Thomas Howard Memorial - album " Bonaventura "
Par NoPo
THM me fait toujours cet effet, l'impression d'une musique expérimentale très intérieure et personnelle et qu'il faut aller chercher au plus profond de soi.
La 1ère écoute s'oriente avec difficultés le long d'une rivière capricieuse puis nos sens nous guident à travers les méandres où on se plaît à reconnaitre un paysage souvent sombre et parfois lumineux. Après une entrée en "Tunnel" bruitiste, à peine contrariée par un clavier léger, la lueur nous conduit... "Let it glow" On flotte sur une mélodie mélancolique portée par un rythme lent et lourd.
La voix de Yann s'élève bientôt rejointe par celle de Elouan et elles se marient merveilleusement bien (comme sur plusieurs autres titres).
En fin de morceau le pouls s'accélère et une guitare accrocheuse zèbre tel l'éclair d'un orage proche. "Revolution" quel numéro ?
Number 9 me parait peu approprié trop peu beatlesien, le ton est lourd, la basse plutôt floydienne.
La voix passée au vocoder semble souffrir et soudain c'est l'éclaircie, une nouvelle fois la guitare d'Elouan vient apaiser la douleur.
"Storm" Cette fois-ci on y est mais très brièvement car enchaîné à "The way" et l’accalmie arrive aussitôt.
Un clavier/clavecin ritournelle et les voix emmêlées escaladent les roulements de la batterie de Thomas.
Une accalmie?
La douleur semble toujours présente mais ... il y aurait une sortie.
'There's someone to blame and I can feel the pain ... so I don't know I fade away where I go... show me the way'.
Le morceau se termine sur une guitare sèche et le suivant repart sur une guitare rêche...
-"Feel alright" On y croit!
Tu crois ? 'Comment repartir à zéro?'
La belle poésie chantée en français coule tristement comme des larmes sur les touches du piano. "John" des claviers au son léger de steel pan s'envolent doucement mais vite contrastés par un écho puis un tom lourd, si lourd, avant un son strident qui déchire et c'est la chute au fond de l'eau, on entend les bulles et le rêve s'y engouffre par une guitare une nouvelle fois lumineuse...
Il y a toujours un espoir même si le rêve est évanescent.
"The call" A nouveau ce clavier clavecin et cette basse bien ronde nous transportent sur les ailes d'un flamant rose.
'I call you on the phone to hear your voice'
"Irma's death toll" 5 notes de piano nous hypnotisent et la voix plaintive résonne comme dans un enregistrement de Martin Hannett pour Joy Division.
"The new told lies" La batterie sobre et majoritairement discrète sur cet album laisse la part belle à la basse mélodieuse.
Pour une fois on ressent plus d'emphase et de lumière.
La fin du morceau à influence progressive crimsionnienne présente une magnifique guitare toute frippienne.
"Clint" Le ciel se déchire et laisse apparaître un coin plus bleu dessiné par une belle mélodie éthérée qui s'évanouit au son d'une guitare un peu sonnée en bout de course.
"Bonaventura" Ces musiciens sont culottés! Terminer cet album par 3 instrumentaux et faire un clip avec cette bonne aventure qui ne l'est pas vraiment.
Encore une ritournelle hypnotique aux notes de clavecin bien accompagnée par la guitare légère et la basse prenante.
Un break aux allures d'enterrement (!) puis martial aux tambours d'Armor enchaîné sur un son de flûtes avec clochettes précède la reprise du thème majeur...
Une ambiance à la Forever Pavot..
"Out" fait mal, strident et apocalyptique puis la rédemption pour quelques secondes.
Plusieurs de ces compositions étaient prêtes depuis plusieurs mois et déjà jouées en public mais elles ont continué de macérer dans leur jus
Enregistrés au studio Kerwax à Loguivy Plougras où l'analogique vintage tient chaud au coeur, ces morceaux transcendés débouchent sur un album bouleversant.
THM ne ment pas et livre sans concession la vision de son art.