vendredi 7 juillet 2017

Gent Jazz Festival 2017 - Day one - De Bijloke- Gent- le 6 juillet 2017.

Gent Jazz Festival  2017 - Day one - De Bijloke- Gent- le 6 juillet 2017.

MAIN STAGE
22u30: Grace Jones
20u30: GoGo Penguin
18u30: Miles Mosley
16u30: Kadhja Bonet



Depuis 2008, le  Blue Note Festival a changé de dénomination pour devenir le Gent Jazz Festival.
Comme chaque année l'affiche est prestigieuse, du 6 au 15 juillet 2017, Grace Jones, Norah Jones, Herbie Hancock , Kamasi Washington, Peter Doherty, Archive,  et bien d'autres encore viendront divertir amateurs de jazz ou de rock sur le splendide site du Bijloke.

Tu quittes Bruxelles, à l'heure de la sieste,  en plein orage, pour arriver bien à l'heure dans la cité qui a vu naître Théo van Rysselberghe et Léon De Smet dont tu peux admirer quelques  chefs-d'oeuvre au Museum voor Schone Kunsten.
Six € dans l'horodateur et t'as la paix jusqu'à demain, 350 mètres à parcourir, 10 minutes à patienter et les portes s'ouvrent.
Pour boire, manger, te procurer des CD's , n'arrive pas avec ton billet de 500€, tu reçois une carte à recharger, moyennant finance, qui te permet de t'abreuver et te sustenter, ce nouveau système de paiement n'a pas fait l'unanimité.
Pascale?
 Het kaarten systeem om drankjes te kopen was ronduit slecht.
Peut-être, mais les bénévoles étaient souriants!

16:30',  peu de monde face au podium où va se produire Kadhja Bonet! 
Il s'agit de ta troisième rencontre avec la discrète Californienne, le Bota en 2015, l'AB en février dernier.
Scéniquement, peu de grands changements, sobriété, pudeur, modestie restent son apanage.
Pas de  Itai Shapira, cet après-midi, Kadhja est accompagnée par le seul David Hofmann aux drums.
Question setlist, elle se base toujours sur l'album 'The Visitor'.
Le velouté, romantique et intimiste   ' Fairweather friend', alors que son papelard indique ' Francisco' composé par Milton  Nascimento, ouvre le  set .
'Tears for Lamont' et ses accords smooth jazz  précède le single imparable 'Honeycomb', imagine un papillon insouciant, butinant de fleur en fleur,  pour te faire une idée de la biosphère dans laquelle ces douces mélodies te transportent.
Un monde sans agressivité, sans trivialité, le jardin d'Eden, quoi!
' Nobody other' est interprété solo, comme lors des concerts précédents c'est à Minnie Riperton que tu penses!
David reprend du service sur ' I wanna be a free girl' de Dusty Springfield, suivi par  'Miss you' et ' This Love' deux titres évoquant Michel Legrand, à qui tu pensais déjà fin février.
Le programme inclut ' The visitor', une nouveauté, 'Delphine', titre avant lequel Kadhja daigne nous adresser la parole, une autre reprise soyeuse ' ' Remember the rain' ( The 21st Century), puis  the most covered song in the world ' Yesterday', pas indispensable cette version interprétée en solitaire, et, enfin, plus intéressant 'One Of A Kind Love Affair' des Spinners voyant David passer derrière un piano électrique.
Un début de festival sous le signe de la douceur.

