samedi 30 mars 2024

Frustration et Mary Bell à Bonjour Minuit, Saint-Brieuc, le 29 mars 2024

 Frustration  et Mary Bell  à Bonjour Minuit, Saint-Brieuc, le 29 mars 2024

michel

Point météo: ce mois de mars finit sous la pluie, les averses, les orages et le vent.

A Bonjour Minuit , la fin  mars  s'annonce tout aussi agitée avec la venue de Frustration et de Mary Bell.

Il y a longtemps que tu n'avais plus vu un public, pourtant pas tout jeune, aussi exubérant et tumultueux dans le complexe briochin.

Pogo, moshpits, mouvements de foule incontrôlés,  grosse foire peu  avant minuit, résultat:  beaucoup de sueur, un ou deux portables piétinés, un sweat shirt perdu  et un dentier en cavale.

Punk is not vraiment dead!

Il est 21:05, quatre filles sortent de coulisse:  Mary Bell !

Aucune d'entre elles n'a jamais assassiné des gosses et  on ne sait pas si la maman d'une de ces  demoiselles se promenait sur les trottoirs en quête d'une passe mal rémunérée.

Avant,  Mary Bell c'était:  Victoria Arfi - guitar, vocals /Tristan Badré - bass / Alice Lelion- vocals / Marie Filliette - drums, vocals, aujourd'hui on peut clairement parler d'un all female combo car Lucie Marsaud ( ex-BRNS et Gavagaii) a piqué la basse de Tristan, parti à la recherche d'Iseut dans le Sud. 

Mary Bell, catalogué groupe riot grrrl/punk/grunge, sévit depuis pas mal d'années, dans sa gibecière, pas de lièvre abattu près de Fontainebleau, mais  deux EP's et trois full CD's, le dernier  'Cerbero', à ne pas caresser, date d'octobre 2023.

La première plage de cette rondelle est chauve, elle a été baptisée 'Hairless', c'est aussi le titre par lequel les sulfureuses jeunes femmes entament leur tour de chant vitaminé.

Moins de deux minutes, à donner le vertige aux garçons coiffeurs.

'You Yell' , guitare saccadée et fuzzy , basse agressive,  drumming  heurté et chant fébrile, le fantôme de Sleater-Kinney plane juste sous le plafond.

Elles ne vont pas se calmer, 'Trains' de 2021 dévale à toute allure, t'as pas de ticket, pas de panique, la mafia de la SNCF est en grève.

'Consent'  le consentement est un sujet délicat, si elle ne dit pas OUI, tu t'abstiens.

Puis vient 'Minimoi'  et sa gymnastique verbale acrobatique, 1 minute 10 secondes plus tard elles t'invitent au voyage ' Viaggio', titre  introduit par une méchante basse.

Après ce voyage mouvementé,   nous sommes invités à une soirée select, ' Welcome to the feast', t'as pas eu le temps de vider ton Bourbon qu'elles ont enchaîné sur 'Later', introduit par une guitare élastique.

Aucun temps mort, pas de séquence correction du make-up, elles foncent: 'Weather/Surrender' , le bien nommé 'Inferno' et le plombé 'Beautiful Sky' défilent.

Tu te dis que la merveilleuse Alice va devoir absorber une ou deux pastilles pour soigner une  gorge éraillée après cette débauche de rage, mais non, le quartet poursuit son périple, voici ' Be a Mom', amorcer par un drumming très peu maternel.

Elle vient de lâcher...  I'm so pissed at the human race... , sa copine annonce ' No more regrets', pas la tirade de Arch Enemy, mais un extrait de leur dernier méfait, composé pour toutes les filles ayant décidé de faire de la musique, malgré les réticences de quelques mâles jaloux.

A table...' And the dinner is served', repas avalé en 50 secondes, bien mâcher avait dit  le doc, tu parles, pas le temps de mastiquer!

'How old am I'?

Aucune idée, 15 ans...

Wrong: twenty-five!

Tout de même.

De plus en plus hargneux ...I don't like you... pour dénoncer le harcèlement, la culture du viol, voici  le virulent et vindicatif ' Sacrificed'.

On approche du terme ' Watch me disappear'  et 'Pheasant' nous conduisent au bout des 35' d'un  show revigorant.

Saint-Brieuc les rappelle, elles proposent ' Fool Moon', et t'as bien lu, pas de pleine lune!

Game over!

Bye, bye, Mary Bell: le pendant parisien de Bikini Kill, Slant 6  ou Julie Ruin!

 

Frustration!

Cela fait plus de 20 ans que Frustration exprime rancoeur et ressentiment sur toutes les scènes de la planète!

Les infatigables  postpunkers, coldwavers , originaires d'une ville qui va accueillir  une grande foire, baptisée Jeux Olympiques, viennent de sortir un nouvel ouvrage ( Our Decisions), ce  qui  nous vaut  cette tournée, avec une double escale en Bretagne.

22:15

Fabrice Gilbert ( chant),  Mark Adolf ( drums), Fred Campo ( synthé, keys, drumpad,, chimes), Pat Dambrine ( basse) et vise ma veste de combat à capuche, Nicus Duteil ( guitare), quittent les coulisses pour entamer leur speech draconien.

Pat et Fred lancent la machine sur une texture post-punk typique, pense à Killing Joke, sans le côté blagueur, ' Path of Extinction' qui ouvre le dernier né est sur les rails, en entendant ... I used to walk in the land of joy... suivi par un riff de guitare qui lacère profond, t'as vite compris que ce soir on ne va pas nous servir un biberon d'eau sucrée, ça va faire mal, très mal,.

Faut regarder attentivement les mimiques théâtrales du brave Fabrice et l'aspect inquiétant du guitariste pour saisir que c'est pas une histoire d'enfants de choeur.

'State of Alert' , niveau urgence attentat, tous aux abris .

Chant saccadé, guitare acérée, basse et drumming compacts et quelques picotements de synthé, les patrouilles vigipirates sont en place.

Une intro synthétique lance  le plus ancien ' It's gonna be the same' , aux sonorités saturées, enrobées d'une caresse sur les clochettes tubulaires, pour faire plaisir à Mike Oldfield.

Basse syncopée, drumming acrobatique, chant inquiétant et riffs métalliques, 'Pepper Stray' vient nous aveugler avant un coup de frein, après lequel Fabrice part en parlando.

Le feu repasse au vert et la machine folle s'emballe, colle-toi contre les façades si tu veux éviter d'être éclaboussé

Ambiance  sombre à la Joy Division sur 'We miss you'  , batterie martiale, basse balèze, riffs meurtriers et chorus boy - scouts sous amphétamines, c'est pas du disco, messieurs les Stones!

Un premier envahisseur escalade le podium sur  un des classiques du band,  ' No Trouble', comme le mec  est inscrit à l'épreuve haut-vol à 10 mètres à La Plaine Saint-Denis, il nous fait une démonstration de son savoir-faire et pourtant il risque d'être disqualifié pour  tenue inadéquate!

Puis vient le seul titre en français de la soirée, le magnétique  'Le Grand Soir' . Derrière toi, dans les tranchées,   ça s'agite sérieusement,  quelques coups de coude se perdent, les photographes craignent pour leur matos.

Question pour  François Villeroy de Galhau: ' When does a banknote start to burn?'

Après ce titre coup de poing en pleine tronche, c'est 'Excess' qui déboule et relance le pogo entamé il y a 10 minutes, la basse de Pat tournoie dangereusement, tandis que Fabrice et Nicus dialoguent spasmodiquement.

Dans post -punk , il y a punk, et les excès, les punks, ils connaissent!

Deux nouveaux morceaux pour suivre, qu'il dit:  'Catching your eye' , avec  son drumming 656 battements par minute et  une  danse robotique style Marceau ( pas Sophie, non, le mime) de Fabrice, secoue un max, tandis que 'Riptide' à l'intro funèbre fait dans l'indus glacial.

En 2018, Frustration sortait un deux titres sur lequel figurait le  brutal ' The Drawback'  morceau qui déchire les chairs et les sens tout en excitant davantage les ballerines et kangourous locaux  qui  ricochent sur un sol inondé de bière et de sueur.

'Nowadays'  est tellement nerveux que Mark en perd une baguette, ramassée par le bassiste, elle est renvoyée vers son propriétaire qui la prend en pleine poire.

On approche du terme, les fans l'attendaient, voici l'inquiétant  'Your Body', aussi bestial que certains titres de Death in June.

Un à un, les acteurs s'éclipsent en nous laissant pantois.

