mercredi 29 mars 2023

Lalalar à Bonjour Minuit, Saint-Brieuc, le 28 mars 2023

 Lalalar à Bonjour Minuit, Saint-Brieuc, le 28 mars 2023

 

michel

Message de Bonjour Minuit: suite aux réjouissances parisiennes  le concert de Lalalar  sera retardé d'1/2 heure, les portes s'ouvriront à 21h.

Un court moment de panique car la semaine dernière  on avait subi ceci: suite au mouvement de grève dans les transports, l'artiste Izo FitzRoy ne peut pas se rendre à Saint-Brieuc. Le concert du jeudi 23 mars 2023 est annulé!

Le trio d'Istanbul a bien trouvé le chemin de Saint-Brieuc, le public, aussi et donc, à 21:30', c'est un club bien garni qui accueille  ceux que la presse a baptisé "les  nouveaux rebelles du rock turc": Lalalar.

Un groupe qui naît en 2018, mais dont les membres ont de la bouteille, Ali Güçlü Simsek, le très charismatique chanteur, danseur, bassiste pour avoir fait partie de Bubituzak, une formation  rock ayant accompagné la chanteuse Gaye Su Akyol , considérée comme une star au pays dont le drapeau rouge est décoré d'une lune décroissante et d' une étoile blanche. 

 Kaan Düzarat , l'aigle des machines, est sur le front musical depuis 1998,  en tant que DJ ayant tourné de New - York à Munich, ou en tant que membre du free-improvisation electronic-jazz band Analog Kültür Experiment.

Et, enfin, le costaud  Barlas Tan Özemek ( guitare) a joué, e a,  avec Konstukt, Marika,  Marshall Allen ou Vibrations of the Day, il a également accompagné des pointures jazz telles que Peter Brotzmann, Joe McPhee, Michael Zerrang ou William Parker.

Le trio a sorti un album à ce jour, '  Bi Cinette Bakar' en 2022, un disque sur lequel metal, folklore anatolien, techno, noise, indus, cohabitent sans créer d'incidents, un peu  comme du temps de Mitterrand et Chirac.

Kaan est le premier à apparaître, alors qu'une  bande-son cinématographique annonce le début de la razzia turque, il lance de premiers beats stambouliotes  frénétiques, Barlas, le plus musclé de la bande, le rejoint et place quelques riffs précis, enfin, Ali Güçlü Simsek, le chouchou des demoiselles, se manifeste.

Après l'intro en mode Tarantino, Lalalar entame l'hypnotique 'Mecnun'dan Beter Haldeyim ' mixant psychédélisme, beats sournois et chant oriental décoré d'un refrain enivrant.

Le propos semble être inspiré par l'histoire d'amour de Majnoun et Leïla, l'équivalent de Roméo et Juliette en mode arabo-musulman.

De sérieux effets de reverb sur la guitare  et le chant lancinant en croon arabe ont déjà ébloui l'assistance, quelques filles ondulent et se déhanchent à la manière de Samia Gamal.... c'est bien parti.

' Yamyam' , s'il invite à la danse, est construit comme une mélopée anatolienne transformée en bouillon effervescent .

Tu n'avais plus autant vibrer aux sons de la musique ottomane depuis le concert fantastique de Baba Zula à Bruxelles en 2017.

Mêmes ingrédients traditionnels, Istanbul psychedelia, rock, electro et  éléments shamaniques.

Tandis que les stroboscopes nous aveuglent, ,  ' Abla Deme Lazım Olur' est lancé, Ali  ramasse une basse , tout en virevoltant  comme un ballerino de chez Béjart débordant d'énergie primale.

Riffs furieux, basse qui pompe, drumbeats sauvages et délirants, c'est absolument irrésistible!

D'ailleurs dans la salle il n'y a pas   une âme à s'insurger, Bonjour Minuit  est fasciné!

On continue avec le morceau ouvrant l'album, 'Isyanlar'  qui décrit les émeutes de l'autre côté du Bosphore, car on manifeste aussi en Turquie et depuis longtemps!

Barlas nous assène un solo de guitare digne de Frank Zappa, tandis que Saint-Brieuc frappe des mains, un petit coup de gnôle pour Ali, et délire dans la salle.

Pour les fans d'arts martiaux, voici ' Ninja Partisi', Ali et  Bruce Lee, même combat!

Après une chorégraphie finale  style Le lac des Cygnes , le tribal et tourbillonnant   'Hiç Mutlu Olmam Daha İyi' est envoyé dans nos gencives.

Lalalar offre les mêmes implications politiques et sociales que Laibach, le groupe slovène mené par l'énigmatique Milan Fras.

Let's go back to our roots, annonce Ali, le groupe propose le profond  'Gönül Dağı', une cover du chanteur Neşet Ertaş, known as halk ozanı, le barde folk.

'Hata Benim Göbek Adım' est tout aussi ensorcelant et te conduit sans faillir dans un état de transe sans avoir recours à l'hypnothérapie.

We dedicate 'Kötüye Bişey Olmaz' to the bad guys in Turkey, you know there have been black clouds over our country for more than 20 years now.

Ali mime un combat de boxe, son adversaire est invisible, mais c'est plus impressionnant que de voir un gamin s'adonner à une séance d' air guitar. 

Kaan nous envoie des bruitages électroniques inquiétants, Ali halète pire qu'une chèvre amenée de force à l'abattoir, ce morceau furieux agit sur nos nerfs, il rend dingue.

Second retour aux sources, '  Lambaya püf de' est une chanson folklorique  qui reflète la culture traditionnelle d'Anatolie. Elle narre l'histoire d'une jeune fille qui tente de protéger sa relation amoureuse  en utilisant son voile comme outil de dissimulation.

En fermant les yeux t'as cru voir une meute de derviches tourneurs décoller du sol.

Une basse funky introduit 'Simülasyon Terk', le morceau, quasi instrumental,  le plus juteux du set, tchik tchik fait  la pédale wah wah, le groove suinte de partout, George Clinton a applaudi à tout rompre et  ta voisine, sous emprise ,  scande simülasyon terk avec Ali.

Braves gens, on arrive au terme du voyage, voici 'Yalnız Ölü Balıklar Akıntıyı Takip Eder ', le texte récité est porté par une guitare rugissante et un fond électro hallucinant.

Ali, bien allumé, tournoie pire qu'une toupie  détraquée puis se tire, direction les coulisses, laissant ses comparses achever la tirade.

Un des concerts les plus hot de ce mois de mars agité ne pouvait s'achever sans un rappel.

Lalalar revient donc pour lâcher la valse ' Bi Cinnete Bakar' et une seconde version, toujours aussi obsédante, de 'Hata Benim Göbek Adım'.

 

Pour les historiens,  le sultan Mehmed II Fatih est considéré comme le Conquérant Turc, pas pour nous, Lalalar a conquis tout Saint-Brieuc, sans prendre les armes!

 



 


lundi 27 mars 2023

Black Sea Dahu et Richard Allen à Bonjour Minuit • musiques actuelles à Saint-Brieuc, le 25 mars 2023

 Black Sea Dahu et Richard Allen à Bonjour Minuit • musiques actuelles à Saint-Brieuc, le 25 mars 2023 


michel

C'était en 2022: le concert de Black Sea Dahu, prévu le 18 juin à Bonjour Minuit, est reporté...

Il a fallu patienter des mois pour voir le groupe suisse à l'oeuvre à Saint-Brieuc, l'attente n'aura pas été vaine, la performance de Janine Cathrein et de ses complices a dépassé toutes les espérances.

It was amazing... est le commentaire qui revient à répétition chez les bienheureux ayant assisté à la prestation du groupe.

 21:00, c'est l'heure de l' apéritif avec  Richard Allen.

Richard Allen, une figure emblématique intemporelle pour les Afro-Américains?

Non, pas celui-là, Richard Allen n'est pas évêque, le natif du comté de Warwickshire, countie ayant inspiré John Constable, évolue dans un  milieu folk  presque aussi pastoral que les oeuvres du fameux paysagiste.

S'il est né British, depuis son expatriation vers la Somme, il s'exprime dans un français moins coloré que celui de Panisse, mais continue de chanter dans le vocable utilisé Outre-Manche.

Membre de Wolves & Moons, groupe qu'il a fondé en 2011, déjà à Amiens, il se produit aussi sous son nom, sans trahir le folk.

A son actif, plusieurs singles, un EP et deux full albums, le dernier 'Locust tree lane' date de 2020, un troisième album est en préparation, Bonjour Minuit en entendra plusieurs morceaux.

Détail d'importance, le vaillant Richard, bien calé sur un tabouret pour manier ses guitares acoustiques et psalmodier ses compositions, n'est pas seul sur scène, il est accompagné par le talentueux multi-instrumentiste Sylvain 'Kenny' Ruby, peut-être né un mardi, ( (keyboard, guitar, flute, percussion, vocals... ), un brave gars qu' Iggy Pop a soudoyé pour jouer sur l'album 'Free'.

Un premier extrait du futur album est interprété tout en douceur, l'acoustique est furtivement effleurée, Kenny tapote ses touches, puis ramasse une flûte traversière pour produire une onde sonore plus douce qu'une brise printanière, mais c'est essentiellement le chant chaleureux du barde barbu qui retient l'attention, s'il fallait tracer des parallèles, on pourrait citer Ben Howard , Justin Vernon  ( Bon Iver) ou Damien Rice, tous adeptes d'un neo folk intimiste et onirique.