Pour ne pas perdre nos places privilégiées, on abandonne l'idée d'assister à la performance de Compro Oro sur la garden stage, on attend le set de Miles Mosley, un des dix plus grands contrebassistes actuels, selon le présentateur de service.
Si la discographie solo de celui dont les parents ont choisi le prénom Miles pour honorer le plus grand trompettiste de jazz au monde, n'est pas pléthorique, son dernier CD, 'Uprising', explique la présente tournée, ses collaborations, illustres, ( Kamasi Washington, Kendrick Lamar, India Arie, le regretté Chris Cornell,  Lauryn Hill...)  en font un chef de file de la jeune génération de la West Coast.
Miles est d'ailleurs  membre fondateur du collectif  The West Coast Get Down!
A Gand, il est accompagné par des amis d'enfance, tous talentueux: Cameron Graves, pas le  look du pianiste classique, mais quel doigté, Tony Austin aux drums, Howard Wiley (sax) et  Chris Gray (trompette).
Début en fanfare et en mode  Ali Baba funk avec ' 'Open Sesame', un son de contrebasse énorme, grâce à l'usage d'une pédale wah wah, des acolytes turbulents, ça fait vachement mal!
Après le set doucereux de Miss Bonet, voilà Gand  drôlement secoué!
Cette première salve servant d'intro vire ' Young Lion' , au groove hypnotique et poisseux, la voix est chaude, les rythmes torrides et frénétiques et, quand il sort l'archet pour maltraiter sa contrebasse, t'as les entrailles qui gargouillent.
The next one is featuring Tony on drums, ' Reap a soul' démarre en mode bluesy, soudain le piano part en cascades, Miles nous la chante à la manière de  Sting, sauf que les cuivres te conduisent tout droit dans les quartiers les plus malfamés de LA.
Papa m'a toujours dit you should play more bass on stage, son.... il faut obéir à son Daddy, voici un petit solo pas piqué des hannetons pour amorcer le soul slow ' More than this'.
Soudain le capitaine se débarrasse de ses raybans et le morceau décolle, des voisines se déhanchent et Miles scande there's no money, you can't take it with you when you're gone.... une phrase pas appréciée par Oncle Picsou.
' Shadow of a doubt' is a workingman's love song, puis on poursuit en duo, Tony et moi, deux titres issus de notre projet BFI , 'The Mighty HRP', sonnant très Prince et ' If 6 was 9' de Jimi Hendrix, une influence majeure.( Oui, tu retrouves ce titre incroyable sur la bande son de 'Easy Rider').
Après cette séquence rock, les copains rappliquent pour amorcer' Satania our solar system' une longue plage de jazz fusion  lyrique composée par  Cameron Graves.
Après 'Tuning out' pour lequel l'archet réapparaît, Miles dédie un titre à tous ceux qui ont mis le cap sur Los Angeles dans l'espoir de faire carrière à Hollywood et qui repartiront, sans doute, amèrement déçus,  'Los Angeles won't bring you down'  qui te rappelle Blood, Sweat and Tears.
Le set tire à sa fin, après une anecdote concernant le passage de Grace Jones et de sa Rolls blanche à Glastonbury, le quintet envoie le single 'Abraham' avant de saluer un public euphorique.
Veni, vidi, vici... puis il est parti signer ses CD's!

 GoGo Penguin
Un second passage au Gent jazz pour ce trio originaire de Manchester.
Chris Illingworth ( piano), Nick Blacka ( contrebasse) et  Rob Turner (  batterie) débutent en 2012 et ont déjà trois albums dans leur escarcelle, le dernier  “Man Made Object” date de 2016.
Etre signé chez Blue Note Records est un gage de qualité, le concert, admirable, donné à Gand par le trio justifie la confiance du label de jazz le plus illustre.
Le set démarre avec les compositions  All Res’ et ‘Initiate’, si la formule piano, drums, contrebasse laisse entrevoir un jazz de facture classique, l'esprit dégagé par la démarche de  GoGo Penguin se rapproche du rock.
Les interventions du piano rappellent le minimalisme cher à Wim Mertens tandis que la contrebasse et la batterie font preuve d'énergie et de versatilité.
' Break' is an older tune indique le bassiste roux, le seul à disposer d'un micro.
Avec ' Branches Break', entamé au piano, ils reprennent la lecture du dernier album, cette plage filmique accélère avec l'apparition de percussions et de lignes de contrebasse mordantes, le public semble envoûté et se laisse emporter dans les méandres de ce morceau mélodieux.
' Kami' a brand new one, alterne instants reposants et soubresauts impétueux.
L'attention de l'assistance ne faiblit pas, le trio enfile ' Murmuration', One percent' et une seconde nouveauté ' Ocean in drop', au fond electro , tandis que la pluie s'est mise à tomber, ce qui n'a pas échappé à Nick, qui signale qu'ils ont l'habitude à Manchester.
Le piano se fait sautillant sur ' Unspeakable world' et c'est avec l'effervescent ' Garden Dog Barbecue', un morceau relativement concis,  que l'oiseau marin achève le set.
Gand a droit à un double rappel: le belliqueux ' Protest'   suivi par 'Hopopono' un thème qui devrait plaire à Chris Martin.
A noter:  GoGo Penguin performs Koyaanisqatsi à Flagey en octobre!

