Il a fallu attendre quatre longues années pour que Silver Junkie accouche d'un premier full album, après le hors-d'oeuvre 'Midtown Walk', Tino Biddeloo et sa troupe ont décidé que le baptême de “Streets Boulevards” se ferait en grande pompe, un concert sur invitation au Palais des Beaux-Arts, devenu en cette ère d'analphabétisme généralisé: BOZAR!
Rendez-vous, rue Ravenstein au Studio 1!
T'avais plus vu le Tzigane argenté depuis un bail, pourtant le band avait assuré le support de Grant Lee Phillips l'an dernier, concerts sold-out in heel Belgenland.
Le line-up a subi quelques modifications: Tino ( chant, piano, acoustique) est toujours à la barre - le fidèle multi-instrumentiste( guitares ac. et él., flûte traversière, piano, bandoneon) Paul Pollmann demeure maître d'équipage- le matelot exotique reste le Gantois, ich bin aus Amerika, Nik Phelps ( trompettes, clarinette, sax), on veut bien te rappeler quelques collaborations illustres: Tom Waits, Eric Johnson, Steve Horowitz... - à la contrebasse, on a embrigadé un brigand de chez Berlusconi, le jazzman mercenaire( Eve Beuvens, Sienna Dahlen, M L Béraud, S Tassignon et des projets propres, enfin pas toujours...) : Nicola Lancerotti et pour la fine bouche: aux drums et percussions, l'habile Karen Willems (Zita Swoon, Sofa, Yuko etc...), il serait injuste d'ignorer les gracieuses et douées vocalistes: Elise Caluwaerts et Lilith et, pour une osmose sensorielle totale, les oeuvres graphiques intrigantes de l'artiste Kathleen Steegmans.
Cajolant son nouveau CD avant de nous le faire voir, Tino vient annoncer l'ouverture du récital.
Le CD est tout frais éclos, mais bon nombre de titres n'attendaient que le bon vouloir d'une maison de disques, ainsi la Shakespearienne 'Ophelia', chantée par les plus grand(e)s, de Tori Amos à Peter Hammil en passant par le Band ou Nathalie Merchant.
L'héroïne, mentalement instable, mise en scène par Silver Junkie a des teintes tout aussi symbolistes que les représentations picturales de John William Waterhouse ou de George Frederic Watts, le bandoneon triste de PP lui donnant une saveur Astor Piazzolla, sans anchois.
Apparition d'Elise, une Ophélie en chair et en os. Tu dois retenir, fermement, JP et Vincent, tes voisins, prêts à déclarer une flamme éternelle à la vaporeuse enfant: 'A thousand words' , du soft alt.country à la Lambchop avec des touches Sparklehorse.
'Maria' le single, un downtempo sentant le Nick Cave et décoré d'une slide subtile. La vidéo animée de Gitte Lebruyn a remporté l' international competition web animation HAFFTube 2010.
Une petite séance cabaret featuring Lilith et Elise pour la valse tendance Leonard Cohen ' Better Days' , une sourdine transforme les sonorités de la trompette en wah wah jazzy.
Tu l'as dit, JP: arty!
Pol P. au piano pour 'Herd of clouds' , toujours dans l'atmosphère cabaret ( cf Kurt Weill), aux essences orientales ce coup-ci.
Oui, Vincent?
Tom Waits.
Il attendra encore, petit!
Une ballade symphonique introduite par le piano et la flûte traversière: 'Aimelee'.
L'incroyable richesse des arrangements te ramène du côté de la Canterbury scene: Robert Wyatt, Caravan, Matching Mole...
'Berlin' voit Lilith transformée en récitante ange bleu pour un monologue Berlin Secession, Stimmung Otto Dix und Max Liebermann.
Superbe plongeon dans le Berlin d'avant-guerre.
Le somptueusement délicat 'Perfume' vaporisé par le timbre soprano d'Elise, gracile demoiselle nordique en flou David Hamilton.
Grâce et fraîcheur!
'My own' date du EP et nous ramène au bon souvenir de 16 Horsepower.
On termine par l'élégante jazzy waltz 'Sweet & Divine'.
Le public, subjugué, ne désire nullement quitter l'univers raffiné de Silver Junkie et réclame un rappel.
Tino nous annonce un tout nouveau titre ' Days without ending', permettant la mise en valeur du sobre Nicola, attaquant un solo de contrebasse langoureux , bien secondé par le mini- cornet voyageur de Mr Phelps... take me dancing on the rooftop... euh, sorry, Tino, je souffre de vertige!
... show me how the blind can see... j'ai le n° de Stevie Wonder, mon garçon!
'Lovebird' une ballade bucolique, annonçant le printemps, clôt le récital.
Le 26 février Silver Junkie se produit dans le cadre du belgo-belge AB/Bota: allemaal daarheen dit le message!