Tash Sultana – Sugar EP
michel
Lonely Lands Records
Natasha ( Tash) Sultana, ascendants maltais, naît à Mebourne en 1995.
Quand t'es âgée de trois ans et que granny et grandaddy t'offrent une guitare au lieu d'une Barbie, déjà tu sais que ton destin n'est pas de devenir gestionnaire de patrimoine pour la Commonwealth Bank, à 13 ans tu participes à des soirées open mic, tu joues en rue et tu récoltes des pennies dans le chapeau traînant à tes pieds.
On te repère, tu rejoins un groupe, Mindpilot, qui pendant un temps marche pas mal, avant le split en 2012.
Loin de se décourager la jeune personne compose dans sa chambre et en 2013 sort un premier EP ( Yin Yang), disponible en digital download, quelques singles et l'EP ' Brainflower' , lui succèdent, succès confidentiel, puis vient l'extended play ' Notion' qui contient le morceau 'Jungle', c'est l'explosion, le titre se place dans le top 50 en Australie , plus tard il est repris sur un video game populaire.
Du coup, on l'invite un peu partout sur la planète, les States, le Canada, le UK apprennent à la connaître.
Revenue Down Under, elle enregistre un premier LP ' Flow State' , pour lequel elle joue de tous les instruments .
L'album atteint la seconde place des charts australiens.
Une nouvelle tournée s'impose pour promouvoir l'objet. Puis, fatiguée de se produire en solitaire, elle décide de recruter des musiciens. Pendant le lockdown, accompagnée de session musicians, elle participe à un show pour MTV, il. existe un enregistrement live de cette session, l'album paraît pourtant après ' Terra Firma' de 2021.
A noter également ses collaborations avec la star australienne Matt Corby , le single 'Talk it out' was certified gold in Australia in 2020.
2023, malgré une folle tournée ( la France, la Belgique, les Pays-Bas, le UK, l'Italie, la Norvège, l'Autriche, la Pologne, le Portugal, e a, étaient au programme) , Tash Sultana a le temps de conclure un nouvel EP ' Sugar'.
Tracklisting:
- James Dean
- New York
- You People Freak Me Out
- Bitter Lovers
- 1975
- Dove
All instruments played by Tash Sultana ( piano/keyboard/synth, bass, drums/percussion, beatmaking/ sampling, beatboxing, trumpet, saxophone, flute, mandolin, oud, harmonica, lapsteel, panpipes....)
L'artwork, très kitsch (un champignon portant des lunettes de soleil, ça sent l'acide, non) , est signé Pat Fox, un fin renard ayant aussi travaillé pour Vance Joy, The Amity Affliction ou Hellions.
Tu te souviens du titre ' James Dean' que les Eagles avaient inclus sur l'album 'On the Border' en 1974, près de 50 ans plus tard, c'est au tour de Tash Sultana de pondre un titre à la gloire du Rebel Without a Cause.
Le midtempo, catchy à mort, dégage une sensation de bonne humeur et irradie tel un soleil printanier.
Les guitares scintillent comme les boules de Noël décorant le sapin, des percussions pop onctueuses impriment le tempo , le synthé, en mode retro dream pop, vient caresser les pavillons auditifs et que dire de la voix et des backings, séraphiques, rien, il suffit de clore les paupières et de se laisser transporter sur un petit nuage.
Et pourtant tout n'est pas rose, les lyrics traitent de la complexité d'exister, de la recherche de son moi profond, de la défiance vis-à - vis de relations toxiques.... le passage de l'adolescence à l'âge adulte peut s'avérer ardu.
'New-York' démarre tout en douceur, claviers célestes et piano serein, puis vient la voix veloutée...any way the wind blows it doesn't really matter cause it all just ends the same... la plage baigne dans une atmosphère doucereuse, à mi- chemin entre le hip hop et la bedroom pop.
Une nouvelle fois les arrangements sont hyper soignés, pendant plus de six minutes, Tash nous fait voir toutes les couleurs de l'arc-en-ciel, tu passes d'une chorale enfantine à des effets de guitare surprenants, pour revenir au groove de départ, soudain déchiré par un solo que n'aurait pas renié Carlos Santana.
