Stupéfaction lorsque après plusieurs titres, Ry X ( Ry Cuming) énonce: this is our third gig ever.
The Acid paraît tellement au point que l'allusion est difficile à concevoir.
Après vérification , deux shows à Londres et un troisième au Botanique, c'est sidérant.
L'Australien Ry X, déjà auteur de quelques rondelles hautement appréciées par l' intelligentzia rock ( son EP 'Berlin' est porté aux nues de Sidney à Kyoto en passant par Issy-les- Moulineaux, le deejay/producteur anglais Adam Freeland et le Californien Steve Nalepa, lui aussi composer, music technologist, producer et deejay, forment The Acid il y a moins d'un an.
Rapidement ils sortent The Acid EP qui frappe d'emblée les imaginations par son côté esthétique.
Ils ont bossé comme des fous et un premier full cd, 'Liminal' doit se vendre en juillet.
Pas mal de monde au Witloof lorsque, à 20:30', quatre gars font leur apparition, le trio ( keys, electronic devices, pads, et une guitare pour Cuming ) est donc accompagné d'un drummer ( une seule caisse, une seule cymbale, un drum pad, un glockenspiel).
Tout le set se déroulera dans une pénombre propice aux climats éthérés proposés par cet ambient supergroup , des visuals cryptiques éclaireront quelque peu les ombres évoluant sur scène.
Une intro cosmique ébauche ' Tumbling lights', quelques ronflements et grésillements de machine malade, un glockenspiel puéril, des bruitages animaliers. Le ton monte, le fond industriel s'évapore et fait place à un drum pad élastique, la voix fragile, précieuse et frelatée par des effets reverb de Ry X s'élève, nous voilà plongés dans un éther ouaté et infectieux, une sorte de house music minimaliste hallucinante.
' Animal' produit les mêmes effets, ils sont trois à vocaliser avant de céder le relais au timbre anémié, un vague murmure, de l'Australien.
Un travail méticuleux sur fond musical réduit à l'essentiel, pourtant le cocktail séduit.
'Creeper' sera encore plus étrange, une voix d'outre-tombe divague sur un background glauque.
Comme toujours certains s'essayent au jeu des rapprochements, on a entendu SOHN, Radiohead, James Black, Sigur Ros, Aphex Twin, Imogen Heap... aucun des noms cités ne satisfait pleinement.
Brussels, you're such a lovely crowd, this is ' Fame' entamé par des blurp, blurp, blurp vaseux.
Un mot à propos du travail graphique proposé on the white screen, il fait partie intégrante de la performance, nous n'irons pas jusqu'à cataloguer le trio d'artistes élitistes, mais il est évident que le slogan 'art for art's sake' leur colle à la peau.
La toile se colore pour 'Red' et ses beats énigmatiques tandis que 'Feed' offre des sonorités trip hop oppressantes et qu' à l'arrière-plan, nous assistons en slow motion à l'éclosion d'une rose.
Après le remuant 'Ghost' qui s'avère être le dance-track du futur album, Cuming nous explique les raisons de l'apparente inertie des musiciens sur scène, les compositions et les représentations graphiques se suffisent à elles-mêmes, ' Basic Instinct en est un parfait exemple, le film est l'oeuvre de Dugan O'Neal, les danseuses se mouvant sur des vues montagneuses font partie de la Dance Troupe Wife.
'Basic Instinct' est à la fois le titre le plus abordable du récital et le plus élégant.
Du travail d'esthète!
Le majestueux 'Fader' et le tourmenté 'Ra' mettent un terme à ce concert stylé.