30 secondes d'attente, les revoilà  pour nous servir trois bombes: ' Dreams, Laws, Rights and Duties' , 'Too many questions'  qui voit Thérèse ascensionner le mont chauve et se taper un stage diving audacieux et, enfin, 'Blind' pour lequel Nicus te tend son micro pour que tu puisses chanter le refrain à l'aveugle.

Pat a disparu dans la foule armé de sa basse, c'est la folie dans la salle, faudra un second retour de la troupe afin d'éviter l'émeute.

L' hymne ' We have some...'   frustration ...  chanté par une centaine de gosiers,  était magistral!

 

Morale:  faudrait  envoyer  Frustation pour la cérémonie d'ouverture des Jeux et on oublie les  polémiques!

 

 

 








 

 


 






mardi 26 mars 2024

EP - Iona Lane – Bring The Tide In

 EP - Iona Lane – Bring The Tide In

Hudson Records (?)

folk

Iona Lane naît à Lancaster,  il y  a à peu près un quart de siècle, elle grandit dans les Yorkshire Dales avant de s'établir à Leeds, où elle était inscrite au Conservatoire, section folk.

 She's a graduate now.

Avant de sortir un premier full album (  Hallival) en 2022, la jeune personne avait enregistré 4 EP's, 'Pockets' de 2017 fut d'ailleurs nominé pour le FATEA Short Album of the Year award,.

‘Dry Stone Walls’ (2015) et  ‘Solace’ (2017) l'avaient précédé, 'Golden Sleeves' paraissait un an plus tard.

En 2023,  elle collabore avec Ranjana Ghatak, les filles enregistrent l'EP 'Cove' et enfin, en mars 2024 c'est 'Bring the tide in' qui voit le jour.

Tracks

1. Suilven 

2. Great Stone

 3. Bring The Tide In

 4. Moors.

Credits:

Iona Lane - vocals, guitar, shruti box, piano, fiddle (on track 4)
Malin Lewis - fiddle, synth
Lucy Farrell - backing vocals
Euan Burton - double bass 

 
All songs written by Iona Lane apart from tracks 1 and 2 which were written by Iona Lane and Sol Edwards

 Produced by Andy Bell and Iona Lane
Mixed by Andy Bell
Mastered by Dean Honer 

Le titre de l'EP le laissait suggérer, la photo de pochette prise à  Ardnamurchan = promontoire des grandes mers ( Ecosse) , montre une mer,  peu agitée, à marée montante.

'Suilven'  ( altitude 731 mètres) , l'une des montagnes les plus célèbres  d'Ecosse pour sa forme particulière,  attire chaque année de nombreux randonneurs.

Iona Lane fait partie de ceux-ci, ...I told my dad I’d climb that hill that he said was too big for me when I was a girl... sont les premiers mots prononcés après une subtile et fingerpicked intro à l'acoustique.

La voix sincère et sensible, à la diction limpide, évoque les plus grandes chanteuses folk, Joni Mitchell ou Judy Collins,  quand le violon de Malin Lewis vient colorer la mélodie, tu t'éponges le front, car   tu  avais décidé de la suivre dans sa pénible ascension, en jurant, au bout de l'effort, de ne plus jamais tâter de l'alpinisme.

Elle y est arrivée au sommet,  'Great Stone' en atteste , et de là-haut ce n'est pas uniquement les vallons qu'elle aperçoit, mais aussi des souvenirs  de l'enfance qui rejaillissent.

Musicalement pas de bouleversement, la guitare subtile, gentiment taquinée,  comme pour  produire un tableau paysagiste pointilliste à la Seurat  et le chant  sensible, précèdent une envolée  du violon, joué à l'archet ou en pizzicato, pour donner une impression de beauté sereine .

La poésie pastorale a toujours eu des adeptes dans l'art anglais, de Wordsworth à T S Eliot, ils sont nombreux à dépeindre the English countryside dans leurs écrits.

Le mouvement flegmatique de la marée est rendu par un bourdonnement  sourd de la  shruti-box  pour introduire 'Bring the tide in' , une pièce contemplative, te donnant envie d'admirer  pendant des heures l'oscillation paisible des flots, tout en fixant la ligne d'horizon où  mer et  ciel se marient.

On te comprend, Alain?

...Et je reste des heures à regarder la mer...

Le court recueil prend fin avec le mélancolique ' Moors', inspiré  par les landes,  parsemées de bruyère, du Yorkshire.

Comme sur le titre précédent , les judicieux backing vocals sont assurés par Lucy Farrell, BBC Radio 2 Folk Award Winner, tandis que la voix bourrée de reverb  d' Iona , qui fait craquer sa guitare, survole le paysage de tourbes de mousse, de bruyères mauves et  de fougères, en arrière-plan, la contrebasse de Euan Burton  palpite aimablement, histoire de draper la mélodie et de la protéger des vents qui souvent balaient la végétation de ce pays idyllique. 


Le mot de la fin est pour la singer - songwriter Karine Polwart: ‘Iona feels like a kindred spirit with her gorgeous evocations of landscape and geeky scientific references.’ 

Elle sait de quoi elle parle!

 


 

 

 




 

dimanche 24 mars 2024

Nour à La Fabrique à Paroles, Paimpol, le 23 mars 2024

 Nour à La Fabrique à Paroles, Paimpol, le 23 mars 2024

michel

Nour?

 Ce n'est pas: Nour, le yoga sans frontières,  ni Nour The Voice,  ni, une maison écoulant des tapis berbères, encore moins,  un groupe spécialisé dans la vente d'entrepôts commerciaux, et pas non plus, une chanson de Juliette.

Oui, le prénom arabe Nour signifie lumière.

 Nour, nom de famille  Azzam, est une chanteuse suisse, ayant accouché de quadruplés, nés à plusieurs années  d'intervalle, les albums 'Des p'tits hommes' , 'Au delà de l'arc-en-ciel', 'Après l'orage' et ' L'élégance des mots crus'.

Les deux premiers sont nés en Suisse, les suivants en France.

En ce beau mois guerrier, Nour traîne dans le 22, elle s'est arrêtée à Saint-Brieuc, Lanloup et ce samedi à Paimpol.

Les Costarmoricains, ébahis, ont pu faire la connaissance de son répertoire licencieux, de sa gouaille, de son franc parler,  de son côté dada, de son extravagance , tout en admirant sa  longue robe  bigarrée . 

Après l'introduction de l'hôtesse, Nour se pointe, un grand sourire aux lèvres, elle a un petit côté Emmanuelle Devos, entends-tu dire à voix basse.

Après nous avoir narré ses mésaventures au Cessonnais , avoir encensé le Kabellig Ruz de Lanloup et avoir énoncé ses difficultés à dénicher  un piano, car une pianiste sans ses touches, c'est nul, elle décide d'entamer son tour de chant/ stand-up comedy show.

Voilà, Paimpolais et Paimpolaides, j'ai composé une chanson pour le rasoir électrique d'un ex, je la joue sur ma 4 string cigar box guitar, il n'y a que deux accords!

Crin, crun, crin,  fait l'engin, ' Chanson pour un rasoir ( électrique) ' est sur les rails.

Le propos est loufoque, les associations d'idées sont raides.

C'est clair, la soirée ne sera pas austère, mon cher Paul.

Madame  a aimé la sentence ... toi, philosophe de basse-cour...  toi, t'as pas aimé son doigt tendu vers ton visage.

Elle passe derrière le piano et attaque 'Il pleut des hommes', plus Marie-Paule Belle que Geri ' It's raining men' Halliwell.

Nour nous la joue diva ( merci, Jean-Jacques Beineix) s'assied, sans élégance, sur son piano, du coup elle lâche c'est un piano à cul ( Raymond Devos n'aurait pas osé), pour introduire 'Le cul-de-sac',   aux sonorités jazzy et à l'atmosphère théâtre/cabaret ( burlesque et libertin).

'L' Impulsive'  ou comment corrompre les locutions verbales,  jongler avec les mots et les idées pour tracer un portrait autobiographique.

Cette fille est étonnante, mais ne va pas la comparer à d'autres chanteuses, ne cherche pas de mélodies, chez Nour, tout est décalé, voire déjanté!

Retour à la guitare pour un rock minimaliste à la senteur Jacques Dutronc, ' Du vrai!' dit la setlist.

T'as des femmes fatales, des femmes battues, des femmes d'action... Nour est plutôt une femme trombone, elle porte le bruit de ses cloches dans sa caboche.

C'est sûr, elle  n' aborde  pas la chanson par un angle  plat, son angle d'attaque fait au moins 436°( à l'ombre).