Sylvain 'Kenny' Ruby a saisi une basse tandis que son ami entame le brumeux 'Shaping clouds' .

La mélancolie et la délicatesse ruissellent sans nous mouiller, la salle, attentive,  se tait et  écoute.

Si ils ne sont guère volubiles, de temps en temps, ils lâchent une vanne, hier je leur ai dit qu'il restait 52 chansons, aujourd'hui j'annonce la dernière, il faut varier et meubler les temps morts pour accorder la guitare.

Il poursuit avec une histoire de lapin, 'Rabbit Tails' toujours en mode doucereux avant de proposer ' The world in your chest', une ballade  à entendre sur 'Locust tree lane'. 

Si tu aimes James Taylor ou Art Garfunkel , on recommande!

Sont pas nerveux, ces jeunes gens, ils  nous préviennent  que le ton ne va pas monter... don't speak loud, speak soft to me... murmure Richard, mais même en chuchotant, il  fléchit, je n'arrive plus à chanter, ma voix se désagrège.

Il reprend toutefois sa rengaine et la mène bon port.

Après une nouvelle séquence ironique , il annonce un titre rock'n'roll, à prendre au 36è degré, 'All I know'. 

Comme on avait cité Art Garfunkel on ajoute Paul Simon, époque ' The Sound of Silence'.

' Things' , ' Take off your name'  et ' Losing Ground' défilent.

Coolitude extrême, sérénité  et  flegme britannique, ce folk rassure et soulage ceux qui souffrent de neurasthénie.

La flânerie continue avec 'Sundays' et 'Pieces of Me'  décoré d'une jolie digression au piano.

C'est avec  la perle ' Betweeen the ashes and the dream'  que s'achève un voyage au ralenti.

Le public a apprécié, du coup Richard se ravise et propose une dernière composition, interprétée en solitaire,   ' In a heartbeat' ( maybe).

Du folk pour jeunes filles en fleur et âmes sensibles! 


Black Sea Dahu

Nominated for SWISS MUSIC AWARD "Best Breaking Act"!

Logique et fondé!

 Black Sea Dahu ist eine Schweizer ( Zürich)  Indie-Folkband um die Singer-Songwriterin Janine Cathrein und ihre Geschwister Vera und Simon.

Nota Bene, Simon n'était pas sur scène à Bonjour Minuit, pas de violoncelle!

Le groupe est actif depuis 2012, il a commencé sous l'étiquette Josh ( un album,  The kids of the sun).

Depuis la discographie s'est étoffée, 3 EP's et deux albums.

2022 fut prolifique avec la parution de 'I Am My Mother' et l'EP 'Orbit'.

Ce soir, ils sont cinq sur le podium, les soeurs Cathrein, Janine, la frontwoman, au chant, guitares acoustique, et électrique, dobro, claviers et percussions/  Vera, guitares, chant, basse, percussions, flûte/ Ramon Ziegler , vise ma casquette,  keys, synth, Hammond, glockenspiel, percussion, vocals / Pascal Eugster , basse et Silvan Schmid, leur nouveau batteur.

Après une intro atmosphérique, ' Human Kind' est sur les rails, une chanson abordant le thème de notre rapport avec la planète et avec les autres humains.

L'orchestration est complexe et ambitieuse, Vera passe de la basse à la flûte, Ramon émerveille derrière sa panoplie de claviers, à l'arrière, Silvan et Pascal impriment une assise rythmique infaillible, Janine fait le reste, elle est éblouissante.

Indie folk, dit l'étiquette, tu peux ajouter Americana, alt country, dark folk, ce groupe n'est pas à caser dans un seul rayon, ce serait lui faire injure.

On a lu Sophie Hunger ( normal, entre Suisses) , Patrick Watson, Other Lives comme points de repère, Janine dit avoir été inspirée par   le romancier Ken Kesey  ( One Flew Over the Cuckoo's Nest) et ses  Merry Pranksters, le groupe psychédélique et farfelu  des sixties,  nous on entend des bribes d'Angus et Julia Stone,  d'Alela Diane, pour le côté dark folk, de Moriarty pour les climats ou encore  The Civil Wars, pour la profondeur.

Vera à la guitare électrique, des shakers pour à peu près tout le monde, Ramon lui s'amuse à tapoter le glockenspiel, le sombre ' Rhizome'  s'adresse à ton âme, tu aiderais bien Janine à porter son fardeau, pesant des tonnes, mais t'as peur d'importuner.

La suivante, ' Glue'  a été composée en pensant à la grand-mère des filles qui a subi plusieurs brain strokes , so her thoughts are glue.

Un titre poignant construit comme une valse, même profondeur que chez Leonard Cohen, Janine est passée derrière le Yamaha, sa voix remue nos tripes et puis, soudain, un break rugissant à la guitare.

Une pure merveille, ce morceau!  

Retour à l'acoustique, elle amorce ' Take Stock Of What I Have' en solitaire avant d'être rejointe par l'équipe qui donne de l'ampleur à la ballade. 

Tandis que dansent les fantômes, la guitare, lyrique, et les claviers, majestueux, s'en donnent à coeur joie.

One and One Equals Four ' is about polygamy.

Sur l'album des cordes teintent le morceau d'une note plaintive, ici c'est la flûte et des effets de slide qui  remplacent les violons, sans nuire au côté magique.

Quand c'est beau, il faut le signaler, c'est très beau!

Fondu enchaîné sur '  Transience ', un morceau magnétique qui sonde au plus profond de l'âme de Janine.

Comme tous tes voisins, tu assistes le souffle coupé à cette performance fascinante, à chaque fin de morceau des cris enthousiastes fusent, il en sera de même après le country blues 'In case I fall for you' interprété au dobro.

Morricone a apprécié le  sifflet décorant la mélodie, tandis qu'à l'arrière Silvan rouait ses caisses, toms et cymbales de coups secs.

C'est armée d'une guitare électrique que Janine attaque 'Make the Seasons Change', un des titres les plus nerveux du set, proche de ce que Crazy Horse produisait derrière Neil Young.

Crotales et autres serpents rois ont détalé dès que les handshakers sont entrés en action.

La basse gronde, les claviers la jouent vaudou, le fantastique  'I am my mother'  va nous hypnotiser, nous bousculer et puis nous transporter loin, très loin, sur des terres, où, peut-être, ton âme trouvera la paix.  

Vera derrière le micro pour présenter leur fanklub et les avantages qu'il procure, le laïus publicitaire sur fond Fats Waller au piano mentionne, outre les CD's, vinyles, des  T-shirts,  des sweats, des chaussettes , un songbook et autres gadgets servant à alimenter la caisse nécessaire pour la poursuite de l'aventure.

This is our last song, you were fantastic... 'Mind Power' débute par une intro Patrick  Moraz avant de prendre des allures Nick Cave, c'était une dernière pépite d'un set qui n'a connu aucune faiblesse.

Forcément, le public réclame leur retour, '  Le temps se fuit' aux sonorités latines et 'My guitar is too loud', avec ses touches Buffalo Springfield  et ses couches de Hammond  mettent un terme à  ce qui aura été un des tout grands concerts de ce début 2023.

 

Le 31 mars à Nîmes!

 

 

 

 




vendredi 24 mars 2023

MUET- EP - Electrochoc

 MUET- EP - Electrochoc

 Upton Park

michel 

Muet a des choses à dire et les exprime sans détour en faisant appel à la sismothérapie!

Mais encore?

Muet est le projet récent de l'Arlésien Colin Vincent,   multi-instrumentiste autodidacte et amateur de logiciels de son.

Il tâte du rock, bifurque vers  les musiques concrètes et électro-acoustiques, puis dévie vers l'électro.

On le retrouve chez Volin ( chant et compos) et aussi chez  iAROSS ( guitare, claviers).

Ces groupes tournent aux quatre coins du monde et enregistrent des disques, mais en 2020 tout se bloque, pas besoin d'un dessin, du coup Colin se lance dans la musique de film et, confiné dans un garage, bidouille sur le synthé, crée de nouvelles musiques qui deviendront la base du projet MUET .

Colin a un copain, batteur,  Maxime Rouayroux, qui s'ébat dans le milieu jazz, il a fait partie d' Atipa , de LaBYRINTHE  ( jazz/rock) et du Big Band de la faculté de science de Montpellier, pour rire, il se produit avec Backstage, un coverband local, avec Colin, ils décident de s'associer pour faire naître Muet.

En février dernier, le duo a eu la bonne idée d' accoucher d'un premier EP, quatre titres, référencé sous le titre 'Electrochoc'.

Tracklist:

01. Electrochoc (4:08)
02. Mille mots (4:34)
03. Ailleurs (4:27)
04. T'arrive-t-il (5:04)


On peut voir la paire sur une  photo de pochette dans les tons gris, Colin de face, Maxime, le barbu, n'a droit qu'à un demi-visage.

Muet se lit en jaune délavé, et tout en bas, dans la même teinte , tu discernes le titre de l'objet.