Cette fille ( on hésite à utiliser ce terme, elle se dit non-binary et n'utilise ni he , ni she , mais they) stupéfiante a sûrement pas mal écouté Prince, un génie dont elle partage l'éclectisme.
' You People Freak Me Out' , ah, oui, ta petite soeur aussi aime porter un sweat qui dit ' Normal people freak me out' ... pas besoin de l'aide d'un psy, on croise tous des gens qui nous font flipper.
En mode disco funk , ah ces guitar licks, le titre évoque à la fois Prince et Nile Rodgers.
Après l'intro, décousue, bourrée de craquements, la voix colorée, proche du timbre d'une Minnie Riperton, se promène sur une couche de synthés scintillants, tandis que la guitare crache ses riffs saupoudrés d'effets wah wah ravageurs.
Jusqu'ici, le morceau le plus dansant du recueil.
La suivante 'Bitter Lovers' est une collaboration avec Bryan James Sledge, plus connu sous la dénomination BJ the Chicago Kid, un artiste à la voix faite pour chanter le R'n'B, son timbre à la fois chaud, velouté, implorant ou apaisant, peut partir en falsetto et émouvoir toutes les lycéennes de la planète.
Le jeune homme, qui collectionne les awards, est fort demandé, Tash n'est pas la première à collaborer avec lui: Solange, Chance the Rapper, Joey Bada$$, Kendrick Lamar ne sont que quelques noms pour lesquels il a prêté ses cordes vocales.
En duo avec le crooner de l'Illinois, Tash propose une plage satinée où la voix de tenor du Kid se marie parfaitement avec le chant en parlando de l'Australienne.
Les harmonies séduisent, le fond musical: beat sampling, synthé soyeux, saxophone en sourdine, lignes de basse affolantes, tout est fait pour séduire. Ton chat t'a fait un clin d'oeil, l'air de dire, c'est mieux que ce que tu écoutes d'habitude, quand tout à coup après 3', le chant s'interrompt, une coupure intervient, le morceau change de cap, Tash et BJ partent en vocalises, les amoureux transis virent Blue Note et le saxophone prend des intonations smooth jazz à la David Sanborn.
Etonnant!
'1975',
Une explication?
Les premières paroles sonnent ainsi.... You listen to The 1975 while I just try to feel alive...
En 2019, Tash Sultana et The 1975 étaient à la même affiche d'un festival à Johannesburg, faut-il y voir un lien avec ce titre indie folk/ pop de plus de 7', qui démarre avec la voix posée sur une guitare acoustique.
Avec l'entrée en piste des synthés atmosphériques et des percussions électroniques, la plage prend un caractère space rock, propice à la méditation, avant un nouveau solo de guitare strident, lui-même suivi par un choeur aérien glissant sur un son de cordes, créé par le modulaire.
Là on se dit que Tash nous la joue Mike Oldfield et on tombe dans le panneau sans crier au scandale.
Allo Magritte, le dernier morceau de l'EP a été baptisé ' Dove', qu'en penses-tu?
Génial, c'est le symbole de la paix!
Tash aime les longues plages, celle-ci dépasse les six minutes et dégage une impression de mysticisme, accentuée par l'utilisation, lors d'une séquence finale, du tabla et des effets indiens sur la voix.
'Dove ' peut être considéré comme le morceau thérapeutique de l'EP!
Même si tu es condamné à mourir, ton karma positif doit te conduire à une réincarnation, si dans ta vie future tu ne peux te transformer en colombe, tu peux toujours prendre l'apparence d'une plume, ainsi tu voltigeras en apesanteur à l'écoute de ' Dove'.
Tash Sultana n'a pas fini de nous surprendre, mais si tu veux assister à un de ses concerts tu devras te taper le Levitate Festival à Marshfield ( Massachusetts) en juillet, pour l'instant rien d'autre n'est prévu!