Vingt heures et des poussières dans les caves du Bota devant quelques pelés: un torse nu, une basse barbue et une batterie prennent place:
The K.
Non, ce n'est ni Mademoiselle K, ni une nouvelle de Buzzati, ni le Joseph de Kafka, ni das Kapital, oublie le potassium ou une tire immatriculée au Cambodge et si tu pensais 'Lilali' de Kim Kay, t'étais encore à côté de la plaque..
The K., récente signature JauneOrange, est un trio noise/punk viril à l'énergie débordante, loin de l'image pop sucrée/ chansonnettes pour gamines délurées de bon nombre de membres de l'équipe liégeoise.
Dans un passé pas si éloigné, Geoffrey Mornard: bass/backing vocals et Sebastian von Landau: vocals/guitar sillonnaient le pays sous le pseudo The Kerbcrawlers, ayant perdu leur drummer dans une fosse le long d'une départementale, jamais empruntée par Jean Yanne, ils recrutent Sigfried Burroughs et s'ébattront sur scène sous le patronyme The K.
Mission: en 35' chauffer la salle avant le set de The Computers!
Verdict: une réussite totale, il y a longtemps que t'avais plus vu un groupe de souche wallonne aussi performant!
'Bald Woman' entrée en matière tonitruante, volume sonore niveau Destop débouche tout, un rugissement de gorille en rut à moins qu'il s'agisse d'un gargouillement intestinal de Bart De Wever venant d'avaler sa neuvième gaufre à la mayonnaise, une basse et des caisses martyrisées: c'est des méchants!
Seconde décharge, 'Fragrance' , tout aussi vitaminée et sentant la sueur.
Pas une sécrétion de tapette, l'animale qui pue!
Torpille suivante 'Essential Chippendale', disto omniprésente!
Un background Black Sabbath meets Jesus Lizard pour le heavy rock 'Tour Operator': rire sardonique, quelques acrobaties pour décharger l'adrénaline, le grand écart ( on sait jamais, Béjart est peut-être dans l'assistance, d'ailleurs plus nombreuse) et Burroughs frappant comme un queer n'ayant pas digéré son déjeuner.
Virage punk revigorant, basse en évidence: ' Maneater', m'en vais prendre le pouls de l'assistance, je reviens, j'ai la colique, je me roule sur le sol, ça va pas mieux, j'escalade le drumkit...
On s'emmerde pas, l'image correspond à l'état civil!
Accélération rageuse: ' Untitled', jusqu'ici!
'Streaks in the sky' , nouveau numéro de voltige avant une seconde balade dans la fosse.
Julien, je te refile ma gratte!
J'sais pas jouer, monsieur!
Gratte, et toi, merde c'est moi, je t'embrasse!
M'étais pas rasé, si j'avais su me serais enduit de sent bon!
'[11/4]' amorcé par le cogneur, puis des vocaux aussi mignons que ceux des Beastie Boys et enfin on pique un sprint final, ' Shaved', la tondeuse folle épile tout sur son passage, nous on se tire backstage pour avaler une Maes, on vous laisse en compagnie de la famille Larsen!
Excellent boulot!
Longue séance démontage, montage, soundcheck, maquillage... il sera 21:15' lorsque The Computers, tout beaux, tout propres, tout blancs se pointeront sur scène au son de Johnny Cash' God's gonna cut you down'.
Si il y a bien un groupe qui a décidé de tromper le monde avec le choix de son label, ce sont les Computers.
Tu penses à Kraftwerk, Iannis Xenakis, Tomita, Dopplereffekt, Eno, l'ambient, la laptronica, au sampling etc... et nos joyeux British d'Exeter agressent tes pavillons avec un hardcore punk/ garage rock'n roll des plus féroces.
Alex grande gueule Kershaw (guitar / main vocals), Sonny (guitar / vocals), Nic (bass / vocals) and Will (drums) forment les Computers, annoncent tous les sites. Au Witloof, ils étaient cinq, donc tu ajoutes un keyboardplayer pas bidon!
Dans Strictly Reading and Leeds Festivals tu lis en juillet 2011... They aren’t just good on record either, their live shows really pack a punch...
Le premier full CD ( recorded live to tape), 'This is the Computers', fait à peine 25 minutes pour onze titres, les critiques anglo-saxonnes sont plus qu' élogieuses et, après le set furieux donné hier au Bota, le nombre de fans européens ne peut que décupler.
Pas de setlist, huit titres balancés en 25' et Alex annonçant that was it avant que lui et ses potes ne regagnent les loges!
Oui, mais 25 minutes tempétueuses, un ouragan pas tropical a dévasté le caveau hier soir.
Dès le premier titre ( probablement 'Where do I fit in?'), c'est le carnage, une sauvagerie brutale. Tout en éructant some screamo vocals et en maltraitant sa guitare, Alex vient se mêler aux premiers rangs.
Tu te tapes un bain de Maes te rappelant ton baptême à l'ULB en 1951/52, un petit nerveux s'acharne sur tes orteils en bondissant comme un marsupial nourri aux amphétamines, à ta gauche, un sosie de RickyBilly crache en direction de la basse, derrière toi, le spectacle est pareil, va falloir se trouver un coin plus tranquille si tu veux prendre des notes et immortaliser ces agités sur pellicule!
Depuis Jim Jones Revue t'avais plus assisté à une telle corrida: ' Lovers, lovers, lovers' - ' Blood is thicker', un incroyable mix AC/DC / Black Flag/ The Ramones/ Screamin’ Jay Hawkins/ The Cramps/ Stray Cats... puis, l'énervé tatoué présente 'Teenage Tourette's Camp' au drumming forcené.
Pour la suite on doit deviner, probablement 'Cinco de Mayo' aux riffs surf exaltés - on n'est pas certain d'avoir reconnu le 'Surfin Birds' des Trashmen ( une honte), mais on a entendu les fameux "Papa Oom Mow Mow", popularisés par les Rivingstones - ''I've got what it takes' au tempo rockabilly et au refrain repris à quatre et la dernière, guess what?
'Music is dead' , le groupe à fond la caisse pendant que le frontman, pour la dixième fois, vient se mêler au bon peuple plongé dans un climat de folie pas tout à fait douce.
Il faudra attendre près de 5 minutes avant de revoir les gars d'Exeter se repointer et expédier trois bis volcaniques, dans le désordre, une nouvelle fois les titres seront pris en mode point d'interrogation: ' Please drink responsibly' - 'Yeah yeah yeah but' et peut-être 'Rhythm Revue'.
Il est grand temps que t'ailles voir les Computers avant que ces voyous ne soient tête d'affiche lors des grands festivals.
Chez toi, sain et sauf!
Etalée face au petit écran elle te dit sans sourire: c'est toi qui pues comme ça?
Avec les dents tu t'ouvres une Jupiler, sans daigner répondre!