Ce qui frappe d 'emblée sur la première plage, ' Electrochoc' , est le phrasé Alain Bashung de Colin Vincent.

Tu n'es pas le seul à le constater.

Sur fond électro magnétique  piqué de  pointes  sinueuses, le duo  nous  laisse dériver dans un univers clinique  et cotonneux où flotte un climat à la fois trouble et enivrant.

Si certains tiennent à rapprocher les sonorités minimalistes, concoctées par Muet, à certaines pièces de Radiohead ou de James Blake, on peut creuser plus profond et citer les précurseurs de la musique concrète, Pierre Henry  ou Pierre Schaeffer.

Si à l'église, le confesseur  t'impose un acte de contrition  et comme pénitence d'enjoint à réciter  cinq Notre Père et trois Je vous salue Marie, le leitmotiv ressassé par Colin est moins biblique..J’ai besoin d’une bonne douche, d’un électrochoc. J’ai besoin d’une bonne douche, d’un électrochoc... 

Quel dieu entendra sa prière et lui donnera l'absolution?

'Mille Mots'  était déjà sorti en 2022, le duo y  évoque à nouveau l'electronic Radiohead , celui d' ‘Amnesiac’.

 La prière védique, à l' élocution  récitative et  au débit lent et posé,  est recouverte d'un enduit synthétique raffiné  cachant un trouble existentiel, une absence d'humanité.... Et l’on s’aperçoit mais l’on ne se voit plus . Nos regards se noient dans les flux et reflux des infos continues. Grisés par la vitesse, on tourne en continu, Tourne, tourne en continu....

Ionesco et la sclérose intellectuelle, Muet a des lettres! 

 Tout comme 'Mille Mots', 'Ailleurs' date de 2022.

Ce morceau est fait pour les amateurs d'escapisme et de poésie lyrique. Arrache-toi du monde étriqué, suis les dans leur univers floconneux et introspectif, construit sur une musique dépouillée, faite de volutes gracieuses et de tonalités éthérées.

Un second inédit, ' T'arrive-t-il' boucle l'EP.

Tout en sinuosité sur drumming machinal, ce dernier morceau baigne dans une douce mélancolie et sonde l'auditeur, après une intro caoutchouteuse et des vocalises liquides, Colin débite son texte et interroge... t'arrive-t-il d'avoir des aventures, des choses périlleuses, t'arrive-t-il de forcer le sort... sur une musique organique, proche de l'univers d'Emilie Simon.



On recommande les yeux fermés mais les oreilles ouvertes, car Muet dit bien les choses!


Prochain concert, le 6 mai à Frontignan ( à la Médiathèque Montaigne).

 

 


 





mercredi 22 mars 2023

Rosalie Cunningham @Rock/metal café HELL , Diest,le 18 mars 2023

 Rosalie Cunningham @Rock/metal café HELL , Diest,le 18 mars 2023

 Mitch « ZoSo » Duterck

 

ROSALIE CUNNINGHAM – HELL CAFÉ, DIEST (BEL) – 2023.03.18.
Le ciel est noir comme un mineur de charbon qui remonte de son puits à la suite d’une grève tournante des rouleurs de câbles d’ascenseurs chez Otis, menée en front commun avec le tout puissant syndicat des bains-douches de Spa. Après quinze jours en isolement presque total, les premiers hommes émergent des profondeurs en chantant « Black is Black » l’hymne des mineurs composé par le groupe Los Basse-Fosse. Les nuages obstruent quasiment tout le ciel. J’en arriverais parfois à me demander si on ne serait pas déjà en pleine nuit. Mais revenons à des choses plus terre à terre et surtout plus agréables : la Musique.
Le concert de ce samedi marque la fin de mon triptyque entamé mardi soir. Je dois bien avouer qu’il règne dans notre véhicule utilitaire une certaine fébrilité qui aurait même une fâcheuse tendance à se transformer en impatience avec juste une pointe d’excitation pour être tout à fait complet. Le moteur de recherches dont je tairai le nom nous indique qu’il faudra aux soixantenaires que nous sommes, environ 1 heure et 10 minutes pour atteindre notre destination. Et comme il faut bien tuer le temps, Jean-Claude, notre compagnon d’échappée, Docteur es croisements de graines de courgettes, va nous surprendre une fois encore en essayant de nous familiariser avec un système métrique d’une précision extrême qu’il a personnalisé et adapté à sa morphologie au cours de ses nombreux échanges commerciaux avec l’Europe de l’Est, mais pas que…. Il s’agit d’une technique de mesures très précises, qui se pratique sans instrument d’aucune sorte, horizontalement au lieu de verticalement. Cette technique dite des Trois doigts qu’il maîtrise à la perfection lui a d’ailleurs valu le surnom de « 3 Fingers » bizarrement traduit par « Obstétrix » en Gaulois ancien. Il y a eu un Jean-Paul 2 ? Qu’à cela ne tienne, nous avons notre JC 3
Nous avons passé la frontière linguistique sans encombres, et les récits haletants des voyages scientifiques de JC ont tellement focalisé notre attention que nous voici arrivés à destination sans vraiment nous en rendre compte. Deux tartines plus tard, nous pénétrons au « Hell ». En rois-mages modernes et avertis que nous sommes, nous avons toujours cette marge de sécurité qui nous permet une fois encore et de choisir notre place proche de la scène en ayant tout d’abord le privilège d’assister à une bonne partie du sound-check de Rosalie Cunningham que nous retrouvons pour la première fois depuis son concert du 8 juin 2022 au Trix à Hof-ter-Lo (Anvers) où elle assurait la première partie de The Sheepdogs.
Ce soir là il n‘y avait pas grand monde, à peine 60 personnes si mes souvenirs sont exacts. Les portes s’ouvraient à nouveau à la culture après une période de privation totale estampillée COVID. Ce soir c’est un peu mieux, il y a environ…85 personnes dans le petit club et franchement on se demande comment c’est possible qu’il n’y ait pas plus de monde avec des artistes aussi talentueux. Il leur en faut du courage à tous ces saltimbanques modernes pour sillonner l’Europe du Nord au Sud et d’Ouest en Est dans le but de faire connaître leur musique dans des endroits parfois à la limite de la décence. Ils avalent les miles, serrés dans un van souvent poussif qu’ils partagent avec le matériel et les instruments contre lesquels ils se blottissent pour dormir un peu, économisant sur leur maigre cachet bien souvent déterminé par le nombre d’entrées. Un salaire duquel il faudra encore déduire les frais de carburant qui grèvent le budget. Ce soir, le prix du ticket d’entrée est fixé à 10 €, c’était 7,60 € en prévente. J’étais prêt à payer le double. On est bien loin des 120 € et plus demandés par certains promoteurs et musiciens gourmands qui osent parfois se produire en play-back ! Quel manque de respect envers le public.
Ce qui caractérise la musique de Rosalie Cunningham, c’est un univers très riche et varié qui rappelle à la fois les baladins du moyen-âge, le style Baroque, le psychédélisme; la Renaissance Italienne et le Summer of Love sans oublier la qualité des textes de ses chansons. N’oublions pas de mentionner la générosité et la performance scénique des musiciens qui composent le groupe. Parfois on pourrait croire que c’est Leonardo Da Vinci qui jamme avec Black Sabbath. Jefferson Airplane qui chante Tommy avec les Who ou encore Pink Floyd qui joue Pavanes, Rondes et Gaillardes au Palais des doges à Venise pendant que Canaletto immortalise la scène sur une toile, fixant à jamais le moment présent pour ceux qui viendront demain.
Née le 25 avril 1980, c’est en 2007, avec le groupe « Ipso Facto » que Rosalie dévoile rapidement ses talents de « Songwriter » ainsi que sa grande faculté à pouvoir jouer à peu près de tous les instruments qu’elle touche. La formation britannique enregistrera quatre singles avant de se séparer au cours de l’année 2009. Il s’agit de :
· Harmonise/Balderdash
· Ears And Eyes
· Six And Three-Quarters/Circle Of Fifths
· IF...
Rosalie fonde alors Purson, son nouveau groupe, avec qui elle enregistrera deux albums et un EP
· 2013: The Circle and the Blue Door (Rise Above/Metal Blade)
· 2014: In the Meantime EP (Machine Elf Records), October 2014
· 2016: Desire's Magic Theatre (Spinefarm Records), April 2011
Après avoir passé 8 ans avec Purson, Rosalie quitte le groupe pour débuter une carrière solo. Elle déclare : « Je me sens fortement attirée par une approche plus DIY (Do It Yourself) de ma carrière musicale et j'ai hâte d'avoir la liberté d'explorer de nouvelles directions en tant qu'artiste solo ». C’est en 2019 qu’elle sort « Rosalie Cunningham » son premier album solo, suivi de « Two Piece Puzzle » en 2022.
Ce soir, pendant 1h45 Rosalie et ses musiciens vont une fois de plus donner un concert de très grande qualité. L’arrivée à la basse mais aussi au chant et à la flûte traversière de Claudia Gonzales-Diaz est un véritable booster qui apporte énormément de positif au groupe et, si avec un peu de chance, la formation ne change plus, on peut à coup sûr parier que le troisième album sera encore meilleur. Ce soir, c’était la dernière date de la tournée européenne et en 15 chansons dont la superbe « Tristitia Amnesia » en passant par la reprise de « Eleanor Rigby » des Beatles, Rosalie Cunningham et ses musiciens nous ont emmenés une nouvelle fois à la découverte de cet univers particulier dans lequel ils évoluent comme par magie. Merci de votre gentillesse et de votre disponibilité après le concert. A bientôt
Mitch « ZoSo » Duterck
Setlist :
01. Start With The Corners
02. Ride On My Bike
03. Dethroning Of The Party Queen
04. Donovan Ellington
05. Donny Pt. Two
06. Duet
07. Fossil Song
08. Rabbit Foot
09. Riddles And Games
10. Fuck Love
11. The Liner Notes
12. Tristitia Amnesia
13. Chocolate Money (Purson)
14. Eleanor Rigby (Beatles)
15. Tempest And The Tide (Purson)
Mitch « ZoSo » Duterck

lundi 20 mars 2023

Les 15 ans de la Nef D Fous ( Baywatch Coco et Uniforms) à l'Estran, Binic, le 18 mars 2023

