C'est pas vrai, même pas un tête à tête aux chandelles, explique...
Ai rendez-vous avec Rudolf Valentino.
Et en plus tu te fous de moi!
N'oserais pas, mon chaton.
L' AB programme Citizen Cope et ce singer/songwriter né à Memphis n'a jamais foulé le sol bruxellois multilingue.
Le concert est sold-out depuis des semaines et, très vite, moult jeunes filles en fleur et leurs copains imberbes foisonnent dans un club baignant dans une duveteuse smell of teen.
Un programmateur vient annoncer que Citizen Cope se produira sans full band tonight, que le gig se déroulera en deux parties et no bar during the show, dernière recommandation aux lycéens: be quiet, please!
Kick off à 20:35'
Clarence Greenwood ( Citizen Cope) se dirige en titubant vers le micro trônant face à nous.
Paraît pas très clean le citoyen, yeux vitreux, regard hagard, Contador a été suspendu pour moins.
Quelques simples accords de guitare, il fait entendre sa voix, la claque:the vocals defy all expectations (Review-Fi), un murmure soul râpeux et onctueux à la fois, des syllabes à peine prononcées en gardant les paupières closes, ce mec t'envoûte d'emblée, pas étonnant que tes petites voisines amourachées le fixent comme une réincarnation de Jeff Buckley.
'Salvation' sur l'album de 2002 ( son premier, après une demo tape en 1992), un mix de folk bluesy/ reggae/ r'n'b et un phrasé hip hop: c'est imparable.
Tu y entends aussi bien du Dylan que du G Love ou Macy Gray, Wyclef Jean et même le vieux Richie Havens, tu ajoutes que les lyrics simples et directs s'imprègnent immédiatement dans ton cerveau et tu gueules ..salvation... salvation... avec les fidèles.
L'histoire de George from Baltimore, ou George la débrouille: '200.000 (in counterfeit 50 dollar bills)' du même CD, un peu plus sec, mais toujours cool et laid-back.
Se soigne pas qu'au Spa Reine, Clarence, après chaque titre il se rince les amygdales avec une gorgée de Bourbon:le surréaliste 'Pablo Picasso' ( sur The Clarence Greenwood Recordings - 2004) repris en choeur par la jeunesse locale.
Il s'adresse à nous d'un timbre de cadavre ambulant: it's just a thrill to be here tonight, c'est ma première expérience bruxelloise avant d'attaquer le formidable ' Bullet and a Target' plage finale en version live sur son 3ème CD ' Every Waking Moment', en version studio sur le précédent.
Les gosses connaissent mieux les lyrics de ce titre visionnaire que les strophes du 'Bateau Ivre' de Rimbaud.
Une nouvelle tranche de poésie urbaine ' D'Artagnan's Theme', Dumas revu et corrigé à l'aide d'un joint, ai même entendu la voix de baryton de Guy, sans Milou, chanter ..why don't you just fade away... Serait-il, à l'instar des gamines, tombé amoureux du beautiful loser?
La confession intime ' Every Waking Moment' sera suivie de l'enjoué 'Back together'.
L' épatante lovesong 'Healing hands' sur le dernier CD ' The Rainwater' .
Tu imagines, en mieux, Jason Mraz et Charlie Winston et tu auras un vague aperçu de la force d'attraction du bonhomme.
Tous les titres joués sont des hits en puissance, que tu fredonnes après quelques mesures, un magicien ce CC.
Le fort et imagé ' Lifeline' nous confirme la force persuasive de son écriture:
...Well the children still dying in the streets
The babies still living with disease
The cops got guns, the poor folks got sons
Who work for Mr. Franklin every week...
Et un dixième titre pour mettre un terme au premier set de 45' : 'Keep asking'.
Set 2
Semblant toujours aussi impassible( un blunt en coulisses?), il attaque le sincère, profond et mélancolique 'Holding on' .
Apparition du manager/nounou/roadie qui s'applique au ravitaillement liquide ambré, Clarence nous propose un Neil Young 'Out on the weekend', une version plus oppressante que l'originale.
Un timide Happy Valentine est suivi d'une plage aux accords plus élaborés 'Son's gonna rise', un singalong irrésistible.
Gros remous dans la cour de récré, les gosses ont reconnu le hit romantique 'Sideways' , que Sheryl Crow reprend sur son dernier CD.
Beau est éculé (sans n, avec accent) mais on l'utilisera.
Pendant que le troubadour urbain accorde son instrument, quelques kets ayant avalé deux pintjes se lâchent et chahutent, dans 1/2 h, papa au volant de son Audi Quattro viendra les récupérer sur le boulevard.
'Hurricane Waters' n'a besoin que de deux accords de guitare mais impressionne par sa puissance évocative.
'Fame' une nouvelle séquence de poésie urbaine.
Un léger sourire se lit sur son visage, il murmure: time for requests.
Les titres fusent, impossible de contenter chacun: ' Brother Lee'
I got a brother named Lee
Look just like me
He gotta lotta enemies
Got a brother named Lee
Looks just like me..
Repris par 250 gorges exaltées.
Communion totale, C C is the new Messiah.
L'amour toujours l'amour: 'All dressed up' une ballade amoureuse sera suivi de 'If there's love' montrant de vagues réminiscences avec les lovetracks d'un Bob Marley.
Un coup d'oeil du côté du guide/ manager/Colonel Parker ( ça te rappelle les seventies, époque durant laquelle un Marc Bolan ou un Joe Cocker, stoned et bourrés jusqu'à la moelle, étaient guidés par la main sur scène et reconduits de la même manière vers leurs loges) qui lui indique, en pointant sa Rolex du doigt, que c'est l'heure de ranger sa guitare.
A nouveau 3/4h se sont écoulés. A tes côtés, aucune trace d'ennui mais un hurlement juvénile pour exiger un rappel.
Il reviendra satisfait et nous balance une dernière romance 'One lovely day', aussi sirupeuse que du Art Garfunkel.
Un dernier moment de grâce avant de regagner ton chez-toi.