Méfie-toi d'elle , on ignore si tu connais  Luka Magnotta, dit le dépeceur de Montréal, mais cette nana est du même acabit, son amoureux, elle veut le dépecer, le démembrer, du coup, Maigret enquête.

Paimpol est mis à contribution pour fredonner le refrain tandis que Madame  produit des sons incongrus, histoire d'entuber les poulets.

Elle reprend place derrière le piano pour entamer ' Sentinelle', encore un morceau non retrouvé dans le catalogue.

A qui penses-tu, demande celle qui a les clés de la charrette!


Difficile de tracer des ponts: Régine, Serge Lama, Colette Renard, Agnès Bihl, Colette Magny ou Maurice Fanon, mais aucun(e) d'entre eux (elles) ne correspond tout à fait à la figure de Nour.
 
Après une intro, digne d'un nocturne ( pas indien), vient  un truc aux arpèges qui ondulent, c'est 'Poupées de plombs' qui est balancé.
 
Le jeu est acrobatique, le chant chaotique, on est plus proche de Tristan Tzara que de Nicolas Poussin. 
 
Devinette: lorsque tout aura disparu, que restera-t-il?
Quelle colle!
 
Elle a la réponse: les mecs qui draguent sur la plage, voilà le thème de 'Pédalo'.
 
Et qui vois-tu sur l'écran cérébral?
Aldo Maccione!
 
Auto-dérision et exercice de prestidigitateur, elle sort un poisson factice de son sac à malices , le hareng, inodore,  atterrit dans la foule.
 
Oui, cette fille est dingue!
 
Rock'n'roll, baby, elle a repris la guitare pour chanter la fin du monde.
On va tous crever, youpie...
Country Joe McDonald le chantait déjà en 1967 ' I feel like I'm fixin to die'.
 
Plus sérieux ( à peine), 'Bonjour mélancolie'... est suivi par ' L'amour est une chose sérieuse' car elle ne veut pas aimer comme on va chez Carrefour!
 
Kid Lucky était considéré comme un as du beatboxing, Nour, elle, est adepte du chest boxing , après avoir rythmé la mélodie en se tapotant la poitrine, elle nous narre 'La maison de carton', un titre tribal qui, lorsqu'elle reprend le piano, peut faire penser à  Camille, Regina Spektor ou Amanda Palmer.
 
'Sale temps pour les poètes' achève le récital. Du Nougaro saupoudré de tUnE-yArDs , en passant, elle décoche  d' une pique en direction de la SNCF. 
 
Le bis viendra après la pub .
 
'Après l'orage' termine un concert déconcertant, déluré et inspiré à la fois.

jeudi 21 mars 2024

Album - Nothing Sweeter - Julie Arsenault

  Album - Nothing Sweeter -  Julie Arsenault

michel 

Label: Son Canciones

singer-songwriter/indie folk 

Peu de détails concernant Julie Arsenault, a half- Filipino cat lover,  basée à  Toronto, on sait qu'elle travaillait chez un pâtissier/boulanger, qu'en 2013,  à la suite d'un accident de voiture, elle souffre d'une fracture du crâne , l'argent de l'assurance lui permet d'assouvir son rêve, écrire des chansons et les enregistrer.

Aidée par quelques amis musiciens, elle s'enferme dans un semi-remorque transformé en studio et façonne 10 chansons.

Le résultat est bluffant. 

Crée un compte bandcamp, lui souffle un gars,  'The Creature That I Call Myself' voit le jour, plus tard l'album sort officiellement sur le label de Barcelone, Son Canciones.

Ce premier jet devient un album culte, même si les ventes ne sont pas faramineuses.

En 2016,  Julie s'entend sur un album de LUKA ( Luke Kuplowsky),  ensuite deux EP's sortent, 'Softness' ( 2017) et 'Mom Rock' ( 2018), fin 2023, elle lâche un second full CD, ' Nothing Sweeter'.  

Tracklist:

 "Womanhood" ·

 Start Again · 

Homeschool · 

Where I'm Sitting · 

Nearer · 

Riverdale Bridge ·

 Tiny Beam of Light · 

Light One Up.

The band:

Julie Arsenault - vocals, guitar
Aaron Comeau  - piano
Anna Horvath - BG vocals
Charlotte Cornfield - keys, pads
Evan J. Cartwright - drums, nylon strings
Graeme Moffatt - bass guitar
Sam Gleason - guitars, organ, synths
& Sam Tudor - BG vocals 

 Cover portrait painted and photographed by Stefan Berg.

Image naïve d'une jeune personne contemplative qui, à l'instar de Bernadette Soubirous, a aperçu  la Vierge.

'My womanhood',  d'une voix douce, harmonieuse, caressante presque,  Julie nous décrit la féminité telle  qu' elle est  probablement envisagée par le patriarcat: veiller au ménage, gagner de l'argent, s'occuper de son intérieur... mais elle a des choses à prouver et il y a des trucs qui l'énervent ( sans se mettre à ruer dans les brancards): le gouvernement, les gosses des voisins qui jurent comme des charretiers, cela lui prend la tête, c'est comme si on l'avait plongée dans une piscine  dans lequel l'eau est remplace par du ciment.

La chanson est introduite à la guitare, la voix, proche du timbre d'Angel Olsen ( on conseille le titre 'Forever Means'),  murmure son texte, avant l'entrée en piste d'un piano, suivie d' une élévation légère du ton, les percussions, elles,  demeurent discrètes.  L'orchestration  gonfle en vue du terme, sans qu'il soit question d'ornementation excessive ou de prétention. 

Les  mêmes riffs de   guitare  entament le folky et mélancolique   'Start again' ,  le scénario vocal et les interventions au piano  se répètent aussi et pourtant, l'auditeur reste attentif et assiste, impuissant,  au découragement et à l'accablement qui se sont emparés de la jeune personne, ...  I find it hard to motivate myself to brush my teeth. I know I must smile despite the pain that’s hiding underneath... 

Une manière imagée de  dépeindre la dépression  et le mal de vivre, elle poursuit... If my existence is truly this pointless then why bother singing?...  

Qui va l'encourager, l'empêcher de commettre l'irréparable?

Ah, un sursaut pour terminer sur une note moins sordide: I will wake up early tomorrow and we can make a brand new start,  again!

On enchaîne sur la piano ballad 'Homeschool'  portée à bout de bras par Aaron Corneau  ( The Skydiggers, July Talk, Arkells...) , la voix frémissante, chevrotante, de Miss Arsenault  se pointe, elle se mue en maîtresse d'école donnant des cours particuliers à une personne à laquelle elle aimerait enseigner comment la chérir, comment lui faire confiance...

Cette jolie valse est ennoblie par le solo de guitare transcendant de Sam Gleason (Ptarmigan).

'Where I'm sitting'  s'avère musicalement plus percutant en jouant la carte country rock /americana. Quant au propos,  Miss Arsenault  relate quelques tracas du quotidien:  à la station de métro  .. Slot in the turnstile it ate my token It was the least of my first world problems I blew the whole thing out of proportion... quand tu ne te sens pas bien dans ta peau, le moindre désagrément peut sembler pire que la fin du monde, heureusement, comme dans pas mal de  films américains, il y aura a happy ending.

Une pointe d'optimisme  fleurit sur 'Nearer', un morceau presque apaisé, truffé d'une imagerie  allégorique ( le coquelicot perdant ses pétales, c'est digne d'une toile de  Monet)  et  interprété d'un timbre friable, le tout étant   greffé sur une orchestration minimaliste , avec  percussions feutrées, piano décontracté, accords de guitare  évoquant le spleen  de Mazzy Star et choeurs délicats.

Une balade sur le 'Riverdale Bridge',  above the Don River à Toronto?

T'as pas la trouille de chuter dans la flotte, moi, je suis guérie et puis...  There is really nothing sweeter than the sun reflected on the river... 

Mélancolie, insouciance  et une forme de sérénité, de zénitude même, transperce au travers de cette gentille mélodie  qui la voit accepter la vie.. I’m so glad I chose to live..., au placard les idées noires et les pensées suicidaires.

Et si on dansait, une valse pour oublier la tristesse, Françoise?

Ecoute,' Tiny Beam of Light',... It’s summertime,  time to look on the bright side...

Même les âmes les plus pessimistes sont sensibles aux premiers rayons du soleil et puis il y a la guitare qui t'invite aux songes les plus romanesques. 

Aussi beau que 'River Waltz' des Cowboy Junkies ou que toutes les valses imaginées par Leonard Cohen. 