  Les 15 ans de la Nef D Fous ( Baywatch Coco et Uniforms)  à l'Estran, Binic, le 18 mars 2023

 

michel

Programme chargé pour célébrer les 15 ans de l'association La Nef D Fous, deux journées de festivités promettant des concerts, des deejays, une foire aux vinyles, du tatouage esthétique, du sport sur grand écran, de l'ambiance,  à boire, à manger  et la présentation du line-up  du festival Binic Folks Blues 2023 ( du 28 au 30 juillet).

Trois groupes étaient à l'affiche de la soirée du samedi: Baywatch Coco, Uniforms et Guadal Tejaz.

L'horaire  étant flou, on annonçait les concerts vers 19h, tu te pointes à l'Estran ( déjà bien garni) lorsque les cloches de l'Église Notre-Dame-de-Bon-Voyage sonnent sept fois.

Une quinzaine de ploucs, assis sur des bancs d'école, ont le regard fixé sur un drap délavé sur lequel on peut admirer de solides jeunes gens s'amuser avec un ballon ovale sans éviter de rudes contacts avec l'adversaire.

L'Irlande ( Eire)  affronte l'Angleterre au Tournoi des Six Nations, les Français espèrent, en secret, une victoire des Rosbifs,  ils seront déçus.

Si ce sport viril ne t'intéresse pas, tu peux te faire tatouer  sinon, au bar on sert de la Coreff fraîche, si tu disposes de  cash car le lecteur de cartes fait la grève.

Un jour après avoir fêté la Saint-Patrick les Verts triomphent, il est 20h sur le continent, le premier groupe a hâte d' en  découdre.


Baywatch Coco.

Oublie Malibu, David Hasselhoff et les plantureuses poitrines de Pamela Anderson, Carmen Electra ou Gena Lee Nolin, les Cocos ont leur base à Plourhan.

Les lifeguards sont quatre, leur identité n'a pas été dévoilée, il doit y avoir un Paul , un Clément , peut-être un Piero , le quatrième martyrise une Fender, en souriant.

En tenant compte de leur label, tu peux comprendre  qu'ils ne vont pas t'asséner du slam, leur créneau c'est la surf music instrumentale et hédoniste, importée en droite ligne de Californie.

Un souffle de sax, puis à quatre sur la planche, puisque la basse, la batterie et la guitare ont grimpé à bord, c'est parti pour  la glisse, ' Tiki Surf' des masqués Sr.Bikini , des immigrés venus du Mexique, ouvre le bal.

Oh, la belle vague, c'est quoi la sirène, ce sont les Belairs et  leur 'Squad Car' .

Oui, Eduardo?

 Simplemente maravilloso tema..

Oui, ça roule rond!

Voilà les Astronauts et leur ' Surf Party' , un petit coup de vibrato, beaucoup de reverb et un brin de glissando, les Japonais adorent, les soles ( majeures ou pas)  un peu moins.

Clément fait tagada boum boum boum,...' Tierra del Fuego' , c'est là , au Chili, que les gauchos défient les déferlantes gigantesques sur leurs minuscules planches.

Regarde, maman, je vole!

'Tabou', il dit!

Quoi, tabou?

Ben, le hit des Jokers, des farceurs du plat pays pratiquant un exotica surf inspiré par le zoo d'Anvers.

Le trip  vintage  se poursuit avec '  Flight of the Surf Guitar' des Atlantics, suivi par un meddley peaux-rouges /Morricone , 'The good, the bad, the ugly'  version Atlantics se fond dans  ' Apache' des Shadows.

Deux films pour le prix d'un!

Nouveau scénario, ' Bubamara' version Los Venturas est accolé à ' Wipe Out' des Surfaris..

Pas de surfeurs dans la salle mais deux ou trois twisteurs/twisteuses, bras écartés,  mimant  Mark Occhilupo naviguant sur une vaguelette plissant l'étang de Plourhan.

Une ligne métallique soviétique attaque ' The Cossak' , le sax pompe un max, la rythmique remonte le courant, merde, j'ai pris la tasse!

Pas le temps d'admirer les baigneuses de Cézanne, ni celles de Renoir, ils ont embrayé sur 'Fuzziyama Wave', un tsunami signé The Fuzziyama Surfers .

Grosse accélération pour 'Spybeat' pondu par des Suédois, Langhorns.

Qui dit surf, dit Dick Dale, donc voici   'Misirlou' et ' Hava Nagila' pour conclure sur une note hassidique!

On se débarrasse de nos combinaisons et on vient boire une limonade avec vous! 

 

Longue attente avant la mise à feu du second groupe,  venu d'Andalousie,  Uniforms.

 La historia de Uniforms comienza allá por el año 2017.

 Pan Castellano (batería) y Natalia Spingel (guitarra, voz),  et plus tard  Annie Ruiz (teclados/voz) rejoint le duo, à l'origine la basse était dans les mains de Laura Alva, désormais, le groupe est devenu mixte, car Will Castellano manie el bajo ( + voz) .

Discografia: Polara (2018)     Fantasía Moral (2020) et le tout récent, Trance.

Tags: shoegaze, dream pop + une pointe de post punk.

'Ashes to thrive' la première plage de ' Trance' débute le set.

La petite Annie saupoudre son chant cendré et flegmatique d'un drap de synthés chimériques, la guitare, bourrée de reverb,  part en distorsion, la delay pedal ne chôme pas ,  basse et batterie gonflent le rendu, tandis que Natalia , d'une voix décolorée, vient seconder Annie au chant.

Cool, estime un voisin hagard, mais pas du Nord.

Tu ne peux qu'acquiescer, le brumeux ou le mélancolique peut s'avérer cool, cf. Warpaint! 

Comme sur l'album, le spasmodique ' Crumbs' suit 'Ashes to thrive', trois voix scandent le texte ou halètent sur  fond saturé, proche d'un wall of sound tourmenté.

Difficile de ne pas craquer pour cette guitare grinçante et ce jeu de batterie métronomique.

N°3 sur l'album, idem sur la playlist, voici ' Guardania'  , une mélopée chantée, d'une voix éthérée ,en espagnol, et  bourrée d'effets larsen, de clichés cinématiques et d'échos frémissants. 

Le Deepmind 6 d'Annie envoie des nappes atomiques, Pan réagit en frappant sans discontinuer sur toms et caisse claire, la basse et la guitare, bruissante, entrent en action, le chant est toujours aussi immatériel, “Semana Satán”, un extrait de ' Fantasia Moral' ,  avec ses cascades de feedback et ses vocaux vaporeux, est l'archétype de la plage shoegaze qui ravira les fans de Slowdive.

Une longue intro  spatiale amorce 'Brazil', une seconde plage, voilée,  interprétée en espagnol.

Au sortir du duvet douillet, ce sont des stridences  acerbes qui t'assaillent, l'hypnotique 'Cross the pond',  chanté à trois voix, doit t'aider à traverser l'étendue d'eau marécageuse sans trop d'embarras, gaffe, tout de même, la couleuvre mauresque aime se cacher dans les marécages.

L'ingé son vient tripoter les câblages traînant sous le synthé de señorita Ruiz, , quelques problèmes techniques génèrent, effectivement, un bruit de fond inopportun, après qu'il ait regagné ses manettes, Uniforms engage 'Serena'.

D'après nous, rien à voir avec la soeur de Venus, ce downtempo au texte ambigu traite, paraît-il, de l'hypocrisie, de l'abus de pouvoir des dirigeants, il faudrait être capable de lire entre les lignes pour en être certain, anyway, musicalement ça tient fort bien la route.

'Nomofobia' virevolte et secoue, Natalia vient frotter sa guitare sur l'ampli pour créer quelques effets capricieux .

Eh, Albert, qu'est -ce que tu fous, tu transpires comme un taureau envoyé dans l'arène?

Rien, je pensais avoir égaré mon portable!

Ah, d'accord, t'es nomophobe!

Guitare et voix à l'unisson pour entamer la suivante, la basse de Will  prend des accents Peter Hook, Pan s'affaire sans faiblir, ' EDMP', un titre des débuts cogne sec, il est suivi par un second postpunk chanté en espagnol, une plage dont le titre nous échappe.

