Le 14 février ne fait rire que les commerçants, corvée resto avec madame accomplie la veille, t'es gentil, elle a dit, t'as souri en remisant la carte de crédit, tu fais quoi demain, elle a ajouté, soirée découvertes à Bonjour Minuit, tu rentres tard, ne marche pas sur la queue du chat.
Le Club - ouverture des portes à 20h30, Substance en piste 30' plus tard.
Substances légales?
Pas posé la question, le groupe de Nantes dit pratiquer du punk love.
Sont quatre, ils n'ont plus 20 ans depuis un petit temps, ont un passé sur les scènes, même si la C I du groupe indique naissance en 2017, on relève les noms, Twister and Bag, Croaks, Sardines, Halal Vegan, Le Bourgeoisie, Vison ou Violon Profond.
Zavaient d'abord opté pour Poumon, déjà pris en Gironde.
Traces discographiques?
Une démo cinq titres.
Line-up:
Pitch : Chant / Riko ( Eric) : Batterie et chœurs / Jean-Benoît : Basse et chœurs /Antoine : Guitare et chœurs.
'Department store' est lâché, l'ex-caissière a de la gueule, la basse tabasse, Riko imprime un rythme binaire et Tonio connaît son job.
C'est du punk d'avant-guerre, comme les Nantais, pas nantis, sont fans des Buzzcocks, tu vois un peu le genre.
Ils ont embarqué dans un train qui ne s'arrête pas dans toutes les gares, il leur arrive d'enchaîner les couplets sans nous laisser le temps d'applaudir, sur le papelard, troué, gisant aux pieds de Pitch, une copine du capitaine Marleau, sans chapka, mais à la crinière bleu émeraude, t'as lu 'Something wrong', puis ' The situation'.
Ils dédient la suivante, virulente, à Pete Shelley, décédé en décembre 2018, avant de proposer le profond 'Deep Fall', quasi récité, comme l'aurait fait Percy Bysshe Shelley.
Elle te regarde d'un oeil mauvais et éructe ' I don't trust you', les copains poursuivent leur travail de sape toujours en mode Stranglers en balade, d'ailleurs le jeu de basse de Jean-Benoît se rapproche de celui de l'étrangleur d'origine française.
Constatation, c'est le printemps, Pitch ne regarde jamais la page météo sur TF1, mais amorce 'Springtime' suivi par le requiem ' Flesh and bones'.
Tu dis, Alfred?
Les plus désespérés sont les chants les plus beaux,...
Tu ne vas pas sangloter, tiens, un billet, paye-toi une mousse!
Après ce moment post punk, terminé au larsen, la basse, polyglotte, lâche 1,2;3,4 dans une langue comprise jusqu'à Inverness.
Après un épais ' Weight of love', vient une berceuse destinée aux zombies, 'Lullaby'.
Le chapelet rock contient encore les grains 'Hope song', 'More than two' , 'The Substance', l'incandescent ' Burning tree' chanté à la manière de Marianne Faithfull , avant une annonce précédant l'Ite Missa Est.
Il nous en reste deux puis on passe au bar, un Celtic punk nerveux et 'Little girl' ( pas sûr, de ce dernier titre).
Laurence te sonde, et?
A défaut d'originalité, on retiendra l'énergie déployée et leur plaisir de se trouver sur scène....
We Hate You Please Die.
Du culte!
On ne se connaît pas et pourtant je te déteste ( Dragon Ball).
I hate myself and want to die ( Nirvana).
Die cry hate ( Black Suit Youth).
Hate to say I told you so ( The Hives).
Seulement si tu te retenais une heure ou deux de respirer, tu vois ce que je veux dire, sache que je te hais ( Jacques Duvall).
A Rouen, ils savaient!
Donc Raphaël Balzary, le nouveau Gilbert Bécaud, 100 000 volts ( chant, délire, guitare)/Chloé Barabé ( basse, chant)/ Joseph Levasseur ( guitare, choeurs surf) et Mathilde Rivet ( t-shirt Frustration, batterie) ont décidé de nous secouer et nous forcer à ne plus accepter le système capitaliste qui se fout de nous.
Un album, 'Kids are Lo-Fi' et des concerts à la pelle, le groupe fait sensation!
Démarrage en forme de garage noise avec 'True men don't drink milk' , qui n'a aucun lien avec ' No milk today' des Herman's Hermits.
Si tu veux des repères, on propose Ty Segall , Fuzz ou Jay Reatard, bref, tous des gens qui ne prêchent pas l'amour fleur bleue.
'Rita Baston' est entamé au chant par la gentille Chloé, lorsque son collègue vient la soutenir, tu penses aux Pixies, mais en contrepoint, le grand Joseph nous assène des ouh ouh ouh dignes, des Girl Groups produits par Phil Spector.
Mélange étonnant.
Raphaël a décidé de prendre le pouls du club et vient se frotter aux premiers rangs.
C'était le signal, le pogo est en gestation.
La basse vire post punk, l'excité scande le saccadé ' Structure' suivi par 'Got the Manchu', victime d'un faux départ.
Les choeurs pop enrobent le chant en forme de râle de l' hyperkinétique, difficile de coller une étiquette sur le cocktail proposé, garage/punk/noise/ pop/ tu peux même y entendre des relents Beatles, Troggs ou Pretty Things, .... étonnant et détonant!
' Kill your buddy' , à ne pas prendre à la lettre, précède 'Minimal function', pendant lequel Balzary, fraîchement libéré, se paye un nouveau bain de foule, ses exercices acrobatiques inspirent une partie de la clientèle qui se met à le singer tout en bousculant une brave photographe tentant d'immortaliser les événements.
Roger Moore savait qu'en France ' A view to a kill' était devenu ' Dangereusement vôtre'.
Le chat du guitariste se nomme 'Hortense', Hortense n'est pas intéressé par la politique, il ( elle) aime le rock.
Nouvelles effluves surf pendant 'Good company' auquel succède' Vanishing Cops' démarrant en forme de ballade avant de prendre un virage Velvet Underground.
Le set devient de plus en plus en physique, pendant ' Barney', le petit Raphaël vient se mesurer à un gorille, tu crains pour sa santé, heureusement la bête est pacifique.
Nouveau passage serein pour ébaucher ' Figure it out', de jolis effets psychédéliques invitent la foule à tanguer mollement, tu sais pourtant que l'orage est proche, just figure it out... ouais, on se l'imagine, tout en surveillant un comique, perché sur les épaules d'un complice, frôler de son crâne les luminaires du plafond.
' Luggages', bon, au lycée, ton prof d'anglais avait insisté, luggage est invariable, ce brave gars doit se trouver à l'hospice, à Rouen ils ont eu un autre teacher.
Et, sinon?
Du rentre dedans, le screamer vient s'asseoir face à une groupie pour lui susurrer une litanie qui explose au final.
Une basse saturée enclenche 'Terminal' qui tout doucement nous conduit vers les dernières salves, 'Melancholic rain', fait de soubresauts épileptiques, 'Coca collapse', ' DSM6' au scénario identique, le punky ' Local Liars' et, enfin, pour couronner le tout leur mot d'ordre ' We hate you please die'.
On n'a pas dénombré de cadavres en quittant les lieux, juste des gens, en sueur, heureux et conquis.
Le 21 février à Talence!