Il n'aura pas fallu longtemps pour que le concert de Ian Anderson soit affiché sold-out.
Live Nation signale qu'il ne faut pas espérer avoir plus de chance à Amsterdam, le 19/11, la même pancarte décore le guichet: uitverkocht!
Thick as a Brick, cinquième studio album de Jethro Tull, sort en 1972.
Projet ambitieux, un concept album, le premier catalogué progressive rock pour l'équipe de l'Ecossais, Ian Scott Anderson, flûtiste unijambiste, comprenant un seul morceau ( 43' 40"), il est vrai en deux parties, face A / face B, il fallait retourner le vinyle!
Le line-up en 1972:
- Ian Anderson / flute, acoustic guitar, violin, saxophone, trumpet, vocals
- Martin Barre / electric guitar, luth
- Barriemore Barlow / drums, timpani, percussion
- Jeffrey Hammond-Hammond / bass, spoken word
- John Evan / organ, piano, harpsichord et un guest musician:
- David Palmer / string arrangement and conducting
Mick Abrahams ( Blodwyn Pig)- Clive Bunker ( Blodwyn Pig, Robin Trower, Jude...) - Glen Cornick ( Wild Turkey) avaient déjà, tous trois quitté, Jethro Tull!
Février 2012, Ian Anderson annonce une suite à TAAB: Thick As A Brick 2 , subtitled Whatever Happened to Gerald Bostock?.
Ce ne sera pas le nouveau disque, tant attendu, de Jethro Tull mais le cinquième album solo de son leader.
Depuis avril 2012, le Thick as a Brick Tour sillonne les plus belles salles européennes et américaines pour atterrir à Bruxelles, Cirque Royal, ce 16 novembre!
Accompagnent le boss: David white hair Goodier à la basse et glockenspiel, il se meut aussi bien dans le monde classique que l'univers jazz ou rock - Scott Hammond aux drums ( comme Goodier il a tourné avec le Tull en 2011) - John O'Hara, aux claviers ou à l'accordéon, officie comme conductor - il incombe au jeune Bavarois Florian Ophale de faire oublier Martin Barre à la guitare, il s'en tire avec les honneurs - un cinquième élément, Ryan O'Donnell, seconde Ian Anderson aux vocals, tout en ajoutant un élément théâtral indéniable au show.
20:15' pas mal de retardataires n'ont pas encore occupé leur siège, sur scène une équipe d'ouvriers en salopette brune s'affaire, quelques travaux ménagers, dépoussiérage des instruments, un coup de balai, un préservatif usagé ramassé...c'est à vous, Monsieur.. le pauvre sexagénaire répond négativement d'un signe de tête. En arrière-plan, sur l'écran: a factory, puis le cabinet d'un psychiatre accueillant l'antihéros, Gerald Bostock ... le décor est planté, les musiciens se débarrassent de leur bleu/brun de travail pour prendre la place qui leur est assignée, tel un satyre libidineux, l'éleveur de saumon surgit pour entamer le ' Thick as the Brick' de 1972.
La plage sera reproduite dans son intégralité, à la manière d'un opéra rock ( style Tommy ou le Lamb lies down on Broadway de Genesis), en support visuel: des vidéos, collant au propos musical ( paysages bucoliques, photos de rock stars ayant rejoint le paradis, tableaux de Bosch ou Bruegel ) ou loufoques, un homme-grenouille traînant ses palmes dans des ruelles ouvrières.
De temps en temps, quelques annonces publicitaires humoristiques ou un bulletin météo viennent interrompre la symphonie.
Comme Ian ne peut à la fois chanter et hanter la flûte, Ryan O’Donnell, au timbre quasi similaire à celui du sexagénaire, le remplace aux vocaux, sa présence scénique combine chant et talents de mime.
On assiste à un véritable tourbillon, Ian galopant à droite, à gauche, entamant différents duels avec le stage performer ou Florian tout en exhortant le public, il nous fait des grands yeux à la Marty Feldman... à un moment, il reçoit un coup de fil, c'est la violoniste Anna Phoebe, rejoins nous, suggère-t-il, elle apparaît sur l'écran pour accompagner le band au fiddle.
Musicalement on approche de la perfection: du folk médiéval, des choeurs grégoriens, du progrock grandiloquent, des envolées de flûte, un drum solo, de l'épique, du sentimental, du majestueux, un menuet et lorsque sur l'écran apparaît BRICK, la première partie est enterrée.
Pause de 20'
' Thick as a Brick 2'
You Tube , Lord Ian Anderson nous fait visiter his estate: jardins, poulailler, meadows...
Il doit pas s'emmerder!
C'est parti, 17 tracks ( including instrumentals ) relatant les aventures de Gerald Bostock, maintenant âgé de 50 ans, en enfilade :
01 – From A Pebble Thrown
02 – Pebbles Instrumental
03 – Might-have-beens
04 – Upper Sixth Loan Shark
05 – Banker Bets, Banker Wins
06 – Swing It Far
07 – Adrift And Dumbfounded
08 – Old School Song
09 – Wooton Bassett Town
10 – Power And Spirit
11 – Give Till It Hurts
12 – Cosy Corner
13 – Shunt And Shuffle
14 – A Change Of Horses
15 – Confessional
16 – Kismet In Suburbia
17 – What-ifs, Maybes And Might-have-beens
Longs passages instrumentaux, soli délirants ( le jeu de Florian te rappelle un certain Gary Moore et John O' Hara séduit aussi bien à l'accordéon qu'aux interventions proches du clavecin), joutes sauvages, passages récitatifs, mouvements de bravoure, petite fanfare, homélie Benedetto XVI et une flûte omniprésente... il y a du Peter Gabriel dans l'emballage mais, une chose est sûre, Ian Anderson s'amuse tout en prenant des risques, les fans de Jethro Tull vont-ils le suivre dans cette voie aventureuse?
Après avoir entendu l'immense ovation d'une salle, debout en fin de concert, la réponse est sans conteste: oui!
Normalement, lorsque The End s'affiche sur la toile les gens quittent la salle.
Ian Anderson and band reviendront pour un rappel magistral, un des 20 meilleurs morceaux rock de tous les temps, ' Locomotive Breath' ...du souffle, il en a le bougre!
Un petit Chuck Berry walk en marche arrière pour bien nous montrer qu'il n'est pas prêt à rejoindre la maison de repos, le rideau s'abaisse!
Demain, le 18, Paris!