Natalia, polyglotte, signale  qu'il leur reste deux morceaux, l'effrayant ' I quit' pour démarrer ,  ou comment marier indus rock/shoegaze  et dream pop,.

 Savant mélange!

Et pour terminer en force, ils balancent  'One hit wonder'  au texte récité et aux sonorités destructives.



Une grosse claque que ce concert de Uniforms!


Tu fais l'impasse sur le trip de Guadal Tejaz,  groupe déjà vu dans la même salle il y a un petit temps, t'avais promis d''être au bercail avant les douze coups.

 



 


 

 

 

 



samedi 18 mars 2023

Les Mamans du Congo & Rrobin à Bonjour Minuit, Saint-Brieuc, le 17 mars 2023

 Les Mamans du Congo & Rrobin à Bonjour Minuit, Saint-Brieuc, le 17 mars 2023

 michel

Sur l'écriteau:

 DJ Bako, au Club de 20:30 à 21:30

Les Mamans du Congo & Rrobin: Grande Salle, de 21:30' à 22:45

Aftershow au Club avec DJ Bako.

DJ Bako, ça sonne mieux que DJ Gurvan Loudoux si tu veux passer de l'électro-mandingue tropical, sentant bon le fleuve Comoé .

Très sérieux derrière ses machines, le batteur, percussionniste, deejay,  balance son mix bigarré qui a plu à la jeunesse locale.

Tu quittes le jongleur peu avant la fin de sa prestation pour prendre place près du podium de la Grande Salle et remarquer une scénographie Afrique noire hétéroclite, n'ayant aucun rapport avec l'agencement scénique habituel d'un concert rock.

Si à l'arrière on note le matériel coutumier du beatmaker, celui qu'on rencontre dans le milieu rap/hip hop, du côté gauche ( pour nous) une seconde table est dressée, pas de flûtes pour  vin mousseux, mais des casseroles, divers shakers et autre matériau percussif , le milieu de la scène reste ouvert, mais sur les flancs gisent, pêle-mêle, bassines, paniers, mortiers et pilons, flacons d'eau, ndungus, cornes, crécelles, couvercles, balais à poils d'okapi, balais constitués de feuilles de palme et autres ustensiles à usage domestique, qui dans le régime patriarcal africain sont essentiellement maniés par des mains féminines.

Un léger retard sur l'horaire, nous permet de faire les présentations, tu escomptais voir une demi-douzaine de mamans,  elles étaient quatre: la chanteuse et percussionniste imposante et  charismatique,  Gladys Samba, qui dirige l'ensemble de main de maîtresse, et trois  superbes choristes, danseuses, catcheuses, cuisinières, lavandières, percussionnistes, acrobates qui seront présentées en fin de parcours. Il y avait Bimba ( c'est ce qu'on compris), une grande fille qui prépare une licence et qui a donné le tournis à un voisin tombé sous le charme,  Louzolo Nkodia Francia Chandeline Brode et  Imbembe Argéa Bédodalsy, deux jeunes dames tout aussi performantes et souriantes.

 Aux percussions, le magicien (Ar) Mel Malonga  et  aux machines, Robin Bastide, alias Rrobin.

Un album, portant leur nom, sortait en 2020 et un tout nouvel EP, 'Kikento', annonce un second album dans le courant de l'année.

21:40', les garçons prennent place et balancent une piste sonore noire. Surprise,  trois filles, déchaussées,  traversent la foule au pas de course pour simuler une échauffourée sur le podium, Gladys Samba, chaussée de bottes mimi , devant lui permettre d'aller pêcher le crabe dans la baie, se manifeste et entame un chant tribal en lari, kituba ou kikongo, tu as quelques difficultés pour  différencier ces langues.

Ce qui est certain, c'est que le public, déjà, est sous le charme.

 

NB: les titres donnés ci-dessous doivent être pris avec les réserves d'usage en l'absence de setlist.

Battements électroniques, percussions ensorcelantes et danse fiévreuse, difficile d'y résister.

De gros beats électro lancent ' Ngaminke', un morceau rendant hommage à Mama Lemba, femme forte et protectrice.

Gros contraste entre le chant plaintif et les beats lourds, visuellement ton regard est attiré par les filles utilisant une paille géante pour ingurgiter (ou faire des bulles sonores avec)  un liquide stagnant dans une cruche colorée.

Un passage en français dit ...C’est une petite source qui étanche la soif des hommes et des bêtes..  tu peux la voir et la sentir cette eau pure et fraîche, tu cèdes la place à un zèbre apeuré avant de te désaltérer à ton tour.

'Meki', les guerrières ont déposé leur sceptre et entament un chant martial sur fond hip hop, tout en maniant un balai, symbole de la femme africaine et du  travail ménager.

Voici un conseil pour les gourmands, 'Dia'  , d'immenses pilons pulvérisent les feuilles de manioc dans le pilier,  les tam- tam sont de sortie, les femmes psalmodient une litanie noire qu'aurait appréciée Francis Poulenc.

'Sans Pagne' voit le retour des lutteuses qui, pour ne pas être surprises par l'adversaire, multiplient les sauts de gazelle et autres esquives adroites, tout en psalmodiant un choeur obsédant pour soutenir le discours de la chef.

Effervescence intense sur scène pendant 'Mbila', une berceuse rythmée, adressée aux jumeaux et jumelles.

Et comme si ça ne suffisait pas,  Gladys Samba invite le public à les rejoindre sur scène pour danser avec le groupe.

Envahissement du podium et  bordel  euphorique.

Il y a longtemps que tu n'avais plus autant tangué,  plus ou moins en mesure.

On t'a fait croire que la nouba, à l'origine, est une musique militaire, la nouba de ce soir n'avait rien de belliqueux!

Vous avez sué, il faut une accalmie, on retourne au village, car il s'agit de chanter pour émanciper la femme congolaise, le matrimoine africain doit être chanté.

Ce sera fait en battant des mains.  ( ? Mwana Wu Dila?)

Un second lament enivrant , ' Nkala' suit  avant un nouveau branle-bas de combat.

Les bassins sont hissés sur la tête , un combat de rue sur fond de sirène s'enclenche,...je te coupe en morceaux... lâche la chanteuse, ça craint, et la suite s'avère tout aussi féroce, les tambours incitent à la bagarre,  il va falloir compter cadavres et survivants à l'issue de  cette  lutte sans merci.

Tu ne parviens plus à relever les titres, ' Bordel de rap', et d'autres extraits de leur discographie ont sans doute défilé!

La transe folle prend fin, il faut chanter une berceuse pour l'enfant qui pleure et puis il faut consoler la femme stérile, ' Ntima' ( = le coeur) , un titre fort qui prend aux tripes.

Le visage masqué, la troupe entame l'hymne suivant , un hip hop qui dit.. ne t'occupe pas de ma vie privée. ...  avant de prendre la direction de Kinshasa pour la récolte des tubercules, sur fond percussif impétueux.

Qui paye ses dettes s'enrichit est le thème de la suivante , un titre qui précède la présentation des acteurs/actrices et la dernière tirade prévue au programme, ' Sala Sala',  l'ode au travail.

Une dernière décharge ayant rendu un public, déjà chaud boulette, complètement dingue.

Forcément, elles ne pouvaient pas nous abandonner sans un bis, 'Boum' annonce l'explosion finale, car les mamans, mécontentes de leur sort servile, ont décidé de tout casser avant de revenir pour se faire tirer le portrait aux côtés de nouveaux fans ravis.

 

Le girls power  prend parfois des formes plus drôles et plus convaincantes que les inepties balancées par une personne prônant la déconstruction !



 


 


 


jeudi 16 mars 2023

Ana Popovic au Spirit of 66, Verviers, le 14 mars 2023

 Ana Popovic au Spirit of 66, Verviers, le 14 mars 2023

 

 Mitch « ZoSo » Duterck

 

ANA POPOVIC : Spirit of ’66, Verviers (BEL)_2023.03.14.
 
