius Plinius Secundus) en a perdu son latin.

En parlant de latin, Hervé Guillemer  n'était pas positivement un copain des curés, il le chante dans 'Dernière marée'.

Des effluves  Brassens,   émanant de Gwin Zegal, viennent chatouiller les narines, tandis que l'accordéon nous la joue Marcel Azzola, un copain de Jacques Brel.

Après une séquence pub vantant le fest - noz de la chapelle Saint-Jean, on reprend la large avec ' Dans le port de Tacoma' , Hugues Aufray a siffloté en mesure, suivi par  '15 marins',  en mode Celtic rock, à la 3 Daft Monkeys.

La méchante giclée  à la guitare a plu au fantôme de Gary Moore, à l'époque où il s'ébattait avec Thin Lizzy.

'Aka' c'est le récit d'un marin du Morbihan qui a déniché une vieille coque en Gironde, l'a retapée, et depuis sillonne les mers de Bretagne. 

L'andro se danse sous forme de ronde, on a dénombré plus de quinze androïdes ( ballerines et voltigeurs) sur le pavé pendant 'Awen' .

'La femme poisson' a un rire ensorcelant, elle est aussi dangereuse que les sirènes croisées par Ulysse, sirènes, qui d'ailleurs, n'avaient rien de la sole, ni du merlan.

Bord'All termine son set par une valse pour marins d'eau douce,' Les dames' chantent pour les gabarres naviguant sur la Loire, la Garonne ou la Dordogne, cette  valse se fond sur le reel énergique 'Peat Fire Flame', afin de permettre aux amateurs de se préparer pour le fest- noz du lendemain.

Fin d'un  set qui a enthousiasmé l'assistance.

Sista Zabou and Breizh Dissidents

Le 21 juillet 2023: les vendredis de l'été à Pontrieux ( cf chronique) ,  Sista Zabou et Breizh Dissidents clôturent la soirée. Ils étaient cinq à l'époque, le groupe est réduit à trois unités en 2024: Isabelle Jacquez ( alias Sista Zabou) au chant, Audrey au synthé et keys, et Mat à la guitare.

Adieu la basse et la batterie, ce qui ne va pas raffermir le son.

Si la setlist est calquée sur celle de 2023, l'usage de bandes est loin d'être un plus, ainsi, on aura droit à près de 90' de reggae flasque, manquant singulièrement de jus et de saveur.

Après les premières salves,  'Unissons-nous' , 'Dure France' ( Trenet tique) , suivi par une adaptation spongieuse de ( You make me fell like a ) 'Natural woman ' d'Aretha Frankin, baptisée 'Naturel romance ', et encore   'L'amour'...  tu décroches, ce reggae ne décolle pas!

    T'as choisi de continuer  à écouter d'une oreille distraite , attablé à la terrasse du Barbe, où t'as encore reconnu ' Jardin divers',  qui a perdu toute la grâce de l'interprétation proposée par  Henri Salvador, t'as aussi  vu Miss Drey jouer du melodica, t'as pas trop  supporté Brassens passé à la moulinette, ni la révolution en chaussettes  et  du coup  t'as recommandé une Tuborg!

A quelle heure les Sharpers?

22:00, sont pas très sharp à Blois, le trio se présente à 22:10.

Les Blésois existent depuis 1991( une paye), ils écoutaient Dr Feelgood, The Inmates, Kursaal Flyers, les Count Bishops  ou Eddie ( non pas Mitchell), Eddie and The Hot Rods.

Après une pause carrière, ils se reforment en 2013 et depuis sillonnent le pays pour distiller leur pub rock, sans boire du vin de Touraine mais plutôt de la Kilkenny ou de la Newcastle Brown Ale. 

Zont de la gueule, Simon Jeangirard ( alias BassMachine) à la basse, Patrice Wallet  ( alias Pat Wallet) à la batterie et Stéphane Jopek ( alias Joe Pekman) aux guitares. Pas de fringues BCBG, mais un veston noir  élimé  pour le frontman , à l'allure Garçon Boucher  à qui  on ne  la fait pas, un marcel et une  casquette  noirs pour le frappeur et un T-shirt The Hard-Ons pour la basse.

Cinq rondelles dans le magasin et une énergie  débordante.

Mise sur orbite avec ' Till the end of my life', ça frappe très sec, la basse grogne, les riffs tranchent dans le gras et le chant, hargneux, te rappelle au bon souvenir d'une époque bénie  ou les groupes produisaient du son sans tripoter des tas de petits boutons pour envoyer une soupe mise en conserve, puis insérée dans une clé USB.

Merde, le bus a oublié l'arrêt,   'Bastard Boogie' est balancé dans nos gencives, tandis que tu penses à un petit gars du Havre prénommé Bob, non,  pas une éponge.

'Doctor, Doctor' ,   Robert, tu oublies give me the news, ... I 'd like to tell you something...

Raconte, petit!

Je  vois: guitare crasseuse, voix rauque, tendance à l'agressivité et comportement irascible,  un seul remède, jouer du rock.

Depuis le début du set Fernand, un sexagénaire, légèrement pris de boisson, se démène comme un étalon en rut et vient se coller à toutes les ex- gamines  gigotant comme à l'époque où elles jouaient aux groupies en assistant aux concerts des Dogs.

Sur le podium, Joe, narquois,  sourit  et continue d'enfiler des titres qui nous rappellent l'époque où les Kinks nous assénaient des perles telles que 'You really got me'  ou 'Come on now'.

'All night long' , 'Nobody knows', et le catchy  'Second hand man'  se succèdent, le rythme n'a pas faibli d'un iota,  le set, déjà dru et opiniâtre,  a même gagné en intensité, Plouha vibre et savoure.  

Un message à la table, peux-tu couper la guitare dans mon retour, signale la basse.

Un bref blanc survient et il a fallu que le starter lâche deux coups pour lancer la balade nocturne,  'Walking tonight'.

Une attaque féroce ébauche 'Squeeze me'  suivi par 'The devil and me'  un titre idéal joué face à l'église, Jésus a failli descendre  de la croix pour les sermonner.

C'est l'heure de la promenade du clebs, il faut soulager sa vessie, 'Walking the dog' précède 'Information man'  joué à 150 à l'heure.

Après 'Yes I am' , Pat se dit que c'est le moment  de griller une sèche, les copains s'accordent, puis le trio attaque avec quelques mois d'avance 'Happy new year ' .

'Monkey', comme la plage précédente,  s'entend sur leur dernier méfait ' Just in the nick of time' .

Après avoir admiré les chimpanzés,  on se paie une visite à la cage des sauriens, ' Alligator Moona', un garage rock présentant de légers relents  blues rock.

Alors que la playlist n'indique plus qu'un titre, les Sharpers  gonflent encore leur set et lâchent,  e a, ' Situation' scandé à 2 voix,  pour terminer avec le bien à propos ' I'm gone'.

 

Les Sharpers ne roulent pas à l'électricité, avec ces gars le moteur vrombit et bouffe des litres de gasoil, pour le plus grand plaisir des fans d'un  rock  qui ignore les compromis.