dimanche 22 juin 2025

Kalangatà - Jardins du Port - Saint-Quay-Portrieux, le 21 juin 2025

 Kalangatà - Jardins du Port - Saint-Quay-Portrieux, le 21 juin 2025

michel

 

On a failli le jouer aux dés, l'offre était foisonnante, finalement c'est  Saint-Quay-Portrieux que tu as choisi pour aller fêter la musique, un plan partagé par beaucoup!

Rendez-vous aux Jardins du Port, disait le flyer,   Kalangatà joue à 21:15'.

Une ou deux bières consommées à la buvette, dressée par  le Bar-Restaurant de la Marine ( qui a changé de gérants) , une oreille distraite goûtant au choix musical tendance exotica proposé par DJ Clint ( Voodoo Ambassadors) , les musiciens se pointent, tu t'actives vers le podium.

  Kalangatà naît en 2019, du côté de Toulouse, un coin de France  où les indigènes aiment bouger aux sons des musiques latines, tu gardes d'excellents souvenirs du Festival Tempo Latino se déroulant à Vic-Fézensac ( Gers),  à une heure de voiture de la ville rose.

Le combo n'a qu'un but dans la vie: nous faire danser.

En 2025, le groupe se compose de  Floriane Tiozzo, ( ex Soulaya et chanteuse se produisant sous son nom), une fille souriante, solaire  et explosive, au chant, percussions diverses et guitare acoustique,  d'  Isaac Paiva ( originaire de Bahia), un accordéoniste qui officie, e a , au sein du Leni Trio,  de Mandacaru, du Forró à Lenha  ... et qui accompagne  Carlos Valverde, du batteur percussionniste  Sylvain Jazédé, un habitué des scènes de jazz du Sud - Ouest ( Marciac, notamment),  ayant également tâté au rock progressif avec Expérience, à la guitare électrique, Leandro Lopez-Nussa de Bologne, qui passe aisément du jazz aux musiques métissées, et   à la basse  ( cinq cordes) est annoncé Emilio Rudoy ( on hésite) .

Direction le Nordeste du Brésil pour faire la connaissance de ' Carolina'  ( O Cheiro da Carolina) , il y a des années,  tu  chantonnais   la version de Nazaré Pereira.

L'accordéon virevolte, Floriane, très forte en géométrie, chante et frappe un triangle isocèle d'une baguette magique, la guitare se fait discrète, basse et batterie rythment le forro.

Saint-Quay a très vite compris que la soirée ne sera pas placée sous le signe de l'ennui ( n'en déplaise à Alberto Moravia),  les premières  sambistes,  pas aussi dévêtues, ni  souples ou  félines que  celles qui défilent au carnaval de Rio,  ont entamé, avec sérieux, une suite de mouvements sinueux!

Floriane décide de nous emmener à La Réunion pour une séga   traditionnelle,  ' Séga le train' . L'accordéon, en mode musette,  n'a pas effrayé un Parisien de passage,  à gauche,  Léontine a failli se déboîter une hanche en essayant d'imiter la troublante chanteuse qui déambule avec grâce sur le podium.

Pas de coquilles Saint-Jacques au menu,  ce soir, on  mange créole et épicé! 

On nous a présenté les gens de Saint-Quay comme étant zen,  alors venez, venez, suivez - nous en Colombie. 

Les paumes de Sylvain battent le conga, Floriane gratte un guiro, le public tangue sur la cumbia ' Lejania'.

On voyage pas mal ce soir!

 En voiture, ou plutôt grimpez à bord du voilier pour un trip au Cabo Verde, on va écouter Cesaria Evora chanter  'Sabine Larga’m'.

Une guitare électrique indolente introduit la saudade, l'accordéon part en cabrioles, le chant vibrant de la senhora fait le reste.

Après une attaque sèche à la guitare acoustique,  c'est  'Gata Morena' ( Lolass Pires)  qui nous invite  à dandiner.

Leandro se paie un solo, pas con, dans les tons graves, Floriane frétille en rythme.

Les clients de la Marine ont quitté leurs chaises,  un mojito en main, ils sont venus se coller frontstage,  plus personne ne sent la petite brise qui ride les flots à 100 mètres du jardin.

Au répertoire d'une Brésilienne fort appréciée dans nos contrées ( Flavia Coelho), le catchy ' Vem Chamegar'  vient chatouiller nos sens, les fourmis  grimpées sur nos jambes nous incitent à bouger.

Nouveau changement de cap , direction l' Angola pour danser sur le tropical  'Recordando Pio'.

Dans sa panoplie d'idiophones, la chanteuse a déniché un long machin qu'elle gratte habilement avec un  fin bâtonnet   ( un reco reco brésilien , sans doute).

La température vient de grimper de plusieurs degrés,  sur la piste de danse ce sont les dames qui se montrent les plus chaudes. 

Tu connaissais la suivante,  Dança da Solidão, dans la version de la fabuleuse Marisa Monte, c'est en trio que Kalangatà interprète cette danse de la solitude, au caractère moins tragique que le fameux 'They dance alone' de Sting.

Ils enchaînent sur une ' Cumbia Cubana' .

Il fait de  plus en plus chaud    dans le coin,  tu te souviens avoir perdu quelques grammes en remuant, il y a longtemps, sur les sons torrides de Compay Quinto, mixant cumbia, chicha, et autres musiques latines multicolores.

Puis vient ' Ao som de  Kalangatà'  une composition de leur plume avant d'obliquer vers les Antilles pour 'Arrête mal parlé' de Fair Nick Stars, une chanson   qui dénonce le racisme latent en souriant.

La wah wah gicle, Floriane se tape un bain de foule, Saint-Quay tourbillonne.

Elle n'a pas besoin de proposer  ... bouge, bouge, bouge... même le maire danse!

Personne  ne compte s'arrêter, car lors d'une nouvelle escale au Cap - Vert on nous invite à danser le  funaná, ' Fitiço Di Funana' .

Aucun ronchon à l'horizon, la bonne humeur est de rigueur, elle vire à l'allégresse avec la reprise caniculaire de ' La foule' d'Edith Piaf.

La ville en fête et en délire, c'était Saint-Quay en ce 21 juin, car Miss Tiozzo, d'un saut agile, se retrouve dans l'essaim, elle saisit une main, puis une autre, celle de Célestine, qui agrippe Gaston, qui entraîne Madeleine et la folle farandole dérive jusqu'à la rue Clémenceau.

 Pour la dernière, on revient dans le pays d'Isaac, 'No meio do pitiú' met fin à un set triomphal.

 

Personne n'a l'intention de quitter l'esplanade,  Kalangatà,  après un salut collectif, reprend les instruments pour un double bis exalté: 'Danca ma mi creola'  et son solo de basse  luisant et enfin la coladeira nerveuse  ' Mexe Mexe' .

Revenu chez toi, elle remarque:  il est minuit trente, tu te douches, t'as sué?

Si peu !