Malgré les conditions climatiques défavorables et aussi peu engageantes que l’annonce d’un concert d’Indochine avec, en première partie, les décibels (déci-bêlements) de Julien Clerc pour la fête nationale, nous décidons Marc (chauffeur-découvreur) et moi (copilote responsable) de nous mettre en route avec une marge de manœuvre suffisante pour parer à toute éventualité. En clair, nous quittons Namur à 16.30 pour arriver à Verviers, trafic faisant, peu avant 18.00. Comme quoi l’expérience…
But avoué de notre escapade : le concert d’Ana Popovic, une blonde Serbe (une Serbe d’Or, pour Astérix…) venue nous proposer de découvrir en exclusivité « Power » son tout nouvel album qui sortira officiellement le 5 Mai prochain. C’est le 1er album d’Ana depuis qu’on lui a diagnostiqué un cancer du sein en 2020 alors que la mode de l’époque était encore résolument tournée vers le Covid. La nouvelle résidente de Manhattan Beach, Californie qui a perdu sa mère de la même maladie il y a trois ans, voyait tout à coup son monde s’écrouler. Elle ne savait plus à quel sein, sorry, à quel saint se vouer.
C’est grâce au soutien (celle-ci n’était pas voulue, juré) et aux conseils de Buthel, son bassiste et directeur musical qu’elle a repris courage. « Il a le pouvoir de guérir les gens » déclare Ana. « Tu n’as pas le droit de laisser tomber, tu es née pour faire ce job. On a du boulot qui nous attend, il y a encore plein de gens qui doivent découvrir notre musique » lui dit son partenaire musical.
C’est en visio-conférence que le duo commence à travailler à l’écriture du nouvel album, tandis qu’Ana faisait de fréquents aller-retours entre Los Angeles et Amsterdam où elle suivait un traitement de chimiothérapie. «Chaque fois que je rentrais à L.A, Bethel m’accompagnait partout, il m’a même aidé à choisir mon nouveau look» déclare la jeune femme. “Cet album a été le déclic nécessaire, je devais m’en sortir. Finalement, la musique et ma Fender Stratocaster de 1964 m’ont sauvé la vie. J’en suis convaincue. » conclut la miraculée.
Bref, la voilà de retour, toujours aussi jolie et longiligne, elle traverse la foule du ‘66 au lieu de la fendre comme ça se fait d’habitude, saluant au passage la gent masculine venue en masse pour voir et surtout écouter notre miraculée, du moins je l’espère. Comme je disais il y a peu à quelqu’un qui se demandait comment ce serait en « live » : « si tu n’aimes pas la musique, contente-toi de regarder, tu n’auras pas tout perdu. »
Personnellement j’ai fait connaissance avec la Miss et sa musique le 4 février 2012, c’était à Bruxelles au café-concert le Montmartre, 344, Avenue de Boendael à 1040 Ixelles, pour ceux qui veulent tout savoir. Nous étions environ 70 personnes, c’était la capacité maximum de la petite salle située à l’arrière de bâtiment. Ana en était déjà à son 5ème album. Son style résolument Blues classique de l’époque laissait déjà entrevoir de petits accents jazzy et funk. Au fil des années, son style et sa réputation de guitariste hors pair ont amené la jeune musicienne, née le 12 Mai 1976 à Belgrade, pas celui près de Namur, celui en ex-Yougoslavie, à jouer avec les plus grands et à gagner le respect de ses pairs dans un milieu encore très machiste et codifié.
Son inclination à changer de direction artistique se marquera nettement avec la sortie du très funky « Like It On Top » en 2018, suivi de la bombe intitulée « Live For Live » parue le 15 mai 2020 alors qu’elle luttait contre le « crabe ». Ces deux albums et le fabuleux groupe qui l’entourent lui ouvrent encore de nouvelles perspectives qu’elle ne manquera certainement pas d’explorer.
C’est avec ce cocktail explosif que la combattante de la six-cordes est venue nous présenter son nouveau brûlot quasi deux mois avant sa sortie officielle prévue le 5 Mai. Et comme le CD était en vente, on se l’est évidemment acheté et fait dédicacer. La prestation était, disons-le franchement, parfaite à tous niveaux. Pas de temps morts, pas de fautes de goût ni de style, et encore moins d’exécution. Tout le monde a adoré, sauf peut-être, un voisin forcé et malheureusement membre de la confrérie des conférenciers
“connaisseurs-conteurs” qui a cru bon et obligatoire de dispenser son savoir superflu à voix haute pendant toute la soirée à la cantonade, commençant invariablement ses diatribes par « je n’ai rien contre, mais… » Heureusement, qu’on est bien élevés par chez nous aussi non…
A part ça, nous avons tous vécu 1h45 de bonheur musical et à mon avis, au niveau des photos prises, on ne doit pas être loin du record, si il n’a pas été battu hein Francis ? Dis-moi que tu as les chiffres ? Une vraie soirée de blues-funk avec de petits passages subtils de Jimi Hendrix dont la belle est une fan absolue, sans oublier une reprise de « Going Down » déjà passée par les doigts de Freddie King, Muddy Waters, Jeff Beck ou encore Stevie Ray Vaughan pour ne citer qu’eux.
Si j’ai un conseil à vous donner, ne ratez pas le prochain passage d’Ana Popovic car c’est du très haut de gamme sans jamais être ni démonstratif, ni pompeux.
Au cas où nous aurions été retenus sur place par la neige, j’avais appris à dire en Serbe : « Bonsoir Ana, vous ne pourriez-pas nous loger ? » mais il n’a pas neigé. P****n de météo va ! Une autre fois peut-être…
Mitch « ZoSo » Duterck

mercredi 15 mars 2023

Slant Six EP by The Nighthawks

Slant Six EP by The Nighthawks
 
michel
 
Vizztone Label Group
 
Depuis 1972, les Nighthawks, des oiseaux nocturnes ayant vu le jour du côté de Washington DC, parcourent l'univers blues des States aux Antipodes en passant ( souvent) sur le Vieux Continent, tu les as croisés en Belgique, c'était juste après l'invention du SIDA.
 
Mark Wenner ( harmonica, chant) crée le band et , à ce jour,  demeure le seul membre des débuts. Celui qui a découvert le blues par le biais de Slim Harpo, Lazy Lester, Muddy Waters ou Howlin’ Wolf, recrute Jimmy Thackery à la guitare, il fera carrière sous son nom  plus tard, Jan Zukowski ( ex Cherry People) à la basse et, un autre vétéran, Pete Ragusa aux drums.
Jimmy est le premier à quitter les rapaces, après avoir enregistré un nombre impressionnant d'albums avec eux,
Le groupe s'était déjà adjoint un keyboard player en la personne de Gregg Wetzel , la guitare passe en différentes mains: Jimmy Nalls, Warren Haynes, James Solberg, Danny Morris et Pete Kanaras, e a.
La discographie croît rapidement, albums studio ou enregistrés Live.
 En 2005, un Live est gravé à Vienne, on n'y trouve plus aucune trace de Jan Zukowski. La basse est tenue par Johnny Castle, à la guitare et aux vocals, le groupe a embrigadé Paul Bell.
Ce ne sera pas encore le line-up définitif: 2010, Pete Ragusa has decided to leave The Nighthawks after a fabulous 35-year run.
D'autres départs suivent... en 2023, le groupe est formé par Mark Wenner: Vocals, Harmonica/ Mark Stutso: Drums, Vocals/ Paul Pisciotta: Bass / Dan Hovey: Guitar, Vocals, ces braves gens sont crédités sur l'EP ' Slant Six'  qui succède à l'album qui célébrait leur cinquante années d'existence: 'Established 1972'.

Tracklist:
1. Motor Head Baby (2:39)
2. Forty Days And Forty Nights (3:23)
3. Standing Around Crying (5:00)
4. You’re Welcome To The Club (3:58)
5. Poor Me (3:31)
6. Don’t Know Where She Went (3:15)
 
Pochette des plus classiques: les engoulevents prennent la pose  armés de leurs jouets respectifs, Mark s'est dit que poser avec un harmonica coincé entre les dents c'était un peu naze, il  a pris une position bras croisés  ce qui lui permet d'arborer des avant-bras généreusement tatoués.
Partie supérieure: le logo et le nom du groupe, at the bottom le titre de l'EP, Slant Six. 
 
Le mini- album est composé de six covers.
 Excepté Paul,  concentré sur ses quatre cordes, ils poussent la chansonnette à tour de rôle. 
 
The song 'Motor Head Baby' was written by Johnny "Guitar" Watson and Mario Delagarde and was first recorded and released by Young John Watson in 1953.
Dan Hovey se charge des lead vocals d'une voix traînante, faut respecter la speed limit. L'harmonica du chef suit le rythme sans problèmes, Dan nous place un petit solo de guitare bien propre et les copains assurent la base rythmique sans sourciller.
Du blues classique, idéal pour faire la Route 66 sans se faire  harponner par la Highway Police.
Faut pas l'écouter si elle te dit ... "Step on the gas, now darling, and stop all that teasing me!", tu vas au devant de sérieux déboires!
Toujours dans les fifties, voici 'Forty Days And Forty Nights',  le midtempo blues popularisé par Muddy Waters.
Mark Wenner, au chant et à l'harmonica, se taille une grande partie du boulot, ses soli de mouth harp  dépouillés et précis se greffent sur le jeu sobre de ses comparses.
Pas de simagrées, ni de mauvais cinéma, les Nighthawks nous livrent une version respectueuse du classique du Mississippi Blues.
Et Moïse, toujours sur le Mont Sinaï, il doit crever de soif!
Sur la lancée, le groupe s'attaque à un second Muddy Waters, toujours chanté par l'harmoniciste, le slowblues cinq étoiles, 'Standing Around Crying'. 
Les lignes d'harmonica, intenses et aiguës, chatouillent l'âme et les tripes, tandis que basse, guitare et drums resserrent les rangs pour modeler un substrat robuste.
 Little Milton a enregistré 'You're Welcome To The Club' en 1965 , it was  first released by Lee "Shot" Williams, cette fois, c'est  Mark Stutso qui se colle au chant, il le fait  avec conviction pour nous proposer  une version  bourrée de soul de ce  r&b  track  gluant.
Dan Hovey place quelques riffs jazzy de la plus haute tenue, ce coup-ci l'harmonica reste sagement en retrait.
Après s'être rincé le gosier, Mark d'une voix lessivée, mais pas à l'ammoniaque, peut-être au cognac,  s'attaque à ' Poor Me' d' Al Anderson, un gars qui meurt de soif, "Poor me, poor me, pour me another!".
Ce shuffle permet à Mark Wenner de faire preuve d'ardeur au travail, un  jus sirupeux dégouline de ses lignes d'harmonica, Dan, pas jaloux, lui répond par un solo sobre et fluide, tandis que le jeu de Paul Pisciotta nous rappelle au bon souvenir d'un certain Donald Duck Dunn, un copain de Booker T.
Don't Know Where She Went'  de Willie Egan achève l'exercice.
C'est en duo que  Dan Hovey et Mark Stutso colorent ce  rocker, teinté r'n'b,  que les rois du boogie, Canned Heat, avaient inclus à leur répertoire. 
Les Nighthawks ont dû s'amuser à reprendre ces six échantillons de la très riche collection blues, l'auditeur, lui,  prendra du plaisir à écouter l'extended-play.

