L'an dernier, La Fête de la Coquille Saint-Jacques se déployait à Saint-Quay-Portrieux, en 2019, la grande kermesse s'établit à Paimpol.
En dehors de l'habituelle foire commerciale, coquilles à toutes les sauces, bière, cidre, chouchen, hydromel, schnaps et jus de muguet, plus expositions,, visite de bateaux de pêche, village d'artisanat et animations diverses, deux jours de musique sont proposés sur trois scènes.
Ton programme te permet d'assister à deux ou trois groupes le samedi, jour où le port est balayé par des rafales de suroît, de noroît, de kornog ou de zonda ( tu n'y connais que dalle), soufflant allègrement à du 75 km/h.
Le soleil joue à cache-cache avec les nuages, plusieurs saucées éphémères viendront mouiller les petits escarpins des touristes et les grosses galoches des Paimpolais, habitués aux intempéries.
Tu te diriges vers la grande scène, montée sur la route de Ploubazlanec pour assister au concert de Maltavern, prévu à 14h30'.
Pile à l'heure, un cousin d'Achille Zavatta coiffé d'un haut-de-forme seyant, lance un "Salut tout le monde" tonitruant.
Le gang d' Auxerre démarre son set de Celtic/folk rock par un instrumental digne des Levellers, il est ponctué de quelques yeehas pointus.
Maltavern, c'est 13 ans de route, des concerts dans tous les coins de France et six albums, le dernier 'La vie des gens' date de 2017.
Denis Gourguechon semble être le capitaine, il bastonne à l'arrière, chante, raconte, gratte une acoustique ou un banjo, quand il ne vient pas se montrer près de la fosse pour battre une caisse-claire baptisée au Scotch pur malt.
Ses potes ont pour nom Sylvain Cornu ( basse, banjo, guitare, boum boum), Stan cigarette bidon au bec Steiner au violon et percus et enfin, la demoiselle du lot, Floria Hochart à l'accordéon et percus, tous trois assurent les backings.
Paimpol, ne vous gênez pas pour danser, voici un an-dro, le fameux ' Pelot d'Hennebont', ils sont quatre à démarrer la ronde, vite rejoint par une vingtaine d'autres valseurs, sérieux comme des Bretons.
Je gueule ' Chauffe Marcel, vous m'imitez, capito?
Chauffe, Marcel, merde, on a bousillé un nuage.
Après les Pogues, 'Streams of whiskey', ils proposent un plinn, extrait de leur quatrième méfait, ' Le voisin' , un garçon qui a fait fortune en travaillant d'arrache-pied, il a acheté une villa à Perros-Guirec où aucune fille n'a voulu se faire chier.
Voilà 'Zorbi la mouche' des Négresses Vertes, puis un second an-dro, 'C'est dans la ville de La Rochelle', les trois jolies demoiselles ont droit à un festival percussif.
On quitte la Charente Maritime pour embarquer sur le Titanic, en troisième classe, c'est à dire dans les soutes, on ira danser la gigue ( 'An Irish party in 3rd class').
Et puis comme on aime Led Zep on en profite pour les insérer, ni vu, ni connu, dans l'instrumental 'Jig an Diaoul'.
Tout le monde connaît ' Dirty old town', donc vous chantez avec nous, puis vous dansez car la suivante est un plinn ton double intellectuel, aux lyrics explicites, Jacquotte n'est pas farouche mais le garde-chasse préfère garder ses bottes.
Le timing est serré, mes petits -loups, on termine par une gigue pétaradante , 'Wellington advance' .
Un bis?
Vite fait, ' Polka pogo', pour le punk qu'on aperçoit à tribord.
Sympa, ce concert, même si le groupe n'évolue pas en première division.
Les cornemuses se sont tues, Sunny Inside a pris place sur la petite scène pour rendre un hommage vibrant à Neil Young.
Tu avais croisé Christophe Lourgouilloux à Saint-Agathon l'an dernier, pendant plus de deux heures, lui et ses nombreux copains avaient tenu La Grande Ourse en haleine, en reprenant les standards et des titres moins connus du Loner.
Tu savais que tu ne pourrais assister au gig donné à Paimpol, ta conjugale t'avait refilé un rencard dans un café du port vers 16h.
Ils étaient six sur le podium, avec trois guitares ( Sunny Inside, Jimi Rico,Labrax ( hier j'ai pêché un cachalot nain) et un troisième larron) , ça devait faire mal, la basse de Jean-Marc Le Flour, Steven B Francis à la batterie et Christine aux choeurs.
