The Point au Chaland qui Passe, Binic, le 18 juin 2025
michel
Ne pas confondre François Pinault et Thibaut Pinot, le second est monté sur le podium au Tour, le premier, un magnat, du style requin, est dans les affaires, il est non seulement propriétaire du Stade Rennais, du groupe Kering ( Gucci, Saint-Laurent, Boucheron , Creed...) qui brasse près de 18 millions par an, mais aussi du magazine le Point.
On a voulu t'informer, mais The Point, qui nous occupe, ne l'intéresse pas, pas assez rentable, probablement!
Leur page facebook mentionne The Point. is a genre-blending musical trio from Austin, Texas, that infuses many different cultures’ folk musics with eclectic influences ranging from Ethiopian Jazz, Saharan guitar music, Dub, Psych, Jam, Thai Morlam, and the avant-garde...
Très instructif et proche de la vérité.
Mercredi, le trio en tournée dans notre vieille Europe , un continent présentant de sinistres signes de naufrage, passait par Binic où Arnaud était tout ravi de les recevoir.
Tu vas voir, ils sont aussi bons que Joe Jackson!
Là, t'es resté sceptique, Joe pour toi c'était ' Is she really going with him', mais t'avais oublié que sur 'Body and Soul' il avait tâté de la salsa.
L'histoire de The Point débute lorsque Joe Roddy et Jack Montesino , encore étudiants à la Lamar Middle School, montent différents projets musicaux, leurs goûts étant variés, ils peuvent aussi bien jouer du hip hop, du jazz, du Harry Mancini, de la bossa nova, du rock ou du rockabilly.
A l'époque Joe jouait du piano et Jack de la contrebasse, le frangin du dernier cité les accompagnait aux drums.
Un premier album , 'Phonkadelic' voit le jour en 2021, ils citent Freddie King ou George Strait, comme influences, détail, dans l'intitulé de l'album tu entends funk, du coup Joe joue de la trompette.
En 2022 vient l' EP, "Berto's Banquet", en 2024, un second album paraît, "Maudito Animal",.
Sur scène The Point se produit désormais en formule trio, ils ont embrigadé le fabuleux batteur Nico Leophonte, originaire de Toulouse, mais installé au Texas depuis plus de 10 ans.
Là, il a côtoyé e a les BoDeans, Bo Diddley ou les Fabulous Thunderbirds .
Etant donné l'exiguïté du bistrot binicais, Nico se contente d'un kit de batterie réduit, Jack d'une guitare et d'une pédale ( pas de frein), Joe a loué un Hammond électrique et un Korg organ bass, la casquette lui appartient!
20:15', ah, la vache, absence totale de setlist,... we don't need a track list, it is in our head.
T'as fait un cliché du crâne de Joe, t'as pas trouvé les titres des morceaux interprétés.
On suppose qu'ils ont débuté par le mélodieux et exotique instrumental 'Maquina Pura' , mélangeant dub, Ethiopian jazz et un orgue à la Gregg Rolie de Santana.
L'Hammond donne le ton ( Booker T est dans les parages) , Nico assure un tempo intense, la guitare lâche quelques flèches qui ne ratent pas leur cible, le groove suinte de partout.
Malgré une chaleur suffocante dans le zinc, une dame, que l'on ne placera pas dans la catégorie lycéenne attardée, chaloupe et se déhanche avec grâce.
Joe passe au chant ( très cool, presque du Barry Manilow) sur 'Mrs Kind Eyes' , son Korg assure les lignes de basse, le fond dub est toujours présent, Jack s'occupe des backings, cette sucrerie, sans excès de Chantilly, est aussi légère que les meilleurs morceaux de Burt Bacharach ou que le succulent 'Music to Watch Girls By' d'Andy Williams.
Un drumming militaire entame ' 401 Conejos' , des lapins aussi délurés que Bugs Bunny, l'orgue dérape, la guitare place des piques qui contrecarrent tous les carreaux, c'est tellement juteux que tu penses à ? and The Mysterians ou à Sam The Sham And The Pharaohs, the sixties are back, baby!
La suivante est chantée à deux voix, elle remue toujours autant, et comme t'as dans l'idée d'associer leur son à un film étouffant et lascif, c'est 'The Hot Spot ' qui s'impose à ton esprit.
La guitare lance la suivante dans les notes graves, drums et orgue peaufinent un rythme saccadé, en te déhanchant, t'as cru voir Philip Marlowe sur la terrasse, t'as dû rêver, le mec ne fumait pas, ne portait pas de Borsalino, mais tu l'as vu reluquer une blonde aussi énigmatique que Lauren Bacall, la cumbia prend des intonations psychédéliques, t'as un regret, what was the title?
Ils enchaînent sur le midtempo collant 'Leaving' à l'intro scintillante, chanté par Jack qui nous gratifie de petites rafales épicées tandis que l'orgue brode à la manière de Jimmy Smith et que le gars de Toulouse imprime un rythme pas mou.
Pas de pause, j'enchaîne, décide Nico, Jack et Joe se partagent le chant, on a cru sans aucune certitude reconnaître le morceau 'Baby Blue' mixant chicha latino music et lignes de guitare africaines.
' Double oh seven' démarre comme du Santana ayant bien digéré Tito Puente , quand le cha cha cha s'énerve, ça déménage sauvage.
Pas de repos pour les braves, pas d'arrêt prévu, t'avais qu'à faire un signe pour dire que tu voulais grimper dans le bus, c'est parti pour une mélopée décorée d'arpèges jazzy ( un des titres du dernier album s'intitule 'Beto meets Wes' ) et d'un roulement de batterie bavard.
Short break, guys, Jack a pété une corde.
Je reviens dans cinq minutes après un passage à l'atelier de réparation.
Reprise avec ' Shleepy' qui introduit 'After the storm' de Kali Uchis ( avec Bootsy Collins) , l'orgue répète la même note à l'infini, insidieusement le nu soul track vire jazz fusion avec un jeu syncopé aux drums et une guitare John McLaughlin.
Du boulot d'orfèvres!
La ' Cumbia de medianoche' peut se danser jusqu'à l'aube avec un verre de pisco sour à portée des lèvres.
Et pour ceux qui ont encore des ressources, ils enchaînent sur une nouvelle danse latino/africaine décorée d'un double solo époustouflant de batterie et d'orgue basse .
Il en reste deux, annonce Jack, à commencer par le mélodieux ' This old bird' virant bossa nova avec l'ajout de ' O Pato'.
La dernière, 'Pangea Nova' est amorcée aux grandes orgues pour pirouetter vers un mouvement blues du désert hypnotique, avec un dernier effort tempétueux du batteur du sud-ouest pour finir en beauté.
Fin d' un concert bouillonnant, donné par des musiciens à la fois étourdissants et très accessibles.
Encore une incroyable trouvaille d'Arnaud, le patron du Chaland, lors de notre prochaine escale à Padoue, on allumera un cierge sous sa statue.