Le groupe tourne pour l'instant aux States, l'Europe ne semble pas être au programme avant septembre 2023.
 

 
 
 

dimanche 12 mars 2023

Photøgraph au Barbe à Plouha, le 11 mars 2023

Photøgraph au Barbe à Plouha, le 11 mars 2023

michel

 Achères, tu connais?

Euh, c'est pas une terre agricole qu'on laisse temporairement reposer en ne lui faisant pas porter de récolte?

T'es qu'un paysan, il s'agit d'Achères , une commune des Yvelines, c'est de là que vient Photøgraph , un trio pratiquant un electro pop , inspiré autant par la Britpop des débuts ( Suede, Blur, Manic Street Preachers, Supergrass...)  que par la French House  de Bob Sinclar, Daft Punk ou Etienne de Crecy.

Romain Simard ( claviers, synthés ( dont un impressionnant Novation ZeRO SL MK II ) , guitare, choeurs)/ Etienne de Bortoli ( batterie, percussions, choeurs) et le franco-anglais  Jon Sayer ( actif chez Woodbell) , pas un cousin de Leo Sayer, qui avait cartonné avec ' More than I can say'  ( lead vocals, guitare, clavier, synthé),  se sont connus sur les bancs de l'école  et ont décidé de monter une formation rock car pour draguer les filles c'est plus convaincant que de se dire séminariste.

Le groupe a pondu plusieurs singles, un EP 'Photograph' en 2016, un autre ' Big Day' en 2019, il vient de publier l'album ' Instant Memory Lapse', pour l'instant audible sur  Spotify, Deezer et diverses plateformes de streaming, le vinyle et autres supports physiques, c'est pour bientôt!

20:00, le Barbe est bien garni, comme chaque semaine, les trois frocs blancs ont pris place et entament le décodage de la setlist en commençant par 'Tan my Heart', un extrait de leur dernier méfait.

Ce qui frappe d'emblée c'est l'accent British prononcé,  très cockney, sans être rebel,  de Jon Sayer. Avoir vécu près de Paris ne lui a pas donné des intonations Antoine de Caunes mais  il a sans doute beaucoup écouté Blur.

Chouette morceau dans la veine Britpop  travaillée, avec lignes de guitare cinglantes et synthés omniprésents, un passage narratif donne un caractère John Cooper Clarke  au rendu.

C'est bien parti!

Dans la même veine, ' Good team' de 2020  s'avère synthétique,  sophistiqué et dansant, mais tu oublies le côté échevelé, on est entre gens civilisés.

Today is a ' Big Day', annonce Jon.

Tu te maries, questionne Casimir !

Après cette jolie rengaine synth pop, décorée d'un chant choral coquet qui te permet de voir les étoiles de près, ils embrayent sur ' Divine ' car nous sommes tous beaux comme de jeunes dieux.

Si tu adhères à la pop enjouée des Pet Shop Boys, sans forcément revendiquer le côté gay, tu vas aimer cet angélique ' Divine'.

Puis vient 'Diamond Safety Box' présenté comme un titre costaud.

Tu t'attendais à du Mike Tyson, on t'a servi du synth pop sur flow hip hop, c'est bourré de gimmicks et d'arrangements à la limite kitsch. On ne peut pas leur reprocher un manque d'originalité.

' Fight, bite, grow' et son couplet participatif passe du doucereux à la dépense d'énergie.

Depuis 10', un mioche casqué se trémousse face au lead singer, soudain une illumination lui vient, il saisit la jambe de Leo sans parvenir à le faire trébucher.

Un futur Black Bloc?

Reprendre ' L'amour à la plage' de Niagara peut être sympa, mais pas  si on bricole une version boursouflée.

Ne pas confondre les chutes du Niagara et la pisse de chat.

Trop de kitsch tue le kitsch!

Le cinématique ' Train' les remet sur les bons rails, ce morceau lounge, quasi instrumental, a été plébiscité par FIP, c'est justifié.

Le voyage se poursuit agréablement, la locomotive tourne rondement, ' A good day', et ' No Crisis' se succèdent comme sur le nouvel album.

Roger Hodgson, de passage dans le Goëlo, remarque 'Crisis, what crisis?'.

Non, ' Never say never' n'est pas une reprise de Jutin Bieber, mais un nouveau morceau dancepop  sur lequel les nappes de synthé s'entrelacent ou jouent aux montagnes russes,  tandis que la voix du franco-anglais joue à saute-moutons.

C'est dingue ce mix Ian Dury/ Frankie Valli/ Burt Bacharach/ The Beloved/ Alphaville qui nous ramène loin en arrière.

' Flashlight' est un hommage aux émois amoureux de l'adolescence.

La recette: faux disco, voix de fausset,  et relents new romantics, légèrement rococo....

Rien à dire, chaque titre se défend et pourtant une forme de ronron s'est installée, on n'ira pas jusqu'à parler de somnolence, mais l'effet de surprise a disparu.

Sur scène le show se poursuit consciencieusement  sans réelles surprises, 'Protest' précède ' Roving Souls',  un downtempo à la mémoire d'amis trop tôt partis, ' puis vient ' Relax' sans Franhie parti à Hollywood.

Un coup d'oeil à l'ingé-son, on n'a pas oublié un titre?

Cassius, c'est maintenant?   

Oui, et grâce au turbulent  ' Toop Toop'   l'ambiance monte d'un cran, ce regain d'énergie a gagné le public qui s'est remis à danser.

'Give it a shot' porte bien son nom, on aurait bien avalé trois ou quatre shots bien tassés, on s'est contenté de bouger en mesure.

La playlist mentionnait ' Don't know I know', le morceau a été escamoté, c'est donc avec ' Easy' que le groupe termine le set.

Non, pas le ' Easy' popularisé par Faith No More, composé par les Commodores, mais un de leurs nouveaux titres, catchy en diable.

Un message publicitaire précède la reprise de la rengaine et le salut final.

 

Le Barbe ne l'entend pas de cette oreille, avec difficulté, le batteur et l'organiste reprennent leur place en multipliant les exercices acrobatiques pour proposer un titre d'avant le déluge, ' Kids' est bourré de reverb, de vocalises frelatées, de rythmes robotiques et d'effets symphoniques.

 

Et puis, voilà, 10 PM... the kids have to go sleeping!


 

 

 

vendredi 10 mars 2023

EP ' Arc ' - Hibou

 EP ' Arc ' - Hibou

 

michel 

self-released

Hibou?

Ben, quoi, il y a un Owl à L A , un band monté par Chris Wyse, un mec ayant notamment tenu la basse pour The Cult.  Au Havre,  The Owl Band pratique un blues tricolore,  alors pourquoi jouer à l'ahuri si Peter Michel se transforme en rapace nocturne.

Avant de hululer, Peter Michel, de Seattle, se chargeait des  drums  chez Craft Spells, le groupe de Justin Vallesteros, qui pratique un jingle pop similaire à celui de The Drums.

En 2013, il décide de voler de ses propres ailes ( la nuit) et devient hibou, un premier EP ( Dunes) paraît en 2013, suivi par trois albums, Hibou (2015),     Something Familiar (2018)   et   Halve (2019).

Son shoegaze/dreampop est bien accueilli par la presse... hazing vocals, swirling guitars... pas le genre à effrayer les chouettes.

Et puis, un gap, avant de retrouver l'oiseau dans un clocher parisien d'où il ressort avec un nouveau disque ( Arc) , auto-produit ce coup-ci, alors que les ouvrages précédents étaient distribués par Barsuk Records.

Track listing

1 Night Fell 4:41
2 June 3:52
3 Upon the Clouds You Weep 5:01
4 Devilry 4:15
5 Already Forgotten 4:36 

Written and Produced by Peter Michel

Performed by:

Peter Michel - Vocals, Guitar, Bass
Jase Ihler: - Drums ( c'est un comble, Peter tenait les sticks chez Craft Spells, mais c'était pour faire plaisir au chef).

Mixed by Brian K. Fisher and Kurt Roy

Mastered by Dan Millice 

Hayden Clay Williams, photographer and visual 3D artist,  s'est chargé de l'artwork qui convient admirablement au rendu sonore, cloudy bedroom pop  dans les tons roses, c'est apaisant et sédatif.

La nuit est tombée, le Hibou émerge d'un sommeil profond, se frotte les petits yeux, manipule ses instrument et d'une voix cristalline psalmodie ' Night Fell', tandis que Jason Ihler imprime une cadence soutenue.