Le répertoire du Canadien défile, un nuage lâche trois gouttes pendant ' Don't cry no tears', puis vient ' Everybody knows this is nowhere', but I have to got somewhere, someone is waiting.
On me rapporte que parmi les titres joués il y a eu 'Down by the river', 'Old man', 'Ohio', ' This note's for you' et bien sûr ' Rockin in the free world' et c'était vachement bien.
La météo ne se prête pas au bronzage intégral, un vent, glacial, soulève les jupes des 3 audacieuses ayant opté pour les jambes nues, une averse de pluie sournoise fait fuir une cinquantaine de ploucs, les marchands de bière et de junk food font grise mine, t'as longtemps hésité avant de te décider à rester pour le concert de Dirty Deep.
Après coup cette décision s'est avérée judicieuse, ce trio est carrément épatant.
Les gladiateurs sont introduits par une bande son sentant bon la poussière, la booze artisanale et la sueur, il s'agit de Victor Sbrovazzo, un trappeur alsacien ( voix rocailleuse, harmonica belliqueux et guitares), Adam Lanfrey ( Adam and the Madams, aucune ne se prénomme Eve) , casquette de mécano, à la basse ou contrebasse et un tatoué irascible, baptisé Geoffrey Sourp ( pas besoin d'ajouter au lait) aux drums.
Ces jeunes gens pratiquent un blues vicieux dans le moule Seasick Steve ou The Blue Butterpot ( des compatriotes), leur dernier délit a pour nom 'Tillandsia' , c'est leur quatrième volume.
La scène n'est pas mal non plus, des caisses de whisky, vides, tiennent lieu de repose enceinte ou de siège, comme entrée en matière, le trio sélectionne un swamp boogie caverneux et mystique, ' 'Sunday Church', la voix trafiquée de l'homme de Néandertal ajoute du piment à ce mix loin d'être insipide.
Tous dans le chariot, direction le Sud, 'Goin down South' sur des chemins à peine carrossables.
Strasbourg balance une troisième torpille dégoupillée, ' Shake it', l'harmonica, fébrile, voltige dans les airs, Geoffrey s'échine sur son équipement, la basse bourdonne, ces mecs sont pires que les affreux qui peuplent The Wild Bunch de Sam Peckinpah.
Apparition d'une contrebasse qui nous invite à une balade dans les bayous qu,i comme tu le sais, ne sont pas fréquentés par d'inoffensifs poissons d'aquarium , ' By the river'.
Tu te sèches, vite fait, à une feuille de cerisier car ils annoncent, let's play some r'n'r, 'Wild animals', il y avait un serpent, une chouette, un catfish, mais pas de Rory Gallagher.
Ce garage furieux est suivi par le second single du nouvel album, un premier downtempo où la voix de Victor, qui ne frappe pas dans un ballon rond, prend des intonations Joe Cocker croisées avec le timbre nasillard de John Lennon, 'You've got to learn', disait le prof.
Retour au boogie avec le plus ancien ' Junky Green truck', en parlant de junkies ou de freaks, les Laurel et Hardy locaux viennent d'entamer un ballet burlesque, pas apprécié par tous leurs voisins.
Il doit faire 6°c, le plus hardi, était-ce Stan, se retrouve topless, à voir sa bedaine ce n'est pas au Contrex qu'il carbure!
'Let it ride' et sa slide démoniaque précède un effort solitaire de Mr Sbrovazzo,' Strawberry lips', les copains le rejoignent pour achever la plainte, une question demeure sans réponse, qui est la nana aux strawberry lips?
'I want to miss you' démarre à fond la caisse, le côté tribal a plu aux Peaux Rouges et aux fils du désert, Paimpol est entré en transe, tu t'es cru à un concert de Wovenhand.
Si vous avez encore une once d'énergie, c'est le moment de bouger, et vlan, il n'y avait pas d'éponge, Bob, il nous assène un truc aussi méchant que ce que fabriquait The Jim Jones Revue.
On savai tque le terme du voyage était en vue, un ivrogne pleure pour un boogie, il sera exaucé, 'Leave me alone' dans ses gencives.
Tu pensais qu'il était assommé pour le compte, erreur, il en voulait plus, le trio rapplique pour une version acoustique de ' My Babe' de Little Walter pour terminer par deux blues rock diaboliques, l'un d'entre eux rappelant le Zep des débuts.
Dirty Deep, retiens ce nom et si ces barbares passent dans le voisinage, procure-toi un ticket!
Direction Saint-Brieuc pour Mélissa Laveaux!