La Maison des Musiques ,rue Lebeau ,à Bruxelles organisait en ce samedi venteux, le deuxième Festival comme à la Maison.Une programmation alléchante ,deux scènes et du monde.(Bruxelles avait choisi le festival comme mise en bouche pour la Nuit Blanche).
17h30 Rue Royale
Ruth et Brookln Dekker, ou Rue Royale , pas celle de Bruxelles mais un axe important à Chicago,sont de retour à Bruxelles.
Leur longue tournée européenne (3 mois) les avait amenés à l'Ane Fou (comme en avril dernier) et à l'Atelier 210 .Hier, Le Sablon!
Le couple a gagné en assurance et nous servira un set succulent.
Brookln à l'acoustique et à la grosse caisse et la charmante Ruth aux shakers et percussions diverses ,sans oublier des vocaux harmoniques.
'Lunacy' une nouvelle fois leur folk/pop doucereux et delightful te caressent les cellules nerveuses .Tu fermes les yeux et tu te laisses bercer par les close harmonies.
'Parachutes and lifeboats', sur leur EP 'The Search for where to go' ,avec ooh ooh oohs chatoyants et Ruth tapotant un tambourin .Ce West Coast folk a des relents psychédélique attachants.
An old song,la première écrite ensemble 'Even in the Darkness' ...oh I will follow you even in the darkness .....:that's love ,baby! Ruth a quitté ses Midlands (Staffordshire) pour suivre son mec chez l'Oncle Sam.
'These Long Roads' folk acoustique à la Roger McGuinn(les Byrds) ou Crosby and Nash.Rue Royale n'a pas à absorber des substances hallucinogènes pour nous faire planer, leur mellow and delicate tunes doivent énormément au Flower Power.
Insidueusement ,le duo enchaîne sur le fabuleux 'Go your own way' de Fleetwood Mac,une influence majeure....Lovin you isn't the right thing to do ...j'entends Stevie Nicks et Christine McVie/Perfect :parfait!
'Stars' leur tube myspace:imparable! Une seconde cover brillante 'Murderer ' de Low,les papes du lo-fi rock.Version magique et lyrics forts ...you may need a murderer someone to do your dirty work ... on aimerait tous ,de temps en temps, avoir recours à un murderer,non?
Plus joyeux ' Tell me when you go' avec percussions dansantes.
'On and on' vocaux éthérés ,ambiances à la Mama's and Papa's, du neo-folk amène.
Et 'U F O' un dernier titre astral clôture ce set tout en douceur.
Rue Royale ,mieux que Ségolène.
The Sleeping Years 19h15
Dale Grundle(Coleraine,North -Ireland) était le frontman des Catchers ,un indie-pop band irlandais brillant .Deux albums et un dernier show, au Garage à Highbury, en 1999.
Dale a formé les Sleeping Years en 2006. 'We're becoming islands one by one ' leur premier album est sorti en mars 2008,précédé par quelques EP's .
Le public se presse frontstage pour apprécier les perles folk/pop mélancoliques et intimistes ,distillées par Dale et son band.
L'élégant irlandais entame le set seul,à l'acoustique, par 2 titres de folk émotif et introspectif 'The Sleeping Years/ Mascoquin,Coleraine' . Tu entendrais les mouches voler, si ce mois d'octobre n'était aussi glacé et cotonneux . Evidemment ce climat irlandais convient idéalement à ses mélodies propices aux songeries.Il y a du John Martyn ou Nick Drake chez Mr Grundle.
'The lockkeeper's cottage' toujours introduit par une guitare romantique ,mais très vite Dale est rejoint par la magnifique violoncelliste asiatique ,Michelle So et par un keyboard player (Dan Wood?) ajoutant une digne majesté à cette fantaisie similaire à the Divine Comedy.Le groupe de Neil Hannon paraissant bien pompeux en comparaison. Sleeping Years fait dans l'apparente simplicité.Un morceau magique.'You and me against the World' avec Tom Page aux drums.Le titre est introduit par des battements de mains frétillants ,accompagnant une guitare jouyeuse et un violoncelle joué en arpèges.Une composition enlevée,au texte poétique ...We've been running for so long from jaded hearts and broken love ....well it's you and me against the world... Cette plage devrait faire un hit single.'Islands' title track of the album ,Ireland is an island ,isn't she?
