41è édition de Brosella, l'équipe a été quelque peu modifiée, l'esprit reste le même: convivialité, diversité culturelle, du folk, du jazz, de la bonne humeur et du soleil tout plein!
Programme du dimanche:
Bravo Big Band, Alekos Vretos, Lynn Cassiers, Schntzl, Frank Woeste en Eric Vloeimans, Cyrille Aimée, Bill Laurance!
Un choix s'impose pour éviter l'overdose, après un samedi à Gooik.
15:00, Theatre Stage, c'est devenu une tradition, un grand orchestre pour ouvrir les débats, le choix s'est porté sur le Bravo Big Band!
Le Brussels Youth Jazz Orchestra a attrapé des poils au menton pour devenir le Bravo Big Band, le club de jazz situé dans le quartier Dansaert a changé d'identité, W-est end izakaya se lit désormais sur l'enseigne, l'ensemble a conservé l'étiquette BBB.
T'as mis cinq minutes pour dénombrer 17 éléments sur le podium: Reeds : Rob Banken , Dieter Vaganée , Bruno Van Der Haegen , Matthias Van den Brande , Ruben Verbruggen
Trumpets : Loïc Dumoulin , Antoine Dawans , Daniel Vanderhoydonks , Thomas Mayade
Trombones : Quinten De Craecker , Robbe Defraye , Vincent Heirman , Bart Van Gorp
Rhythm section : Guillaume Vierset (gt) , Karel Cuelenaere (p) , Ruben Lamon (b) , Matthias De Waele (dr).
En fin de gig, lors de la présentation des mousses, on a annoncé un remplaçant: Laurent Hendrick, du Brussels Jazz Orchestra, relaye Bart au trombone basse.
On leur connaît un LP, servant de carte de visite: ' Another Story', cette histoire sera interprétée face à un public attentif et bientôt bronzé!
' Novembre en décembre', une composition aux nombreux méandres, t'invite à la flânerie, tandis que tu admirais les reflets du soleil sur le cours d'eau paresseux, un sax, puis un trombone, se déplacent vers le devant de la scène pour placer un laïus mélodieux.
' The Genius' a été composé par le Suédois Klas Lindquist, annonce une voix cachée dans le rang trois.
La basse et la batterie impriment un groove nonchalant, le choeur des cuivres se balade sur cette assise rythmique ondoyante, certains éléments tiennent à se mettre en évidence, le piano en place une en catimini avant un final nerveux.
Le scénario proposé par ' Another story' est du même style, un sax velouté entame une rêverie pastel, puis une trompette nous rappelle au bon souvenir de Chet Baker tandis, qu'à l'arrière, l'équipe a viré latino.
Bruxelles apprécie à sa juste valeur.
La lecture de l'album se poursuit, ' Shut up and run', tu l'as bouclée, t'as dédaigné la course, trop chaud!
Guillaume Vierset place son verset, Guy a applaudi puis s'est épongé après cette débauche d'énergie.
Après la ballade 'Missing Him' ils attaquent ' Waves of a Troubled Mind', 'Infant Isle' et 'The Wrong Side'.
Pas un seul maillon faible au sein du BBB, tout le monde est à sa place, la machine tourne nickel!
Le set s'achève avec 'Sauntering', une composition, in a mellow mood, de Bart Van Gorp, resté dans son dorp.
Tandis qu'un volontaire se charge de vendre les CD's, on te confie que le BBB prépare, déjà, un second CD, featuring le français Loïs Le Van.
Impasse sur Alekos Vretos, tu te payes un passage à la buvette, à l'ombre, en attendant la carte blanche attribuée à Lynn Cassiers qui donnera son premier concert avec le nouveau projet 'Imaginary Band'.
Lynn, c'est 86 collaborations, une dizaine d'entreprises personnelles ( Tape Cuts Tape, The Crappy Mini Band, The Bird,The Fish, Trouvé/Thielemans/Cassiers e a...) , une trace sur une vingtaine d'albums!
Tu pressents que cet Imaginary Band ne va pas nous jouer du dixieland!
