Au Canada, les parents doivent ajouter une substance euphorisante ou psychostimulante dans la panade refilée aux gosses, l'Ovomaltine ne suffit pas, un docteur Folamour quelconque a probablement inventé un additif psychotrope déréglant le système nerveux central, ce qui peut, en partie, expliquer le double cas Fanny Bloom / Rich Aucoin.
Quoi qu'il en soit, hier soir, c'était le délire total dans une Rotonde pas trop garnie, Marylin peut en attester.
20:15 Fanny Bloom
Non, ne pense pas à l'ombre des jeunes filles en fleur, une série de clichés artistiquement flous de David Hamilton... rien à voir, Fanny Grosjean, aka Fanny Bloom, s'avère être une ardente ( aucun jeu de mot, ardent avec E) et alerte Québecquoise, ex - La Patère Rose, venant de sortir un premier opus, pas dei, solo ( avec une bande de musiciens pas crétins): 'Apprentie Guerrière'.
Ce soir, pas de peintures Sioux, mais une jeune dame passablement dingo, accompagnée par un groupe pas manchot.
Line-up supposé: Laurence Lafond-Beaulne à la basse, l'incroyable Stéphane Leclerc à la guitare ( DJ Champion, Mimosa) - Philippe Bilodeau aux percussions - par contre Miss Bloom a annoncé un petit nouveau clavier/ synthé ( vachement bon), donc probablement pas Étienne Dupuis-Cloutier .
Une mise en bouche symphonique avec piano majestueux, ' Tootles' un titre à l'orchestration proche de certains Polnareff olympiens, la chanson de rupture ' Ce que je voudrais', chantée d'une voix enfantine, vient se fondre dans la plage initiale.
Bonsoir, la Botanique, ah bon c'est le Botanique et pourquoi pas les Botaniques... nique ta famille, la suivante se nomme 'Parfait, parfait' , un electropop synthétique et sucré, légèrement pompé sur le 'Amoureux Solitaires' de Lio.
Le jovial et bondissant boute-en-train et sa famille poursuivent avec le parfumé et dynamique fluo/ Casio pop ' Tes bijoux' .
Toute essoufflée la femme enfant nous jette: je suis raide énervée et j'ai perdu le machin qui fait des sons en sautillant comme le marsupilami, désolé, je crois qu'il a glissé dans ma petite culotte, pas de panique, j'ai la situation bien en main, voilà!
Le Botanique, montrez-moi que vous avez le sens du rythme: clac clac...clac clac clac...clac clac... 'La Barque', une embarcation prenant des allures de paquebot.
Arrangements somptueux, piano lyrique, cris de guitare déchirants, cette barque c'est pas le Titanic!
' Apprentie Guerrière' jolie valse tranchant avec le texte cynique, monstrueux, barbare, sanguinolent ... Fanny Bloom/ Freddy Krueger, même combat!
...Je plongerai tête première
Dans tes viscères et j'exploserai....
A nightmare on Le Botanique!
Fondu enchaîné sur le nostalgique ' Annie' que tu rapproches des Petites Chansons Méchantes de Claudine Muno.
Bloom, l'aromathérapeute, nous explique tous les bienfaits du ' Millepertuis' , une herbacée qui cicatrice même les douleurs amoureuses, texte équivoque, décor sonore rock.
' Respirer la fumée', ça plane pour elle:
...Je ne marche pas très droit sur le trottoir
Et tu me supportes encore...
Merci, Bruxelles, la dernière s'appelle ' Shit', logique après le snif!
Ballade douce amère pour terminer sur une note mélancolique.
Déjanté et attachant!
Après la douce folie de Fanny Bloom, le cataclysme Rich Aucoin.
Avec le gars de Halifax, auteur de deux albums, le dernier 'We’re All Dying to Live', tu dois pas t'attendre à assister à un concert, tu deviendras, comme tous les autres spectateurs, acteur d'une performance débridée mixant video-show, karaoke, dance off ' On achève bien les chevaux', carnaval à Rio, messe noire etc...
Nuts est trop faible pour décrire ce phénomène!
Pendant les préparatifs un message s'imprime sur l'écran: 'Félicitations pour être vivant', Rich Aucoin, baseball cap vissée sur le front, prend place dans un coin près de ses machines, face à lui un drummer tribal nourri aux amphétamines.
Il reste deux secondes sur place avant de descendre dans l'enceinte, invitant le peuple to come closer, I want to feel you.
Voici les directives: look at the screen, gimmick 20th Century Fox repris par la masse, les BRNS en tête, un petit film loufoque, Man on a Buffalo , deux ou trois dinosaures échappés du Jurassic Park un horrible gosse hurlant 'I feel happy', un traité de philosophie positiviste, le nom d'une dizaine de personnes présentes dans la salle, le mien y était, bordel, une chèvre qu'il vient interviewer, flashing lights sur le public, canon à confetti et electro/disco beats aussi légers qu'un mammouth obèse.
Après les incantations intellectuelles: Yet you lay down, yet you lay, et We are not dead yet, we are undead ou This heart is all that keeps us
up, this heart is beating ou encore When you give it all up, you get it up, gueulées dans la foule et par la foule, il prévient ' Behold the lamb' , les fidèles entament une danse de la Saint-Guy pendant que le ministre du culte escalade hauts-parleurs, bondit, rebondit, s'affale, meurt, renaît, et repart au galop vers les gradins supérieurs.
Exubérant tu dis, ce n'est qu'un début, continuons le combat!
Sur fond Technohead, tu te souviens 'I wanna be a hippie', il en remet une couche, une pile survoltée, always bouncing around, imité par les paroissiens excités.
Le happening se poursuit, il invite la masse à l'aider à ouvrir un parachute multicolore sous lequel 80 personnes se cachent car il pleut des serpentins, là dessous commence une danse échevelée, enthousiasme au zénith.
Il annonce une dernière prière pendant laquelle la Rotonde se mue en trampoline géant.
Bye, bye, Brussels!
Retour du zigoto pour un bis, il invite les disciples à former un cercle et à entonner..let it go... ooh ooh ooh..
Effervescence, ferveur, communion totale... le show le plus drôle du siècle!