Une guitare acoustique ciselée entame la dernière plage, 'Light One Up', la fin du processus d'acceptation de soi: .... You can call me an idiot,  I don’t give a shit, I am brilliant....  chanté sans élever la voix.

 

Un bel album, d'une lenteur bénéfique, on te le déconseille si t'es du genre survolté et impatient , par contre, si tu ne crains pas de t'embarquer pour un trip émotionnel  et introspectif, on te le conseille vivement.

 






 

 

 


lundi 18 mars 2024

Clotilde Trouillaud.- Bibliothèque André Malraux - Saint-Brieuc, le 16 mars 2024

 Clotilde Trouillaud.- Bibliothèque André Malraux - Saint-Brieuc, le 16 mars 2024

michel

L'hôtesse: pour le concert,  deuxième étage, au milieu des ouvrages dépoussiérés depuis la rénovation de l'édifice (  incunables,  manuscrits anciens enluminés  ou reliés, estampes, bibliophilie bretonne... mais  aucun  manga!).

C'est dans cette salle vénérable que Clotilde Trouillaud se produira à 15:30'.

Quelques rangées de chaises sont  alignées face à une table basse, sur laquelle repose la harpe celtique de l'artiste, professeur de harpe au conservatoire de Pontivy et à Breizh Music.  

Les responsables ne s'attendaient pas à accueillir un afflux de visiteurs, il a fallu tripler la quantité de sièges prévus et, même ainsi, certains ont été obligés d'assister à l'aubade en position debout.

En 2019, tu avais eu  l'occasion  d'admirer le savoir-faire de la harpiste, nullement harpie, lors des Zef et Mer à Plérin,  elle s'y produisait avec le groupe Lune Bleue ( deux albums) .

Elle a également fait partie du groupe Fileuses de Nuit ( deux albums), a sorti un album prog rock avec Sylbat   et continue à se produire en solo ( deux albums) .

Debout,  à côté de sa harpe, la musicienne, gracile et concentrée, entame un premier air, originaire du pays de Redon, ' Voilà la bonne année que Dieu nous a donnée',  car le Très Haut a permis aux paysans de jouir d'une abondante récolte de pommes à cidre, la cuvée s'annonce excellente.

Les doigts délicats pincent les 34 cordes avec grâce et dextérité, tout en manipulant les leviers sans accrocs.

L'assistance, subjuguée,  suit l'évolution habile  des phalanges sur les boyaux en  nylon et retient son souffle, imitée par  les quelques gosses, disciplinés,  sagement assis près de leur maman.

Les mouches, pareillement , ont cessé leur bourdonnement agaçant.

Clotilde enchaîne sur une suite irlandaise,  entamée par  une composition de Turlough O'Carolan, le blind Celtic harper, que Wikipedia France qualifie de colérique, un trait d'humeur non confirmé en Irlande .

'Miss McDermott' est suivi par an Irish reel sentant bon les paysages verdoyants et la Guinness.

Toujours en admiration devant l'aisance avec laquelle l'artiste frôle les cordes de l'instrument préféré d'Apollon , tu te dis que la harpe n'est pas vraiment un outil  approprié pour un boxeur ou un catcheur.

'La Verte épine' est une ridée à 6 temps,  que Clotilde a appris à connaître dans la version chantée par Louise Prévert. 

Toujours en Bretagne, voici ' Kleier' de Kristen Noguès ( décédée en 2007), qui a révolutionné le jeu de la harpe, en l'actualisant pour le rapprocher du jazz.

Laura Perrudin se nourrit également de l'héritage de cette illustre harpiste.

' Décor et des cordes' une des compositions de Clotilde Trouillaud est au répertoire de Lune Bleue.

Une mélodie nettement plus vive que le menuet en Fa majeur de Wolfgang Amadeus Mozart.

Suite à une question lancée par un sweat à capuche, on a droit à une séquence didactique illustrant la différence entre la harpe classique et la harpe celtique ( moins encombrante), puis vient 'Unlight', un morceau lumineux, malgré le titre, composé après le passage de la tempête Ciaran  ayant couché des milliers d'arbres sur le sol  et privé près d'un million cinq mille foyers d'électricité.

Un pouet incongru émanant de la rue proche vient troubler la sérénité solennelle du lieu sans décontenancer l'artiste, qui poursuit le récital par 'The other road' un morceau jazzy du Lune Bleue trio. 

'L'horloge infernale' a pris un autre sens après l'épisode Covid,  on y a entendu quelques accords du 'Bidonville' de Claude Nougaro.

' Lever forever' est dédié aux fameux leviers de la harpe celtique, les motifs brodés ont séduit tune voisine qui  se dandine, paupières closes, sur sa chaise.

Quoi?

Non, ' Keys for Keith' n'existe pas encore!

' La valse de papier' pour l'olibrius  qui tient absolument à attirer l'attention en multipliant remarques et questions inappropriées.

La valse n'a pas mis le temps, Jacques l'a trouvée belle, tout comme Régine.

'La machine à l'envers', du  swing  pour les anges qui tricotent,  termine un set aux teintes nuancées, ayant tenu l'assistance en haleine jusqu'aux dernières notes.

 

Revoilà, Charlot:  une dernière, peut-être?

D'accord,  vous allez probablement la reconnaître!

Effectivement, Camille,  Charlène, Christine et Céline ont toutes fredonné ' Je me suis fait tout petit' de Georges Brassens.

 





 



 

vendredi 15 mars 2024

Emezi, place du marché ( place du 8 mai 1945) à Ploumagoar, le 13 mars 2024

 Emezi, place du marché ( place du 8 mai 1945) à Ploumagoar, le 13 mars 2024

 

michel

 Le service culturel de Ploumagoar invite Emezi dans le cadre de la semaine Femmes Fantastiques.

Le duo du Finistère doit se produire sur la place du marché à 18h.

La municipalité a monté un abri à côté des quelques échoppes de marchands ambulants, les filles sont donc plus ou moins protégées des timides rayons de soleil.

Si la journée fut printanière, les températures du début de soirée par contre n'incitent pas à délaisser la petite laine.

En juin 2022, Emezi t'avait charmé lors de la Fête de la Musique à Guingamp ( cf chronique) , il en sera de même à Ploumagoar ce soir .

Le public,  clairsemé,  a  apprécié à sa juste valeur la prestation convaincante   de Perynn Bleunven ( chant et percussions ) et Élise Desbordes ( chant , clavier, programming ).

17:55', sans prévenir, les filles prennent place et entament leur aubade, devant 3 ou 4 badauds babas et bien cool.

Emezi ( = dit-elle)  chante en breton, une langue qui se prête à merveille à leur univers musical teinté de jazz, de  pop , de RnB, voire de coloris plus exotiques, mais sans aucune trace de gwerz.

Un premier titre,  ( 'War ar C'hae')    au répertoire du Perynn Quintet,  groupe qui comprenait déjà Elise au piano,  d'une douceur extrême  et chanté à deux voix angéliques, vient caresser nos pavillons. Les doigts d'Elise virevoltent sur le Nord Stage 3, Perynn se contente de lui répondre ou d'accompagner son roucoulement, du coup le nombre d'auditeurs est multiplié par cinq.

'Diskar' s'entend sur l'EP sorti il y a deux ans, cette fois-ci Perynn ne se satisfait plus d'uniquement  gazouiller, elle tapote un drumpad pour transformer la ballade, évoquant l'avenir sombre de notre planète,   en electro wave  track scintillant.

Les punks  anarchistes 'Les Ramoneurs de Menhir' ont à leur répertoire un titre baptisé 'Ar paotr disousi', chez Emezi, pas de bombarde, ni de biniou, pas de gamin, non plus, il ne reste que 'Disousi', l'insouciant!

Un titre jazzy sémillant, orné de fingersnaps et  de secousses de tambourin.

En 2004, Anna Gavalda publie ' Ensemble, c'est tout',  2 040 000 exemplaires de l'ouvrage seront écoulés, dans les  années 2020, Emerzi propose ' Ensemble', 'Asambles' en breton ,  aucun exemplaire vendu, car le titre n'a pas été gravé.

La voix haut perchée de Perynn serine la chanson d'amour supportée pas de gros beats et des échos de musique africaine.

' Ar Fan Foll' ou  l'artiste qui rêve de gloire devenant fou! 

Les deux voix communient à l'unisson , le public est réceptif mais hésite à coopérer, comme le lui proposait Perynn.

La bossa nova celtique 'Tentadur' donne son titre à l'EP, elle devrait ramener le soleil et  pourrait servir de fond sonore pour la pub d'un cocktail à base du rhum et de liqueur d'abricot. 