Ambiance feutrée et sifflements lyriques ,violoncelle bouleversant et backing vocals discrets du keyboard player.'Setting fire to sleepy towns' un midtempo sensible ,de facture classique.Arty folk.
'Broken homes' ou comment quitter la verte île...leaving my home shores and north winds... bel hommage à la culture et aux paysages irlandais.'The shape of things to come' pas celui des Yardbirds ,du folk/pop symphonique raffiné. 'Clocks and clones' nouvelle mélodie chavirante ,avec jeu de guitare incisif...this is the sound of dislocating this is the sound of distance overtaking ..une beauté intemporelle. 'Nearly got it made' guitare et violoncelle pour cette ballade ouatée.
Last song:'Dressed for rain' il y a intérêt avec ces nuages menaçants.Morceau fragile,tout en émotion ,d'une beauté simple.
The Sleeping Years ou comment occulter l'agressivité urbaine en savourant les oeuvres musicales d' un conteur élégant et fascinant .
Emily Jane White
Dans la salle exigüe à l'étage.Plus de 50 personnes n'auront pu assister à la prestation de ce nouveau phénomène dark folk/blues de San Francisco. Un album 'Dark Undercoat'(2008) et elle se retrouve à l'aube d'une grande carrière.Comme influences,on cite Nick Cave,P J Harvey ,les grands bluesmen , la mythologie et les romancières /poètes Sylvia Plath ou Toni Morisson.
Sur scène trois gracieuses jeunes filles attendent le signal du départ :Emily Jane:guitare acoustique-Jen Grady:cello et Carey Lamprecht :violin.
En trio vocal ,elles entament..;If you miss the train I'm on You will know that I'm gone You can hear the whistle blow a hundred miles . ..,le magnifique '500 Miles'(de Hedy West) popularisé e.a. par Peter,Paul & Mary ou Sonny & Cher ou Richard Anthony (Et j'entends siffler le train).Toute ma jeunesse,j'en pleure encore.Une version ample, par l'apport des cordes , émouvante et grandiose.'Dark Undercoat' après les habits de pluie de Sleeping Years. Un violoncelle sombre ,pour ce folk grave. Le timbre ensorceleur de Emily Jane te ramenant irrémédiablement à la Cat Power dès débuts. It's our first show in Europe, nous balance la mignonne Jen.Emily passe au piano pour 'Frozen Heart' ,elle voit des fantômes danser avec son boy-friend .Titre poignant,frissons garantis. Silence austère dans la salle.
'Country life' retour à la guitare pour ce titre bucolique et dépouillé.
'Two shots to the Head' il y a du Hope Sandoval (Mazzy Star) dans cette noirceur gothique.
'The Stairs' ,une mélopée lancinante et triste, soulignée par les plaintes des cordes...oh ,My Catherine are you in heaven now?.... ooh ooh ooh célestes et déchirants à la fois .
'Bessie Smith' ode à la grande chanteuse de blues.Titre visionnaire ..I saw Bessie Smith ...I'll die in heaven just to meet you soon...Profond et juste,public subjugué!
Elle questionne les responsables à la table in French ,'On peut encore jouer?' Deux morceaux ,OK!
'Victorian America' à propos de la condition féminine dans l'Amérique Victorienne.Titre ténébreux d'une lenteur pesante et solennelle.
La dernière au piano ,one ,two ,three ,four.. 'Ghost of a Horse' somptueux .
Qu'ajouter à cette énumération de qualificatifs vantant la qualité de ce concert ?Nothing,I suppose.La réponse vient du public refusant de quitter la salle pour assister au show suivant, dans la cour, et exigeant un encore,que Miss Blanche jouera seule ,au piano :'Wild Tigers I have known' utilisé par Cam Archer pour le film du même nom,produit par Gus Van Zant.
..Silence is a power and a tool for you... et le silence règne,je vous le jure. Jen vient ajouter sa magnifique voix à celle d'Emily pour achever la mélodie ...wild tigers I have known They send me down messing around...
Fin de la messe .Back to reality!