Faut ériger un monument à Bart, le programmateur du Candelaers à Uccle, c'est la seconde fois en moins de trois ans qu'il parvient à booker l'immense Elliott Murphy dans une salle à peine plus grande que ta cuisine.
Concert sold-out évidemment quand tu sais que le toujours jeune sexagénaire de Long Island est suivi dans tout le Benelux, et chez le petit Nicolas, par une nuée de die-hard fans de 6 à 86 piges, on a vu Lisette Van Bommel ( 78 balais) jeter ses béquilles et rocker comme une gamine de 16 ans. Murphy c'est mieux qu'un trip à Lourdes ou que la pommade miracle du docteur Schweiss.
File sur l'avenue Brugmann à 19h45', Ali Baba ne commence son boulot qu'à 20h.
Les cloches de St- Pierre, sur le parvis du même saint, annoncent que l'heure est venue: cohue, mais à 20:40' tout le monde est au poste, the show can begin.
Les All Stars normands se faufilent sur scène: le grand Laurent Pardo à la basse, Kojak Alain Fatras au cajon et cymbale frappée de 8 doigts de couturière et Olivier Durand, le fils caché de Lucky Luke et Calamity Jane.
Elliott Murphy , son galurin et sa gratte sont salués comme il se doit.
Les fidèles s'agitent, la cérémonie liturgique peut commencer, on se passera des enfants de choeur, en grève depuis la démission de Monseigneur Van Geluwe.
'Gone, gone, gone' un des titres de son dernier CD ( le 615 ème), simplement intitulé Elliott Murphy.
Une ballade mélancolique illustrant parfaitement les talents de singer/songwriter de ce fils spirituel de Jack Kerouac.
Il paraît plus en forme qu'au Cactus hier, me souffle Henk qui compte bien se taper Mons ce soir.
Un plongeon dans le temps: 1975 ' Hollywood' ..I remember when you were on the farm
Dreaming about Andy Warhol... Pas une ride et une première salve du petit Durand.
'Sonny' le Candelaers transformé en impressionnant vol de goélands migrant vers la Gambie et reprenant ...Sonny, I was flying like a bird..
Titre magique et flamboyant, imagine Duane Allman et Dickey Betts s'affrontant pour les beaux yeux de Dame Brunehaut.
'Pneumonia Alley' une ballade Murphyenne décorée d'une slide lisse.
L'addictif et endiablé 'Change will come' sera repris en chorus (sauf par ma voisine , la Muette de Portici) par la chorale uccloise au grand complet.
It's time de vous présenter l'équipe: Alan et Laurent derrière moi et un petit nouveau, ayant commencé les cours de guitare il y a 8 jours: Olivier D. On va vous interpréter, puisque vous êtes des amateurs de Duvel, ' Take the devil out of me' du dernier né.
Ce diable est countrysant et se pose des questions existentielles.
Olivier, sors du rang, monte à l'avant- plan et balance leur quelques riffs cinglants.
Bien, chef!
Elliott est d'humour canaille ce soir, encore 1 ou 2 plaisanteries et on attaque ' You don't need to be more than yourself', une lovesong lucide, pimentée d'un duel de fleurettistes galants .
Faut que j'achète cette nouvelle plaque!
Bluestime: 'Take your love away' , un harmonica shuffle, suivi d'une galopade vers le Mont des Oliviers et le Elliott qui gueule, attends petit, j'arrive!
Une chevauchée fantastique digne du John Ford de 1939.
Titre coup de poing qui embrase la salle.
Le chef-d'oeuvre autobiographique, 'On Elvis' birthday', verra madame Josette essuyer quelques larmes.
Retenue et justesse de ton, la classe!
Je me choisis un harmonica, quelques notes du Star-Spangled Banner , c'est bon, feu: ' Caught short in the long run', sur le magnifique 'Just a story from America ' (1977).
Ne nous parlez pas de Bruce, Murphy faisait du Springsteen alors que le Boss rêvait encore du King devant le petit écran.
Et puis celui qui est né pour galoper ne jouera jamais dans un pièce dont la capacité maximale est de 91 unités (45 1/2 si ce sont tous des De Wever).
Le cajon lance la machine ' Rock'n Roll 'n Rock'n Roll ', Durand saute dans le wagon, la locomotive s'emballe. Uccle/ Paris en 29' 38"et 2 dixième, quelle pêche !
'With this ring' du romantisme à la Lord Byron, cette lovesong n'est pas écrite par un jeune exalté de 18 ans mais par un gars ayant vécu.
Dommage qu'on n'ait pas eu droit aux nappés de clavier sur scène.
Mais on resta ébahi face au grand numéro de gratte d' Olivier, le Havrais jouant la sérénade à une sexagénaire amourachée.
Attention, please, one, two, three, four ..As I lay down with my lady
The sounds of the night keep me warm...
On a tous reconnu l'immortel 'Diamonds by the yard' qu' Elliott joue à la lead.
Ce titre permet à chaque musicien de faire son numéro: un élégant impromptu à la basse, Alan black fingers en cajon/washboard wizzard et Durand en matador.
Epoustouflant , un immense cri de joie!
Hoelang hebben ze gespeeld?
1h20' Nathalie, ils vont revenir, c'est sûr!
Bis
La Normandie, en éclaireur, entame une romance fredonnée, New -York en T-shirt et sans chapeau, mais ayant gardé son foulard (cache calvitie?) , repointe le bout du nez: ' Come on Louann' .
Une communion totale avec les paroissiens, la folie guette.
Bis 2: 'Last of the rock stars' pas besoin de dessin...rock'n roll is here to stay... et un petit coup de 'Shout' pour vous permettre de gueuler à l'unisson.
Ferveur rime avec bonheur.
Pas fini, bis 3, unplugged, pour nous achever: sa version de 'Blind Willie McTell' .
Le délire.
Coup d'oeil à la Rolex: 22h25'!
Vite un dernier pour la route, bis 4!
Wait a minute, people, il y a un Lander ici?
Ja!
Solennellement, le professeur Murphy lui tend un diplôme de concert promoter sous les applaudissements amusés de la salle.
Rouge, qu'il était le stagiaire!
Bis 4: 'Drive all Night' , une croisière hispanique virant bis 5 'Green River'!
Y a pas photo: LE concert de ce début 2011!