Monogrenade à la Rotonde du Botanique, Bruxelles, le 31 octobre 2012

Monogrenade n'est pas japonais, ni andalou, ni même haut-garonnais, tu penches pour le fruit pulpeux ou, parce que tes instincts sont du genre belliqueux, tu as en vue un Zhen Tian Lei plein de poudre, tu te trompes encore... Monogrenade est originaire de Montréal et se meut dans un univers indie pop/postrock/art rock  majestueux, chanté dans le vocable de Robert Charlebois.
La Rotonde sera peu garnie lorsque, vers 20:25, le leader Jean-Michel Pigeon ( compositions, chant, piano, guitare)- Marianne Houle ( violoncelle, percussions, backings) - Mathieu Collette ( batterie, programming) et François Lessard ( basse, guitare), flanqués pour la tournée de deux gentilles violonistes: Julie Brunet , alias Grenadine et Ingrid Wissink ( membre du cajun/ bluegrass band Canailles) investiront le podium.
Le concert sera en grande partie basé sur l'album ' Tantale' sorti en 2011, après un EP ' La saveur des fruits' en 2009, mais le ramier nous expliquera qu'un nouvel ouvrage est en gestation et que nous aurons droit à quelques ébauches non définitives.

'Intro' amorcée par un violoncelle aristocratique, auquel se  joint un duo de violons symphoniques, suivi par un piano impressionniste, Pigeon entame son ramage ' La Marge' , plage, à l'origine douce, qui s'emballera après quelques mouvements.
Ceux qui citent Yann Tiersen n'ont pas tort, d'autres avancent Godspeed You! Black Emperor, c'est pas con!
'D'un autre oeil' sera tout aussi atmosphérique, avec une voix et des choeurs comme en apesanteur.
' Etrange', probablement un nouveau titre, démarre sur fond, sombre et dissonant, de cordes anxieuses sur lequel se greffe un jeu de touches fin de siècle des plus raffinés, ce rondo hypnotique connaîtra un final cataclysmique proche du math ou noise rock d'un Don Caballero.
L'escapist, ' M'en aller' un des tous grands moments du set, violoncelle et touches electro arrachent, le morceau  explose en brillant final 'Suds and Soda' ( dEUS).
 La lente et méticuleuse 'Araignée' tisse une soyeuse toile en spirales dont les auditeurs, naïves proies, ne pourront se dépêtrer.
 ' Escapade', décidément, le pigeon veut se tirer.
Changement de registre: beats soutenus, guitare métallique, ' Tantale' .
Quel crime a-t-il commis ce Tantale  pour lui  asséner la litanie... t'es lâche, t'es fainéant... ,on dirait maman, murmure un timide voisin.
Boum, boum,boum... fait Collette, pas la génitrice de Claudine, non Mathieu qui s'énerve sur les caisses pour ébaucher 'Obsolète' , un rock soutenu pendant lequel un couple, généreusement nourri à la boisson nationale, s'essaye à un twist bancal.
Hilarité générale, même Clinton se tenait la panse.
Quoi, V7nce?
Tu l'as pas reconnu, c'est Be Plouvier, notable introverti!
Un petit côté Noir Désir pour le catchy ' Ce soir'.
Celui de Golden Earring?
Euh, pas tout à fait, il n'est pas question de kill me ou d'assassination mais de danse.
 Retour au classicisme  avec la valse sombre ' La Fissure', une merveille poétique suivie par l'ample et tourbillonnant ' Drive' , une nouvelle plage, tout comme ' Le fantôme' , drame québecquois aussi atroce que Le Petit Poucet.
Ouaté et léger sera  le joli ' Immobile' qui précède la dernière salve, ' Le Pantin', un electro rock tribal cousu de gros fils punky.
Plouvier, en sueur,se déchausse et finit par balancer, un à un, ses oripeaux, un tricot vient se fixer sur la basse du brave François, tandis que la panse libérée, le Be se lance dans un numéro d'air guitar distingué.

Bis

Tous dans la fosse, face à l'énergumène, le singalong boyscout ' De toute façon', avant la séance autographes au stand merchandising où se presse une mini foule enthousiaste!

Monogrenade , la faculté préconise (à forte dose)!