22:20', tout Gand a décidé de se coller frontstage pour assister au show de l'icône de 69 ans, Miss Grace Jones.
Du coup, si Eugène suait, tous les premiers rangs dégoulinent et les parfums qui s'exhalent n'ont rien à voir avec le N°5 de Chanel, promiscuité et la vie en rose ne font pas bon ménage!
Elle se fait attendre, la diva, qui après la publication de ses mémoires (carré blanc), 'Je n’écrirai jamais mes mémoires', devrait sortir un nouvel album, huit ans après 'Hurricane'.
Quinze minutes de retard avant de voir les énormes tentures s'écarter, les fans ne lui en voudront pas, et c'est avec ' Nightclubbing' que commence le show.
Sur scène: deux claviers, drums, guitare, basse ( Malcolm Joseph, sans doute), un percussionniste, Pablo Goude, le fils de madame, ils seront plus tard rejoints par deux choristes.
Grace est perchée sur une estrade, le visage caché par un masque mortuaire, ce n'est qu'après être descendue, majestueusement, les marches l'amenant au même niveau que les musiciens qu'elle dévoilera un coin de son visage et une poitrine généreuse, dénudée et peinturlurée.
Grace Jones est une oeuvre d'art, constatait un critique il y a des années, à près de 70 berges, cela se vérifie encore.
Le spectacle va transpirer le sexe du début à la fin.
Avec  'This is' , un extrait de 'Hurricane' , la sculpturale Jamaïcaine fait monter la température de dix degrés.
I don't speak Flemish, but I know some French, dit-elle après être passée en coulisses pour changer de tenue, une activité qui se répétera souvent.
' Private Life' des Pretenders semble lui coller à la peau, ses trémoussements, suggestifs et sans équivoque, excitent un mâle voisin qui aurait pu être son petit-fils, et quand elle lance ...hey, hey where's my dildo... avant d'attaquer ' My Jamaican guy' , tu es pris d'un fou rire soudain.
Madonna et Jane Fonda ne lui arrivent pas à la cheville.
Nouvelle disparition avant de revenir en pom pom girl Josephine Baker style, sans les bananes, elle est suivie par un pole dancer athlétique, tandis qu'un mec fait voltiger des drapeaux à l'étage, le reggae  ' Shenanigans'  s'achève par la supplique ...I'm going home, I'm too hot, I need some coke... pas en stock au bar, peut-être dans sa limousine!
Grace est psy à ses heures... never fall in love, ou mieux, be in love and fall, c'est plus marrant, puis elle massacre ' La vie en rose' car elle a soif, je veux du vin, apportez-moi du vin, le ballon de rouge est avalé cul sec avant d'aboutir dans la fosse.
L'ensorcelant ' William's blood' précède ' Amazing grace' pendant lequel, en manque d'hommes,  la nympho s'en va enlacer le piquet de pole dancing.
Le groupe achève la prière en mode jazzy, elle se repointe en tenant un second verre de pinard pour lancer ' Love is the drug' emprunté à Roxy Music.
Je vous aime tous, confie-t-elle, tu ne l'as pas crue mais comme tes voisins, tu t'es mis à bouger sur ' Pull up to the bumper'.
Un costaud la charge sur ses épaules, il se tape deux fois l'aller-retour dans la fosse réservée aux photographes ( 25 mètres). Tandis que la reine serre nos mains, des serpentins pleuvent, Gand danse, deux ou trois nanas se retrouvent en soutien, Tarzan redépose Jane sur le podium, il reçoit un chaste bisou sur le crâne, puis, pour la dernière fois, elle rejoint la maquilleuse/habilleuse avant d'entamer le phénoménal ' Slave to the rhythm' pendant lequel son exhibition de dix minutes au hula-hoop aura frisé l'exploit olympique.


Malgré les cris, il n'y aura pas de rappel mais la masse a repris le chemin de retour, un large sourire aux lèvres.