Moby a vu ses fins de mois s'arrondir grâce à ' Porcelain', repris par une compagnie de croisières.

'Luskell' est une fausse berceuse, il y a peu de chances qu'elle conduise les mioches vers un sommeil apaisé, car des cris de mouettes rieuses vont les tenir en éveil.

On se pose encore la question: de quel idiophone Perynn a -t-elle accompagné son chant de velours?

Ce n'était ni  un vibraphone, ni un glockenspiel, ni un kalimba, ni un senza, mais le truc produisait des sons exotiques sympa.

Comme Madelyn Ann, Emezi s'éloigne de l'idée que le peuple se fait de la musique bretonne, ces artistes dépoussièrent le patrimoine armoricain en lui ajoutant des touches pop,  sans trahir leurs origines.

Virage trip hop avec ' Dilemma' ,  sur lequel les voix jouent à saute-mouton. 

Une infidélité au breton pour suivre, ' And the day goes on' est interprété in English, comme Astrud Gilberto l'avait  fait pour le fameux 'Garota de Ipanema', devenu 'The girl from Ipanema'.

Pas de  bol, Stan Getz n'était pas disponible pour un solo de saxophone.

En mode vocal swing  harmonieux, ' Penaos Paouez'  évoque les Puppini Sisters ou même les girl groups, style The Dixie Cups.

Comme à Guingamp, Emezi reprend Koffee et son 'Rapture' , du hip hop, en provenance de la Jamaïque, légèrement édulcoré au caramel beurre salé, c'est très digeste!

Le set prend fin avec  le plus ancien ' Fin an Devezh'  , une salsa électro, sans les températures tropicales.

 

Pendant 55' Emezi a  chassé l'ennui,  éloigné le sceptre d'un nouveau conflit mondial  tout en occultant, pour un moment, la hausse exorbitante du coût du panier d'épicerie.

Plus besoin de se taper Lourdes!



 



 

 

mardi 12 mars 2024

Album - Vanessa Philippe - L’Amour C’est Chiant

 Album - Vanessa Philippe -  L’Amour C’est Chiant

michel 

Le Poisson Spatial
 
electro pop 
 
Ils sont nombreux à clamer ' L'amour c'est de la merde', même De Kreuners in Vlaanderenland ont proféré cette sentence, d'autres comme Sylvie  affirment  'L'amour c'est comme une cigarette', Pierre Perret, dans un accès de bigotisme chante ' L'amour c'est comme Jésus', des Italiens préfèrent le voir s'en aller,   Amedeo Minghi e Mietta 'Vattene Amore', et les Troggs, en 1967, affirmaient 'Love is all around'.
Vanessa Philippe a une autre opinion, d'après elle ' L'amour c'est chiant'.
 
Deux ans après ' Soudain les Oiseaux', Vanessa Philippe révèle donc  ' L'Amour c'est chiant", un sixième album, déjà!
Le ton sur  ' Soudain les Oiseaux' était désenchanté, l'album faisait suite au décès de la soeur de l'artiste et servait de catharsis pour évacuer  chagrin et tensions psychiques, le nouveau recueil aborde le thème de  l'amour. Pas  l'amour passion,  ni le platonique, mais plutôt le sentiment de lassitude, d'amertume, qui peut accompagner au bout d'un certain temps une relation amoureuse.
 
tracklist:
 
  1. La nuit repart
  2. Embrasse-moi
  3. Je cours devant
  4. La dernière fois
  5. L’amour c’est chiant
  6. Sous les violons
  7. Beauté fatale
  8. Jeanne
  9. Clair de lune
  10. Au bord du ciel

 Paroles et musique : Vanessa Philippe

Arrangements et habillage sonore: la chanteuse Alba, dont le troisième album "3" est sorti il y a quelques semaines.

Comme d'habitude, les clips hyper soignés sont signés Vanessa Philippe!

Artwork: Elisa Paci ( une habituée), Vanessa adore associer sang et marine, le rouge et le bleu cohabitent à nouveau sur la pochette du nouvel album, une photo sur laquelle le visage dédoublé  de Vanessa,  vu de profil, est  enserré par une  main aux ongles carmin.

'La nuit repart' où l'histoire d'un amant instable.. il va, il vient, il repart ... il s'évapore sur des sonorités synth pop acidulées, aux saveurs aigres-douces, comme la voix de Vanessa, bien soutenue par des choeurs câlins. 

Un titre à rapprocher de l'esprit de  ' Volage' de Requin Chagrin.

'Embrasse-moi' , ( rien à voir avec ' Embrasse-moi, idiot' de  Bill Baxter), le premier single extrait de l'album a vu son clip, clin d'oeil à Salvador Dali, primé à droite et  gauche.

La mélodie, faussement naïve, repose sur une musique foraine badine, mais attention, ne te fie pas trop  aux la la la la 's fleurissant le refrain, car s' il faut vivre intensément aujourd'hui c'est parce que   demain, on doit mourir.

Chacun a sa perception, subjective,  du temps qui passe, Vanessa aussi: ... Le temps qui passe, on n′y comprend rien. Le temps qui passe ne présage de rien... du coup, elle décide... ' Je cours devant' et je t'attends!

Il n'y a pas que les philosophes ou les psychanalystes à s'intéresser au temps qui défile, Goethe écrit dans son Faust II...   Alles Vergängliche Ist nur ein Gleichnis. Das Unzulängliche Hier wird Ereignis. Das Unbeschreibliche Hier ist getan. Das Ewig-Weibliche Zieht uns hinan... , chez Vanessa Philippe le propos est  sans doute moins  sibyllin, mais sur une petite musique électro lancinante, aargh cette boîte à rythmes obsédante et ces synthés pudiques, elle énonce un laïus teinté d'amertume larvée. 

Quand l'amour s'évapore, on se pose des questions,  comme c'est quand ' La dernière fois'.

Finies les illusions, place à des moments de désabusement, en clair-obscur, sur fond synthétique. Si Mylène Farmer  chantait le désenchantement c'est plutôt du côté de Taxi Girl, Elli &Jacno ou de Jad Wio ( si tu fais abstraction de la voix grave et énigmatique de Denis Bortek)  qu'il faut chercher les sources d'inspiration.

Il y a un petit côté ' Je t'aime..moi non plus' dans le propos de ' L'amour c'est chiant', moins explicite peut-être mais ....Tu t'en vas, tu viensTu t'en vas et tu reviensTu t'en vas, tu viensTu t'en vas et tu reviens..  s'il n'est pas question de va et vient entre les reins, ni de vagues, ni d'île nue, la langue utilisée  ( ne va pas confondre avec 'Toi mon toit') la rapproche du tube de Gainsbourg/Birkin (ou BB au choix). 

Tandis que Vanessa pleurniche sur les tourments amoureux, tu te mets à danser sur les subtils  arrangements  synthwave disco dance d'Alba.

'Sous les violons':  ils sont où ces violons, on a l'impression d'entendre des clochettes en contrepoint d'un drumming électronique méthodique.

Il s'agit probablement de la plage la plus audacieuse du recueil, la plus longue aussi ( quatre minutes) .

Travail astucieux d'Alba, une nouvelle fois, et chant détaché de Vanessa, alors qu'en écho Verlaine récite...Les sanglots longs des violons de l’automne blessent mon cœur d’une langueur monotone....

'Beauté fatale', un titre inspiré par' Beauté fatale : Les nouveaux visages d'une aliénation féminine' de Mona Chollet.

 Faut se méfier du miroir, il reflète une image de toi que t'as pas toujours  envie d'accepter.

Comme dans le poème ' Mirror' de Sylvia Plath, le miroir peut se montrer cruel... Each morning it is her face that replaces the darkness.
In me she has drowned a young girl, and in me an old woman
Rises toward her day after day, like a terrible fish...

Un exercice de  prosopopée pour suivre, Vanessa donne la parole à ' Jeanne', sa grand-mère , ensevelie au cimetière.

Une dame dont la vie n'a pas été toute rose.

Cette tendre chanson  aborde avec pudeur le thème de la vieillesse, Alba l'a habillée  d'un fond ritournelle, comme si Jeanne tournoyait en souriant,  assise  sur un cheval de bois au manège.

Un 'Clair de lune' sans Pierrot, et pas à Maubeuge!

Encore un morceau mélancolique, façonné comme une berceuse, ce qui est logique  vu le choix de l'intitulé.

Pas de titre en anglais sur cet album, mais quelques bribes de la langue de Shakespeare sont insérés dans la dernière plage de cet album attachant, le morceau sensible, ingénu  et imagé ' Au bord du ciel'.