La chanteuse a emmené son petit attirail percussif et électronique, les musiciens qui l'accompagnent sont loin d'être des néophytes, en commençant par Erik Vermeulen que l'on verra de dos face au piano, il y a deux filles: Alexandra Grimal (saxes) et Ananta Roossens (violon), Manolo Cabras à la contrebasse, le Tchèque Marek Patrman aux drums et Niels Van Heertum, vu avec Marble Sounds, Xango et Mount Meru, à l'euphonium.
Bert Kruismans, qui a succédé à Rik Monsieur Brosella, y va d'une pointe d'humour en prétendant que la carte blanche était initialement prévue pour Yvan l'ex-mayeur, aujourd'hui rentier, avant de préciser ce que nous savions déjà, que ce concert était une première!
Pas encore de CD, pas de titres, donc.
Une première composition, énigmatique, débute par une séquence de bruitages déconcertants, la voix de Lynn subit également quelques altérations et l'euphonium trafiqué de Niels ajoute une note supplémentaire au sentiment de malaise que ce jazz( ?) expérimental suscite chez certains.
Le groupe s'aventure sur des chemins d'où les balises ont été éloignées, tu te déplaces donc à l'aveugle en étant giflé par quelques sournoises fougères, il te faut écarter des ronces agressives et enjamber de fourbes souches d'arbre.
Si tu acceptes ce préambule, l'excursion risque d'être intéressante.
Un roulement de tambour met fin à la première étape ( ' Waterfall'). Le lendemain, à l'aube, tu reprends l'expédition, clochettes, crissements, bruissements, cric crac divers t'avaient tiré de tes songes, un barrissement au loin, suivi par un grondement inquiétant, te tirent hors de ta couche.
Tout à coup le violon entame une partition, presque classique, en mode andante, les oiseaux piaillent, le sax alto leur répond, puis l'euphonium, avant qu'une voix plaintive ne récite un lament maussade.
Difficile de tracer des comparaisons, on peut avancer Laurie Anderson, Carla Bley , Boulez, John Cage ou la pianiste Myra Melford pour te donner quelques pistes.
La suivante, fragile et minimaliste, justifie l'étiquette jazz grâce à l'aparté signé Manolo Cabras, par contre le piano saccadé d' Erik Vermeulen ignore le sens du mot mélodie.
Cette composition audacieuse accroche certains et rebute les amateurs de mainstream.
Souvent une sensation d'angoisse t'étreint comme si t'étais empêtré dans une arantèle et que tu n'avais aucun moyen de te libérer.
Plus tard, Lynn te parachute dans la savane où des pachydermes entament une marche lente et lancinante...la voix, claire, dit... I hear you speak, keep focused, ...concentration... concentrés, nous le sommes, il y a intérêt, on déambule sur un sentier escarpé, à gauche, un précipice, à droite, un gouffre, on te suit à l'aveuglette, Lynn!
La dernière tranche démarre sous forme de ballade bluesy/avant-garde', elle est interrompue par un solo de batterie, puis la voix y va d'une litanie... there's a purpose when I sit late at night...., ce n'est probablement pas pour le match de foot en différé.
Bang, un faux mouvement, Miss Cassiers fait chuter tout son bazar percussif, c'est le moment que choisit la fusée pour décoller, puis l'enfant se confie ...you say I'm bitter but I'm not sad, not depresssed..
Elle est lucide, sans doute.
Le voyage est arrivé à son terme, admirateurs et détracteurs palabrent..., un point tout de même, ce projet n'étant pas à cataloguer grand public doit mieux passer dans une salle de capacité réduite!
Repos jusqu'à 21:30 pour le concert de Cyrille Aimée sur la Palm Stage.
Si la séduisante chanteuse ( 32 ans) réside désormais à Brooklyn, sa carte d'identité mentionne
Samois -sur- Seine comme lieu de naissance, la ville où est décédé Django Reinhardt.
Un hasard, tu dis...tu oublies, le jazz, Cyrille est tombée dedans dès la maternelle.
Son denier album, 'Let's Get Lost ' date de 2016,.. rising-star vocalist and bandleader Cyrille Aimée wonderfully displays her versatility as a sweet-sounding jazz songbird with a catchy repertoire... annonce la firme de disques!
Elle n'a pas menti, le concert de ce soir aura été le highlight de Brosella Jazz!
Pour accompagner Cyrille, la frisée, un band irréprochable: Michael Valeanu (guitar), Adrien Moignard (guitar), Jeremy Bruyere (bass) et Yoann Serra (drums).
