La VUB en pleine période de baptême des bleus ou bleuettes ( schachten), le houblon coule, des stigmates de vomissure et des odeurs d'urine sur les trottoirs et le gazon de la plaine universitaire: folklore pas mort!
Pas le temps de jouer, t'es attendu au Kultuur Kaffee où doit se dérouler un double concert en ce frais jeudi d'octobre.
21:00 The Herfsts
C'est début juillet ( Hee Tervuren) que tu fis la connaissance du sevensome de Louvain.
On te rappelle leur identité: Koen Saelemaekers, Michaël Cloet, Stijn De Mulder, Wim Raes, Jannes Jaspers, Sam Gyselen, Pieter T'Jampens.
Ces braves gars chantent ( pas tous), jouent de la guitare ( 3 ou 4), de la basse, des claviers ( 2 ou 3), du glockenspiel et l'un d'entre eux s'agite derrière des fûts.
Comme durant l'été, tu apprécias leur indiepop faisant la part belle au chant choral et aux refrains aguicheurs avec, quelques fois, de solides escapades noisy à la guitare.
Ils aiment Arcade Fire, Weezer, la Britpop, The National, Interpol, Beirut, Vampire Weekend... peut-être les Wild Mocassins ou Sufjan Stevens.
Trente minutes de set, sept titres frais et sautillants parmi lesquels tu as reconnu 'Eyes like sunken ships ' ou ' The Rapture', du choral mixé à de la cold wave.
' Make Waves' flux et reflux d'eaux agitées.
Un rondo flamboyant mené tambour battant et pour prendre congé 'Two dancers' , une boîte à musique décorée de deux figurines déguisées en ballerines, le côté enfantin étant souligné par l'usage d'un glockenspiel que Jannes vient tapoter assis au devant du podium, comme le brave écolier en culottes courtes assis à son pupitre et le tambourinant en attendant l'heure de la récré.
La jolie comptine finira en tourmente de guitares énervées.
Changement radical de registre avec
Reverend Peyton's Big Damn Band
a three-piece outfit, tout droit sorti du musée d'anatomie pathologique fondé grâce au legs du chirurgien Guillaume Dupuytren.
Le père, le personnage central jouant de plusieurs guitares ( en picking ou à la slide), de l'harmonica et chantant comme un Raspoutine de l'Indiana, quand il ne harangue pas les foules assistant à ses prêches, c'est Reverend Josh Peyton - au washboard et second vocals, sa moitié, la coquette Breezy devenue Peyton ( non ne pense pas à Mia Farrow, aucun rapport...), chaussée de bottes d'un rouge aussi écarlate que son lipstick et enfin aux drums, le mignon Aaron “Cuz” Persinger, un gars qui, comme les Asiatiques, bouffe tout avec ses baguettes: gigot de mammouth et cuisses de vautour....
A propos des jouets du pasteur, pointons une pièce de collection, une Resonator datant de 1935!
A juste titre tu te demandes si on va assister à un concert de chants grégoriens, détrompe-toi, Eustache, leur truc c'est de la nourriture pour les blueseux, les rockab's intégristes, les psychobillies, les country-punkeurs et ceux qui pensent que le rock'n roll est mort quand Elvis a découvert Las Vegas!
5 ou 6 albums ( le dernier en hommage à Charlie Patton: 'Peyton on Patton') et un EP !
Un drumming martial afin de bien montrer que l'office vient d'être entamé: ' My soul to keep', âmes sensibles s'abstenir!
Mes chers frères, mes chères soeurs sing with me... oh when the saints go marchin in... version punkabilly.
' My old man boogie' is a drinking song à la mémoire de mon vieux que je n'ai jamais vu sobre et, forcément, dans son bled il était l'ami de tout le monde.
A peine moins cintrés que Slim Cessna et sa clique.
' Worn out shoe' is a travelling song et, avant de commencer, je tiens à vous annoncer que je ne parle ni le flamand, ni le français, que mon anglais est incompréhensible et que I play guitar like a son of a bitch.
Bénie soit votre mère, mon révérend!
Quelques problèmes techniques ne vont guère gâcher le plaisir des students.
'Glory glory hallelujah' du gospel/bluegrass speedé.
Vous avez vu, je joue du bottleneck derrière my redneck.
Breezy: moi j'utilise Ariel pour mon linge, c'est mieux qu'Omo, pas vrai Elio!
' Sure feels like rain' du pur Creedence Clearwater Revival sur une National, fabuleux!
L'effervescent 'Fort Wayne Zoo' pour suivre, quelqu'un a probablement ouvert la cage aux ours, ça cavale dans tous les sens.
' Plainfield blues' sonne, à nouveau, John Fogerty.
Une leçon de guitare en trois épisodes, ouvrez vos mirettes, péquenots: pas de pédales, pas d'IPod - pas d'ebow... mon pouce fait la basse et mes doigts virevoltent en picking: vu?
Ja!
Je continue la démonstration: 'Peter Gunn', puis 'Yankee Doodle' combiné à 'Dixie'.
Une fameuse tricoteuse barbue!
Un protest bluegrass ' Everything's raising', sauf nos salaires.
Un titre participatif: clap your hands, stamp your feet and shout... t'as intérêt à obéir!
'Elder Greene Blues' de Charlie Patton, joli duo vocal, les Peyton devenus les amoureux de Peynet.
Même disque, le concis 'Shake it & break it'.
Pendant 'Mama's fried potatoes', un zouave imbibé entame une danse de Saint Guy sur scène, il a droit à un coup de botte rouge dans les parties génitales.
Ouais, ça fait mal!
A spiritual à la sauce Peyton ' Prayer of death, part one' enchaîné sur 'Born bred corn fed' l'hymne de l'Indiana rural pimenté au punk.
Un blues ferroviaire ' Train song' interrompu par un chef de gare local, cocu comme il se doit, qui d'un larsen strident impose le silence.
Un instant de surprise, mais très vite la locomotive reprend sa course folle.
La dernière, kids: ' Your cousin's on cops' , mieux que Laurel & Hardy, surtout quand le chef joue de la slide avec son harmonica.
C'est fini, je refile un coup de santiag dans la grosse caisse.
Fameux show, tonique à souhait.
Un bis, vite fait: 'Two bottles of wine', par personne, pour commencer la soirée.
Breezy, qu'est ce que tu fous?
Elle met le feu à sa planche à laver.
Plus dingue qu'Arthur Brown, cette nana!