 

La release party de l'album se déroulera le 27 mars à Paris au TLM (  entrée libre sur inscription).

Le lien:

https://www.facebook.com/events/2074905182894489





 

 




 
 

dimanche 10 mars 2024

Manu Rivière au P'tit Bonheur à Guingamp, le 9 mars 2024

 Manu Rivière au P'tit Bonheur à Guingamp, le 9 mars 2024 

michel

18:35', le P'tit Bonheur est plein à craquer bien avant l'heure du kick off du concert de Manu Rivière, qui n'a jamais fait partie de la sélection Espoirs chez les Bleus.

Seule possibilité pour assister au gig assis, grimper sur un tabouret accolé au comptoir, stratégiquement ce n'est pas idéal, because va-et-vient et brouhaha!

Tu bois?

Un Chardonnay.

Un serviable  barman dépose une Pelforth et un vin blanc à portée de main, tandis que près de la vitre, deux musiciens  s'activent.

Manu Rivière dispose de deux guitares (l' une acoustique, l'autre électrique), d'un bongo, d'un jeu de pédales ( loop de loop, selon Les Fantômes) et d'un micro, son comparse, Paul Jothy mange chinois et accessoirement utilise les baguettes pour jouer de la batterie.

Sont pas tout jeunes, remarque une dame en habit de soirée.

Prenons Paul, physiquement, un vague cousin de Jean-Luc Mélenchon, ce batteur doué peut présenter un bristol sur lequel figurent de beaux noms: Benabar, Dominique Dalcan, Arthur H,  Anis, Oshen, Les Pires, Armelle Dumoulin, La Trabant e.a. . 

Depuis peu, il s'est associé avec Manu,  le nouveau duo donnera son second concert, ce soir.

Avant de déposer ses valises dans les Côtes-d'Armor, où il s'est bâti un studio d'enregistrement, Manu Rivière a pas mal  roulé sa bosse.

Plus de 450 concerts avec Toman's Land, membre du groupe Gil, il a également créé, avec Audrey Marchand, La Compagnie Du Fil de l'Eau qui monte des spectacles pour enfants, tout récemment il s'est investi dans le power trio MR Experience, dans lequel on retrouve Paul aux drums.

Sa discographie sous son nom  est riche  de sept albums, que tu n'entendras pas sur Spotify,  et quand il délaisse la truelle, les briques et le ciment, il donne des cours de guitare.

Sur les réseaux sociaux il prévient; "Ce soir deuxième épisode d'un répertoire tout neuf, composé uniquement de mes chansons."

C'est parti avec le bluesy ' Chacun', Tonton David, qui passait dans le coin , marmonne... chacun suit sa route... j'ai déjà entendu cette phrase.

Alors que  Paul secoue le shaker, la guitare de Manu s'envole  et tu penses à Paul Personne, qui n'est pas n'importe qui à la gratte.

Tu comprends vite que si madame dit que c'est bien, tu ne quitteras pas l'établissement avant les dernières notes.

De rayonnantes  sonorités laid- back blues à la Mark Knopfler  illuminent le titre 'Ça vaut la peine', un morceau  à retrouver sur l'album 'Au pied du mur'.

'Combien' joué  en semi-acoustique offre des touches latino à la Santana pas désagréables.

Le jeu ciselé du guitariste et l'accompagnement calibré de son comparse ont réussi à étouffer le bruit confus des conversations  de ceux qui ont pour ambition de changer le monde en restant attablés au bistrot, une bonne partie de la clientèle s'est mis à  écouter attentivement le duo.

Changement de registre avec ' La Faridondaine', le blues fait place à la chanson populaire, un genre qui plait aux consommateurs de mousse  et aux matelots.

'Le fond et la forme/ écranlogie'  est amorcé par une longue intro électrique,  après la mise en boucle de quelques lignes de guitare, Manu entame la partie chantée d'un texte engagé, ne manquant ni d'humour , ni de lucidité.

Un petit tour du côté de la basse-cour avec ' Le poulet' .

Un poulet servi on the rock, car le poulet frit qu'on te sert au KFC, ex- Kentucky Fried Chicken, ne porte ni le label cocorico et il n'a jamais vécu du côté des Appalaches.

Il vient d'où alors?

D'Ukraine, probablement.

Trêve de bavardages,  si ce n'est pas tout à fait le 'Funky Chicken' de Rufus Thomas, le titre, à l'esprit Richard Gotainer, remue sérieusement, tout en déridant les zygomatiques.

On a eu droit à un bridge haïtien, à quelques piaillements de volatiles en panique, et à une leçon de morale dépolitisée.

Manu Rivière est non seulement musicien, enseignant, bâtisseur, père de famille et fils prévenant, il est également conteur et fabuliste, le titre, folky,  suivant ( ' Ma paix?)  est précédé d'un éditorial en "ette"  où raclette rime avec crevette , vedette, emplette, omelette  mais pas mauviette,  ni Villette, où certains tranchent le lard.

Un second sermon annonce 'Français' , une récapitulation de dictons de son cru , car lui, en avril il reste tranquille et en juin, il vote machin, en octobre, il n'est plus sobre... arrivé au bout du calendrier, il nous assène un solo assassin que n'aurait pas désavoué Patrick Verbeke.

Pour tous les gorets du Périgord, il a écrit 'La complainte de la truffe' , un slow blues mélancolique, bourré de métaphores, qui sent le champignon et l'humus avant un final farandole chez les Branquignols.

Après avoir récité un extrait de son autobiographie, il attaque 'Maréchal', où comment né d'une mère austère et d'un père curé, tu deviens maréchal dans la j'emmerderie nationale.

Auto-dérision  et délires en tous genres, sur fond country, avant un virage Gypsy Kings, ayant abusé du vin de mirabelle.

Esope a pouffé dans son coin, Darmanin parle de sanction disciplinaire.

Le blues/ boogie 'Oublier'  a secoué Andrée qui s'était assoupie, il est suivi par ' Tu étais' titre qui, d'après les parents du manuel, décrit un ex-voisin particulièrement chiant et crétin.

Brassens n'aurait pas fait mieux!

Retour au rock, celui qui secoue avec ' Sans reproches' qui précède ' Du Flouze',  à la longue intro  bluesy pleine de feeling.

 Le texte, d'inspiration Nino Ferrer, est enrobé de sonorités funk blanc, et quand Manu délaisse sa guitare pour battre un bongo c'est Chepito Areas que tu revois en pensant à 'Jin-go-lo-ba'..... grande époque!

Mais non, dit-elle,  c'est ' Je m'éclate au Sénégal'.

Ah, oui, Martin Circus!

On arrive au bout du périple, il est près de 22h, one for the road avant de se quitter, ce sera une romance ' Tes yeux' .

Et Gabin d'adresser son fameux ' t'as de beaux yeux, tu sais' à Michèle Morgan!

C'est l'heure des adieux...

Bon vent, Manu...  flow river flow , comme dans la ballade d'Easy Rider, all he wants is to be free!









 

vendredi 8 mars 2024

Bärlin au Chaland qui Passe à Binic, le 8 mars 2024

 Bärlin au Chaland qui Passe à Binic, le 8 mars 2024

michel

Berlin, 'Take my breath  away'?

Non.

Barlin dans le Pas-de-Calais?

Non.

'Berlin', Lou Reed?

Non et oublie  « Ich bin ein Berliner » , ensuite tu  ouvres les yeux, tu vois les deux petits points, le umlaut: Bärlin.

 Le groupe ( atypique)  de Lille   sévit sur les scènes de l'Hexagone depuis 2006/2007, dans sa besace: 4 LP's, le dernier 'State of Fear' est sorti en mars 2023.

En ce mois de mars ( frileux) de 2024, le trio a repris le chemin des salles de concert du pays des joueurs d'accordéon ( merci, Stone), avec un crochet chez Tchantchès  pour participer à l'Insert Name Festival.

Arnaud, le boss du Chaland, te glisse, le concert débutera avec un léger retard, il doit nourrir les brebis, pas forcément égarées. 

C'est donc vers 21:20' que Laurent Macaigne ( basse et secondes voix) et Simon Thomy ( drums, backings) prennent place ( avec pas mal de difficultés pour Simon, qui doit se caler sous l'escalier)  dans le coin exigu réservé aux musiciens.

Manque à l'appel, Clément Barbier ( chant, clarinette, mégaphone), un plaisantin suggère qu'il a pris un ticket pour Séville.

Encore 5 minutes de patience avant de voir l'équipage au complet. 

Derniers réglages et mise sur orbite!