Tu avais assisté au soundcheck, la vocaliste arborait un short estival, elle réapparaît vêtue d'une élégante robe légère d'un vert épatant.
Le blues ' Live alone and like it' ouvre le dernier cd et le concert, la voix ensorcelle, le solo de guitare acoustique s'appuie sur tout le bagage manouche, la belle scatte, Bruxelles s'éclate.
Superbe entrée en matière.
Elle embraye sur Edith Piaf, ' T'es beau, tu sais' et tu tombes amoureux.
Comme je croyais devoir jouer sur la grande scène, j'ai enfilé une robe qui tue... je suis mort!
' Nuit blanche' , contrebasse et voix sensuelle attaquent.
La classe, puis vient un petit bridge swing, ça balance pas mal ici, merci, France!
I love you ce ne sont que 'Three little words', solo de guitare sautillant, duel avec le batteur, le train prend de la vitesse, Cyrille compte les points avant d'achever la chanson.
Quelques sifflements admiratifs fusent!
Les musiciens partent s'en jeter une, je vais vous jouer un petit morceau avec la machine, ma loop station qui fait des boucles.
Petite démonstration pour les nuls, elle est marrante, la madame, puis elle entame ' Glory Box' de Portishead en mode Camille pimenté Aimée.
La contrebasse amorce ' Well you needn't' de Thelonious Monk, la guitare électrique s'octroie un solo fringant, la chanteuse assure.
La délicate ballade ' Samois à moi' évoque les titres les plus tendres d'Henri Salvador ou de Nougaro, ensuite l'équipe propose le bonus track du dernier né, ' Each day' avant de venir saluer un public conquis par leur talent et leur complicité.
Cyrille Aimée, à ne manquer sous un prétexte si elle passe dans le coin!
Top of the bill: Buffalo Bill?
Mais non, Bill Laurance!
Partout, tu lis: un Grammy Award en 2014 et membre fondateur du groupe Snarky Puppy!
Un troisième album solo ' Aftersun' chez Nivea sort en 2016, il est suivi par le 'Live at Union Chapel' , disponible depuis fin 2016.
Ce soir le claviériste est accompagné par Joshua Blackmore (drums), Felix Higginbottom (percussions, additional keys) et Chris Hyson (bass, double bass, keys).
Tu dis?
Des détails.. Joshua: Sarah Gillespie quartet, Troyka ... Felix: e a, London Contemporary Orchestra, Snarky Puppy et Chris a récemment sorti le EP 'Little Moon Man'.
Ils sont là, Bill in French, bonsoir, Brosella, et ils envoient un morceau new age/jazz empli de sensibilité, peut-être ' The Rush' qui entame le double live.
T'as aucune difficulté à te laisser emporter par ce contemporary jazz imaginatif et filmique.
Après cette première, longue, incursion en terrain futuriste, il annonce ' Never-ending city' inspired by Tokyo.
Modal jazz, d'après les initiés, post be bop avancent d'autres, on s'en fout, le truc séduit.
' The pines' a été composé dans le Sud-Ouest français, l'océan, le vent, les pins, un tableau impressionniste dépeignant les Landes.
Si t'avais eu ton maillot de bain, tu piquais une tête dans l'Atlantique.
On a beaucoup aimé les percus latino du petit Felix, tandis que Bill s'adonnait au surf sur des vagues géantes.
La suivante, en mode fusion, nous rapproche de Joe Sample, ensuite vient ' Aftersun' inspiré par ' Cosmos: a spacetime odyssey' de Carl Sagan, dont il a vu tous les épisodes.
Le qualificatif planant se justifie pleinement.
Après le dreamy ' Smokers' castle', Bill, comme pas mal de ses amis musiciens, déplore le Brexit puis ébauche ' Red Sand' inspiré par un séjour dans le Maghreb.
We've time for one more, énonce-t-il en jetant un coup d'oeil à sa Rolex, et c'est parti pour une dernière plage chaloupée inspirant une vingtaine de danseurs, pas tous sobres.
Le final aux coloris samba achève une belle performance!
Tu quittes l'amphithéâtre pendant le rappel pour éviter la cohue.
Merci, Brosella, see you next year!