dimanche 30 mai 2010

Brussels Jazz Marathon (outdoor): Carmelo Muriel Grupo - Marc Lelangue Blues Band, Bruxelles, le 29 mai 2010

Quinzième Brussels Jazz Marathon, qui succédait au Brussels Jazz Rallye: une nouvelle fois, près de 130 free gigs( du 28 au 30 mai) aux quatre coins de notre bien aimée capitale.

L'astre solaire brille par son absence et les dieux ont décidé de nous arroser, en ce dernier samedi de mai.
Qu'à cela ne tienne, Etienne, wij weg, direction la Place du Sablon.

17h30: Carmelo Muriel Grupo.

Carmelo Muriel:flûte, saxophone soprano.
Un Cadixois, copain de la belle et, membre de l'Antonio Toledo Quartet, du Sasobongo Quartet, de l'Ovo Septet etc..
Pour nous interpréter son dernier né, 'El Jardin de las Naranjas' , il s'est entouré d'un groupe de fins jardiniers: Nono Garcia à la guitare, le plus belge des Andalus, sa madre l' a biberonné au flamenco.
Lors de son aventure bruxelloise, il a accompagné e.a. Vaya con Dios ou Chris Joris, il revient fréquemment goûter à la pluie chez Manneken Pis.
A la bateria, Juan Sainz (Saguiba, El Barrio, Jazztam, La Canalla...), encore un spécialiste du flamenco.
A la contrebasse:Pedro Verbisto uit Wilrijk (Jef Neve Trio, Bart Defoort, Ben Sluys, Musicazur.....).
'Celeste': batterie, contrebasse et guitare donnent le signal de départ, avant de voir la flûte s'envoler, légère, dans nos cieux couverts.
Un tango jazzy et aérien t'invitant au voyage . Le flûtiste prend sa pause café, Nono en profite pour poser ses premières banderilles colorées.
A ton tour, Pietje, brave peon, montre à ces gens du Nord ce qu'est le jazz du côté de Cadiz.
Fabuleux.
Le bedeau de Onze-Lieve-Vrouw ten Zavel a décidé que l'heure des vêpres était venue et actionne le carillon de l'édifice gothique.
Jazz et cloches font bon ménage, Meneer Verbist va ajouter une rythmique païenne au concerto paroissial.
'Talcualvalses' joué au sax.
Titre lent et lyrique, avec superpositions de rythmes binaires et ternaires.
'El jardin de las naranjas', un pasodoble élégant.
Flûte racoleuse et guitare exaltée.
'Cerquita de una rondeña' est amorcé par une longue et languide introduction , sax en évidence, avant que Juan ne décide de changer de tempo.
En fermant les yeux tu peux voir une feria d'étalons ibériques fougueux, montés par de fiers hidalgos et, lorsque le sax de Carmelo prend son envol pour un solo sinueux, c'est les arabesques de Lionel Messi, ridiculisant les défenseurs adverses, que tu visualises.
Une composition magistrale.
'Caseria' une buleria sensuelle. Nono Garcia transformé en Narcisco Yepes.
Du flamenco jazz du plus haut niveau, des musiciens au sommet de leur art.
L'organisation indique que l'heure de terminer vient de sonner: un dernier titre ( non repris sur le CD) que Carmelo dédie à Nono:' Nono's Changes' .
Un ultime flamenco nerveux, éclatant en feu d'artifices.
Acclamations!

Au pas de course pour rejoindre la Place Sainte-Catherine, à 19h on programme:

Marc Lelangue Blues Band
ML ne veut plus qu'on l'appelle 'gigolo', rigolo à la rigueur!
Début mai, il joue du Ray Charles. Fin mai, avec un line-up complètement différent, du blues.
Constante? L'apparente nonchalance et l'humour décalé...merci, beaucoup vous êtes bien aimables!
A la basse, le vétéran du Kentucky, Barry McNeese, he has played with anybody (c'est qui anybody? Kevin Mulligan, Michel Hatzigeorgiou, Charline Rose, Adamo....)- aux drums: Thierry Gutmann: d'Isabelle Antena à William Sheller, cet assistant au Conservatoire de Bruxelles a joué avec tout le monde (c'est qui tout le monde?) - Thierry Crommen à l'harmonica (Michel Fugain, Jacques Stotzem, Pierre Rapsat...) et aux claviers, dont un Hammond liturgique: Dominique Vantomme (Ann Pierlé, Karin Clercq, Stéphanie Blanchoud...on ne cite que les ladies...).
La crème, quoi!

19h05, on attaque et la pluie de refaire son apparition: complainte pour Ste Catherine, tous aux abris!
Tu veux une setlist, gars, tu m'envoies un mail, je réponds dans 7 ans.
Merci, Marco, te paye une Maes!
L'encyclopédiste courtraisien a déterré une dizaine de perles de l'histoire du blues: 'I hear some blues downstairs', de Fenton Robinson, pour démarrer.
We hear some blues right here!
Sale pluie, on t'emmerde!
Déjà un joyeux duel Hammond/harmonica.
On enchaîne sur un méchant shuffle...you got what you wanted...eh, pas nous qui avons demandé la drache, les agriculteurs, maybe?
Un slowblues pour conjurer les éléments, avec lignes de mouth harp déchirantes.
C'est pas un kromme,Crommen!
'She caught the Katy' and left me a mule to ride, de Taj Mahal.
Elles sont dures, parfois.
Un orgue majestueux pour souligner l'impuissance du mâle.
Du blues bien rond et funky: ...I'm just a playboy...il avoue, enfin... baby, come and play with me tonight...
Barry, un petit truc?
Yes, why not!
Albert King, un ' I'll play the blues for you' plein de feeling. Gros numéro de Dominique aux claviers, une araignée tissant sa toile machiavélique.
'Good morning, little schoolgirl' c'était une chanson pour le clergé belge!
C'est pas de moi, monsieur, c'est Marco qui l'a dit...
15 Ave Maria et 26 Pater Noster, vilain bougre!
Une petite chanson, deux accords: 'Why are people like that', un classique, écrit par Bobby Charles( décédé en janvier). Muddy Waters, Junior Wells avaient ce social blues à leur répertoire.
'She's into something' encore une locomotive (Robert Cray, Albert Collins, Muddy Waters...).
Crommen déchaîné, mes voisines: idem!
Retour au calme, pour un lazy blues.... don't need no Cadillac car... vu le tarif du carburant, on comprend!
On achève le concert par une dernière pièce archaïque, épique, philosophique et prémonitoire...what are you gonna do on judgment day.... sur fond d'organ juteux, à la Booker T.

Marc Lelangue et le Brussels Jazz Marathon: une histoire d'amour sans fin!