Tu jettes une oeil sur le feuillet qui repose aux pieds de Laurent, des initiales 'W.D.S. 'que tu ne parviens pas à déchiffrer, même en analysant tous les titres repris sur les quatre plaques.

Clément, qui paraissait calme avant l'entame du set, se métamorphose rapidement en  prêcheur possédé et inquiétant, style Robert Mitchum dans 'The night of the hunter'.

Pour bien te le faire pénétrer dans tes cellules il répète une dizaine de fois une litanie qui ressemblait à ..let them call... on précise, qui ressemblait, car son chant habité est souvent indéchiffrable.

A l'arrière, Laurent manie sa basse comme s'il manipulait une guitare, on en a discuté avec Arnaud, jamais on n'avait entendu un son de basse pareil.

Evidemment, à ses pieds tu peux voir une panoplie imposante d'effect pedals et de processors  qui lui permettent de trafiquer le son à l'envi, n'empêche la surprise est de taille.

Simon, lui,  combine jeu jazzy  subtil et attaques déterminées.

Après le sermon  de Clément, Laurent, d'une voix comparable à celle de Jeff Buckley,  et Simon d'un timbre neutre,  accompagnent le lament, entamé par leur collègue. Le rythme,lancinant, déjà, nous emporte loin,  vers des terres inviolées et c'est là que la clarinette entre en action , pas à la manière 'Petite Fleur' de Sydney Bechet, mais plutôt dans un style avant-garde à la Steven Brown, qui n'a jamais hésité à inclure des influences  moyen-orientales dans son approche.

Le public, quelque peu interloqué, applaudit résolument, il vient d'entrer dans l'univers particulier de Bärlin et accepte le défi.

Première apparition du mégaphone et gestuelle de possédé du clarinettiste sur le second titre de la soirée, qui comme le premier demeure un mystère ( Pilam P) , le chant déconcertant, grinçant ou exalté,  et le fond sonore tantôt glacé, tantôt névrosé, te clouent sur place.

Faut rester camouflé,  des personnages maléfiques rôdent dans le coin.

Une longue intro cinématographique,  aussi dramatique que crissante, amorce 'Sailor song', chanté à trois voix.

Laurent  a déniché une tige métallique,  il s'applique à la frotter sur les cordes de sa basse, effet  biscornu garanti.

Ne va pas croire que cette Sailor Song est à classer dans le catalogue "sea shanties" , on est plus proche de Nick Cave ou de Tom Waits que du fameux ' Drunken Sailor'. 

'Haus im S.' fort bien, elle se trouve où cette bicoque, ce n'est pas l'allemand moyenâgeux du chanteur qui va nous aider à la dénicher.

Un coup d'ebow sur la basse pour accompagner le chant lancinant et créer une ambiance cabaret à la Kurt Weill.

... Well show me the wayTo the next whiskey barOh don't ask why...

La musique de Bärlin contient  un pouvoir suggestif  époustouflant.

Un coup de sifflet, ' Emerald Sky' est sur les rails.

Chant incantatoire, morne et  désespéré, et   tension intense, la bande-son idéale  pour fans de films noirs.  

Un client exubérant, ne carburant pas au sirop de grenadine, intervient bruyamment pour encourager les musiciens, Juliette pouffe de rire, il en faut plus pour décontenancer Bärlin qui attaque la suivante.

Lille est proche de la Flandre, faut-il y voir une inspiration linguistique, car le papier dit ' De slangen'.

Vipères ou couleuvres, on rappelle que l'orvet est un lézard, mais ici pas de lézards, c'est parti pour un rondo infernal, à la croisée du post rock, d'un jazz fusion  ou d'un blues hanté à la Morphine ou Wovenhand, d'ailleurs l'esprit de Clément semble aussi torturé que celui de David Eugene Edwards.

Les sonorités indus de 'Revenge' évoquent Blixa Bargeld, le chant part en growl et un rire sardonique vient décorer la marche funèbre.

'This way to the tomb' disait Benjamin Britten.  Quand  au loin  retentit le hurlement du loup solitaire,  le chanteur est incité à  se livrer  à des  contorsions simiesques.

Un bref instant de calme succède aux exercices acrobatiques, puis vient le véhément  'Cave' , toujours interprété dans l'urgence.

Le looper balance une piste groovy,  ' State of Fear' est lancé,  un titre perturbant,  plus vociféré que chanté.

Une nouvelle fois tu te dis que ce groupe est impossible à cataloguer, des éléments free jazz à la Ornette Coleman, côtoient des pointes  post punk  ou d'avant-garde à la Univers Zéro.

Après une séquence de remerciements, le trio attaque un dernier morceau 'Siamese souls' , qui s'il part au ralenti va très vite  changer de cap, virant hardcore industriel.

Les yeux exorbités, Clément continue son numéro d'exalté impétueux, sa clarinette démente ( pas clémente)  se déchaîne, Simon n'est pas en reste, il rosse tous les éléments de son kit avec une fureur non contenue, le seul à garder un calme relatif est Laurent qui, imperturbable, te concocte des riffs scientifiques.

Soudain tout s'arrête, le public éberlué et comme écrasé, est trop déconcerté pour réagir, il a fallu que le patron du Chaland intervienne et pousse les musiciens  à procéder aux rappels.

Ils débutent par ' Opium 41' une mélodie explosant en noise brutal , à laquelle succède un second bis tout aussi persuasif et entêtant. 


Cette fois, l'assemblée a compris qu'il fallait réagir, en insistant, elle a réussi à faire revenir le trio en piste pour une dernière salve , 'Sleepwalker' , pour tous les zombies se promenant dans les cimetières aux petites heures de la nuit.


Fin d'un concert, tonique, très éloigné  des sentiers battus. 


Le 9 mars à Cherbourg!




 








mardi 5 mars 2024

Burn Out EP - Mini Trees

  Burn Out EP - Mini Trees

michel

 Run For Cover Records.

 Alexis Vega Koch, Lexi Vega pour faire bref, a adopté Mini Trees comme nom d'artiste.

Basée à Los Angeles, la jeune personne, née  d'un père cubain et d'une maman americano-japonaise, s'est fait les dents en jouant de la batterie pour divers hardcore ou screamo  bands de la cité des anges, où les durs se promènent en Harley-Davidson.

En 2018, elle décide de cheminer solo et comme elle est obsédée par les objets miniatures, elle prend Mini Trees comme nom de baptême.

Un premier EP ' Steady Me' produit par Jon Joseph,  paraît en 2019, suivi par 'Slip Away' un an plus tard.

Un full length album  ( Always In Motion,) pointe le bout du nez en 2021, elle tourne avec Julian Baker , assure l'avant-programme de Death Cab for Cutie, Hovvdy, Tasha, Yumi Zouma,  ou Thao,  tout en produisant quelques singles.

Mars 2024, parution d'un nouvel EP ' Burn out'.

Il est toujours produit par Jon Joseph.

Sont crédités comme musiciens:Drums and percussion: Ryan McDiarmid/ Bass: Jimmy Johnson/ Synth and Keys: Zac Rae/  Additional Percussion and guitars : Lexi Vega, Jon Joseph/ Vocals: Lexi Vega/ Arrangements from James McAllister.

Tous les gens cités affichent des cartes de visite édifiantes: dans le désordre: Death Cab for Cutie, Lana Del Rey, James Taylor, Phil Collins, Taylor Swift, Sufjan Stevens...

Tracks:

 

  •  1 Shapeshifter
  • 2 Burn Out
  • 3 Cave
  • 4 Sabotage
  • 5 Push and Pull

Artwork: une jeune dame ( Lexi Vega) dont on ne discerne pas le visage est allongée sur un lit,  encombré de vêtements, abandonnés dans un désordre artistique, les pieds de la jeune fille traînent près du plancher sur lequel on aperçoit  gisant pêle-mêle, des draps froissés, des chaussettes oranges, des vinyles dont celui de Hiroshima, groupe pour lequel la maman de Lexi assurait les vocals, un tourne-disques, des puzzles...  

' Shapeshifter', la plage initiale baigne dans un climat bedroom pop, soutenu par un jeu de batterie sautillant et   des synthés glitch  qui pulsent allègrement.  Une touche slacker, sentant bon les groupes tels que Wavves ou Cloud Nothings, s'immisce insidieusement sous l'emballage, tandis que la voix, vulnérable, débite son propos caméléon. et des méditations sur son identité. 

Si   'Burn out'  est toujours basé sur un fondement introspectif , un questionnement de son identité ou  de la légitimité de son statut d'artiste, l'orientation sonore, au caractère pop, de cette plage au tempo  soutenu ( polyrythmies astucieuses), à la voix sémillante   et à l'intro de guitare agressive, peut plaire au public de Men I Trust, de Soccer Mommy comme à celui de Lorde.