Même les hiboux ( oui x, on te l'a appris à l'école, ... bijou, caillou, chou, genou, hibou, joujou, et pou...)  peuvent exprimer des sentiments amoureux.

Jolie mélodie, harmonies soyeuses, on est proche de l'univers délicat des Pale Fountains ou des Lotus Eaters, qui avaient lu Alfred Tennyson.

Pour amateurs de lo-fi alt pop et de shoegaze rêveur.

Une guitare grisante habille l'aérien et printanier  ' June',  joué sur un rythme  invitant à la flânerie: drumming au ralenti, lignes de  basse affables   et choeurs éthérés, sont destinés à te faire oublier les tracas du mesquin quotidien..

Allongé sur un gazon  tendre, tu contemples les  abeilles qui butinent, une brise douce agite les brins d'herbe,  un papillon se pose sur ta main, tu n'oses esquisser le moindre mouvement de peur de l'affoler, et là,  un flash, tu la revois sur l'écran cérébral,  pure, innocente et fragile, c'était il y a longtemps!

En clair- obscur,  Hibou te propose d'osciller au ralenti sur les sonorités brumeuses de `Upon The Clouds You Weep` , on y retrouve des guitares impressionnistes et délavées, comme The Cure pouvait en confectionner dans ses morceaux les plus atmosphériques ( style 'Underneath The Stars' ), des vocaux évasifs,  un jeu de batterie régulier et précis et un texte aussi énigmatique que celui de 'A whiter shade of pale'.

La poésie n'a pas toujours besoin d'être explicite,  ... l'homme peut être démocrate, l'artiste, lui, doit être aristocrate ... disait Mallarmé!

Pour rester en mode contemplatif, Hibou embraye sur ' Devilry',  qui n'est pas inspiré par  un roman de La comtesse de Ségur, mais qui repose  sur un cliquetis de  guitares métalliques , un drumming mécanique, des synthés vibrants  et une voix balsamique,  faussement enfantine .

Un gars tient absolument à comparer Hibou à la douce mélancolie que l'on retrouve dans les enregistrements de Death Cab for Cutie, ce point de vue se défend.

Pedro The Lion ou Built to Spill sont d'autres noms pouvant être mentionnés.

Avec la dernière plage  `Already Forgotten` la cadence s'active sérieusement, The Cure refait surface.  Jase Ihler fonce comme le lièvre de Jean de La Fontaine, mais sans lambiner en chemin, les guitares lui emboîtent le pas,  il n'y que le chant à rester détaché et circonspect pour faire contrepoids à cette débauche d'énergie.

 

 

Hibou nous livre avec  'Arc' un EP  fusionnant climats dream pop et  élégance littéraire ,effleurant les tourments de certains poètes romantiques  

 



mercredi 8 mars 2023

Celina Wolfe- EP - Celina

 Celina Wolfe- EP - Celina

michel 

Artifice and Warner Music Canada.

 "I knew if I wanted to make pop, I had to make it real,"  confiait, lors d'une interview,   Celina Wolfe, née il y a un peu plus de 25 ans dans le quartier Notre-Dame-de- Grâce à Montréal.

And she made it real, for sure!

A 5 ans, Daddy lui fait entendre Jimi Hendrix au lieu de Dorothée, puis  elle  passe à Christine Aguilera.

A 14 ans, armée de sa guitare, elle chante ses compos dans des coffee-shops  du coin , on  la retrouve deux  ans plus tard comme membre du all female band, The Empty Yellers, des gamines (Celina Wolfe on vocals and guitar, Camille Beaudoin on guitar, Esme Cavanaugh on bass, and Marie Isler on drums) ayant pondu un EP trois titres, baptisé 'Hydro Bill' .

Leur motto:  We want to Rock the world while simultaneously covering it in glitter....

Lorsque l'aventure prend fin , Celina reprend le chemin des pubs en jouant des covers.

Un jour elle croise  Ken Presse, musician ( Franklin Electric), singer, songwriter, and record producer, ils décident d'écrire en duo, 'Coming Right Back' ( inclus sur l'EP) attire l'attention, elle signe un deal avec une maison de disques, enregistre d'autres titres, et début 2023, l'EP ' Celina'  voit le jour.

Tracks:

 1.
Magnetic

2.
Like a Crime

3.
Coming Right Back

4.
Birthday Candles

5.
Hate/Love

6.
Counterfeit Love

 

Pas évident de trouver une trace des musiciens, on se lance:

Percussion, Vocals: Celina Wolfe 

Bass, Guitar, Percussion, Piano, Synthesizer: Ken Presse

Drums: Mario Telaro

 Piano : Caulder Nash

+ le  Quatuor Esca (strings): c à d : Amélie Lamontagne, violin/ Edith Fiztgerald, violin / Sarah Martineau, /viola / Camille Paquette-Roy, cello.

 Une pochette classique affichant une photo de profil  de la jeune dame aux mèches blondes. D' un regard mi-confiant, mi-scrutateur, elle fixe l'horizon  en  semblant se projeter sereinement dans l'avenir. 

Bras et épaules droits sont couverts d'une veste blanche, l'épaule gauche est dénudée, tout comme la gorge, toutefois habillée d'un élégant collier.

Celina se lit dans le coin supérieur gauche.


Ce qui frappe d'entrée en entendant ' Magnetic' c'est la similitude étonnante entre le timbre ample, puissant et bourré de soul de la jeune Québecoise et la texture granuleuse, brute et franche d'une certaine Adele, qui avait affolé la planète musicale, fin 2010, avec le killer track ' Rolling in the Deep'.

La power ballad repose à plus de 75% sur une voix intense dégageant une énergie folle, elle grimpe vers des sommets vertigineux, puis, comme la marée, redescend en entraînant coquillages et petits galets vers le large.

Ce flux et reflux est rythmé par des percussions bien présentes, tandis que synthé, piano, guitare et basse restent à l'affut sans se projeter en avant-plan.

 Ce mec l'attire comme un aimant,  ... Cause you're so magneticI'm connected to your loveYou feel electricLike lightning from above...

Du coup Einstein réagit:  la gravitation n'est pas responsable des gens qui tombent amoureux...

Oui, mais, mon cher Albert, l'attraction mutuelle, étoile - planète, ne peut-elle expliquer les sentiments de Celina?

 E = mc2, est à décrypter dans son cas!

On reprend les mêmes ingrédients pour ' Like a Crime'  ,  une seconde romance portée par une voix émouvante.

Intro électro, relayée par un piano nostalgique, electroning drumming , cassure , ...hold my hand and close your eyes... abandonne-toi, aimons-nous comme si nous étions Bonnie and Clyde, kiss me like a devil...

A l'évidence, Celina Wolfe ne vise pas les amateurs de rock expérimental, ni les mordus de gangsta rap ou les gosses qui ne jurent que par la K-pop, son mainstream pop rock, teinté de soul et d'effluves country,  offre toutes les caractéristiques rencontrées chez des artistes tels que Duffy, Joss Stone, Lewis Capaldi ou Natasha Bedingfield, des gens plébiscités par les stations de radio,  restées fidèles  à une idée classique de la chanson pop .

Daniel en entendant 'Coming right back' : When I heard it on the radio tonight, I wasn't sure if it was Adele or Lady Gaga, but I knew it was a true power ballad!'

Et alors, Celina, une chanson de rupture?

Non,  it's about overcoming my battle with addiction and alcoholism, je tremble encore quand je la chante live!

Cette ballade pourrait devenir culte à l'instar de ' You're Gorgeous' de Babybird, ' Back to Black' d'Amy Winehouse , ' Le jour se lève' d'Esther Galil ou 'Without You' d'Harry Nilsson, tous des trucs que si tu les entends chez Carrefour, tu sors un Kleenex pour cacher tes larmes.

La guimauve, il n'y a que ça de vrai!

Ecoute cette voix émouvante, le piano parcimonieux, les choeurs  majestueux, les petits gimmicks à la Coldplay  et oublie les rouquins, style Ed Sheeran!

Une amie était mal, vraiment mal, l'alcool,et autres addictions, j'ai composé ' Birthday Candles' pour elle.

Avec cette quatrième ballade, Celina a décidé de nous achever, même plus la force d'éteindre les bougies, le souffle nous fait défaut.

On la dit  vulnérable, c'est une erreur,   les vulnérables, c'est nous!

' Hate/love' s'éloigne passablement du schéma dessiné sur les plages précédentes, la nostalgie fait place à un ton péremptoire, ...I hate love...  d'accord, mais...If I could hate you I swear you'd be dead to meBut I fucking love you so I do anything you need...  c'est pas du Céline Dion, associée à Luciano Pavarotti, ici pas question de violons mais bien de sonorités electro/ trip hop subtiles, sur lesquelles Celina débite un texte sans effets de voix excessifs.

La dernière piste nous ramène en terrain connu, la power ballad!

Les composantes de  ' Counterfeit Love' : une stunning voice,  extirpée depuis les tripes, un  piano  romantique qui ravira Amélie Poulain, des cordes majestueuses pour habiller la mélodie et  un brin de pathos pour faire craquer les âmes sensibles.

 

Si Céline Dion doit prendre sa retraite, la relève est prête, Celina Wolfe fait partie des candidates à la succession!