Stereotypical Working Class / Celestopol EP
Blood Blast Distribution.
Par NoPo
Le groupe SWC naît en Californie en 99 et, d'après 'Rock Sound', ils
émigrent alors et obtiennent la nationalité lyonnaise (pardon
française!) et prennent des prénoms qui vont avec (Memphis, Houssem,
Maxwell... ou presque).
Après avoir perdu ses 'Illusions', EP, transformé en 1er album, il publie 'Sans Repères' (tu m'étonnes!) en 2006.
3 autres albums et 2 EP's suivent jusqu'à 2016 (fréquence de travail proche d'un 'working class hero', dirait John).
Fred Duquesne (Watcha, Mass Hysteria, Eths...) produit le nouvel EP qui vient de para$itre.
Le line-up passe à 5 :
Benjamin - batterie (depuis 2003)
Bertrand - basse
Christophe - guitare
Mehdi - guitare (depuis 2018)
Martin - chant
Tracks-
Testify
Soon I will
Face down
Time will never change
Celestopol
Pour situer, on peut qualifier leur écriture de progressive-métal se
rapprochant de Klone (dont ils ne sont pas le clone car moins
diversifiés), Opeth (pas le vieux!), Soen ou Tool (sans les instruments
cliniques), mais j'y perçois surtout la référence incontournable des californiens de
Dredg (tiens, comme c'est étrange! Une inspiration close to the edge?).
En 2020, le voyage file en direction de la lune (plus exotique que
Lyon?) puisque 'Celestopol', cité russe (ben oui exotique quoi!), s'y
développe dans l'imagination de l'écrivain Emmanuel Chastellière.
Le design du support (noir et blanc tirant sur le bleu), tout aussi
orienté science fiction, invente une extrémité désertique à la terre au
carré, parcourue par un cortège de colons, attiré par une lune
envahissante.
L'expédition musicale colle à cet imaginaire et s'élève dans des paysages chimériques.
Le décollage instantané, sans préchauffage, bluffe l'auditeur.
'Testify' ouvre avec une guitare nu-metal très vite brocardée par une
rythmique pachydermique, dans un rendu à la Tool. On ressent les coups
et on devient presque maso...
Le refrain nous agrippe par le col, la fièvre monte (mais sans risque de
covid) et ne nous lâche plus. Rien ne nous empêche de headbanguer
(surtout si nos cheveux nous y 'head')
La voix peint de sacrés contrastes : tour à tour mélodieuse, parlée,
douce, puissante, claire, agressive... Un sacré témoignage de maitrise!
'Soon I will' (si j'veux!) nous impacte aussitôt, puis, juste un ton en
dessous, laisse la place à une voix magnifique, limpide (dans la lignée
du grand Yann... Ligner, Klone) qui porte le morceau mélodique à
souhait.
Les 2 guitares se complètent par des parallèles et parfois des
perpendiculaires! Elles scintillent par leurs dynamiques harmonieuses.
Difficile de résister mais pourquoi le faire?
'Face down' couche d'abord une brume épaisse dans laquelle une voix
quasi parlée (limite vocodée) semble chercher... sa voie, les yeux vers
le sol et soudain la lumière perce... La voix s'affirme, les guitares et
rythmique répondent en feux d'artifice.
La batterie n'oublie pas la double pédale. Nous sommes happés par cette énergie contagieuse.
'Time will never change' d'emblée, le riff emporte tout, avec frénésie,
avant de nous lâcher au milieu d'un refrain évident. Une basse dodue
creuse son trou en bousculant les guitares incisives qui ne se laissent
pas faire.
Elles jouent parfois au mur du son et finissent par le passer,
aériennes, instants de grâce. Elles piquent autant qu'elles brûlent,
laissent des artefacts dans le ciel et marquent nos esprits.
La destination approche avec 'Celestopol', atterrissage par une
composition plus sereine. La batterie fait rebondir les autres
instruments très haut et que dire de la voix exceptionnelle de Martin?
Un pont proche d'une ambiance Klone nous assombrit un peu le paysage,
par des notes basses, mais c'est pour mieux repartir dans la découverte
de la planète claire. La dernière partie nous projette dans un
bouillonnement de guitares épileptiques, de cris et de cymbales
crashées.
Cette musique nous transmet une grande force.
Le jeu du groupe dépasse le cadre de la stéréo en donnant une dimension
quasi spatiale à ses créations, tendance jeux vidéos 3D mouvementés.
Plus encore, il nous entraine à exploiter tous nos sens, quitte à perdre
notre oreille interne et notre équilibre, mais le large spectre ne fait
pas peur.
Il ouvre la porte à notre imaginaire en libérant nos neurones en pac-man dévoreur.
STEREOTYPICAL WORKING CLASS possède de sérieuses qualités surtout celle du dernier mot, la classe!