Nick Carpenter de Medium Build, d'une voix lézardée,  donne la réplique au falsetto de Lexi sur 'Cave' , un lament, agrémenté d'une guitare élastique, puis   d'un piano romantique, avant l'intervention  du singer-songwriter d'Anchorage.

Oublie les Beastie Boys, à propos de  ' Sabotage' , Lexi dit à Brooklyn Vegan: " I wrote this song kinda unexpectedly one morning when I was house sitting for a family member and had only brought my laptop, a mini MIDI controller and SM58. One of those songs that kinda just comes out of the blue."

A-t-elle fait appel à ses amis musiciens pour la version que l'on entend sur l'EP, rien n'est moins sûr. 

Guitares fatiguées, drumming électronique, d'inspiration ' In the air tonight' , synthé voilé, effets de theremin,  et voix mélancolique, assortie de backings brumeux, ' Sabotage'  décrit parfaitement l'état d'esprit de l'artiste après une dispute nocturne. 

La basse sur 'Push and Pull' est tenue par Jimmy Johnson, un ami de son père, pioneer of the five-string bass, qui a notamment joué aux côtés de James Taylor ou d' Allan Holdsworth ( Nucleus, Tempest, Soft Machine, UK, Jean-Luc ¨Ponty, e a). 

Après quelques accords grinçants à la guitare et des percussions frétillantes, la voix candide de Lexi vient se plaquer  sur des synthés  vernissés,  avant d'entendre  Jimmy, le  jazzman  de la bande, placer un solo aussi dépouillé que judicieux.

Lexi a choisi 'Push and Pull' pour conclure l'EP  sur une note optimiste! 

PS:

Mini Trees est sur le point d'entamer une tournée aux States, elle  débute ce 11 mars.




dimanche 3 mars 2024

Bathtub Review au Barbe à Plouha, le 1 mars 2024

 Bathtub Review au Barbe à Plouha, le 1 mars 2024

michel

Où, ce soir? 

Au Barbe, Yann met une baignoire à la disposition des clients!

Ce que tu peux être gamin...

Mais non, Bathtub Review est programmé dans l'établissement le plus branché de Plouha.

Trois duos, Akène Bleu ( Adeline  Haudiquet et Doniphan Laporte), La Gaudriole ( Doniphan Laporte et Jack Titley), Kitsch Machine ( Adeline Haudiquet et Jack Titley) forment un trio: Bathtub Review!

Le groupe éphémère  place les trois répertoires dans le shaker , secoue le machin bien fort pour en sortir un breuvage aux parfums country, blues, bluegrass, folk et variété .

Ils ont promis un concert de deux heures, ils ont menti, ils sont restés sur scène 112 minutes!

Le temps de siroter une ou deux Francettes et de jeter un oeil sur le podium sur lequel traîne deux guitares sèches, une mandoline et un seul microphone vintage, trouvé sur Ebay, l'ancien propriétaire affirme qu'il a appartenu aux Andrews Sisters, et l'abreuvoir à vaches entame son set.

Une mandoline pour Jack ( que tu as vu avec Horla et qui est cité chez  Super Vixen Gang, The Wacky Jugs, Cannettes Vides ou Jack & Mo) à gauche pour nous, Adeline ( Alméria, Les Dames de Coeur, Funk Adeleen...) , au centre, et à droite  Doniphan à la guitare ( Sloppy Mac Dolly, Kaolila, Wasteland Boogie, We love you all.....).

Mise en route avec  'Up the line' de Little Walter, plus country que blues, ce soir. 

Pas de duelling banjos au menu, mais une belle escarmouche mandoline/guitare et on pointe  surtout la signature vocale caractéristique  d'Adeline. 

Imagine un croisement entre Bonnie Raitt, Linda Ronstadt, Lucinda Williams et Rosanne Cash.

Alors que la setlist dit ' Seems like just yesterday', c'est ' Glory of Love' de Big Bill Broonzy qui est servi  avec un juteux solo en picking.

On aime varier et surprendre, au catalogue de Kitsch Machine, il y a 'Hopeless devoted to you',  une romance  extraite de Grease.

Jack , le rouquin, n'utilise pas de brylcreem et Adeline ne la joue pas femme fatale, mais la chanson accroche surtout grâce à la voix haut perchée de Miss Pontivy.

Une autre comédie musicale à l'honneur, ' Dirty Dancing' avec la reprise joyeuse, chantée d'une voix nasillarde de   ' No good lover', un titre de 1956 et un gros succès pour Mickey et Silvia.

Les garçons seuls en piste pour un morceau composé par Monsieur Laporte, ' Five strings and a six pack'  qui décrit un bled où, paraît-il,  aucun rebel, ni outlaw, ne sévit

Johnny Cash et Billy Idol ont souri. 

La Gaudriole poursuit avec' Keep your dirty lights on' de Tim O'Brien & Darrell Scott,  un bluegrass  chanté par les coal miners.

Frank et Nancy Sinatra  repris par Sacha Distel et la séduisante Joanna Shimkus, ça donne ' Ces mots stupides',.

Jack égrène les notes, Adeline entame un flamenco sans castagnettes, plus loin,  Thérèse susurre à Lionel, légèrement dégarni, ... tu te souviens?

Vaguement, j'avais bu, ça compte pas!

Rowland Salley, bassiste pour Chris Isaak , qui a aussi accompagné Joan Baez ou la merveilleuse Bobbie Gentry, a écrit ' Killing the blues' que Robert Plant, flanqué d' Alison Krauss , a gravé sur l'album 'Raising sand'.

Une superbe version nous est proposée ce soir.

Pas de country sans Hank Williams,  son ' Lovesick blues' permet à Adeline, d'ascendance tyrolienne,  d'étaler ses talents de yodeling. 

Toujours en formule trio, ils enchaînent sur 'Freight train blues',  l'histoire d'un gars né à Dixie in a boomer shack. 

Traitement vif, plus rapide,  assurément, que les trains de la SNCF, quand ils roulent.

Si tu vois du linge étendu sur le fil, c'est que la voie est  libre, mon mari est de sortie, 'See my jumper hanging on the line' de R L Burnside a été composé  pour toutes les femmes infidèles  

Ils attribuent ' Lonesome L.A. Cowboy'  à Old and in the Way, un groupe formé par Jerry Garcia, tu connais une version interprétée par The New Riders of the Purple Sage, mais c'est bien Peter Rowan, qui tenait la guitare dans le groupe fondé par le gars du Grateful Dead , qui a écrit l'histoire du Lucky Luke de Los Angeles.

Fameux bridge ( sans troubled water) en plein milieu de la rengaine.

'Be my husband' de Nina Simone, est au répertoire d'Akène Bleu, le blues/gospel basé sur des handclaps   interpelle!

Slow time avec ' Those lonely, lonely nights' de Johnny Guitar Watson suivi par ' Only You', pas le truc collant des Platters, non le titre de Fleetwood Mac, époque Peter Green.

Le duel guitare/ mandoline ( comme si le Mac avait engagé Rory Gallagher) valait le déplacement. 

Si la playlist annonce 'One after 909' des Beatles, ils ont opté, pour d'obscures raisons, pour Arlo Guthrie ' Coming into Los Angeles' avant de repartir en mode scie pleureuse avec  ' Seems like just yesterday' de Mickey et Sylvia.

D'une douceur inégalée.

Steve Earle et Iris DeMent ont aussi gravé une romance à faire pleurer les ménagères en bigoudis, ' I'm still in love with you'.

Un petit trou de mémoire, caché par de subtils la la la, a fait sourire les garçons.

Ce sont de tendres harmonies qui décorent 'The things we do for love' de 10 CC.

Une valse pour suivre. ' Dear someone', de Gillian Welch et David Rawlings, même sans le violon, fait fondre nos coeurs ( de rocker , si tu veux, Julien).

Grace Slick de Jefferson Airplane n'est pas la seule à avoir repris ' Sally go round the roses' , mais c'est sa voix qui est restée gravée dans ton cerveau.

C'est sur cette note psychédélique que s'achève un set en tous points remarquable.



Allez, les enfants, concoctez nous un bis, vite fait, les voisines dorment!

OK, pas de poulets dans la salle?

Non, pas de panique!

Well, ' Let's go get stoned' de Ray Charles sera repris par tous les junkies du coin, ainsi que par le curé à la recherche de pécheurs pas encore repentis .

Amen!