Peu de monde ,rue Orts ,pour assister au gig du singer/songwriter(29 ans) du Minnesota ,né dans l'Oregon.En principe,Ben aurait dû se produire au Toogenblik à Haren,il y aurait eu plus de monde.
Selon l'adage,les absents ont eu tort.Un concert authentique d'un gars talentueux . De l'Americana,teinté de country,de la meilleure veine. Un contact avec le public baignant dans la sincérité,il laisse les fanfaronnades aux artistekes moins doués.Plus d'une heure de 'small men blues' haut de gamme.Voilà les ingrédients d'une soirée réussie.
Déjà 6 albums à son actif,il sort le premier 'El Camino Blues 'en 1999.Prolifique le gaillard.Cette tournée européenne pour promouvoir le bébé :'The Ax and the Oak' ,production Brian Deck (cf Iron &Wine).
Une citation pour situer le personnage :' Ben Weaver makes Nick Cave look like a new wave poseur' Jim Barber (Ryan Adams producer)
Son band hier:Chris Smalley :basse et Brett Bullion :drums.Ben jouant de la guitare électrique et du banjo.
'Anything with Words' entame le set . Un titre aux lyrics paraissant simples ,mais en fait ,tel un acrobate ,Ben jongle avec les mots:...feeding alligators mushrooms in the sun with your shirt off....Une voix rugueuse ,un habillage musical sobre.
'Black on Black' un downtempo lancinant et nostalgique.Ben cite Leonard Cohen ou Townes Van Zandt comme influences,il est du même acabit.
'The Red Red Fox' son timbre te fait penser à un Lee Marvin ayant avalé trois flacons d'un Bourbon frelaté ...All the stars are like little scars ...chante -t-il. Un folk d'un autre siècle,poétique et imagé.'Hawks and Crows' my piano broke during this tour ,je vous la joue à la guitare.Un nouveau titre lent et mélodique ,je vous laisse imaginer qui sont les faucons et les vrais faux-culs.
Banjo time 'Like a vine after the sun' sur l'album 'Paper Sky' une métaphore sublime :...a dishwater sky... exactement ce que je ressens en contemplant les cieux belges.
Second titre au banjo :' 40 Watt Bulb' un peintre visionnaire le Ben ...I didn't know what I had till I threw it away...toujours ces lyrics ,dignes de Edgar Allan Poe.
' Frankie' une longue intro à la guitare ,pour ce titre te ramenant au monde de Robert Fisher( de Willard Grant Conspiracy) ,un autre illuminé cynique.Le même ton acerbe et semblant blasé.Des lyrics acides ou bibliques.
On continue dans l'animalier 'Alligators and owls' entamé par quelques bruitages industriels.La batterie de Brett amorçant insidieusement un changement de tempo ,Ben nous gratifie d'un petit solo rageur.Le sample' effets de fabrique ' met fin à la mélopée.
'White snow' :une fresque hivernale.Ben nous narre ses aventures germaines :We love Germany, mais c'est chouette de ne plus y être .How are you ,Brussels ?D'une voix pince-sans-rire.Nouveaux beats samplés pour 'Surrealism and blues' Une fuzzy guitar pour décorer ses lyrics '...Your eyes are filled with beauty and destruction....A songwriting giant in the making, dit-on de lui dans la presse en anglaise .Ce gars est,déjà un géant.
'Wings and Knives' Des ambiances Eddie Vedder ,pour le soundtrack de 'Into the Wild' pour ce titre 'lullaby-like' et toujours ces lyrics étonnants ..God will favour drunks and sailors....,Ferré Grignard est au paradis,c'est évident.
'Soldier's War' Brett secoue ses handshakers et caresse ses cymbales d'un balai ,une guitare mélodieuse .Chris imperturbable fait dans la discrétion ,mais sa basse dresse une toile de fond idéale aux arabesques du barbu.Une nouvelle perle ,digne du meilleur Tom Waits.
Hey Chris ,can you fetch the book on the table?Et le bassiste lui jette un bouquin plié, aux pieds.
Mr Weaver a également publié des recueils de poésie(le dernier' Hand me Downs Can be Haunted') ,il nous lira quelques stances surréalistes: 'Où pisser' ? par exemple ou 'The Oxygen Mask' ,il philosophe: 'The Nature of Talking' .Ben Weaver s'apparente donc à Bonnie Prince Billy ou aux ainés Lou Reed ,Patti Smith ou autres Leonard Cohen...On retrouve dans ses vers la même imagerie que dans ses song-stories ,mêlant l'improbable :les petits oiseaux ,la nature bucolique ,les cabines téléphoniques ,les sacs en plastic jonchant le gazon...:romantisme et réalité crue.
Back to music:'Cold House' écrit pour a girl in Sweden, encore un titre downtempo rock te collant au cerveau .
Une heure de country- rooted americana passionnant.
Le tisserand (pas Bart,hein) revient seul avec son arme et nous balance une simili chanson d'amour splendide ...with a dress over your jeans... ...just me and a pretty girl....('PrettyGirl'?) ,il enchaîne sans pause , avec un titre auto-portrait 'Ragged words' .
Les potes rappliquent for a song about bingo ,dit-il? Faut pas le croire,I'm just kidding.Ce sera un Southern rock plus nerveux ,sentant bon le Neil Young ou le Bob Dylan électrique.Le morceau le plus punchy du set.
Les trente personnes présentes les rappellent pour un quatrième encore ,specially for you ,people.Mes copains n'ont jamais joué ce titre 'Voice in the Wilderness' ,aux lyrics toujours aussi allumés...time is an arrow they say it heals the stitch..... une chanson d'amour poignante se terminant par ...I love you with everything I have Crying my god can't you see there is no going back....
Fin d'un concert exceptionnel donné par un troubadour fascinant ,sachant marier tradition et indie-rock contemporain.